_ Je suis géologue, chérie . Ne l'oublie pas . L'étude des roches , c'est mon métier. Des plus friables au plus dures , aucune ne me résiste .
(page 121).
Douleur [dulœr] n.f. (lat. dolor). Souffrance physique. // Affliction, souffrance morale.
"Tu vas comprendre ce que ce mot veut dire, mon ange.
La souffrance pure. Cristalline, comme tes yeux.
Sans artifice ni remède. San issue.
Et surtout, sans fin.
Tu te crois forte, tu penses que rien ne peut te résister ou te freiner.
Tu te crois invincible.
Je le suis.
Pas toi.
Installée sur ton piédestal, tu imagines pouvoir régenter le monde.
La chute sera brutale lorsque tu tomberas à mes pieds.
Tu commandes, je t'apprendrai l'obéissance.
Tu méprises, je t'apprendrai le respect.
Tu braves, je t'apprendrai la peur.
Tu manipules, je ferai de toi une proie.
Ma proie.
Tu domines, je ferai de toi une esclave.
Mon esclave.
Tu juges, je t'ai déjà condamnée.
N'oublie jamais que je t'ai choisie. Parmi tant d'autres.
N'oublie jamais pourquoi.
Tu veux vivre ?
Meurs en silence, mon ange."
Son cauchemar. Le même depuis des années.
Ca commence comme un rêve. Un rire d'enfant...
Ensuite, c'est un hurlement terrifiant, un corps qui tombe dans le vide et s'écrase à ses pieds.
La maladie est une salope, Qui emporte l'être aimé. Mais pas l'amour.
Alexandre aimerait avoir une photo de cette fameuse Laura, histoire de savoir si elle était aussi jolie que Cloé.
Cloé… Dont il ne parvient pas à chasser le visage de son esprit. Qui vient se superposer, tel un calque, sur celui de sa chère défunte.
Les larmes arrivent sans qu’il tente de les retenir. Une urne pleine de cendres. Voilà ce qu’il reste de toi. Ce qu’il reste de nous.
Les cendres que j’ai l’impression d’avoir dans la bouche, dans la gorge. Qui recouvrent le monde entier d’une immonde pellicule grise. Qui me font perdre le goût des choses, le goût de vivre. Mais le pire, peut-être, c’est la douleur. Qui se patine jour après jour.
Parce que je m’habitue à ton absence. Parce que j’ai peur d’oublier qui tu étais. Et qui je suis vraiment. Sans toi, je ne suis rien, vraiment.
Pocket – pages 313 et 314
Il est tôt, le jour n'est encore qu'une promesse. La seule dont on sait qu'elle sera tenue.
il s'allonge à côté d'elle, la prend dans ses bras. Le lit est vraiment trop étroit. Ils n'ont pas encore songé à fabriquer des lits médicalisés en 140.
Comme si la maladie interdisait l'amour.
- Je me suis brisée en même temps que toi, tu sais... ça ne se voyait pas, bien sûr. J'ai recollé les morceaux comme j'ai pu. N'importe comment , en vérité. Depuis vingt-six ans, je suis morcelée, fragmentée. Comme un puzzle, tu vois ?
Déchirures au corps et à l'âme. Par lesquelles ma sève coule tout doucement.
Tant d'énergie dépensée pour colmater ces brèches !
Les grandes phrases sont réservées aux grands moments.
La mort prend tout son temps. Aujourd'hui, je suis sa messagère. Je frappe, j'exécute. Je suis la puissance. La vengeance. La justice.
La mort n'est pas une fille facile. Elle se refuse à ceux qui la veulent, se donne à ceux qui la repoussent.