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EAN : 9782336758442
272 pages
Editions L'Harmattan (01/04/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Au-delà de la définition formulée par l'OMS en 1975, qu'est-ce que la « santé sexuelle » et comment est-elle produite du point de vue du genre ? Ce numéro entièrement consacré à la jeune recherche analyse la manière dont les institutions, dispositifs et pratiques véhiculent des injonctions à une « bonne santé » et à une « bonne sexualité ». Comment les patientes le vivent-ils/ elles ? En quoi cela participe-t-il de la construction d'une clinique genrée ?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La toujours lointaine reconnaissance du droit à disposer de son propre corps

Dans leur introduction « le sexe sous contrôle médical », Adeline Adam, Karine Duplan, Fanny Gallot, Lola Gonzalez-Quijano, Guillaume Roucoux et Marie-Sherley Valzema indiquent que « la reconnaissance du droit de chacun·e à disposer de son propre corps, semblent encore loin d'être acquis à l'échelle mondiale », que la santé et la sexualité ne sont pas des phénomènes anhistoriques, qu'il convient donc de les contextualiser. « Ce numéro est donc consacré à l'analyse des normes à l'oeuvre dans la production de la santé sexuelle selon différents contextes historiques, géographiques et sociaux »

Les préfacier-e-s abordent, entre autres, l'apparente neutralité médico-scientifique, la biopolitique (Michel Foucault), les procédures disciplinaires étatiques, la place nouvelle accordée au plaisir, la distanciation entre sexualité et reproduction, les injonctions de « performance sexuelle » et les résistances à ces phénomènes.

Elles et il traitent des politiques étatiques et internationales, « Par l'édiction et la diffusion de normes procréatives ainsi que par la création d'un idéal d'encadrement ou de protection des femmes, pensées comme déficientes ou vulnérables, ces politiques s'emparent du corps de celles-ci pour le mettre au service de la reproduction de la Nation », des normes procréatives, des relations de soin, des maltraitances subies par des femmes en tant que « patientes », des corps et des normes, de l'« asymétrie structurelle des relations soignant·e·s-patient·e·s et des savoirs », du genre des sciences, de la « dualité » des sexes…

Je choisis de ne présenter que les trois premiers articles, tout en soulignant que j'ai été intéressé par tous les textes.

Il est important de revenir sur le cadre dans lequel le droit à l'avortement existait en URSS. Mona Claro en souligne quelques dimensions, dont la non-pertinence d'une problématisation en termes d'alternative contraception/avortement. Elle parle de « pronatalisme ambigu », de contradiction entre la mobilisation du travail reproductif des femmes et leur mobilisation en tant que force productive, du taux de natalité, de l'accès à l'avortement, de norme procréative, du peu d'encouragement à la contraception, d'« avortements d'espacement ». Une illustration de la nécessité de prise en compte des contextes et de leurs contradictions.

Je souligne particulièrement l'article sur le contrôle et la contrainte, « la planification médicalisée des femmes indigènes au Guatemala ». Anaïs Garcia analyse l'exercice du « contrôle autoritaire » du secteur médical exercé sur la vie reproductive des femmes indigènes, la violence ciblée des programmes de planification familiale. Elle aborde, entre autres, le racisme imprégnant « les structures sociales, politiques et économiques du pays », les féminicides guatémaltèques, les mécanismes d'assujettissement des corps féminins indigènes…

Les programmes de planification familiale sont gouvernés par le néomalthusianisme, le sexisme et le culturalisme. Si l'usage massif de méthodes contraceptives est prôné, sans prise en compte des besoins et des souhaits des femmes, il faut aussi souligner l'usage de stérilisations forcées (surtout pour les femmes et les femmes pauvres). Anaïs Garcia détaille la conception dichotomique des cultures, la dévalorisations des pratiques des indigènes, la posture de missionnaire civilisateur des institutions et du corps médical. Il s'agit bien d'une négation du droit des femmes indigènes à disposer de leur corps, « Ce qui semble finalement poser problème, c'est la possibilité pour ces femmes de jouir d'une relative indépendance dans la gestion de leur vie sexuelle et reproductive ». Il y a à la fois une instrumentalisation du droit des femmes (« rhétorique féministe contre les femmes indigènes »), un prisme ethno-centré, et un discours faisant des hommes indigènes des figures intrinsèques du machisme.

L'auteure parle aussi de l'édification d'un discours sur les supposées qualités féminines qui « construit, essentialise et homogénéise à la fois une identité ethnique indigène et une identité sexuée féminine », des rares espaces d'intimité pour les femmes dans les structures médicales, de stratégie de déresponsabilisation, de violences en continuité avec les conflits armés.

Anaïs Garcia montre comment les violences sexuelles faites aux femmes sont interprétées « comme une attaque à la culture et à l'honneur de la communauté » et « non comme une atteinte à l'intégrité physique et à la liberté sexuelle des femmes ». Ici comme ailleurs, l'honneur des hommes passe par le corps des femmes (leurs corps ne leur appartiennent pas mais appartiennent au groupe au mépris des droits de celles-ci…). Une fois de plus la minimisation de « la dimension genrée de l'agression, occulte la prégnance de la violence faite aux femmes et renforce le pouvoir patriarcal » et le corps des femmes est appréhendé comme « un territoire dont elles ne peuvent être propriétaires »…

Kira Ribeiro présente la « genèse de la criminalisation du VIH en France ». Elle détaille l'approche punitive choisie et ce que cela signifie en termes de qualification pénale, l'appréhension des sources de l'épidémie comme culturelles, les débats autour du sang contaminé, les réponses collectives des associations de malades, la réduction du VIH et de son développement à des affaires interpersonnelles. Elle y oppose une nécessaire politisation de la question de la contamination, le refus d'un simple renvoi à un espace privé.

Si l'auteure me semble avoir raison sur les dimensions de réparation ou de transformation sociale, son refus de recourir à la justice, comme institution masculiniste et de classe (« cela revient à rechercher une protection au niveau des instances qui produisent et perpétuent les conditions d'existence inégalitaires dans lesquelles sont prises les femmes »), me laisse plus que perplexe – dans le domaine du rapport salarial cela reviendrait à ne pas se battre pour un code du travail élargi pour lutter partiellement contre les effets de la subordination ! -. J'ai le souvenir des débats sur la criminalisation du viol et les arguments fallacieux de certain-e-s pour s'y opposer… Une chose est par ailleurs la criminalisation ou la pénalisation de certains actes, leur nomination judiciaire, autre chose est le recours à l'enfermement
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Par l’édiction et la diffusion de normes procréatives ainsi que par la création d’un idéal d’encadrement ou de protection des femmes, pensées comme déficientes ou vulnérables, ces politiques s’emparent du corps de celles-ci pour le mettre au service de la reproduction de la Nation
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Ce qui semble finalement poser problème, c’est la possibilité pour ces femmes de jouir d’une relative indépendance dans la gestion de leur vie sexuelle et reproductive
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