Le titre d'un livre est parfois le simple détail qui déclenche son acquisition.
Parfois il tombe comme un soufflé mal cuit sans un lien véritable avec l'essence du texte et quelquefois, comme ici avec
Daniel Galera, l'on sait pertinemment qu'il va coller au récit et l'on attend avec impatience ledit passage qui lui donnera tout son sens.
Ma première rencontre avec l'auteur brésilien m'a captivée d'emblée parce qu'il raconte un pays, une famille et des personnages à qui nous pouvons nous identifier d'une certaine manière.
La narration à la 1ère personne a une particularité: le nom du personnage principal n'est jamais révélé. Cette astuce littéraire d'anonymat est volontaire afin de « coller » à la pathologie neurologique dont il souffre: ne pas pouvoir reconnaître l'identité des visages (prosopagnosie), poussant inconsciemment le lecteur à essayer de se mettre à sa place.
Avec une narration très réaliste l'auteur situe son récit dans le sud du Brésil, exploitant les régionalismes et la diversité culturelle.
Un deuil déclenchera chez notre « inconnu » une implosion dans ses conflits intérieurs l'exhortant à fuir son quotidien et à partir dans une quête identitaire.
Il trouve ainsi un prétexte pour fouiller dans le passé de sa famille dysfonctionnelle, dans le but de construire son propre présent et trouver peut-être un apaisement aux tourbillons et à la mélancolie qui le rongent.
L'auteur brésilien accompagne son personnage dans un voyage initiatique qui deviendra une aventure humaine un peu chaotique mais tellement vivante.
Et il convainc avec une belle plume capable de descriptions minutieuses tant du monde extérieur que de la psychologie des personnages.
L'absence de ponctuation dans les dialogues, un peu perturbante au départ, s'avère très fluide et personnelle.
Il y a quelque chose de très personnel, presque artisanal et très touchant dans la narration, tant du point de vue stylistique que du développement du récit.
C'est cela qui séduit le lecteur, transformant une histoire qui aurait pu être banale en un voyage littéraire inespéré.