Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Cela commence comme un conte entre deux garçons tout juste sortis de l'enfance : Sinbad, clandestin sur un bateau, et le mousse Rat d'eau, « vendu » au Capitaine par une mère aux abois. Sinbad a choisi d'affronter l'adversité en prétendant se rendre invisible grâce à un rituel immuable de formules magiques. Il n'y croit qu'à moitié, mais utilise ce dispositif pour impressionner Rat d'eau. Celui-ci, qui a oublié jusqu'à son vrai nom, sert de souffre-douleur au capitaine. Il est chargé entre autres choses de rejeter à la mer les clandestins, lui qui ne sait pas nager et dont la hantise est de passer par-dessus bord. Ces deux naufragés de la vie se lient d'amitié et trouvent ainsi la force de quitter le navire, en se fiant autant à un gilet de sauvetage - que Sinbad a pris la précaution de faire enfiler à son nouvel ami - qu'aux formules magiques de l'invisibilité. Les six scènes sont composées de répliques courtes qui font mouche. Les deux garçons se provoquent en jouant, le dialogue est vif. Ils évoluent dans un univers poétique fait d'illusions et de réalités. Dans cet entre-deux, ils peuvent affronter le monde, avec l'optimisme de ceux qui refusent de désespérer de l'avenir. Ce texte met en scène des personnages attachants. Il évoque avec justesse le mélange de gravité et de légèreté de ces enfants qui se sentent invincibles et font croire à leur invincibilité. Du collège au lycée, un public adolescent peut se sentir ému par le courage de ces êtres maltraités par la vie. C'est une invitation à lire l'oeuvre de Jean-Rock Gaudreault. Peuplée de personnages confrontés, jeunes, à la dureté du monde, de la mort, de la guerre, elle affirme que l'on peut néanmoins marcher vers les étoiles en s'appuyant sur l'amitié, précieuse, qui efface paroles brutales et coups bas. Nicole Wells
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UNE MAISON FACE AU NORD | DUCEPPE