Il existe une île tellement malmenée par les vents, isolée par les flots, difficilement géolocalisable, sur les rives de laquelle il est bien difficile d'accoster. Ou du moins, volontairement. L'île Tromelin est une de celles-là et pourtant, en 1761, c'est sur son rivage que s'échouent un navire français, dont la cale était remplie (en toute illégalité) d'esclaves. Quelques hommes survivent, d'un côté comme de l'autre, n'ayant d'autres choix que de cohabiter pour survivre ; mais au bout du compte, seuls 8 personnes feront office de rescapés. Toute l'histoire, fondée sur des faits réels, va donc retracer le parcours de cette frégate et des individus qui se trouvaient à son bord, afin de comprendre le drame qui s'est joué sur cette petite île perdue.
Bon bon bon… J'avoue avoir déjà lu plusieurs livres de l'autrice et je dois avouer que celui-ci ne fait pas partie de mes préférés. de manière générale, c'est un roman très lent. Trop lent. Au tout début, c'est limite déroutant ; on nous déploie de très longs paragraphes, remplis de descriptions sur la mer, l'île (pour en montrer toute l'impétuosité) puis soudainement, on nous parle longuement des tortues. Je comprends la démarche, souhaitant montrer ici que l'île est finalement un personnage principal à part entière, qu'il faut apprendre à visualiser. Mais je pense que la décrire au compte-gouttes, de façon plus progressive, permettrait aux lecteurs de plonger directement dans l'ouvrage. Car au bout du compte, c'est un livre plutôt plaisant à lire, pour qui cherche un roman creusé, documenté ; il est vraiment riche en informations, on colle au plus près de la vérité quitte à utiliser des documents d'époque. Bref, on sent qu'
Irène Frain a travaillé son sujet comme il se doit (allant même jusqu'à se rendre sur l'île Tromelin). Les thématiques traitées sont également très pertinentes, vis-à-vis du fait historique dont elle s'empare : la notion d'humanité et ses frontières, la violence, la vie et la mort, le racisme, la vie en communauté, la mer et la vie des gens qui voguent sur ses flots… C'est malheureusement au niveau du rythme que le bât blesse.
Pour ma part, de manière générale, c'est une lecture que j'ai plutôt appréciée, du fait de sa dimension historique, qui permet de comprendre l'évolution de la société de cette époque, à l'égard de la mer comme de l'esclavage. L'écriture de l'autrice est, je pense, ce qui fait toute la différence. le sujet n'est pas facile, c'est sûr et malgré ça, elle parvient à rendre le récit relativement digeste (si on exclut la lenteur du rythme). Certains passages sont d'ailleurs très « poétiques », à jouer sur les mots pour créer de belles métaphores, pour parler du côté indomptable de cette nature que les hommes cherchent à s'approprier. Néanmoins, si vous souhaitez découvrir l'autrice, je ne vous conseille pas de commencer par cet ouvrage. Pour les avoir lus, mieux vaut d'abord passer par «
Un crime sans importance » ou «
Marie Curie prend un amant », pour vous faire une première idée du travail d'
Irène Frain et mieux apprécier le livre dont il est ici question.