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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Commis par Anatole France en 1912, ce roman historique prend place en pleine Terreur, an II et an III (1793-1794). La préface, les notes et les annexes de Pierre Citti méritent d'y porter attention.

Cette chronique présente la Terreur un peu froidement, sans jugement ni sentiment ; le récit historique est factuel, détaillé et illustré. France présente ces deux années comme "un temps d'aberration mystique et sadique" ; le roman n'est ni anti-révolutionnaire, ni contre-révolutionnaire. J'y ai vu, en filigrane, le fonctionnement des totalitarismes qui, eux, sont de toutes les époques.

La fiction s'inscrit dans ces pages historiques ; je retiens le couple Évariste Gamelin et Maurice Brotteaux, deux trajectoires sociales singulières, deux caractères contraires, deux histoires contrastées qui se croisent, l'artiste et le ci-devant seront mangés par la même mécanique.

La description du peuple des petits, des humbles, des artisans, des tricoteuses est réaliste et touchante ; la logique des délateurs, des suspects et de la justice est infernale et cruelle ; Évariste est tout à la fois boucher consciencieux guidé par sa foi révolutionnaire et artiste romantique ; le personnage est attachant mais on comprend assez vite que ses contradictions seront sans issue.

J'ai aimé la prose de France, la richesse du vocabulaire, la précision des descriptions, la description des passions, malgré quelques phrases longues et datées.
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La révolution française est un évènement historique majeur qui a permis l'abolition des privilèges et la première constitution écrite. Mais si la période est riche en bouleversements elle est aussi complexe ; s'il y a eu des moments d'euphorie d'autres sont plus sombres comme la Terreur. Ce nom témoigne d'une terrible réalité, sujet du roman d'Anatole France dont le titre "Les dieux ont soif" évoque la soif de sang de ceux qui ont le pouvoir et se prennent pour des dieux. Dit comme ça on sent une résonance avec l'actualité, malheureusement.

Nous sommes en 1793, le pays est confronté à de nombreuses menaces dont l'avancée des armées européennes qui veulent rétablir la monarchie. Face à cette situation, la Convention met en place une répression violente envers les opposants au régime, emprisonnés et exécutés.
C'est de l'intérieur qu'Anatole France nous fait vivre la Terreur, à travers la radicalisation d'un jeune peintre, Evariste Gamelin, qui va entrer en politique séduit par les discours de Robespierre et des Jacobins. Cet idéaliste intègre nommé juré au tribunal révolutionnaire va vite être persuadé que la guillotine est la seule solution pour sauver la patrie. de là, les procès arbitraires vont se succéder où il ordonne la mort de dizaine de personnes y compris ses proches.
Il faut dire qu'en ses temps de misère et de faim, le certificat de civisme est de mise et que les délations de "contre-révolutionnaires" vont bon train. Evariste n'hésite pourtant pas à faire guillotiner ceux qui sont présentés au tribunal, souhaitant être patriote jusqu'à la mort.

Anatole France est un fin observateur du monde avec ses ambitions et ses travers mais il a surtout le soucis de la reconstitution de la vie quotidienne de l'époque. Pour cela, il dresse le portrait de personnages du peuple de Paris, entre intrigues amoureuses et familiales sur fond de discussions politiques qui mènent à la réflexion sur la cruauté et le pouvoir.
Ce roman historique est une preuve supplémentaire qu'Anatole France, prix Nobel de littérature 1921, est un grand écrivain.


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Les dieux avaient soif, la Terreur était insatiable, la Révolution dévorait ses enfants.

J'avais gardé de je ne sais quels propos, entendus il y a très longtemps, l'idée qu'Anatole France n'était pas drôle, qu'il était même rasoir. Un auteur qui avait eu son heure de gloire dans les années 1920 puisque j'ai retrouvé toute une collection de ses oeuvres dans les vieux bouquins de la famille, et qui, me disait-on, s'était démodé.
Mais je découvre qu'il était membre de l'Académie française et qu'il a été prix Nobel de littérature en 1921. Je découvre sa carrière de journaliste et de romancier engagé, dreyfusard avec Zola, proche de Jean Jaurès. Un rasoir qui avait des convictions puissantes, alors !
Alors aussi, je passe la revue de ma collection antique, mais de « Les dieux ont soif », pas trace. Et ce sont « Les dieux... » que Pierre31 m'a conseillé.
Le bouquiniste du vendredi m'a dépannée !

Evariste Gamelin, artiste peintre, est un révolutionnaire acharné, admirateur fervent de Marat, et ne supportant pas l'idée que les tout nouveaux principes républicains puissent être mis à mal ou seulement critiqués. Ses convictions de forcené, quand il est nommé juré du Tribunal révolutionnaire en septembre 1793, après l'assassinat de Marat, balaient le moindre scrupule, la plus petite faiblesse. La sérénité et la douceur ne seront de mise que lorsque la République sera sauvée. En attendant : « République ! contre tant d'ennemis secrets ou déclarés, tu n'as qu'une ressource. Sainte guillotine, sauve la patrie !... »

Aux côtés de Gamelin, des personnages d'une belle épaisseur : sa mère, femme simple dont la bonté la dote de l'intelligence du coeur ; le ci-devant des Ilettes qui a pris le nom de Brotteaux, qui fabrique des pantins pour gagner trois francs six sous, et philosophe avec beaucoup de sagesse sur les évènements auxquels il assiste, sans perdre son goût épicurien pour la beauté et les beaux jours ; le prêtre Longuemarre qui dit la messe en des lieux secrets, et qui écoute les théories d'athée de Brotteaux en regrettant de ne savoir s'y opposer avec esprit.

Très beau roman historique qui restitue précisément la vie et l'ambiance parisiennes, dans ces jours où tout et n'importe quoi pouvait conduire un citoyen, une citoyenne, sur le fauteuil noir où avait été assise Marie-Antoinette pendant son procès.

Deux ans de Terreur restitués fidèlement, avec couleurs et ambiances, dans un style impeccable. Ils écrivaient bien, nos anciens !

Merci à Pierre dont je me félicite décidément d'écouter les suggestions.

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Ecrire une critique est parfois difficile. Il m'arrive d'avoir aimé ou détesté un roman, sans pouvoir y apporter d'arguments concrets. Parfois, je suis consciente de ses qualités, mais d'autres choses m'empêchent de l'apprécier ( le style, les personnages, des incohérences dans l'histoire).
Et parfois, comme pour "Les Dieux ont soif", la critique est difficile, parce qu'il y a tant de choses à en dire, de réflexions induites, de qualités, que je crains de ne pas être capable d'en restituer toute la force et d'oublier ou mal restituer des aspects importants.
L'action du roman se passe durant la révolution et plus précisément de la Terreur, les personnalités de l'époque y sont évoquées ( Marat, Robespierre..), mais le récit se focalise sur un jeune peintre, idéaliste et tout entier acquis à la Révolution. Son entrée au tribunal révolutionnaire aiguisera cette volonté de faire triompher la Révolution à tout prix. Et ce prix est lourd, sanglant et souvent injuste : une bataille perdue, une dénonciation, une pièce de théâtre jugée pas assez révolutionnaire, une certaine tiédeur dans les opinions...et c'est la Guillotine. L'Homme, le Peuple n'est rien, seule compte la Révolution, la vie des accusés n'a aucune valeur car seule la Révolution compte et la peur et la terreur sont des moyens d'assurer sa survie. Anatole France, dans ce roman démontre de façon efficace, les risques du fanatisme et de l'extrémisme, lorsque les idéaux et les convictions prennent le pas sur l'Humanité, lorsque la finalité de ses dernières disparaissent derrière une idéologie, une religion, un concept. Anatole France ne critique pas la Révolution, mais ceux qui pensant détenir la Vérité s'arrogent le droit de devenir des bourreaux en se présentant comme des saints, ceux qui
déguisent leur goût du sang et du pouvoir derrière des idéaux, ceux dont les réflexions et les idées ne passent plus qu'au travers d'un seul prisme et sont donc perverties. Il y aurait encore beaucoup à dire sur cet ouvrage et c'est pour cela, que je me contenterai de vous conseiller de le lire, surtout si vous aimez les récits historiques.
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Enfin un roman consistant, dense et très instructif ! Un pur plaisir avec le très honnête Maurice Brotteaux et le père bernabite.
J'ai remarqué que tous les noms du romans ne portent aucune résonance italienne comme le sont beaucoup de noms français aujourd'hui. C'est quoi l'explication ?
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A travers le destin d'un jeune peintre parisien épris des idéaux révolutionnaires, Anatole France raconte les heures sombres de la Révolution Francaise. Aveuglé par son engagement politique, Evariste Gamelin devient un des rouages de la Terreur, alors que débute son histoire d'amour avec Elodie. C'est à la fois un roman psychologique sur les choix de vie et un véritable essai sur le fanatisme. Les références mythologiques, les personnages secondaires très réussis (chacun représentant une "voix" de la Révolution), la maîtrise novellistique de la tension pour souligner l'escalade de la violence: tout concourt à expliquer les mécanismes d'engrenage du pouvoir dictatorial.
Et j'ai adoré l'esthétisme de l'écriture d'Anatole France.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Les dieux ont soif
Anatole France (1844-1924)
Académie française
Prix Nobel 1921
le citoyen Évariste Gamelin est peintre, élève de David et membre très actif de la section du Pont Neuf à Paris du comité militaire révolutionnaire. Il est prêt à signer de son sang la proscription des traîtres fédéralistes qui veulent la mort de Marat.
Les fédéralistes regroupent les Français qui se sont soulevés en province en réaction à l'élimination des Girondins en juin 1793. le pouvoir central et la Terreur ont l'intention de mettre bon ordre face à cette révolte. La situation est en effet critique, Valenciennes assiégée, Fontenay pris par les Vendéens, Lyon en révolte, les Cévennes insurgées. Les deux tiers des départements sont envahis par l'ennemi ou soulevés, et Paris affamé et ruiné à la merci des canons autrichiens.
Nous sommes à l'époque de la Convention, régime politique qui gouverne la France de septembre 1792 à octobre 1795 et qui fonde la Première République. Élue au suffrage universel masculin après la déchéance de Louis XVI en août 1792, elle donne une constitution au pays en août 1793 et elle abolit la royauté. Dans les faits, la Constitution ne fut jamais appliquée et c'est le régime de la Terreur qui régna face à l'état de guerre intérieur et extérieur. La Convention avec Marat et Robespierre a établi un tribunal extraordinaire pour juger les conspirateurs.
Ce sont des hommes de rien comme le citoyen Gamelin, peintre médiocre ou le citoyen Trubert, opticien d'occasion, le chef du Comité, qui ont détruit la royauté et renversé le vieux monde. Ils n'attendent aucune merci de leur ennemis : ce sera la victoire ou la mort, d'où leur ardeur, l'âme tendue vers de « grandes choses » et leur zèle à faire régner la terreur. Ils sont convaincus que la Révolution fera pour les siècles le bonheur du genre humain.
le citoyen Gamelin aîné de deux enfants héberge sa mère qui est veuve. Sa soeur Julie a quant à elle émigré avec un aristocrate. Évariste se rend souvent chez le citoyen Blaise, veuf, qui est marchand d'estampes et qui a une fille unique, Élodie, dont il tombe amoureux. La citoyenne Elodie Blaise se sait aimée et en joue. Elle n'est plus très jeune, ni très jolie, mais elle est voluptueuse et a du charme. Elle aime Évariste et lui prête un fier génie d'artiste qui lui fait penser qu'il sera célèbre un jour. Elle le juge toutefois un peu trop réservé. Elle n'est pas une ingénue, elle a un tempérament fougueux et est toute disposée à épouser Évariste tout en sachant que le citoyen Blaise, son père, n'approuvera pas cette union avec un artiste obscur et pauvre. Séductrice, généreuse, intelligente, sage dans ses folies, le goût d'aimer ne lui a jamais fait oublier les convenances sociales. À vingt sept ans, elle est une fille prudente : elle sait qu'il y a peu de sympathie entre son père aux propos inciviques et Évariste et sa foi révolutionnaire et son enthousiasme ardent pour Marat. Elle va devoir composer avec tendresse et sagesse, et désespérant d'un mariage que tout rend impossible et se refusant à braver les convenances sociales, elle envisage une liaison que le secret rendrait décente jusqu'à ce que la durée l'ait rendu respectable.
Paris vit dans la misère et la pénurie de vivres. Survient l'assassinat de Marat par Charlotte Corday. Évariste Gamelin est reçu comme juré au tribunal révolutionnaire. Les prisons regorgent et l'accusateur public travaille dix huit heures par jour face aux défaites des armées et des généraux traduit en justice, les révoltes des provinces, les complots et les trahisons : les Dieux ont soif !
La Convention va opposer à tous la Terreur. Avec Robespierre en chef. Et Gamelin va faire montre d'un zèle inouï pour expédier les accusés au gibet, lui qui hait les belles amies des financiers, des philosophes et des hommes de lettres, tous coupables selon lui d'avoir joui des plaisirs des sens et de l'esprit et vécu dans un temps où il était doux de vivre. Il condamne par ressentiment, croyant condamner avec justice pour le salut public et son honnêteté, sa pudeur virile, sa froide sagesse, son dévouement à l'État, ses vertus enfin, poussent sous la hache des têtes innocentes. Scrupuleux il agit sans état d'âme voyant partout des conspirateurs et des traitres et songe : « Sainte guillotine, sauve la patrie ! » Et bien qu'il lui apparaisse comme un monstre terrible, atroce et cruel couvert du sang de ses victimes et qu'il lui fasse peur, Élodie aime Évariste de toute sa chair. L'amant sanguinaire et la voluptueuse fille se donnent en silence nuitamment du plaisir. Mais pour combien de temps encore ?
Et pendant ce temps on vide les prisons qui regorgent, on juge sans repos ni trêve, avec force dénonciations affluant au Comité de vigilance des sections. Et beaucoup d'enfants dénoncent leurs parents dont ils convoitent l'héritage. Pour aller encore plus loin, la Convention promulgue la loi de prairial qui supprime l'instruction, les interrogatoires et les témoins. Plus de défenseurs. L'accusé est un mort en sursis et la justice mise en abrégé. Les instincts sanguinaires de Gamelin peuvent se livrer au pire. Mais pour combien de temps encore?
Puis c'est la chute de Maximilien de Robespierre, de Couthon et de Saint Just. À la guillotine ! C'est Fouquier-Tinville qui devient maître d'oeuvre dans la Terreur. Nul n'est à l'abri d'une sentence irrévocable. Dans ce tourbillon de sang, qui survivra d'Évariste, Élodie, Julie et le ci-devant Chassagne son mari… et tous les autres personnages de cette histoire ?
Ce roman très classique d'Anatole France, son chef d'oeuvre paru en 1912, est une évocation remarquable du fanatisme, de la barbarie, de l'obscurantisme et des atrocités de la Terreur, d'où son intérêt historique en plus de littéraire, évocation dans laquelle il se montre partagé entre son idéal de pureté républicaine et son horreur du fanatisme. Dans un style fluide et limpide, aisé et élégant, il s'exprime avec subtilité et nuances. Oui, un véritable chef d'oeuvre du grand écrivain socialiste, féministe et dreyfusard, grande figure intellectuelle de la IIIe République que fut Anatole France, académicien et Prix Nobel de littérature 1921.

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Roman paru la veille de la Grande Guerre,
Souvenir de la folie révolutionnaire,
Les dieux ont soif est le récit d'un glissement,
Celui d'un pur idéal qui devient dément.
On y suit, sous la Terreur, au milieu des brutes,
D'Évariste Gamelin l'ascension puis la chute.

Le contexte historique est finement tissé,
Plongeant le lecteur dans les grands noms du passé :
Le Paris de l'été, de l'amour et d'hier,
Le Paris de l'automne, harcelé aux frontières,
Le Paris de l'hiver, du froid et de la faim,
Le Paris du printemps, de l'espoir, du dédain.

L'histoire est d'un jeune peintre, fébrile, enthousiaste,
Généreux et modeste, inspiré, pauvre et chaste,
Que la fortune mène au plus haut tribunal :
Il se fait, de doux et d'aimant, dur et cruel.
Pour protéger la paix il condamne sans frein,
Trouvant justice à guillotiner son voisin.

Les dieux ont soif est aussi un vaste assemblage,
Galerie de nombreux et variés personnages.
Philosophes et mondains, croyants et athées,
Hommes et femmes, divers, plus ou moins mesurés,
Composent ainsi la triste et fidèle fresque,
De cette trouble époque aux airs cauchemardesques.

Il est étrange en effet de se souvenir,
Que la République a sombré dans le délire,
Piégée par l'ambition du pouvoir politique,
Noyée dans des hordes de partis fanatiques,
Balayée par d'horribles complots fratricides,
Créant dans son sillage une meute homicide.

Avertissement, méditation, prophétie,
Sur ce que fut la première démocratie ?
Les dieux ont soif, mais au fond que réclament-ils ?
Ces dieux ne sont-ils que l'autre nom du hasard ?
Qui alors a soif de sang et de vaine gloire,
Qui, sinon de grands fous qui se pensent habiles ?

Émilie – Apprentie Bibliothécaire
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Je propose une critique très simple, autour de quatre raisons de lire 'Les dieux ont soif'.
1- Ce roman historique dont les évènements se déroulent à Paris lors de la Commune, puis brièvement lors de la Convention, est très bien équilibré entre les faits historiques et le roman. Les deux s'entremêlent à merveille, le lecteur parcourt le roman en se nourrissant d'histoire.
2- Les personnages sont variés par leur histoire personnelle, leur convictions (leur attachement ou leur indifférence à la Révolution, voire leur dépit). La trame est simple, mais emprunte de rebondissements soigneusement placés.
3- Des questions profondes à propos de la Religion, de l'humanité composée d'êtres vils ou superbes, innocents ou coupables, du rôle insignifiant de l'homme dans L Histoire qu'il croit pourtant écrire de sa main...Bref, on y retrouve du Dostoïevski, du Péguy, ..
4- Âgé de plus d'un siècle, ce roman n'a pas vieilli. Aujourd'hui nous sommes toujours à nous poser la question sur le leg de la Révolution, et ce qui peut distinguer une démocratie d'un régime qui ne l'est plus.
Les dieux ont soif m'ont convaincu de lire d'autres oeuvres d'Anatole France...
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En ces années 1793 et 1794 , en pleine période de la Terreur, les Dieux ont soif !
Les maîtres de la révolution se nourrissent du sang de leurs adversaires.
Partout, dans Paris, on traque, on dénonce, on juge de façon expéditive et on mène à l'échafaud des charretées de condamnés.

Le roman est construit autour de l'évolution d' Evariste Gamelin, un jeune peintre acquis aux idéaux des Jacobins, nommé juge au Tribunal révolutionnaire et qui se transforme rapidement en juge intraitable et inhumain : « un monstre » .
Anatole France fait vivre à ses côtés, nombre d'autres personnages, représentatifs des deux camps qui s'affrontent, qu'ils soient soutiens du nouveau régime fiers de leur autorité, ou partisans de l'ancien qui craignent pour leur sort .
C'est tout le peuple de Paris qui vit dans ce roman où se mêlent aussi bien discussions politiques où s'affrontent des points de vue opposés, qu'intrigues amoureuses ou scènes de vie de tous les jours dans le Paris de la Révolution où tout vient à manquer, où l'on a faim, où l'on a froid, où il est difficile de gagner sa vie.

LES DIEUX ONT SOIF est un roman qui non seulement plonge son lecteur dans le quotidien d'une période qui a bouleversé L Histoire mais qui l'incite aussi à une réflexion sur l'exercice de tout pouvoir politique . « C'est la certitude qu'ils détiennent la vérité qui rend les hommes cruels»

Parue en 1912, cette belle oeuvre à l'écriture limpide, pleine d'élégance et au charme un peu suranné reste d'une grande actualité à l'heure où certains pays sont plongés dans le fanatisme et la barbarie .
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