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4,27

sur 12437 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant adoré la promesse de l'aube je voulais lire un autre livre de son auteur. Je n'ai pas été déçue par cette lecture, une fois encore nous commençons le roman dans le regard d'un enfant, et c'est à travers ses yeux naïfs que nous percevons un contexte de vie très difficile.
Nous suivons le petit Momo d'un très jeune âge jusqu'à l'adolescence, son vocabulaire évolue même si des tics verbaux et des amalgames perdurent.
Les thématiques abordées sont très difficiles, prostitution, misère, déchéance physique... le regard de Momo donne un aspect effroyable à l'histoire, où la mort prochaine et l'innocence de l'enfance ne devraient jamais faire bon ménage.
Les personnages secondaires sont originaux et inhabituels, tout sort de l'ordinaire dans ce roman décalé et acide.
Un très bon roman aussi lumineux que violent qui fini sur une note de poésie : il faut aimer !
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Romain Gary était fini en 1975, du moins d'après certains critiques; Emile Ajar en revanche... En voilà un auteur prometteur, tant et si bien qu'il décroche le prix Goncourt pour "La Vie devant soi"!
La mort de Gary en 1980 signa aussi celle d'Ajar: celui-ci était celui-là. Formidable supercherie littéraire d'un génie de l'écriture qui obtint deux fois le célèbre Goncourt, sous ses deux identités...
Emile Ajar a sans doute permis à Romain Gary de s'affranchir de ce que les plumitifs croyaient savoir de lui et de proposer une oeuvre différente...mais ô combien réussie!

Momo a dix ans, enfin il croit. Il est musulman, ça il en est sûr. Son père pourrait être n'importe qui et sa mère, prostituée, a disparu. Il vit chez Madame Rosa en compagnie d'autres enfants du trottoir et de personne. C'est un personnage Madame Rosa: la vieille est juive et a survécu à la rafle du Vél d'Hiv et à l'horreur des camps. C'est également une ancienne prostituée qui, moyennant pension, s'occupe des enfants dont les mères ne peuvent pas s'occuper. le trottoir, c'est pas un endroit ça!
Momo n'a qu'elle dans la vie et elle n'a que lui.
Mais le temps passe, la vie aussi -cette peau de vache- et Madame Rosa vieillit. Elle ne peut plus descendre ses six étages... Elle se perd même un peu... et refuse d'aller à l'hôpital pour exister sans vivre.
Momo n'a qu'elle et elle n'a que lui.
Alors, il ne la laissera pas. Jamais. Même si c'est dur. Et triste. Et si ça sent mauvais.

Ce roman est un monument d'humanité et de tendresse, d'amour même et de tristesse parfois qui tourne autour de la relation poignante entre Momo et Madame Rosa.
C'est aussi un roman d'une rare modernité qui aborde des sujets d'actualité brûlants et qui ne peut pas laisser insensible. Enfin, c'est un hymne à la tolérance aussi, bien sûr: il y a ce musulman et cette juive comme une famille et Madame Lola, en marge mais en forme de rayon de soleil.

Il faut saluer la langue de Gary qui tout au long du roman se met à hauteur d'enfant et qui sait nous raconter cette histoire à la première personne à travers les yeux de Momo sans que cela ne paraisse forcé ou artificiel.
Momo qui nous fait son récit avec une forme de naïveté qui poignarde et qui transperce souvent mais avec beaucoup de drôlerie aussi, avec une gouaille propre à faire pâlir le meilleur des titis parisiens. En marge de la narration, il nous fait part de sa vision de la vie... C'est à la fois cru et poétique, c'est très juste, très vrai et formidablement écrit.

Il ne me reste plus qu'à voir le film avec Simone Signoret et espérer en être aussi touchée que par le roman.
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La vie devant soi est le chef d'oeuvre, lauréat du prix Goncourt en 1975 d'Émile Ajar, qui n'est autre que le nom d'emprunt de Romain Gary. Il ne révèlera son identité réelle qu'avant son suicide en 1980 lorsqu'il rédige un ouvrage à son éditeur dans lequel il y révèle toute la supercherie « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci ». Il est ainsi le seul écrivain à avoir été récompensé deux fois par le plus grand prix littéraire français, ce qui est officiellement impossible en raison des règles de ce concours. Beau pied de nez de cet écrivain que la critique de l'époque jugeait passé de mode.

Ce roman raconte une histoire d'amour maternelle empruntée entre un petit garçon arabe, Momo, et une très vieille femme juive, Madame Rosa, ancienne prostituée reconvertie qui tient « un clandé pour enfant de putes ». Madame Rosa garde les enfants de prostituées pour ne pas qu'ils se retrouvent à « l'assistance publique ». Attachée à ses enfants, elle ne les y enverra pas, même dans la plus grande précarité, la faiblesse et la vieillesse. Momo est le plus ancien de tous, le plus différent comme le dira à plusieurs reprises son médecin. Madame Rosa refuse de le faire grandir, de lui raconter d'où il vient. Elle veut le garder près d'elle aussi longtemps que possible. Et lui, Momo, lui voue une infinie tendresse. Il n'aura de cesse de l'aider à monter ces six étages sans ascenseur, la rassurer jusqu'à lui mentir, la cacher dans son « trou juif », la garder près d'elle dans la maladie pour ne pas devenir un « légume » à l'hôpital qu'on ne voudrait pas « avorter », lui tenir compagnie jusqu'à sa mort et même au-delà.

Le narrateur n'est autre que Momo, ce petit enfant de dix ans qui a plus d'expérience que les enfants de son âge « croyez-en ma vieille expérience », qui répète ce qu'on lui dit, sans filtre. Au début du roman, il s'embrouille un peu de tous ces termes techniques d' « assistance publique », de prostitution, de « proxynète ». Il est émouvant, drôle, touchant « Pendant longtemps, je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait. On me l'a seulement appris à l'école ». Il est un enfant de dix ans (enfin à ce qu'on lui a dit) et il dit les choses comme il les pense. Rien n'est plus pur. Puis, au fur et à mesure du roman, lorsqu'il grandit d'un coup parce que « la vie, ça ne pardonne pas », il devient plus mature, plus lucide mais reste toujours très sincère. Il nous retourne l'estomac tant il est anormalement conscient de l'univers dans lequel il vit. Ses réflexions sont pleines de stéréotypes et d'amalgames amusants qui nous plongent dans une profonde réflexion « Elle ne voulait pas entendre parler de l'hôpital où ils vous font mourir jusqu'au bout au lieu de vous faire une piqure. Elle disait qu'en France on était contre la mort douce et qu'on vous forçait à vivre tant que vous étiez encore capable d'en baver ».

Il a saisi le sens de vie « Moi, l'héroïne, je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque » et de l'amour. Il s'agit d'une véritable ode aux sentiments humains les plus nobles. C'est une véritable leçon de vie, d'entente entre les peuples, d'amour envers les siens et les autres. Les personnages tous plus hétéroclites les uns que les autres (la « travestite », le vendeur de tapis ambulant, le « proxynète », le « juif », etc.) sont aimants et aimés. Alors à la question posée au début du roman « Peut-on vivre sans amour ? », il apparaît que non, et heureusement !
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Prix Goncourt sous le nom d'Emile Ajar, ‘La vie devant soi' est une très belle histoire d'amour entre le jeune Momo, enfant de prostituée, et Madame Rosa, la gardienne de la pension clandestine pour enfants de prostituées et sa mère adoptive. L'un a la vie devant lui, l'autre à la sienne derrière elle. L'un cavale dans les six escaliers de l'immeuble de Belleville, l'autre peine à les monter.

La grande force de ce roman est la narration à la première personne du singulier par Momo, qui mûrit et grandit au fil des pages tout en découvrant les facettes, parfois drôles, mais souvent cruelles et injustes de la vie. Si paradoxalement c'est la mort de Madame Rosa qui est présente dans ce roman et qui prend aux tripes, c'est surtout la vie qui est au coeur de l'histoire. La vie d'un jeune dans un quartier populaire, la vie injuste qui force à « se défendre » pour survivre ou encore la vie où « rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent le noir qui se cache, et le blanc, c'est parfois le noir qui se fait avoir ».

La relation et l'amour qui lient Momo et sa mère de substitution sont très touchants et sont sublimés sous la plume de Roman Gary ! Impossible de ne pas avoir le coeur lourd dans les dernières pages !
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Un roman tendre et dur à la fois.
On en prend plein la figure mais, comme c'est raconté par un gamin, ça passe mieux.
On est touché par sa candeur, lui qui a déjà vu tant de choses, mais qui ne verse pas dans le cynisme qui attend généralement quelques années de plus pour apparaître.
Petit bémol : j'ai trouvé que l'utilisation d'expressions revisitées par le personnage principal qui se les approprie sans forcément les connaître parfaitement avait tantôt un côté émouvant tantôt un côté agaçant.
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Histoire très touchante ... Parfois je riais et je pleurais en même temps sur une même phrase ! C'est tellement atroce que s'en est drôle mais toujours avec le pincement au coeur. Momo, le narrateur, a 10 (ou 14) ans et s'occupe de madame Rosa, une vielle dame juive, ancienne prostituée qui l'a accueilli chez elle. Par moments, elle perd la tête et les situations sont tragiques et comiques en même temps. Une histoire qui m'a beaucoup émue ! Ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Quand momo parle, ces vérités sont vives et acerées ! Une superbe lecture que je recommande à tous publics !
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J'ai abordé ce livre sans rien en connaître, en dehors de la petite histoire finalement très parisienne du second Goncourt de Romain Gary. Mais du récit proprement dit, de son écriture et de son thème, rien. La lecture des premières pages a donc, comme on s'en doute, généré son lot de froncements de sourcils, vague irritation, retours en arrière et incompréhension. Par quel malentendu les dîneurs réunis chez Drouant avaient-ils pu décerner le prix à un auteur qui écrit comme il parle, et qui de surcroît parle mal ? L'artifice de l'écriture enfantine me paraissait un peu éculé, même pour un livre paru en 1975. Et puis, au fil des pages, la magie opère : les solécismes et autres barbarismes du jeune Momo gagnent en finesse, ses réflexions faussement naïves ne nous épargnent guère, et surtout, cet amour filial immense cache une forêt d'humanité dans laquelle on aimerait se perdre encore. Et comme le dit Momo: "Je ne dis pas ça pour être philosophe, je le pense vraiment."

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266 critiques! Je n'ai pas l'impression qu'il soit utile que j'ajoute quoi que ce soit. J'ai adoré entrer (pour un court moment seulement) dans ce monde inconnu, sale, désespérant, ce monde dans lequel grandit des enfants rejetés, presque une maison close, tenue par une ancienne prostituée. Les gangs de rue abondent dans leur quartier et ils n'apprennent rien d'autres que de devenir à leur tour des trafiquants de drogues ou pire, sans même avoir le choix de devenir autre chose. Dès leur naissance, leur sort étaient scellés. Ils sont les enfants dont personne ne veut. Un monde ou malgré tout, la bonté sauvera une vie!
On ne lit pas, on est immergé dans l'histoire.
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je viens de finir cette petite pépite de la littérature française , et je ne sais pas ou commencer ma critique. Ce livre m'a laissé vraiment perplexe, pleine de sentiment contradictoire entre amour, déception, compréhension, charité, tendresse et tolérance. Momo alias Mohamed un garçon de dix ans nous raconte sa vie ; élevé par madame Rosa une dame juive, il nous parle de la France multiculturelle des années 70, je ne vous dis pas plus je vous laisse le savourer ...
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Voilà un roman sympathique, tout d'amour et de vie. Un roman lumineux. Un roman sensible. Un roman un peu facile peut-être, mais qui pose les bonnes questions. Un roman sur la vieillesse qui ne pourra sauver le monde, et sur ces jeunes, qui n'ont qu'une chose : la vie devant eux, une vie à construire, et à construire seul. Un bon roman, pas exceptionnel, mais qui a au moins quelque chose : il pose les bonnes questions. Une lecture agréable, et une lecture qui fait réfléchir.
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