Livre sur le vol, la trahison et l'homosexualité. Plongée poétique dans l'autre monde, l'envers d'une société, celui des truands et des flics, vu par un homme toujours amoureux et en quête spirituelle par la voie sèche de la crasse et du "péché".
Genet s'adresse à un "vous", le lecteur, qu'il postule loin, dans le confort de sa lecture, du monde de la misère et de la violence, de la culpabilité et de la trahison.
Genet erre, et le fil narratif erre lui aussi, au grès de ses souvenirs dans toute l'Europe des années 30 et 40, dans un temps déstructuré où seul indique le lieu les figures qu'il adule. Et c'est bien comme le dit
Sartre dans sa préface, la fabrication d'un rituel.
Genet n'entre pas vraiment dans les détails des vols, des anecdotes ou des histoires de cul. Il est tout entier émotion, fascination pour la virilité, pour la marginalité, son soliloque est bouleversant de beauté et de vérité (paradoxalement dans un univers de laideur et de mensonge).
Genet est né rejeté, il a donc continuer cette quête inversée d'une lumière qu'il cherchera dans l'en bas, d'une sainteté au sein de l'abjection pure dans son impureté. S'il aime assez c'est pour trahir vraiment. Ce livre est aussi misogyne (
Genet n'aime pas les femmes) et la virilité des vauriens est souvent vulgaire (sauf peut être dans les yeux de
Genet). L'homophobie y est omniprésente et à la fois ambigu,
Genet trouve sa gloire dans le rabaissement. Il fait de la honte une vertu, de la culpabilité un moyen pour l'illumination spirituelle. Il trouve sa gloire dans le caniveau et cela fait de ce livre une expérience des plus troublante.