Une épopée à la
Tolkien, voire à la
Jules Verne pour le coté steampunk, dans un monde assez original d'êtres, surtout d'aliens, différents. Un monde que se partagent trois races : les humains, les chiles et les Hodgqins qui n'ont pas vraiment des relations cordiales.
Et puis un message de l'oeuf, façon puzzle, judicieusement remis à six personnages qui ne se connaissent pas les poussant à partir en quête de quelque chose qu'ils ne comprennent pas. C'est curieux qu'un récit de SF c'est à dire qui se passe dans un futur lointain surgisse d'un paradoxe philosophique ancien : L'oeuf ou la poule ? Certes
Raymond Devos avait déjà tenté de le résoudre : est-ce l'oeuf qui est le père de la poule, ou la poule qui est la mère de l'oeuf ? Hum, hum !
Et donc
Genefort a pris un oeuf, brisé, pour point de départ comme
Tolkien a pris un anneau.
Toujours est-il que ces personnages très dissemblables, un prêtre défroqué et libertin très lubrique, un Bélial, un Hodgqin érudit mais maudit car devenu un shadlee c'est à dire un immortel, un humain devenu esclave : un elerak, une aventurière humaine, un Chile, médecin d'une nef et astronome et une chile pirate « augmentée », se voient contraints de s'associer pour trouver leur commanditaire
Pour se faire ils jouent au fejij, un Jeu chile complexe de Relations qui détermine le moment présent, l'avenir mais surtout le pouvoir et la révélation de celui qui le porte.
On peut reprocher à
Genefort d'avoir piocher allégrement dans l'histoire de l'humanité : religion (vie spirituelle monacale, panislamisme), histoire (guerres, société féodales et archaïques, moeurs) et sciences (rotondité de la terre et expériences de mesures) et d'avoir à peine transformé ces sources pour sa narration. On aurait aimé que ces emprunts à l'histoire soient moins flagrants disons plus divergents, personnalisés et novateurs.
De même, le groupe a, sans surprise, un comportement lambda dans leurs relations : le personnage alpha et les autres mais tous sont assez forts et atypiques pour que cela passe bien et en fasse une équipe de mercenaires pour mission impossible.
Ensuite
Genefort donne le beau rôle à l'élément féminin, l'esprit critique, fort et libre du groupe : Sheitane quoiqu'on ait du mal à savoir pourquoi elle est une diablesse et une meneuse. Un sextuor de personnages qui devient rapidement « le club des cinq » par défection de l'un d'entre eux mais l'apport d'un androïde et d'un alien vraiment exotique vient relancer l'attrait pour cette quête quasi mystique assez nébuleuse.
Enfin lorsque les liens de ces mercenaires se normalisent et qu'apparemment l'équipe est soudée ils deviennent un peu mièvres.
Par contre l'explication de cette « croisée des mondes » avec ses trois grandes races sans parler des aezirs et de mystérieux concepteurs une race très ancienne à l'origine d'
Omale qui auraient inventé des portes sur l'espace-temps est pleine d'originalité. On rejoint les grandes interrogations scientifiques actuelles sur l'origine de la terre et de la vie en général.
Un livre agréable qui louvoie entre réalité, mythologie païenne et religieuse, passé récent, anticipation et pur futur. Avec une fin un peu abrupt
e laissant supposer que la lutte n'est pas finie et se poursuivra sous d'autres cieux.
Il y a du
Jules Verne là-dedans mais aussi du
Dan Simmons mais sans le petit quelque chose en plus