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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il n'a que 12 ans, le Drôle du titre, et sa vie n'a pas grand-chose de drôle. Il fait partie d'une toute petite troupe de mercenaires comprenant son frère Rody, qui ne décroche pas un mot mais ne rate jamais une cible avec son arc, Tanneur, une espèce de brute épaisse pour lequel le moindre faux pas est prétexte à torgnoler le gosse, et Chef, qui comme l'indique son surnom, dirige et ordonne. le drôle, qui ne se souvient même pas de son vrai nom, est là pour les corvées : s'occuper du cheval (son seul ami en ce bas monde), faire la tambouille, ramasser du bois sec pour allumer le feu du bivouac...
Ce soir-là, ils ont quelques pièces à l'issue d'un contrat, et le chef décide de payer un repas et une nuit à l'auberge, pour une fois. Mais ça tournera vinaigre, et en fait de nuit au chaud, le drôle sortira de cette auberge avec du sang sur les mains, tout ça parce qu'il a eu la mauvaise idée de chanter pour accompagner le luth d'un barde local.
Au cours de la fuite qui s'ensuit, le clan va trouver momentanément refuge sur une des multiples îles qui composent ce monde étrange, et Chef va envoyer le gamin chercher du bois sec, alors qu'il pleut comme vache qui pisse. Et c'est en en ressortant d'une grotte où il a enfin trouvé quelques branches qu'une dragonne va littéralement tomber à ses pieds ! Mais elle n'arrive pas seule, poursuivie par des guerriers Pâles qui cherchent à s'emparer d'un trésor précieux qu'elle détient.
A partir de là vont s'enchaîner les péripéties, et une relation très particulière (et très touchante) va s'établir entre l'enfant et la créature fantastique.

Ce roman jeunesse peut être qualifié d'Héroïc Fantasy, on y trouve des guerriers, un monde imaginaire, une dragonne crachant le feu, tous les ingrédients du genre. Mais on ne peut le réduire à ça, sa particularité réside dans l'écriture très originale de Damien Galisson, membre et parolier du groupe de hardcore Tanen, pour les connaisseurs. C'est donc quelqu'un qui manie les mots et leur musicalité de façon habituelle, et on le ressent bien à la lecture du livre. Rédigé essentiellement en vers libres, un peu comme dans « Moon brothers » de Sarah Crossan, on y trouve aussi de nombreux passages déclinés comme une sorte de mélopée, quand le Drôle chante ou communique avec la Dragonne. Et là, les mots se font tendres et doux, contrastant avec la rudesse des échanges avec Tanneur ou Chef, parfois grossiers, souvent violents. J'ai beaucoup apprécié ces changements de registre, qui induisent comme des respirations dans la lecture. Graphiquement, le texte est également travaillé, la disposition varie selon les circonstances (par exemple la notion de chute va se matérialiser par des mots qui tombent littéralement l'un en-dessous de l'autre), et la typographie également. Les échanges entre l'enfant et la Dragonne sont retranscrits en italique, et disposés en lignes décalées, ce qui leur donne une tonalité toute particulière, on a envie de les déclamer à voix haute.

Le monde dans lequel évoluent les personnages est assez original également. Il est constitué d'îles situées à des niveaux différents, et dont certaines se déplacent selon un cycle saisonnier. Elles sont reliées par des passerelles plus ou moins solides, ou il faut emprunter des nefs maintenues en l'air par des ballons pour accéder à certaines. Pour se retrouver dans cette géographie mouvante, on utilise des cartes circulaires qu'on superpose pour faire correspondre les routes à la saison actuelle. Les champignons qui poussent dans les forêts sont parfois gigantesques, certains ont des propriétés redoutables. Et les protagonistes sont pour la plupart assez peu sympathiques, voire carrément haïssables. Exception faite du Drôle, bien sûr, qui est une belle âme, et d'un cuistot qu'on croisera dans le camp des Pâles. Et puis il y a Rody, aussi, dont le silence cache peut-être autre chose que de l'indifférence...
Un mot encore concernant la couverture, que je trouve particulièrement réussie, ainsi que les dessins illustrant les têtes de chapitres. On en dénombre quatre différents, et chacun va donner une indication sur la nature du chapitre : déplacements du clan, chapitres centrés sur les actions du Drôle, interactions avec les Pâles, et chapitres axés sur la Dragonne. Je n'y avais pas fait attention au début, puis j'ai pris la peine de mieux les regarder, et j'ai apprécié l'idée.

Je ne lis pas souvent de roman fantasy, que ce soit en jeunesse ou en adulte, mais celui-ci m'a séduit par son message positif malgré le contexte belliqueux, et par son narrateur courageux et attachant. Cette lecture s'inscrivait dans le cadre du comité de lecture « ado » dont je fais partie depuis quelques années, et grâce auquel j'ai découvert quelques pépites ! Une lecture que je recommande à partir de 13 ans environ.
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C'est l'histoire d'un drôle,
Jeune garçon sans nom,
Embarqué dans un groupe,
Un peu contre son gré.
Avec Rody son frère,
Archer aux doigts de fée.
Et Tanneur, une brute,
Aux grosses mains qui frappent.
Et Chef, dont le sourire,
Est promesse de mort.

J'arrête là avec mes vers de mirliton. Ce début juste pour évoquer de la façon dont ce texte est écrit. Mais j'y reviendrai plus tard. Auparavant, l'histoire, un peu quand même. le drôle, dont on n'apprendra le vrai nom que plus tard, au détour d'un retour en arrière, doit suivre le groupe dans lequel son frère est engagé. On ne l'a pas choisi. Il n'a pas choisi. Il est là. Et puis voilà. Il doit subir les moqueries déplaisantes, les regards torves et, surtout, les coups violents qui tombent sur son visage à la moindre bêtise, à la moindre faiblesse. Pas évident quand on a une douzaine d'années de vivre dans ces conditions. D'espérer en un lendemain rieur. En un lendemain, tout court. Et le quotidien, outre les brimades, est fait de violences. Car Chef et Tanneur s'entendent bien pour rechercher la bagarre, les contrats de mercenaires. Et ils n'hésitent pas à sortir les lames à la moindre contrariété. Des brutes épaisses et sans pitié ! Alors quand le drôle se met à chanter, cela ne passe pas. Mais alors là, pas du tout.

Tout bascule un jour de déprime. le groupe est en fuite après un massacre. Il lui faut se cacher hors des sentiers battus. Sur une ile peu explorée. Ah ! Profitons en pour parler de ce monde : composé d'iles flottant non dans l'eau mais dans le vide. Elles sont reliées entre elles par des ponts ou des poutres ; certaines par des bacs, longues barges portées par des ballons. Certaines sont comme des impasses. Pour s'y retrouver, une carte. Mais pas une carte classique. Car, il faut savoir que certaines iles bougent. Elles se déplacent les unes par rapport aux autres. Selon certaines règles. D'où les cartes qui pivotent l'une sur l'autre selon la saison. Quelle bonne idée ! Cela ajoute au charme venimeux de l'endroit. À cette sensation de se perdre en permanence.
Mais revenons à la rencontre. Parti chercher du bois sec sous une pluie insistante, le drôle fouille partout. S'il échoue, les claques voleront. Et lui avec. Donc, il cherche avec énergie. Et finit par tomber sur une grotte. Et dans cette grotte… un dragon. Ou plutôt une dragonne. Comment le sait-il ? Eh bien, grâce au chant. Car il parvient à communiquer avec elle par le chant.

Damien Galisson, nous apprend la notice biographique, est depuis longtemps parolier d'un groupe musical de métal, assez sombre. D'où, sans doute, ce goût du rythme et de la musicalité des textes. D'où, sans doute, ce roman en partie écrit en vers, pas nécessairement sentencieux ou emberlificotés comme on peut le voir parfois. Ici, le vers est au service de la narration. Il est clair et accessible, même si certains mots sont plus recherchés que d'autres. Il n'est pas sacré, ni au-dessus des contingences matérielles de base :
« Lapidaire, il profère :
- Vous me faites chier.
Silence.
- Montez le camp. Pas De feu »
Trivialité et quotidiens sont présents dans ces lignes. Pour un effet maximal. Car ce parti pris, loin d'alourdir ou de ralentir la lecture la rend plus claire, plus lumineuse, plus immersive. J'ai eu tendance, devant certaines pages, à lire à voix haute des passages, sentant le balancement des mots, des phrases. J'ai senti le mouvement des personnages, des émotions à travers celui des syllabes. Plus encore que dans un texte uniquement en prose. Alors attention, le roman n'est pas entièrement en vers. Loin de là. Mais des moments se transforment en petits poèmes, en courts refrains. Certains mots se dessinent dans l'espace, comme lorsque le personnage tombe et que les lettres miment cette chute sur la plage. Ce procédé n'est pas nouveau, assez présent dans toute une série de livres pour la jeunesse. Mais ici, ce n'est pas un gadget destiné à rendre les pages plus attractives visuellement. C'est un choix qui a des conséquences sur le sens et la mise en place de l'ambiance. Cela ajoute à l'histoire, la rend plus sensible au lecteur. En tout cas, moi, cela m'a porté tout au long d'un récit déjà prenant en lui-même.

Car La Dragonne et le drôle raconte une histoire qui ne peut laisser froid : on est vite happé par la vie de ce jeune garçon, pas nécessairement originale dans son contenu, mais si bien racontée, si bien exprimée, avec tellement de petites touches qui la rendent réelle, présente, à portée de main. Damien Galisson a le sens des mots, sans hésitation. Et il l'a utilisé avec talent dans l'écriture de ce beau récit, dont les airs et les mélodies flottent encore après la fermeture de la dernière page.
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Je n'ai jamais vraiment été Drôle, plutôt « Gamin, reviens c'était pour rire ». Et même si dans mon Midi natal, le dròlle était doux à l'oreille, c'est mainat que j'ai entendu chanter le plus souvent.

L'imaginaire en vers libres de Damien Galisson nous amène à parcourir des îles balayées par des Contrevents qui ne sont pas sans rappeler celles peuplées de dragons de Terremer. A la différence que celles-ci flottent et se déplacent au gré des saisons des vents. Cet univers de fantasy (médiévale) sans véritable nom, cartographié de ponctuations et d'idéogrammes, est un chant empreint de l'esthétique et de la poésie d'Ursula K. Le Guin et de Hayao Miyasaki. La Dragonne et le Drôle est une partition dont la musicalité et la rythmique des mots sont marquées par une typographie travaillée. Un art de la mise en page, rappelant la créativité d'Alain Damasio, subtilement exploité par l'auteur, parolier d'un groupe de Métal, Tanen.

Haut comme trois pommes, le Drôle sans nom apprend la guerre, la rapine et la démerde à coup de taloches au sein de ce qu'on ne peut ni appeler une Horde ni une troupe : trois hommes, mercenaires de surcroît, et un drôle, bon à rien. Mais un drôle de rossignol dont l'innocence est sa cuirasse, le chant, son audace. Il saura donner de la voix pour La Dragonne qui a su lire son âme et entendre la mélodie de grâce qui court dans ses veines.

La Dragonne et le Drôle est un air qui touche ceux qui, là-haut dans le ciel, voient des fréoles à ballons, bouillons de culture de champignons, et des dragons. Vous avez raison M. Galisson, les dragons existent. Continuez d'écrire des chansons, les drôles ça ne restent pas p'tits. Je parcourrais encore vos îles ponctuées par les vents à dos de dragons, Russian Circles et Hania Rani pleins les oreilles. Je retrouverai bien Chef, Tanneur, Rody et le Drôle devenu grand.
Merci aux éditions Sarbacane (et à Babelio) pour ce doux et court envol à la découverte de ces curieuses terres de ciel.
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Dans un monde où la majorité des îles se meuvent selon les saisons, c'est la guerre. le drôle, qui n'a qu'une douzaine d'années, s'est fait enrôler avec son frère bien plus âgé, et au tir à l'arc dévastateur, Rody. Ils ont été recrutés par deux mercenaires, Chef et Tanneur, et depuis ils sillonnent les îles pour offrir leurs services guerriers. Sauf le drôle, qui, lui, a davantage de dons pour le chant et la musique que pour se battre : il fait des vers en pensée, supporte avec beaucoup de patience les brimades de sa nouvelle compagnie et l'indifférence de son grand frère, est leur enfant à tout faire. Mais le hasard d'une corvée va lui faire rencontrer une légende devenue réalité, à ses risques et périls : une dragonne. Enfin, surtout aux risques et périls des autres.

Construit à partir d'une intrigue somme toute assez classique, ce qui se confirmera au fil du récit, même si elle n'en reste pas moins sympathique à lire et à découvrir, le roman de Damien Galisson repose sur une forme davantage originale, avec des passages souvent versifiés, renvoyant aux pensées, chants – réels ou fantasmés, imaginés – du drôle. C'est en soi une bonne idée, mais je trouve que cette forme versifiée n'est pas toujours exploitée à bon escient, puisque certains passages font vraiment sens, tandis que d'autres n'ont pas vraiment de raison narrative à être construits ainsi.

J'ai surtout regretté que l'idée de départ, très alléchante, d'un univers sans cesse en mouvement, pas du tout évoqué dans la quatrième, ne prenne pas suffisamment consistance dans le récit : présenté dans les premières pages, cet univers particulier ne reste qu'anecdotique, alors qu'il m'aurait semblé pertinent d'appuyer davantage l'intrigue sur cette particularité pour la rendre un peu plus originale.

Une lecture appréciable, mais que j'aurais préféré avec un peu de plus de surprise.
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Le drôle fait partie de la bande de Chef avec Tanneur et Rody, ce sont des mercenaires qui vendent leurs talents au plus offrant dans un monde constitué d'îles flottantes. Un jour, en cherchant du bois en forêt, le drôle tombe sur une grotte dans laquelle il rencontre une dragonne, il est impressionné, fasciné mais il s'aperçoit aussi qu'il peut communiquer avec elle. Ce don est extrêmement recherché et attire la curiosité de la Générale Gerfaut, la soeur du roi de ce monde, le monde des Pâles car elle souhaite voler à la dragonne son oeuf.

Damien Galisson est né en 1978 à Poitiers. Jusqu'ici, il a surtout écrit sur des rythmes métal, puisqu'il est le parolier du groupe Tanen. Amateur de Serge Brussolo ou de Justine Niogret, il a d'abord écrit des ouvrages destinés aux tout petits, pour ses garçons. On y retrouve d'ailleurs déjà la trace d'un dragon… Lauréat du concours Émergences 2018 (La Charte), il découvre à cette occasion que son goût des vers et des rimes peut être mis au service de l'imaginaire. Ainsi naîtra La dragonne et le drôle, son premier roman… de fantasy en vers libres” - source : éditions Sarbacane.

Ce roman paraît dans la collection Exprim' qui s'est ouverte, depuis l'arrivée de Julia Thévenot chez Sarbacane, à une nouvelle veine imaginaire et aventure et notamment à la fantasy mais une fantasy exigeante. Comme le dit Julia Thévenot sur le compte Instagram des éditions Sarbacane, le genre de la fantasy peut parfois privilégier le rythme de l'aventure au détriment de l'exigence littéraire et les éditions Sarbacane veut au contraire des textes dans lesquels le genre est au service de la littérature.

Un roman de fantasy sur le thème des dragons en pleine vague des Royaumes de feu mais nous ne sommes pas dans le même univers du tout. Damien Galisson choisit tout d'abord d'osciller entre un univers imaginaire extrêmement poétique de royaumes constitués d'îles flottant dans l'univers et des peuples plus proches de l'heroïc fantasy avec des guerriers frustres, brutaux et souvent vulgaires. Il y a donc un décalage net entre les dialogues qui relèvent d'un registre populaire et souvent vulgaire et le texte descriptif pour lequel l'auteur recherche les effets littéraires. En effet, Damien Galisson propose un roman en vers libres avec énormément d'effets de mise en page littéraire avec des calligrammes, des épanaphores, des hyperboles, des asyndètes, des épitrochasmes et il multiplie à la fois les effets de style et le jeu sur la mise en page. Il trouve un rythme certain et l'intrigue ramassée à peu de péripéties - un jeune garçon protège une dragonne dont l'oeuf est recherché par un groupe de guerriers brutaux - se développe néanmoins sur trois cents pages grâce au jeu de descriptions des tableaux successifs - l'auberge, les îles, la forêt, la grotte, les vaisseaux des guerriers pâles etc. Nous plongeons ainsi dans un univers magnifique et étonnant.
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Quand on m'a proposé La Dragonne et le Drôle, c'est surtout mon amour pour les dragons qui m'a fait accepter, mais je craignais un peu une histoire légère qui ne m'aurait pas pleinement satisfaite. Fichus préjugés sur les romans jeunesse. J'avais bien tort quand j'ai vécu un grand moment.

Dès les premières lignes, je suis tombée sous le charme de la prose en vers libres de Damien Galisson qui rythmait avec tant de poésie et de force la voix du narrateur. Je n'avais jamais lu ce genre de plume avant et j'ai adoré. C'est un vrai bonheur d'entendre à ce point la musicalité d'un texte, surtout ici avec un narrateur qui aime chanter. En plus, l'auteur a une plume très riche, un vocabulaire fourni et un registre qui s'adapte toujours à celui qui parle. C'est succulent.

Mais au-delà de ça, le texte n'est pas qu'un prétexte à l'exploration d'un style narratif et d'une belle plume, Damien Galisson a vraiment quelque chose à raconter et j'ai été touché par cela. Dans sa Dragonne et son Drôle, j'ai eu l'impression d'être au croisement de Drifting Dragons (un manga steampunk sur des chasseurs de dragons) et des récits de Robin Hobb (la papesse des récits de dragons pour moi), c'était parfait.

L'univers mis en scène pour l'auteur est rude et âpre, ce que je n'attendais pas, je l'avoue, dans un récit jeunesse. Comme le titre l'indique, on suit un pauvre drôle, un jeune garçon forcé de suivre un petit groupe de mercenaires avec lesquels bosse son frère. Il est l'homme à tout faire, un anonyme qui n'a même pas de nom et pas la moindre reconnaissance, qui va être forcé de faire les basses besognes et de subir leurs moqueries. Ce jeune garçon m'a beaucoup touchée. Il est certes l'archétype des héros de fantasy qui vivent une quête initiatique visant à les faire grandir : là, la rencontre avec une dragonne, mais l'auteur l'a magnifiquement caractérisé avec un caractère doux, rêveur, un peu poète, que la vie n'a pas épargné mais qui a su garder son empathie. J'ai adoré son évolution, son lien avec la dragonne et celui qu'on devine peu à peu avec sa famille. Avec lui, j'ai eu l'impression d'avoir la métaphore de ce pauvre gosse des cités embringué trop tôt dans un gang avec son frère. C'était émouvant.

Il y a ainsi un travail plein de finesse de la part de Damien Galisson pour décrire les liens déjà existants ou qui vont se nouer entre le Drôle et ceux qui l'entourent. J'ai été frappé par la justesse de sa relation bancale avec son frère où l'auteur montre l'importance de se parler, se faire confiance, accepter la différence. J'ai été émue également par celle, pleine de force et de poésie qui se noue entre le héros et la dragonne à travers leur amour pour la chanson et le désir du héros de connaître un amour filial même par procuration. C'était poignant.

En plus de cette dimension humaine, il y a chez Damien Galisson, un vrai goût pour l'aventure en mode piraterie steampunk et donc des sensations de cape et d'épée, de poudre, qui m'ont prise en cours de lecture pour ne plus me lâche, ce que j'ai adoré ! En effet, le Drôle appartient à un groupe de mercenaires, ceux-ci vont rencontrer une troupe de chasseurs de dragons à bord d'aéronefs et nous allons voir leur vie à bord, leurs échauffourées, ainsi que leurs tactiques pour capturer la dragonne et son oeuf. Il n'en fallait pas plus pour me rappeler les meilleurs moments de Drifting Dragons, dont je parlais plus haut, que j'adore. C'était rythmé, dynamique et immersif. On vivait littéralement avec eux, à travers le regard du drôle.

Le récit se veut ainsi à la fois humain et aventureux, plein de poudre et de sagesse, plein de violence et de poésie. J'ai adoré ma lecture. Je ne pensais pas qu'elle me toucherait autant. L'histoire de ce jeune garçon, de sa rencontre et son lien si beau avec la dragonne, puis de ce parcours de pauvre anonyme à jeune héros était beau, touchant et parfaitement raconté sous la plume entraînante et rythmée de l'auteur. C'est un vrai bel ouvrage surprenant, encore plus pour moi au rayon jeunesse où j'ai tendance à tomber un peu trop sur des titres qui se ressemblent tous et ne m'apportent que du divertissement. Là, j'ai senti une vraie volonté d'élever le lecteur en même temps que les personnages et j'en ai été très touchée.
Une superbe réussite, merci à Babelio et Sarbacane pour cette lecture !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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C'est l'histoire d'un drôle et d'une dragonne. L'un voyage avec sa joyeuse (ou pas) troupe, l'autre sillonne les cieux en solitaire pour protéger son trésor le plus précieux des hommes trop avides. C'est l'histoire de rencontre entre le drôle et sa dragonne.

J'étais très curieuse par rapport à ce titre, surtout le côté "vers libre". Je ne suis pas forcément fan des vers, mais du coup j'étais curieuse de voir ce que ça donnait dans un récit de fantasy jeunesse (surtout avec des dragons ^^). J'avais envie de sortir un peu de ma zone de confort. Et c'est plutôt une réussite, j'ai apprécié ma lecture. J'ai beaucoup aimé la musicalité du texte ; je lisais de façon assez rythmée par réflexe, dû à la mise en page du livre. Cette mise en page était d'ailleurs parfois
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mais on s'y habitue vite. Il y a peu de temps mort, les actions s'enchaînent et on a envie de savoir ce qu'il va se passer.

Je me suis attachée au personne du "drôle", à sa façon de raconter son histoire... Et j'ai surtout adoré le monde créé par l'auteur. Ces îles qui se relient entre elles à certains moments, ces cartes sous formes de puzzle... Même si ce oneshot se suffit à lui même, c'est un univers que l'auteur pourrait encore exploiter, un seul livre ce n'est pas assez pour tout explorer ^^

Merci à Babelio et aux éditions Sarbacane pour l'envoi de ce livre via une opération masse critique.
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La narration de ce livre est hyper originale. Nous avons un récit de fantasy jeunesse écrit en vers libre, chose assez difficile pour ce type de texte.

Le rythme du roman est très particulier. Je tiens à souligner que c'est le premier livre en vers libre que je lis. J'ai eu besoin d'un peu de temps pour comprendre le sens des phrases et me faire au rythme de celles-ci.

L'histoire est relatée du point de vue du « drôle » qui est un enfant doué et rêveur qui aime chanter. À travers ses frasques, ses descriptions et les dialogues : il fait des rimes à toutes les sauces. Si au départ c'est assez perturbant, quand on avance dans le récit cela devient une force.

Ce roman représente la vie d'un petit garçon qui a tout perdu hormis son frère. Il ne sait pas où est sa place. le jour où il va rencontrer la dragonne, il saura enfin ce qu'il doit faire. Les péripéties que l'on suit, vont permettre de mettre en avant des liens d'amitiés et des liens familiaux à travers une aventure qui s'opposera à l'appât du gain.

Je me suis attachée à ce petit garçon et à cette dragonne. Ils ont su m'émouvoir via l'amour qu'ils se portent et la bienveillance dont ils font preuve dans un milieu de charognard.

Si j'aime beaucoup le concept de ce roman, c'est assez fatiguant de devoir décrypter le sens de certaines phrases. Ce type de narration ne convient pas à tout le monde. Par contre, si vous aimez les univers poétiques, ça pourrait vous plaire.
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« La dragonne et le drôle » saisit tout de suite par sa composition en vers libres. Si cela déboussole un peu tout d'abord, le lecteur trouve rapidement ses marques et est emporté par le rythme des mots de l'auteur. le procédé fonctionne très bien et a un rendu particulièrement visuel qui nous immerge totalement dans l'intrigue. L'intrigue de son côté respecte les codes du genre en proposant un univers original fait d'île flottantes à différents niveaux qui se déplacent et son reliées entre elles par des passerelles, mais aussi de champignons géants et d'aéronefs, sans compte la dragonne bien sûr. Les personnages sont intéressants à découvrir et à suivre, en particulier ce drôle qui reste longtemps anonyme et tente de survivre dans un univers qui le dépasse. Damien Galisson ne fait pas l'impasse sur les autres protagonistes qui sont eux aussi dotés de suffisamment d'éléments personnels pour dépasser le statut de personnages secondaires. En reposant le livre, j'ai d'abord pensé que le roman aurait pu être plus développé sur certains aspects, notamment son univers. Mais après réflexion, cela aurait sans doute été au détriment de sa fluidité rythmique, donc rien à redire !
Lien : https://mangeurdelivres.word..
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Merci à @babelio_ et @editionssarbacane pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée !

J'avais un peu d'appréhension car je ne suis pas très poésie, ça me passe littéralement au-dessus de la tête et comme ce roman est écrit en vers libres, j'avais peur que ce soit la même chose. Au final, pas du tout et c'est bien la première fois que je lis un roman pareil, je pense que je n'ai vu ça nulle part ailleurs.

La plume est très fluide. Les phrases sont très belles et on glisse dessus. C'est très poétique mais pas trop non plus, il n'y a pas de rimes (ou très peu) mais toutes les phrases sont bien tournées. C'est très agréable à lire et de temps en temps on s'attarde même sur une joli phrase qui sonne tellement belle à l'oreille.

La couverture est déjà magnifique mais l'intérieur l'est tout autant ! La mise en page est pensée pour coller au récit et aux pensées du drôle. Cela permet de nous emmener dans une jolie balade avec notre héros à la rencontre de la dragonne. Rien que pour le plaisir des yeux, ce livre en vaut la peine.

L'histoire est plus axé pour la jeunesse et je dois dire qu'il m'a manqué un petit quelque chose. On sent qu'elle est moins travaillée, moins pensée que les vers et la mise en page. Elle reste très agréable tout de même et on s'attache au personnage du drôle et on espère qu'il s'en sortira. L'univers est aussi original mais on ne le découvre pas assez à mon goût. Ça pourrait être intéressant d'avoir une suite ou d'autres histoires dans celui-ci.

Une belle découverte pour moi que je ne peux que vous conseiller !
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