Acadie terre natale ou Acadie de voyage et d'errance. Parfois, sur la route qui nous mène à destination, nous dénichons de ces recueils sublimes, quelque part au coeur d'un arrêt, qui nous font voyager très loin, souvent en nous-mêmes, au-delà du bout du monde. Et on se sent intimement lié à la plume d'un écrivain (s'il en est un), même s'il nous est inconnu, étranger ; d'un nom peu familier, sans visage pour associer les vers à son auteur (peut-être est-il mort de chagrin, depuis). Va savoir pourquoi, on en est terriblement ému, on se laisse porter... Invisible et évasion totale riment alors.
Les images qui accompagnent les textes magnifiques de ce recueil,
À corps et à cris, sont comme des nuées d'oiseaux, des battements d'ailes que l'on sent vibrer en nous, même s'ils sont à priori capturés en noir et blanc et complètement immobiles. Sur quelques unes des images, il y a une femme nue, des vagues en mouvement, et de doux voyeurs aux yeux admiratifs, Nous. J'ai lu, j'ai admiré, j'ai lu et encore admiré, puis un écho de Miron a plongé dans ma tête ; les mots de
Paul Germain enlacent la nudité sans rivages de sa bien-aimée, où ils déferlent pareils à l'espace sans bords, amour infini. Amour perdu. Amour souvenir.
À corps et à cris fut publié en 1980, comme quoi l'amour est intemporel et sans frontière. Terre voyage. Terre d'enracinance. Très souvent, voyant l'être aimé partir, comme nous quittent les bernaches à l'automne, en direction de sols plus chauds, on cherche une nouvelle terre d'errance pour se reposer ... pour prendre le temps d'écrire les derniers souvenirs encore vifs imprégnés dans notre mémoire. Pour ne rien oublier. Pour immortaliser les quelques derniers amours vivants, afin que les vagues ne puissent les emporter complètement au loin. Terre d'exil, là où il faut écrire encore et toujours, pour ne pas crever. Terre de survivance. Terre d'adieu. Terre à corps et accord. Terre cris et chants. Terre silence.
Ce recueil a une âme.
Elle nous souffle doucement à l'oreille et à la plume, que chacun d'entre nous est auteur, à condition de savoir parler et aimer.