Idées noires - Intégrale

Si ce n'est déjà fait, découvrez le côté obscur de Franquin, avec cette intégrale de ses "idées noires".
Que se soit les chasseurs, le nucléaire, la course à l'armement, ou l'absurdité de situations improbables, le génial auteur de quelques unes des meilleures aventures de "Spirou & Fantasio" (Z comme Zorglub, entre autres) et bien sur de Gaston Lagaffe, fait preuve d'un humour TRES noir, qui illustre bien la célèbre formule : "L'humour est la politesse du désespoir ".

Je n'accroche que très moyennement à ces "Idées noires".
Pourtant, l'idée était prometteuse : l'humour de Franquin, cette fois-ci un peu noir, avec un soupçon de critique de nos moeurs… Cela ne pouvait que faire des étincelles !...
Hélas, l'inventeur du mythique personnage de Gaston Lagaffe est ici peu en forme : ces gags et ces idées sont relativement banales, lorsqu'ils ne s'agit pas de calembours parfois un peu bêtes…
Et les dessins qui sont le point faible de Franquin, s'ils peuvent être d'autre fois passables, sont ici pour le moins faiblards !... On a connu un Franquin meilleur dessinateur !... Là, il se laisse aller, case et dessine complètement n'importe comment. Hergé n'aurait pas dessiner comme ça !...
Il y a certes là de belles idées sur notre société, des valeurs humanistes ardemment défendues, mais cela ne suffit pas à sauver le texte et je garderai de cette lecture un souvenir mitigé.

Découvrez ou redécouvrez un autre aspect de Franquin. Vous verrez la magie de la manipulation de l'humour noir.

J'avais découvert le premier tome à sa sortie en 1981 avec sa couverture rouge et j'avais particulièrement apprécié cet humour décalé. Je viens de lire l'intégrale (tome 1 et 2 dans la présentation actualisée). Toutes les planches ont été retravaillées à partir des dessins originaux de Franquin, il a de plus été décidé de revenir à la présentation initiale imaginée par l'auteur. L'impression a été faite avec une encre spéciale pour renforcer les noirs (éléments recueillis dans l'avant-propos).


Les gags font toujours mouche et ne sont pas éculés ou érodés par le temps. Certains sont même totalement d'actualité. Franquin s'en prenait aux chasseurs mais aussi aux industriels qu'il n'épargnait de sa plume acérée.

Un gag par page, des détails dans chaque case. Un jeu de mots dans les titres du tome 1 et des signatures très imagées. Il faut vraiment tout observer, décortiquer voire analyser mais surtout tout savourer. Je n'ai pas retrouvé tout à fait la même veine dans les gags du tome 2 même s'ils restent très agréables à lire.

Cerise sur le gâteau déjà succulent : des extraits d'entretien avec Franquin, une préface décalée de Gotlib et un dossier graphique montrant le cheminement du dessinateur. Il est toujours intéressant de découvrir les croquis de recherches et les crayonnés.

Quarante ans après mon émotion de lecture est restée la même. J'ai certainement apprécié le travail graphique et de précisions du texte fort de quarante ans de lecture et de découverte d'auteurs de BD.

Attention : chef d'oeuvre à mettre dans toutes les mains (même d'un chasseur ou d'un industriel ...).

Ce n'est pas un hasard si certaines planches des idées noires de Franquin figurent dans le musée de la BD à Bruxelles, logé dans un bâtiment de Victor Horta. Une galerie lui est d'ailleurs spécialement dédiée. Un langage principalement visuel, où les mots viennent confirmer l'horreur grinçante. Franquin en veut aux chasseurs, aux capitaines d'industries qui rognent sur la qualité, aux pollueurs, aux médiocres, aux ignares, aux cupides, aux militaires. C'est un grand massacre organisé à coups de tronçonneuses et de grenades. Une revanche grâce à l'art. Car il vaut mieux en rire qu'en pleurer.

Avertissement : cette critique est inutile.

Je vis cette BD en passant dans le bureau de mon père.
"Franquin ? Bof, c'est pas trop ma génération... Mais ce sont les idées noires ! J'adore l'humour noir, le sarcasme, le caustique... "
Je la volai.
Je la lus. Sans me marrer.
Je re-re-re-re-découvris que je n'avais pas exactement le même humour que le paternel...
Ce fut une nouvelle bataille perdue dans la guerre civile au sein de ma fratrie de pisseuses pour avoir le plus de points communs avec notre papa !
Je vous dis pas merci M. Franquin.

Franquin chez Fluide Glacial. L'annonce avait fait un peu de bruit dans le monde feutré et discret de la BD franco-belge. Franquin le tendre, le doux, le rêveur, le rayonnant... C'est d'ailleurs le sens de la préface de cette intégrale, signée Gotlib. Franquin et Fluide Glacial, c'était incompatible. La préface de Gotlib est un pied de nez clairement assumé à l'image de Franquin, Gotlib étant celui qui a fait venir Franquin à Fluide Glacial. Franquin était alors en pleine dépression. Il est difficile de toujours assumer l'image que les gens ont de vous, et de rendre compatible cette image avec celles qui vous trottent dans la tête.

Et quand un dessinateur du talent de Franquin a de sombres idées en tête, elles finissent toujours par lui sortir par les doigts.

Cela donne les Idées noires.

Un condensé de peur intérieures, de frayeurs sociétales, d'horreurs militaires, j'en passe et des catastrophiques. Mais au-delà du choc provoqué par Franquin, au-delà de l'humour très noir, cynique et dérangeant, on trouve de nouveau de la tendresse, de l'empathie, le sens du rire dans la douleur.

Et les thèmes? que dire en effet des thèmes de ces idées noires? Climat, pollution, biodiversité, technologie mortifère, guerres immondes, vivre ensemble, égoïsme, xénophobie... Franquin règle ses comptes... sans doute. Mais avec qui? Avec nous, avec le monde, avec les dérives d'une société qui se profilait alors (et qui se profile toujours) et dont il ne voulait pas.

Un ouvrage à lire et relire encore. Une large majorité de gags n'a pas pris une seule ride. Marées noires, guerres sales, nucléaire... Ou les vampires qui font voiture balais dans une course cycliste et qui parlent de la difficulté de se nourrir sainement... le politicien qui a fait des coupes budgétaires et meurt par manque d'ambulance... cela parle aussi après le COVID même si Franquin ne pouvait pas vraiment anticiper.

Quoi que... Franquin est définitivement un visionnaire. Un sensible. Un homme qui a ressenti des choses sans vraiment pouvoir les nommer et qui a dessiné son mal-être. Je n'aurai qu'un seul mot... Merci.

Superbe format des idées noires de Franquin.
On est loin de son humour léger habituel, mais j'adore quand ça grince des dents...
Je connaissais déjà pas mal de planches, mais j'ai adoré me replonger dans cette intégrale qui m'en a fait découvrir de nouvelles.
Je suis fan !!!

J'avais lu les deux BD d'idées noires il y a déjà plus de vingt ans et quand j'ai vu l'intégrale à la médiathèque, mon sang n'a fait qu'un tour !
J'adore ces idées noires de Franquin, c'est féroce mais tellement juste, je rigole toute seule en lisant les jeux de mots.Je suis totalement fan de cet humour noir, laissez-vous tenter ! C'est jubilatoire !

L'évocation du nom de Franquin provoque la mémoration chez beaucoup, du personnage de Gaston Lagaffe. Mais ce dessinateur hors pair, passionné de l'encre de Chine, s'est fait connaître aussi pour ces Idées Noires. Fluide Glaciale propose de retrouver l'intégralité de ces histoires dans un livre à l'humour très noire.

La série Idées Noires a été créée en 1977 dans le supplément de Spirou, LeTrombone illustré et c'est poursuivi dans Fluide Glaciale jusqu'en 1983. André Franquin traversait une période de dépression créative. Il s'est muni d'une feuille blanche et d'encre noire pour faire de courtes histoires autour de l'humour noir. C'est avec un très grand talent qu'il va croquer avec précision la bêtise humaine avec sa violence, son intolérance et sa cruauté. En jouant magnifiquement avec le noir et blanc, avec les ombres, l'image de l'encre… il va parler de sujets qui lui tiennent à coeur comme l'absurdité de la chasse, de la peine de mort, l'armée, le développement de l'industrie, la pollution, le nucléaire…

J'ai adoré replonger dans cet univers noire qui ne tombe jamais dans la cruauté gratuite ou de méchanceté blessante. C'est juste un cri à ce monde qui aime tellement la noirceur sans plus sans rendre compte. Un livre qui pousse à réfléchir et à voir autrement tout en faisant rire en plus. Des histoires qui reflètent cette triste période de la fin des années 70 qui se transposent toujours à merveille à notre monde actuel. Franquin rajouterait des choses plus modernes comme le narcisse renforcé par les outils connectés, le développement du manque d'empathie, l'accroissement de l'ignorance par le développement d'émissions voyeuristes... Ici de toute façon, rien ne peut finir bien, le happy end ne colle absolument pas aux Idées Noires. Toutefois, l'auteur y met toujours une pointe d'optimisme et d'espoir.

Intemporelles, ces histoires résonnent toujours juste sur une société qui aiment, en fin de compte les histoires qui se finissent mals. Une bande dessinée très noir aussi bien dans ces traits que son humour qui m'a fait beaucoup sourire. Ne passer pas à côté de ce petit bijou.

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Idées noires, c'est le côté obscur de Gaston Lagaffe. Hilarant, d'un cynisme à faire passer Cioran pour un garçon de cour d'école, et redoublant d'ingéniosté pour pousser à la déprime. En découvrant les planches de cette bd exposées à Bruxelles j'avais lu que Franquin lui même craignait d'avoir trouvé ici la recette d'un succès dangereux et qu'il cessa la production de cette bande dessinée pour éviter de s'enfermer dans la dépression. Mal lui en a pris, on regrette simplement qu'il n'y ait qu'un album.