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3,88

sur 972 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le postulat de départ de " Clair de femme" est tout à fait tragique.
Tout commence par une rencontre entre un homme désespéré dont la femme est en train de mourir, et une femme endeuillée par la perte de sa fillette dont le mari lourdement handicapé est en sursis. Je craignais vraiment que cette fois-ci l'auteur ait un peu " chargé la barque ", pour être franche.

Mais cette rencontre sert avant tout de prétexte à Romain Gary pour disséquer avec brio, à sa manière aigre-douce, ce qu'est un couple, ce qui le soude mais aussi ce qui concourt à le désagréger. Les deux héros du roman, prisonniers chacun de leur indicible douleur, vont chaotiquement se rapprocher pour tenter de survivre et retrouver malgré tout le chemin de l'amour.
Toutes leurs tentatives de partage ou d'éloignement, telle une valse hésitante qui ne trouve pas son tempo, rythment le roman, comme elles rythment les débuts d'un couple. C'est à la fois douloureux ET plein d'espoir : c'est beau et fort bien écrit. J'ai beaucoup apprécié comme toujours avec Romain Gary son sens des formules ciselées qui touche au coeur du vécu et des émotions du lecteur.

Si je devais n'en retenir qu'une ce serait celle-ci :
" La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer ",
formulée par la femme du héros masculin qui sait qu'elle va mourir et lui demande de partir à la rencontre d'une autre femme. Triomphe de l'amour sur la mort.
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Il y a les mauvaises rencontres qui quand on crève de solitude vous font faire de mauvais choix, et puis il y a la Rencontre celle de deux êtres qui ne pouvaient et ne devaient pas se rater.
Michel et Yannik s'aiment, c'est un amour intact, sans faille comme aux premiers jours.
Malheureusement, le destin est parfois cruel, Yannik atteinte d'un cancer, est condamnée. Tout s'écroule, Michel est paniqué, perdre la seule femme qu'il n'ait jamais aimée, à qui il a tout donné, est une douleur indescriptible et l'idée de partir avec elle lui effleure l'esprit.
Mais Yannik, digne, affronte sa mort avec beaucoup de lucidité, elle va accompagner et préparer son mari à vivre sans elle, elle décide même de mourir seule. Elle ne veut pas que son chagrin envahisse sa vie et que Michel s'enferme derrière un mur de souvenir, sa mort ne doit pas l'empêcher d'aimer à nouveau. Elle lui propose d'aller à la rencontre d'une autre femme, et que tout l'amour qui lui a donné puisse-t-il le donner à une autre.
« Dépense-moi- Donne-moi à une autre. Ainsi ce sera sauvé »
Après sa mort, Yannik s'imagine vivre dans l'idée d'occuper une autre !
Et cette femme, c'est Lydia.
Michel et Lydia se sont heurtés en ouvrant la portière d'un taxi.... un hasard, une chance ou peut-être la Rencontre !
Mais Lydia est une femme meurtrie, quelques mois auparavant, son mari Alain attrape un accident de voiture, tuant leur petite fille et le laissant infirme, son cerveau atteint, il a perdu tout contrôle de langage.
La mort de leur fillette a creusé un fossé entre eux, dorénavant la culpabilité domine leur couple et laisse une certaine aigreur dans leur foyer.
Parmi toutes ces douleurs, Michel et Lydia vont de nouveau apprendre à aimer, mais la mort de Yannik prend beaucoup de place, son absence devient trop présente ce qui complique leur relation.
Michel et Lydia sont comme deux naufragés qui essaient de se secourir...

« Clair de femme » est un hymne à l'amour à l'écriture sensible embellie par de somptueuses citations, un vrai délice.
Une histoire d'hommes, de femmes, de couples mais surtout de victimes de la vie au destin tragique, c'est également l'histoire de deux naufragés qui essaient de se reconstruire ensemble car « deux désespoirs qui se rencontrent cela peut bien faire un espoir ».
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En sortant d'un taxi, Michel, un pilote de ligne d'une quarantaine d'années rencontre Lydia, une femme en qui il perçoit une faille qui semble faire étrangement écho à la sienne. le temps de plusieurs soirées passées ensemble et de déambulations dans Paris, les deux sensibilités vont s'apprivoiser, se découvrir et faire face à leur désespoir pour peut-être se reconstruire.
Clair de femme est une confrontation de deux personnes en perdition après la perte d'un être cher et même si Romain Gary deploit toute sa sensibilité pour exprimer les sentiments, les regrets et quelques fois un humour surréaliste salvateur pour dissiper le noirceur des pensées des deux personnages, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cette histoire et à comprendre la finalité de ce récit. Des personnages périphériques tel l'artiste de cabaret dresseur de chien n'ont fait qu'ajouter à ma perplexité sur l'intérêt de ce roman.
Très bien écrit, très intimiste mais trop étrange pour moi.
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Mais que se passe-t-il? Je n'ai pas aimé un roman de Romain Gary!
Enfin pas aimé, tout est relatif. le fonds de cette histoire est bouleversant de beauté, d'amour rare : Une femme mourante aime tant son homme qu'elle lui intime de faire perdurer leur amour avec une autre femme. Et l'homme l'aime tant qu'il s'exécute.
Là où j'ai coincé, c'est sur la tonalité de l'histoire, les errances fortement alcoolisées de notre homme dans un monde interlope dans lequel je n'ai pas trouvé mes marques, la dérision brandie en rempart à la souffrance.
Ce livre est en tout cas, à l'image des petites fleurs dessinées en marge de très belles phrases par la lectrice qui m'a précédée, porteur d'un magnifique espoir.
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Paris - Une nuit - Michel, la quarantaine, arpente Paris car il doit passer la nuit, cette nuit, la plus difficile des nuits, celle où Yannik, la femme qu'il aime met fin à ses jours car elle ne veut pas offrir à une leucémie le choix de la date de son départ. Se sachant près à la rejoindre, il décide dans un premier temps de partir à l'autre bout du monde puis y renonce, alors il arpente les rues et va à la rencontre d'autres noctambules, pour tenir, boire et attendre. Mais la nuit tous les chats sont gris et il va partager ces quelques heures avec des hommes et des femmes qui eux-mêmes cherchent à combler ces heures, les heures sombres où chacun tente d'oublier ou survivre.

Yannik l'a supplié de ne pas l'accompagner dans cette mort car leur amour doit survivre, il doit aimer encore afin que l'amour, celui qu'il est capable d'offrir à une femme ne disparaisse pas et pour cela il doit pour tenir la promesse trouver celle-ci et qui, comme l'a annoncé Yannik l'aidera à surmonter la perte et à "profaner le malheur", non pas pour l'oublier mais pour l'immortaliser (p28). Et cette femme elle va le bousculer à la descente d'un taxi. Est-ce elle, Lydia, qui sera l'élue ?  Elle aussi depuis 6 mois survit après la perte d'une enfant, elle erre également dans la vie afin de lui trouver un sens. Ces deux êtres vont égrainer les heures, confronter leurs blessures mais aussi leurs façons de surmonter la douleur, leurs visions de celle-ci mais également de l'amour, de l'âge, du couple et peut-être se donner une chance, comme on monte sur un radeau pour rejoindre la terre ferme, celle d'un nouveau départ, d'un espoir,  mais comment encore aimer quand ce que l'on a de plus cher vous a été ôté et l'autre ne prendra-t-il pas le visage de ce qui n'est plus.

"Nous pouvons échouer, vous et moi : je sais qu'il est difficile de faire un navire de haute mer avec les débris de deux naufrages. (p78)"

J'ai retrouvé Romain Gary, son tempérament slave, cette fougue au coeur tendre, ce colosse parfois clownesque, qu'il revêt à nouveau le costume de pilote de ligne (encore une fois) pour arpenter les méandres du couple, dans sa fusion et sa survivance au-delà de la mort et de l'amour. C'est à la fois une nuit de folies (oui au pluriel) mais également une nuit baignée de tristesses, semée de départs de toutes sortes, d'ivresse, d'alcool à côtoyer des personnages que seule la nuit, la solitude peuvent vous aider à traverser. Chacun a ses blessures, ses souffrances et l'auteur prend le parti de désacraliser la perte, la mort sous un aspect loufoque mais qui ne trompe finalement personne.

"Le rire, c'est parfois une fois une façon qu'a l'horreur de crever. (p109)"

Sa rencontre avec Lydia est-elle totalement fortuite ou est-elle envoyée par Yannik comme messagère pour devenir celle qui peut non pas consoler mais faire perdurer leur amour ? Deux souffrances peuvent-elles déboucher sur un bonheur ? Peut-on renouer avec l'amour au mi-temps de sa vie, quand le corps se transforme, quand le coeur doute ?

"La lumière du jour venait fouiller son visage, et qu'elles m'étaient chères, ces traces de roues, ces pâleurs bistrées, ces rides ! (p146)"

Comme dans La promesse de l'aube, La vie devant soi , il décide de le traiter toujours entre ironie et tristesse avec un style inimitable, mais ici il ne dupe pas le lecteur car cela transpire de désespoir. Quelle audace d'aborder l'amour et le couple à travers la plus tragique des promesses, celle d'aimer encore et toujours, quelle audace de confronter son héros à une femme qui a perdu un enfant dont elle fait porter la responsabilité à son époux même si, elle le sait, c'est injuste, mais parce qu'il faut un responsable et qu'ainsi la mort est plus supportable. 

Mais Romain Gary est un virtuose qui n'a pas froid aux yeux et ne tremble pas dans l'expression des sentiments. Cela ressemble à une nuit, la plus longue des nuits, où les visages se révèlent, où les sentiments se mettent à nu avec ce qu'il faut parfois de grotesque révélant les multiples facettes de l'auteur, jonglant avec les pensées de Michel qui reviennent toujours à Yannik et celles qu'il partage avec ses compagnons de hasard, sans omettre les dialogues qui rendent l'ensemble très vivant même si la mort, la perte et l'absence sont omniprésents.

La fin d'un amour quand la mort d'une manière ou d'une autre, surgit. Comment survivre ? Qu'attendre de la vie ? Une ou des tragédies vécues de manière différente, mises face à face comme les deux protagonistes avec chacun leurs arguments, leurs espoirs ou leurs défaites. C'est une nuit passée avec Romain Gary que l'on ne peut oublier grâce à une plume trempée dans l'encre noire des ténèbres de l'amour.

J'ai beaucoup aimé.
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Je ne vais pas faire une énième critique car beaucoup parlent de ce livre bien mieux que je ne pourrais le faire.
Je dois le relire car certaines phrases sont tellement belles qu'on ne peut se contenter de les lire une seule fois.
Ce livre m'a interrogée: qu'est-ce que l'amour? qu'est-ce que la vie?....
J'ai aimé la liberté de ton de Roman Gary, sa liberté de pensée, son envie de vouloir à tout prix prendre le contre-pied de l'inéluctable. Tout simplement sa volonté d'être libre.
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Romain Gary ou la féminité fait homme. Le titre le laissait présager, Clair de femme est plus que tout autre une ode à la femme.

Lydia est cette femme dont Michel fait la connaissance et auprès de qui se réfugie sa toute nouvelle solitude. Sans même le connaître, elle a compris que sa propre personne ne pourrait être que le support d'un culte que ce dernier voue à la femme. Une sacralisation. Au point de rendre l'amour insupportable. Au point de faire disparaître la personne derrière celle qui ne serait autre chose que l'émanation de la féminité.

"Tout ce qui faisait de moi un homme était chez une femme." Plus que jamais, Romain Gary est présent dans ces pages. Perdre sa femme c'est perdre la femme. C'est perdre la raison d'exister. Perdre la raison tout court. Il y a urgence à se jeter dans les bras d'une autre. Il lui faut retrouver cette ivresse du caractère féminin. Vivre en couple c'est se fondre l'un dans l'autre. Dans un couple, "personne ne sait qui est terre, qui est soleil. C'est une autre espèce, un autre sexe, un autre pays."

Chez Romain Gary, la féminité n'est pas sexuelle, elle est génétique. Elle n'est pas sentimentale, elle est spirituelle. Ce n'est pas un fantasme, c'est un fondamental. Tout le reste est dérisoire, les convenances, la morale, les apparences.

Clair de femme. Lumière céleste, lumière de vie.

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Le plus surprenant dans ce roman de Romain Gary est que l'héroïne est absente. "Clair de femme" c'est Yannik, une femme gravement malade qui a choisi de mourir et qui éclaire encore Michel, l'homme avec qui elle formait un couple heureux. On ne la connait pas ou uniquement à travers son amour et l'injonction à Michel de continuer à aimer après sa mort.
Cette histoire est donc la rencontre de deux êtres écorchés par la vie et la perte de l'autre, Lydia et Michel le narrateur.
Il rentre en taxi de Roissy alors qu'il avait un billet pour Caracas, incapable de quitter Paris où se trouve le corps sans vie de Yannik qu'il aimait passionnément. Il bouscule une femme, s'excuse et comme il n'a que des dollars, elle paie. Ils se retrouvent au café du coin pour bavarder, sentant le malheur de l'autre, réciproquement. Les choses auraient pu s'arrêter là mais Michel se présente quelques temps plus tard à la porte de Lydia qui lui a laissé son adresse.
Ils vont vivre une nuit blanche ensemble pour profaner le désespoir. La petite fille de Lydia est morte il y a six mois dans un accident de voiture qu'a eu son mari atteint d'aphasie jargonesque. Ils le rencontrent ensemble au cours d'une soirée russe comme chez Dostoïevski.
Mais pourquoi est-ce que cela fonctionne entre eux ? Cherchent-ils à s'entraider où est-ce qu'ils essaient d'oublier le malheur en tentant de former un nouveau couple ? Doit-on croire à l'amour ou à la fraternité entre un homme et une femme ?
Que de questions posées dont les réponses ne sont pas si simples.
Ils croiseront aussi le Senior Galba qui fait un numéro de chien savant au Clapsy's et si ce dernier qui est cardiaque a toujours peur de mourir, ce roman est probablement un hymne à la vie.


Challenge Coeur d'artichaut 2022
Challenge Solidaire 2022
Challenge Riquiqui 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Un homme passe la nuit à essayer de ne pas rentrer chez lui. Sa compagne, gravement malade, lui a demandé de partir et de continuer leur amour à travers une autre femme qui saura de ce fait la maintenir en vie en prenant sa place dans le coeur de l'homme qu'elle aime. Cet artifice préservera leur amour.
Il va effectivement rencontrer une femme cette nuit-là et lui demander l'impossible.
Ce roman est dit celui du couple éternel. C'est triste et désespérant, comme l'immortalité.
Quels sens donner à une relation qui serait toujours la même mais à travers un(e) partenaire différente ?
Roman hautement déprimant, il est empreint d'un style éblouissant même si désabusé, cherchant à faire triompher l'amour malgré la mort.
Romain Gary, à travers ses personnages chancelants, dresse un portrait du couple, une vision de l'amour fusionnel au point de le maintenir en vie au-delà de la mort des partenaires. L'auteur nous livre ici de très belles pages, dans un style ciselé, dans lequel chaque mot a son importance.
Je reste néanmoins extrêmement perplexe sur le fond même si la forme m'a emportée jusqu'au bout tant la langue est belle.
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Je suis fan de M. GARY, c'est indéniable.

Alors pourquoi pour celui-ci je ne mets pas les 5***** ?
tout simplement, parce qu'il m'a un peu perdu dans son sarcasme, sa loufoquerie de cette nuit mais je comprends son personnage et pourquoi il s'embarque en une nuit dans l'alcool, une amitié avec cet artiste de foire et cette liaison féminine.

Mais ce que je retiens, c'est encore et toujours d'ode à la femme, à l'amour. Elle est omniprésente dans ce roman, je ne peux que vous mettre quelques citations et vous inciter à lire le 8eme chapitre qui est un régal, je l'ai lu 3 fois et j'ai attendu donc avant d'écrire ce ressenti.
Une phrase m'a met mise les larmes au yeux, je suis obligée de vous la partager :

"Lorsqu'on a aimé une femme de tous ses yeux, de tous ses matins, de toutes les forêts, champs, sources et oiseaux, on sait qu'on ne l'a pas encore aimée assez et que le monde n'est qu'un commencement de tout ce qui vous reste à faire."

La citation la plus connue de ce livre doit-être celle-ci :
"- Est-ce que je suis envahissante ?
- Terriblement , lorsque tu n'es pas là"

Mais vous apprécierez aussi:

"Qui oserait te dire que l'honneur, la virilité, le sens et le courage d'être un homme, c'est une femme?"

"la plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer" (sa femme mourante l'incitant à refaire sa vie)

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