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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Je suis né le 4 octobre 1956, à minuit pile. Toi, juste après. Tu m'as laissé la priorité. Je devais être pressé de sortir, en éclaireur. Mais tu as été le premier à partir, en reconnaissance. »

À l'âge de six ans, le frère jumeau de Jérôme Garcin, Olivier est fauché par un automobiliste qui prend la fuite.
Jérôme Garcin à travers ce récit autobiographique décrit avec grande finesse les aphtes du vide, du manque.
Comme bon nombre de personnalités dont il rend hommage en partie ici, il est impossible de se remettre de la perte d'un enfant. Impossible de se remettre de la perte d'un jumeau alors que dans le ventre de la mère, les bébés se cajolaient déjà mutuellement.

Jérôme Garcin rend un bien bel hommage à la littérature ainsi qu'à l'écriture. Il ne serait peut-être pas devenu écrivain sans le départ précipité de ce frère, écrire devient une urgence absolue pour exorciser la douleur. Les livres quant à eux lui ont servi à poursuivre ses rêves d'Olivier. Chaque personnage était prétexte à imaginer Olivier.

Sans pathos, à pas feutrés, ce récit aborde bon nombre de thèmes autour de la gémellité avec beaucoup d'amour, de clairvoyance et avec un souci du mot juste dont chacun d'entre eux est choisi avec tact pour un rendu de grande beauté.

Un récit que j'ai aimé lire, dans lequel je me suis sentie bien, un récit réconfortant et libérateur, inutile de crier à l'amour du frère parti trop tôt pour comprendre combien un couple gémellaire peut être déraciné sans son autre. Inutile de s'apitoyer pour ressentir les différents replis et refuges pour panser l'âme.

C'est doux et empreint de vérités qui nous rappellent l'importance de se raccrocher aux fondamentaux pour continuer à avancer, les livres, la musique, le théâtre, autant de fils qui maintiennent le cordon ombilical à la vie.
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Le 7 juillet 1962 un chauffard écrase Olivier, 5 ans, frère jumeau de Jérôme. le 21 avril 1973 un cheval écrase Philippe Garcin, 45 ans, son père.

Ces deux accidents mortels marquent depuis lors la vie de celui qui anima durant des décennies « Le Masque et la Plume ». En 1998, il publie « La chute de Cheval » consacré à feu le directeur des éditions PUF. En 2011, « Olivier » évoque « l'enfant éternel » avec pudeur et hauteur de vue, en analysant les conséquences de la gémellité et les drames liés à la disparition de la moitié d'une paire.

Le récit alterne les chapitres de mémoire, où Jérôme Garcin revient sur des scènes familiales, sur ses parents, ses grands-parents, sa fratrie, son mariage avec la fille de l'acteur Gérard Philipe, prématurément disparu (« Le dernier hiver du Cid »), leurs enfants, leurs chevaux et les chapitres de réflexion sur la gémellité, la mort d'un enfant ou d'un jeune adulte, en convoquant Radiguet, Rimbaud, Léopoldine Hugo, en relisant Constantin Virgil Gheorghiu et Jacqueline de Romilly.

Cette alternance transcende le destin d'Olivier et entame des réflexions philosophiques et religieuses qui donnent au récit un caractère universel, car quelle famille échappe-t-elle à la mort ?

De la révolte à la sérénité, en un demi siècle, Jérôme Garcin s'est construit, une main appuyée sur l'épaule de son frère éternellement présent à ses cotés. Cet appui, l'auteur le partage dans un récit bouleversant mais riche d'espérance qu'Olivier conclut en nous murmurant « Va, vis et deviens ».

PS : mon avis sur La chute de cheval
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Première rencontre littéraire pour moi avec cet écrivain reconnu au style de qualité, qui m'a surtout émue par la pudeur dégagée dans ce dévoilement de soi. Une blessure terrible que celle de la perte d'un jumeau à l'âge de 6 ans, celui où l'on apprend à lire et écrire.
Un lien gémellaire si fort qu'il étonnera toujours les non-jumeaux, et le deuil de cette moitié de soi est quasi impossible.

Un récit touchant et juste, mais qui reste positif à mon sens, et qui permet de ressentir et comprendre comment l'on se construit sur un tel drame dans une famille de médecins de renom, où la connaissance, la littérature, la culture et l'art ont occupé une place prépondérante.
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Ce livre magnifique est un superbe hommage au jumeau manquant. Jérôme Garcin nous fait participer à sa cohabitation avec son frère jumeau mort à l'âge de cinq ans durant sa vie. La langue est d'une grande finesse.
Ce manque m'a fait penser aux personnes amputées qui ont mal à leur membre absent.
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Ah la puissance des mots ! Ce récit autobiographique mais pas seulement (j'y reviendrai) est un véritable hymne à l'écriture.

Je ne savais pas que Jérôme Garcin maniait aussi bien notre langue. Les mots sont justes, les images très suggestives, les nombreux oxymores nous sourient, les descriptions de la campagne nous charment, tout au long de ce court récit.

L'écriture est un moyen, pour lui, de redonner vie à ce frère jumeau renversé par une voiture à l'âge de presque 6 ans, « d'exprimer ce dont on ne peut pas parler, pour libérer tout ce qui, en nous, était empêché, claquemuré, prisonnier d'une invisible geôle. […] Tu m'as révélé l'incroyable pouvoir de la littérature, qui à la fois prolonge la vie des disparus et empêche les vivants de disparaître. »


« Si le malheur absolu ne donne pas du talent, il révèle, dans la plaie vive, celui qui était inexprimé. » Cette remarque s'adresse à Philippe Forest (auteur que j'ai maintenant très envie de lire) mais elle pourrait tout aussi bien s'adresser à l'auteur lui-même…


Ce récit est aussi prétexte à évoquer des textes littéraires, des auteurs qui ont subi la perte d'un enfant, de Victor Hugo à Philippe Forest, des écrits scientifiques sur la gémellité.

C'est un questionnement personnel mais tellement universel, une visite dans ses souvenirs à travers un texte qui s'adresse, avant tout, à Olivier.

Du rôle de Dieu à celui de la psychanalyse, de la condition des gémellaires à celle des singuliers, l'auteur partage avec Olivier, et donc, avec nous, lecteurs fortuits, ses interrogations, ses angoisses, ses doutes. Cette mise à nu ne nous permet-il pas de mieux nous comprendre ? N'est-ce pas le propre de tout écrit ? On y puise ce qu'on veut, ce dont on a besoin, on s'émeut, on s'interroge, on se remet en question, on cherche, on se cherche.

Et puis quelle franchise, quel regard sur lui-même : « A mesure que je vieillis, je me sens gagné par un sentiment croissant d'incomplétude, une manière de boiterie, invisible mais récurrente. A vingt ans, pressé de vivre, je m'imaginais invincible et indivisible. Tu ne me manquais guère, trop occupé que j'étais à me préférer. »

« Ce tout petit tombeau de papier » nous ravit, nous touche, nous transporte. de bien belles pages !

Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Avant de commencer à lire, j'ai eu un peu peur: son thème avait-il été choisi surtout parce que c'était un « bon sujet » annonciateur d'un succès éditorial ? Potentiellement, tous les jumeaux de France et de Navarre peuvent se sentir concernés. Je suis moi-même un (faux) jumeau et je voulais savoir ce que Jérôme Garcin avait à (me) dire sur la gémellité et aussi sur le sentiment de perte.
L'auteur se montre lucide sur lui-même. Il reconnait qu'il est « très susceptible et indifférent au qu'en-dira-t-on. D'une pudeur maladive et capable de me mettre à nu en public » (p. 87). Et, de fait, son récit me semble être une curieuse juxtaposition de confidences intimes et de considérations très (trop) générales sur le deuil d'un frère jumeau si proche, perdu très tôt dans des conditions dramatiques. Certaines pages m'ont semblé émouvantes et… proches de l'impudeur; d'autres au contraire un peu trop cérébrales. Ce qui est peut-être le plus intéressant n'est pas la mort d'Olivier, mais l'introspection à laquelle se livre J. Garcin sur son évolution personnelle: « A vingt ans, pressé de vivre, je m'imaginais invincible et indivisible. (…) Je n'ai plus vingt ans. le passé auquel je croyais avoir tourné le dos se rappelle de plus en plus à mon bon souvenir » (p. 125)
Je ne mets pas en doute la sincérité de l'auteur (qui, du reste, écrit fort bien). Toutefois après avoir refermé ce livre, je suis resté un petit peu perplexe.
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Nevermore.Jamais plus. Victor Hugo a pleuré tant et tant de mots sur sa Léopoldine, que l'on se dit c'est ça le deuil, la perte, l'absence.
Dans ce livre autobiographique (qui prolonge "La chute de cheval" et "Théatre de l'intime", cette longue lettre émouvante adressée à son jumeau Olivier, tué à six ans dans un accident de voiture, Jérome Garcin, lui, semble crier "encore", car au décés de son double, de sa moitié indissociable, plutot que de se dissocier en devenant schizophrène, il a intériorisé ce fantome, cet ange dont l'aile a frolé sa clavicule cassée lors d'une chute de cheval.Lui, l'impatient a porté le nostalgique et a redoublé d'activités pour prouver qu'il était toujours là.
C'était écrit chuchote la grand mère, comme on livre un secret. Olivier, grand pour son age, n'a t il pas sur une erreur du curé partagé l'hostie comme on recevrait une extrème onction? N'a t il pas fait un horrible cauchemar dont il ne réchappait pas la veille de sa mort?
Ecrit ou pas, Jérome Garcin, éloigné de l'enterrement ne cherche pas en Dieu la solution à cette injustice que la vie lui a faite mais dans les arbres et les pierres qui l'apaisent.
Et cette mort qui se répète avec celle de son père. Ce père qui bien après le départ d'Olivier avait eu peur de perdre Laurent, le petit frère né trois ans après l'accident, celui qui avait giflé Jérome qui tenait l'enfant dans ses bras, alors qu'une voiture reculait sans visibilité, celui qu'on appelait le tueur lors des concours d'équitation, celui qui passait sa hargne à cheval quitte à y laisser sa peau et celui qui justement a laissé sa vie là dans une chute mortelle.
Double injustice.L'adolescent Jérome devient ombrageux et noie ses chagrins dans la poésie.
L'écriture exutoire ne viendra que plus tard, bien plus tard lorsqu'il sera capable d'apprivoiser, d'exorciser le deuil, de le prolonger sur le papier pour garder sa mémoire ouverte et vivre malgré tout pour (je cite) confondre son hiver d'homme pécaire avec son éternel printemps.
Un livre qui touche au coeur et bouleverse par sa sensibilité exacerbée!
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Dans ce récit autobiographique, qu'il nomme "tout petit tombeau de papier", l'écrivain et journaliste Jérôme Garcin évoque Olivier son frère jumeau, 40 ans après son décès. Il s'adresse à lui tout au long du texte dans une longue conversation en forme de monologue.

Olivier est mort à l'âge de 6 ans, percuté par un chauffard sur une route de campagne "un soir doux de 1962" laissant Jérôme inconsolable.
Ils étaient des jumeaux inséparables, une fois Olivier mort, Jérôme Garcin a continué à parler en secret à Olivier, à essayer d'imaginer ce qu'il serait devenu s'il avait vécu, ce qu'il aurait pensé de lui. Olivier a été, tout au long de la vie de Jérôme, un frère à la fois terriblement absent mais aussi tellement présent. Jérôme Garcin ne nous livre pas le portrait d'un frère éternellement figé dans son enfance mais celui d'un frère qui a continué à vivre.

Jérôme Garcin nous livre une réflexion sur la façon dont ce drame a contribué à le construire comme un homme pressé, chargé de vivre pour deux. "Ne t'inquiète donc pas, Olivier. Ce dont le destin t'a privé, je l'ai vécu pour toi, tu l'as vécu avec moi."

Ce roman est aussi une réflexion sur la gémellité, comme les amputés qui continuent de ressentir des douleurs dans leur membre fantôme longtemps après l'amputation, Jérôme Garcin, nous parle de son sentiment d'être "incomplet".
Jérôme Garcin nous parle aussi de sa passion pour sa femme et ses enfants, son amour pour la campagne, les chevaux et la littérature.

C'est un livre très émouvant sur le deuil, un livre au coeur de l'intime d'une grande sincérité, d'une grande justesse. L'exercice introspectif est lumineux et poétique sur un fond mélancolique.
J'ai aimé ce témoignage du frère survivant "ce jumeau sans jumeau" face au destin que son jumeau disparu n'aura pas eu. Je n'ai vu dans ce texte aucun pathos, aucun apitoiement sur son sort, Jérôme Garcin n'est pas homme à se complaire dans son chagrin.
J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la très belle plume de Jérôme Garcin qui m'avait tant charmée dans "Le voyant"



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Je ne sais que penser de ce livre. Bien sûr, on ne peut qu'être ému par le malheur qui frappe Jérôme Garcin par la mort accidentelle de son jumeau à l'age de 6 ans. On compatit à un si brusque et injuste malheur.
La perte d'un jumeau est encore plus difficile à vivre pour celui qui reste et qui recherchera en vain son double, sa moitié, sa vie durant.
Mais ce livre est aussi une description détaillée de la famille Garcin, d'une lignée bourgeoise et bien pensante de médecins qui trahisssent un jour leur caste en se tournant vers l'édition. Dans ce milieu, il n'y a pas de place pour le chagrin: on éloigne les enfants, on ne parle pas de ce qui fait mal. le sentiment de culpabilité des uns ou des autres est à peine évoqué, et cela rajoute à la sensation d'étouffement dont Jérôme Garcin lui-même, 50 ans après, ne peut sortir.
Un livre à lire, toutefois, pour une belle écriture, quelque peu ostentatoire, il est vrai, mais à lire entre les lignes pour comprendre l'indiscible.
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Si vous avez perdu quelqu'un que vous considérez comme une partie de vous, très tôt, très jeune, vous trouverez peut-être dans ce livre des mots qui vous ressemblent : l'écriture de Jérôme Garcin est réconfortante, libératrice, d'une justesse et d'une beauté remarquables. Il raconte l'immense vertige, la moitié manquante qui le fait avancer comme un équilibriste depuis la disparition d'Olivier, son jumeau, son double, alors qu'il était très petit. J'y ai trouvé beaucoup d'échos à ce que je ressens depuis de nombreuses années. ✨ « Je crois à la secrète communion de tous ceux qui ont perdu un être chéri (...) » J'y crois aussi... Merci Jérôme Garcin. ✨ « Ma souffrance est très vieille, elle a des rides sur le front et des poches sous les yeux. Je me suis endurci. Avec le temps, j'ai appris à faire de ton absence une présence sournoise et tranquille qui ressemble à la caresse du vent d'été... »
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