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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Trois jeunes gens visitent Naples. Dans un musée, l'un d'entre eux, Octavien, le plus jeune et le plus romantique, s'enflamme et se perd à la vue de l'empreinte d'un buste de femme pétrifiée dans des cendres de Pompéi, et récupérée dans la demeure d'Arrius Diomèdes. Les jeunes gens visitent Pompéi et s'organisent un souper sur les ruines de la ville. Plus tard, ne trouvant pas le sommeil, Octavien retourne sur le site archéologique. A la lumière de la lune, les bâtiments semblent moins abimés, les rues mieux pavées. Au détour d'une rue, quand le jour se lève, les maisons de Pompéi sont intègres, il entend des bruits, croise un homme habillé "à l'antique". Les siècles ont reculé devant les soupirs de son coeur, Octavien parcourt le Pompéi de l'an 79, quand la belle Arria Marcella se déplaçait comme l'on danse entourée de ses servantes.

Cette nouvelle très courte de Théophile Gautier tient à la fois du romantique et du fantastique. Romantique par son héros, Octavien, qui fuit la réalité et se délecte de la vision d'une empreinte de lave figée sur la courbe d'un corps féminin. Les images du passé sont pour lui bien plus vivantes que les femmes de chair qu'il croise tous les jours. T. Gautier se focalise sur les sentiments et les sensations de ce jeune, qu'il met souvent en comparaison avec ses deux amis venus avec lui visiter l'Italie, amis "bien de et dans leur temps". le fantastique, lui, apparait par petite touche, avec la complicité la lune de son amie; les ruines sont cachées, jusqu'à ce qu'elles apparaissent dans leur glorieuse jeunesse, avant que le volcan ne crache son flot de feu et de mort, et s'animent sous les pas des vivants. Sous nos yeux, l'auteur fait revivre Pompéi, son architecture, ses habitants, ses activités. "Un prodige inconcevable le reportait, lui, Français du XIXème siècle, au temps de Titus, non en esprit, mais en réalité, ou faisait revenir à lui, du fond du passé, une ville détruite avec ses habitants disparus ; car un homme vêtu à l'antique venait de sortir d'une maison voisine."
Et bien sûr, bientôt apparait la belle, la merveilleuse, la "désirante" Arria Marcella, dont l'empreinte du buste avant tant émut Octavien. Et Arria Marcella constitue à elle seule un élément essentiel du romantisme et du fantastique de la nouvelle, elle dont le désir d'être aimée fait revivre Pompéi pour permettre la rencontre du fantôme et du jeune homme, dans un même "espace-temps".
Cette nouvelle de T. Gautier parle d'amour et du désir, et de la mort, de l'Eros qui vainc le Thanatos. Pour un temps, pour un temps seulement. Alors sonne le glas de la réalité pour Octavien, personnifié par la colère du vieux père de Marcella, ou par l'écho des cloches de l'église chrétienne qui résonne et traverse les siècles pour retentir dans la ville qui bientôt cessera d'exister.

L'histoire d'Arria Marcella est magnifique, la plume de T. Gautier sublime et poétique, j'ai été transportée dans le corps et l'âme d'un jeune homme qui traverse le temps à la rencontre de son premier et son dernier amour, sa coupe d'ivresse suprême. Une très belle lecture, que je recommande à tout le monde !
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Publiée pour la première fois en 1852 et sous-titrée "Souvenir de Pompéi", "Arria Marcella" est une nouvelle fantastique dont l'histoire se déroule en Campanie, dans la ville de Pompéi.

Trois amis sont en vacances en Italie et lors d'une visite au musée de Naples, suivie de celle de la citéde Pompéi, Octavien tombe amoureux d'une jeune femme en voyant sa silhouette, particulièrement le galbe de son sein, prisonnière à jamais de la cendre.
Car oui, cette femme est morte depuis très longtemps, elle a péri dans l'éruption du Vésuve de 79 après Jésus Christ.
Après un dîner bien arrosé, Octavien retourne en fraude sur le site pour y passer la nuit, c'est alors qu'il traverse le temps pour se retrouver en 79 après JC, quelques temps avant l'éruption.

Théophile Gautier a choisi d'ancrer sa nouvelle fantastique dans le réel, le vérifiable.
La villa d'Arrius Diomèdes existe bel et bien, par contre elle ne se visite plus (en tout cas pour ma part elle était fermée et non accessible au public, juste visible à travers les grilles de la porte), comme d'ailleurs la majorité des plus belles villas de Pompéi, elle se situe en périphérie de la ville, juste avant la célèbre Villa des Mystères et 18 corps y ont été retrouvés.
Mais ce récit est avant tout une nouvelle fantastique, et cela se ressent rien qu'au champ lexical utilisé par l'auteur tout au long du récit et ce dès le début : "Il faisait une de ces heureuses journées si communes à Naples, où par l'éclat du soleil et la transparence de l'air les objets prennent des couleurs qui semblent fabuleuses dans le Nord, et paraissent appartenir plutôt au monde du rêve qu'à celui de la réalité."
Le basculement dans le fantastique se fait à la faveur de la nuit et Octavien se retrouve alors dans une Pompéi entièrement de bout et qui s'anime.
A partir de ce moment, il vit son rêve, se mêle à la population, assiste à une pièce de théâtre, rencontre la fameuse femme dont il est tombé amoureux et suit son esclave pour la rejoindre dans sa villa le plus simplement du monde et sans poser aucune question : "Ma maîtresse vous aime, suivez-moi."
Octavien se laisse complètement porter par les évènements et ne maîtrise plus rien. Pour expliquer cette situation et son retour à la vie, Arria Marcella lui déclare : "Ton désir m'a ramenée à la vie", ponctuée d'autres déclarations au caractère fort romantique : "la croyance fait le dieu, et l'amour fait la femme", ou encore "Rien ne meurt, tout existe toujours; nulle force ne peut anéantir ce qui fut une fois."
J'ai été frappée par l'obéissance aveugle d'Octavien à cette femme, il est littéralement sous son charme, ne pense plus et se laisse entièrement happée par cette femme d'un autre siècle (et morte, ne l'oublions pas).
Durant une scène de repas entre ces deux personnages, le côté fantastique laisse place à un côté romantique.
Et puis, comme bien souvent dans le genre fantastique, l'auteur se rappelle au souvenir du lecteur en introduisant la peur, car si Octavien semble avoir oublié, le lecteur lui se souvient que cette femme est morte et s'interroge sur les motivations qui la poussent à agir ainsi.
J'ai trouvé qu'il se dégageait du personnage d'Arria Marcella un côté sombre et inquiétant, comme si elle allait brusquement se transformer en serpent et avaler tout cru Octavien.
C'est là que de façon très intelligente Théophile Gautier réintroduit le fantastique, cette fois-ci par le biais du père d'Arria Marcella, et de façon plus crue : "Arria, Arria, dit le personnage austère sur un ton de reproche, le temps de ta vie n'a-t-il pas suffi à tes déportements, et faut-il que tes infâmes amours empiètent sur les siècles qui ne t'appartiennent pas ? Ne peux-tu laisser les vivants dans leurs sphères ? Ta cendre n'est donc pas encore refroidie depuis le jour où tu mourus sans repentir sous la pluie de feu du volcan ? eux mille ans de mort ne t'ont donc pas calmée, et tes bras voraces attirent sur ta poitrine de marbre, vide de coeur, les pauvres insensés enivrés par tes philtres."
C'est dit très clairement, Arria Marcella est morte, lui-même est mort, et ce moment de romantisme revêt alors la forme d'un piège.
Puis c'est le retour à la réalité, soit par le biais d'Arrius Diomèdes et de sa déclaration soit par le biais du son de cloche, cela n'est pas défini clairement mais l'enchantement est brisé.

Théophile Gautier maîtrise de bout en bout le fantastique ce qui donne une nouvelle des plus agréables.
C'est non seulement très bien écrit, mais c'est aussi très maîtrisé et bien défini, que ce soit les paysages, les lieux de l'action ou les personnages avec leurs caractères différents.
J'ai beaucoup apprécié cette maîtrise et j'ai littéralement dévoré cette nouvelle.
En plus, je trouve l'histoire originale et intéressante, tout comme le lieu de l'action.
Revenant d'ailleurs il y a peu de Campanie, et ayant bien entendu été à Pompéi (deux fois plutôt qu'une), j'ai retrouvé lors de cette lecture certaines de mes impressions et de mon ressenti de la ville mais de façon plus générale des paysages de la Campanie et du Golfe de Naples : "Quiconque a vu une fois cette lumière d'or et d'azur en emporte au fond de sa brume une incurable nostalgie.", ce que je ne peux que confirmer.

"Arria Marcella" réunit tous les ingrédients d'une bonne histoire fantastique mêlée d'un soupçon de peur et de romantisme.
Cette nouvelle est extrêmement agréable à lire, pour le style narratif de Théophile Gautier mais aussi pour s'imaginer ou revivre Pompéi, cité ensevelie qui a traversé les siècles et ne cesse, aujourd'hui encore, de fasciner les esprits.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un bien beau voyage que nous propose Théophile Gautier. Nous le suivrons par l'intermédiaire de trois amis en expédition dans leur voyage Italien. de flâneries en désinvolture ils s'arrêteront en premier lieu au musée archéologique de Naples avant d'assouvir plus profondément encore leur intérêt pour les civilisations anciennes, en prenant le chemin vers les vestiges de Pompéi. La ville engloutie victime des caprices du Vésuve. Ce premier périple comme une visite guidée (et c'est effectivement le cas pour nos trois amis) au milieu des ruines de la cité antique se fait entre émerveillement et joie enfantine pour le trio ou presque. Octavien plus apte que ses camarades à éprouver les sensations d'une époque disparue deviendra les yeux du lecteur. Et de la façon dont Tyché le guidera vers son vampire, le jeune homme par l'entremise de Gautier va nous entraîner dans le dédale de la ville et de son esprit.

La principale force de ce court récit est de distiller par instants les indices d'un onirisme qui se fera plus présent au fil de l'histoire. L'autre point fort intéressant est abordé le vin aidant concerne la vision différente des jeunes gens sur les femmes. Un point de vue de jeunes gens certes mais une fois encore c'est Octavien qui va se démarquer dans sa manière de discourir sur le sujet. Pourquoi faire le choix de l'impossible ? Et se réfugier auprès d'amours chimériques ne pouvant conduire qu'à de frustrantes déceptions... Rêver est-il suffisant ?
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Arria Marcella est une nouvelle fantastique des plus singulières. Elle vous emmène en Italie, dans les ruines de Pompéi grâce à la sublime plume de Théophile Gautier. Ici, il nous montre encore une fois sa maîtrise pour le genre fantastique et nous transporte au Ier siècle avec aisance. Les personnages sont attachants, les décors sont dépaysants, l'histoire est originale. Nous voulons croire en l'amour que porte Octavien pour Arria Marcella même si des siècles les séparent. Si vous cherchez un livre à dévorer, celui-ci est parfait pour vous.
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La douceur du soir à Pompéi au clair de lune.

« Dans toute cette fantasmagorie archaïque, qui eût fait devenir un antiquaire fou de bonheur, il ne voyait plus que l'oeil noir et profond d'Arria Marcella et cette gorge superbe victorieuse des siècles, et que la destruction même a voulu conserver ».

Octavien, Fabio et Max sont trois amis en visite en Italie.
Au musée de Naples, Octavien se retrouve en extase devant une silhouette de cendre moulée, empreinte féminine figée dans la lave du Vésuve… Il en tombe amoureux, désirs ardents et rêves profonds s'emparent de ses pensées.

J'ai adoré découvrir l'expérience mystérieuse et fantastique d'Octavien à Pompéi, lorsque la nuit, le temps se brouille et la ville, alors, s'offre en renaissance stupéfiante… Une nuit de silences et de chuchotements étranges.
Par quelques mystères, Octavien vit un instant unique, saisissant de beauté tragique et merveilleuse d'un autre temps… Se laissant guider par l'inexplicable, porté par la magie des lieux d'antan…à la rencontre d'une chimère insaisissable…
Offrez-vous cette escapade littéraire, et n'en perdez pas votre latin !
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J'ai retrouvé ici l'atmosphère que j'apprécie tant de mes lectures de la collection « Ma nuit au musée ».
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Cette nouvelle de Théophile Gautier nous transporte à Naples et dans les ruines de Pompéi.
A travers le personnage d'Octavien, on est transporté au temps de l'empereur romain Titus.
Un récit du genre fantastique, captivant et poétique.
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Ce seul récit, tiré de l'ensemble des contes de Gautier, peut suffire à donner au lecteur l'envie de les lire tous. le style en est splendide, pictural et ironique, et n'est pas dupe de ses propres séductions. L'histoire, une histoire d'amour par-delà les siècles, dans une aventure fantastique sans inquiétude, oppose les beautés païennes de l'Antiquité aux laideurs chrétiennes de notre temps. Tout l'amour de Gautier pour les beaux corps, les belles formes, toute sa détestation pour ce qu'il voit de puritain et d'opposé à la vie libre dans la religion chrétienne, s'expriment ici élégamment, allusivement, dans une belle histoire qui est tout, sauf une nouvelle engagée. L'esthétique est chez Gautier une morale : il suffit de faire voir ce qui est beau pour tout comprendre.
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J'ai aussi lu « Arria Marcella : Souvenir de Pompéi », une nouvelle fantastique de Théophile Gautier. de jour, un jeune visiteur français admire l'élégance des formes laissées par le corps d'une femme dans les cendres de Pompéi. La nuit, guidé par son instinct ou une main invisible dans une ville à nouveau vivante, il retrouve Arria Marcella et se laisse séduire par la brûlante apparition. Rêve ou réalité ?

Pour en lire plus:
http://www.lecturesdevoyage.travelreadings.org/2015/07/26/idees-bouquins-etc-naples/
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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très beau conte nous plongeant dans les rues de Pompéi et rempli de belles phrases sur l'amour. Une histoire vraiment touchante !
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C'est LA nouvelle qui m'a donné envie de faire des études de Lettres Classiques pour devenir archéologue. Des années après, jamais je n'aurai imaginé que bien loin d'être Indiana Jones, je suis écrivain et que c'est tout aussi bien...
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