À chaque rentrée littéraire, il y a les livres que tu attends et qui confirment cette attente, tandis que d'autres la déçoivent. Et puis il y a des livres qui échouent chez toi par hasard et qui t'embarquent sans prévenir ! C'est le cas de
Zoomania de
Abby Geni, acheté sur la seule recommandation de sa traductrice,
Céline Leroy, combiné à l'attrait de son incroyable couverture. À quoi ça tient parfois le choix d'un livre…
Résumer en un picth (beurk !) un livre aussi riche tient de l'impossible. Mais c'est le jeu ma pauvre Lucette, alors allons-y. Orphelins de mère très jeunes, puis de père à la suite d'une tornade qui a dévasté leur maison, les enfants
McCloud (Darlène, Tucker, Jane et Cora) survivent soudés dans leur caravane de Mercy, Oklahoma. Jusqu'à ce que Tucker s'enfuie à la suite d'une violente dispute avec Darlène.
Proche de la nature et du monde animal, Tucker est persuadé que le monde vit la fin de l'anthropocène, l'ère du règne de l'homme qui a réussi en plusieurs millénaires à dompter, canaliser et organiser son environnement. Et que tout cela peut et doit être accéléré par des actions militantes. Après s'être formé et préparé au sein d'un groupe écoterroriste, il revient à Mercy faire sauter l'usine locale après avoir libéré les animaux de labos, puis disparait dans une fuite erratique vers l'Ouest et Les Friches, avec la jeune Cora qu'il a récupéré.
Bien que je ne sois pas particulièrement proche du thème de la défense animale et de la sauvegarde des espèces, ce livre m'a littéralement happé par son originalité et l'empathie dégagée par ses protagonistes. Alternant les scènes d'actions puissantes (qui ouvrent et ferment le livre) avec les passages d'attentes plus apaisés et propices au recul,
Zoomania propose surtout de formidables passages proches d'un nature writing qui n'en porterait pas le nom.
À l'image de la nature, les personnages d'
Abby Geni sont à la fois fragiles et résilients, sincères et entiers, sauvages et pacifiés. Ils sont tout simplement beaux et portés par un souffle d'humanité qui fait tellement de bien à lire, à défaut de le respirer. Précipitez-vous donc sur cette très belle découverte de la rentrée 2021, encore trop peu vue par ici, et qui va me conduire rapidement vers
Farallon Islands que j'avais manqué à sa sortie.