Premier roman de
Karine Giebel, mais déjà récompensé du prix Marseillais du Polar en 2005, ça commençait fort pour celle qui est devenu une maîtresse du roman noir français. Ce doit être le 9ème ou 10ème que je lis, sans compter les nouvelles parues dans les recueils "13 à table", ou ceux dirigés par
Yvan Fauth sur le thème des cinq sens (cf ma récente critique de "Respirer le noir", par exemple). autant dire que je suis fan !
Mais fan ne veut pas toujours dire inconditionnelle, et comme j'ai lu le meilleur, soit pour moi "
Glen Affric", son dernier-né, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer l'énorme progression depuis ce "petit" roman d'à peine 250 pages en poche. Remarquez, je n'avais qu'à lire dans l'ordre, comme mon ami Eric (CasusBelli) par exemple, j'éviterai ce genre de déception, toute relative d'ailleurs.
L'histoire est assez simple : c'est Jeanne, elle vit seule avec sa mère à Istres, elle a 28 ans et bosse comme secrétaire dans un commissariat de Marseille. Tous les jours elle prend les mêmes trains pour aller au boulot, et pour rentrer. Bref une vie exaltante, où il ne se passe rien, une fille qu'on ne voit même pas. Sauf un certain Elicius, qui a jeté son dévolu sur elle, et lui laisse régulièrement des lettres enflammées à côté de son siège dans le train du retour (ben oui, elle s'assied toujours à la même place aussi). Bien sûr elle est toute heureuse, la Jeanne, pour une fois qu'on la remarque ! Y a juste un (tout petit) hic : le fameux Elicius a un passe-temps un peu dérangeant qui consiste à assassiner des gens. Et le capitaine Esposito, chef de service de Jeanne, est justement en charge de l'enquête sur ce tueur en série.
Que faire ? se demande notre Jeannette, avec une candeur un peu difficile à avaler. Bon c'est sûr c'est pas bien de tuer, mais quand même, il lui dit qu'elle est belle, qu'il l'aime et tout, quel dilemme ! Et pour ne rien arranger, ses petites voix intérieures lui font le coup de l'ange et du démon, elle ne sait plus laquelle écouter, c'est dramatique !
Je me moque gentiment, mais bon sang qu'est-ce qu'elle m'a énervée la Jeanne, incapable de prendre une décision, sous la coupe de sa mère, béate d'admiration devant son chef (d'ailleurs lui aussi il m'a agacée avec ses réactions complètement à côté de la plaque), enfin le genre de nana à qui je mettrait un bon coup de pompe dans le derrière dans la vraie vie. Pour lui rendre service bien sûr, vous me connaissez !
Malgré ces personnages peu attachants et parfois peu crédibles, la lecture fut plutôt agréable, on sent déjà la patte de ce que deviendra l'auteure, d'ailleurs son roman suivant est déjà très abouti ("
Meurtres pour rédemption") même si c'est loin d'être celui que j'ai préféré. Comme souvent, il y a des invraisemblances au niveau de l'enquête, mais après tout on est dans de la fiction, pas dans le reportage. le vocabulaire est simple, les phrases courtes, tout comme les chapitres, ce qui donne du rythme à l'histoire. Je l'ai lu très vite, et pour entrer dans l'univers de l'auteur il est tout-à-fait approprié, encore "soft", même si on n'est pas chez les Bisounours, il y a quand même quelques meurtres !
je suis contente de l'avoir lu, d'ailleurs j'en profite pour remercier la Babélamie qui me l'a gentiment envoyé, elle se reconnaîtra. je n'en ai que plus d'admiration pour le chemin parcouru depuis.