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EAN : 9782864329893
224 pages
Verdier (07/02/2019)
2.25/5   2 notes
Résumé :
Vituca, une documentariste italienne qui vit à Paris tombe amoureuse de Ramos, un chorégraphe brésilien au talent éclatant. Si tout les sépare, la géographie, la culture, la personnalité, ce qui les sépare les attire et ils se marient. Mais comment s’aimer au loin ? Le roman analyse d’abord les efforts pour faire durer une relation contrainte de dépasser toutes sortes de frontières, qui ne sont pas uniquement géographiques. Faire vivre un amour à distance, dans ce r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La narratrice du roman de Lisa Ginzburg, publié en 2013, traduit de l'italien par Martin Rueff pour les éditions Verdier (2019), une documentariste italienne installée à Paris, raconte a posteriori l'enchantement de son amour avec Ramos, un chorégraphe et danseur brésilien magnifique et surdoué, un personnage excessif, violent, à l'énergie infatigable et contagieuse, en même temps que la tragédie muette qui aboutit à l'épilogue dramatique annoncé d'emblée, la mort brutale de Ramos.

Tendue vers la poursuite d'un amour absolu si facilement éclos, qui se passait de mots, Ramos et Vituca (c'est ainsi qu'il la surnomme) ont cru, en dépit du scepticisme des proches de Vituca, que les barrières de l'éloignement géographique et culturel pouvaient être surmontées. Lisa Ginzburg dit avec douceur et justesse l'obstination pour faire vivre et durer la passion qui aimante deux êtres issus d'univers séparés, la ténacité pour que dure leur mariage, en dépit de leurs trajectoires qui divergent. Leur mariage décidé par téléphone est à l'image d'une relation vécue à distance et lors de brefs séjours au Brésil ou en Europe.

La passion amoureuse et la divergence des identités s'incarnent aussi dans la relation de Vituca avec le pays de Ramos, le Brésil, et dans l'impossibilité pour eux de trouver un lieu où vivre. Après quatorze années d'éloignement continu de ses bases, d'allers-retours de l'Europe au Brésil, Ramos s'est fatigué de cette Europe devenue une source d'exaspération, du fait de l'ignorance et de l'hostilité teintée de racisme ; il est reparti vivre à Pedra Forte, sa ville d'origine. À son premier voyage, Vituca tombe amoureuse du lieu, comme elle a cédé au charme envoûtant de Ramos.

Installée au Brésil, tombée sous le charme de son exubérance, elle se retrouve rapidement seule au sein de la communauté compacte et indissoluble que forme la famille de Ramos, exclue de leurs dérives dues aux excès d'alcool, ne réussissant jamais à faire entièrement partie de ce clan, devenant un embarras pour Ramos dans son milieu alors que, lucide dès le départ face aux résistances de Ramos, elle ne voulait pas peser. Malgré sa force initiale, l'amour se heurte et s'épuise face à ce fossé trop large.

Le choc annoncé d'emblée de la mort de Ramos place le roman sous le signe de la douleur et de la fatalité, à laquelle s'oppose l'énergie et la sensualité ardente du Brésil et de Ramos. Analytique et observatrice, la narratrice replonge en elle-même pour scruter la trajectoire de Ramos et le déroulement de leur histoire, sans échapper à ce bruit de fond continu, la douleur de la perte et l'impossibilité de la compréhension entre deux individus aux identités si lointaines. Elle décrypte a posteriori l'angoisse et l'oppression qui couvaient chez Ramos, signes annonciateurs du désastre intime et de la fin tragique de cet homme mystérieux dont la mort divulgue un secret toujours dissimulé.

L'amour incandescent et son épilogue tragique, la violence des faits et la tendresse qui a survécu à la disparition de Ramos s'entremêlent dans ce récit d'une tonalité à la fois solaire et sombre et qui imprime une marque profonde chez la lectrice ou le lecteur.

Nous aurons la joie d'accueillir Lisa Ginzburg le jeudi 18 avril à partir de 19h30 à la librairie Charybde pour évoquer ce roman intense et émouvant.

Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici : https://charybde2.wordpress.com/2019/04/13/note-de-lecture-au-pays-qui-te-ressemble-lisa-ginzburg/
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Dans une langue d'une précision analytique et d'une sensualité rythmée car éperdue, Lisa Ginzburg met en scène « cette dimension d'éloignement continu ». Au pays qui te ressemble laisse ainsi entendre la construction de l'amour au moment de sa perte mais surtout à documenter un réel qui échappe, un Brésil démon dansant et un rapport toujours difficile à l'implication personnelle dans cette histoire d'amour fatal avec Ramos où elle croit saisir l'authentique.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Contre-indication flagrante, épouser Ramos, c’était se lier à son innombrable est envahissante famille. Elle ne s’était pas arrêtée longtemps sur ce détail macroscopique. Mais s’ils furent en un premier temps plus discrets, les parents de Ramos se révélèrent ensuite des présences fixes, comme une prothèse inamovible qu’il subissait autant qu’il la lui imposait. Et l’horizon que leur clan envisageait était terriblement étroit. Une vision que la mentalité provinciale qui l’inspirait rendait myope : elle avait toutes les indulgences pour les débordements que les représentants du clan s’autorisaient quand une mouche les piquait, mais quand il s’agissait d’exprimer un jugement sur le monde, cette mentalité se révélait conformiste, imprégnée d’un catholicisme hybride (syncrétiste), et engoncée dans ses préjugés culturels. Une conception sexiste – toujours prête à condamner les femmes et à absoudre les hommes – impitoyable dès qu’il s’agissait de montrer du doigt ceux qui ne répondaient pas aux canons de comportements reconnus par la communauté, toujours prête à les radier sans la moindre bienveillance. Un petit univers confiné, dont l’influence sur Ramos allait lui apparaître toujours plus clairement jusqu’à la rendre jalouse, exaspérée, folle de rage.
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Et elle y avait cru à cet enchantement. Comme tout, pendant un moment, lui avait semblé merveilleux, possible. Elle avait aimé la lumière aveuglante du ciel de l’été, la joie, la vitalité des gens, l’axé de chaque situation. Les petits supermarchés imprégnés des parfums de fruits mélangés à la forte odeur de la viande. Et l’inexplicable sensation de familiarité qui se saisissait d’elle : comme si sa terre avait toujours été là, à dix mille kilomètres de l’Europe – de l’Italie, son pays d’origine, de la France, ce pays où elle avait choisi de vivre. Se sentir chez soi dans cette lumière d’or, avec la vie qui explose tout autour dans le plus grand des fracas, dominée par la nature au point de s’y perdre – de quelle manière et jusqu’à quel point, elle ne peut pas encore le savoir.
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La transformation physique de Ramos au cours des deux dernières années, elle la perçoit nettement sur les photos, maintenant qu’il est mort. La douleur dessille, elle n’admet aucune myopie. Elle parvient désormais à observer avec détachement. D’ailleurs, ça lui vient naturellement : ce qui est difficile, c’est plutôt de surmonter le désarroi et la répulsion immédiate que lui inspirent ces portraits. Son visage avait gonflé, son regard était devenu fuyant – y flotte un secret qui l’absorbe et l’inquiète. Vraiment, c’est cet homme, son grand amour ? Ce sont ces yeux, durs, perdus, qui ont fait que pendant des années, elle s’est sentie regardée en profondeur, dépouillée, comprise, prise ?
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Video de Lisa Ginzburg (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lisa Ginzburg
Sous ma carapace de Lisa Ginzburg et Tremble la nuit de Nadia Terranova sont deux romans qui explorent la complexité des relations familiales et individuelles à l'épreuve du temps et des drames de la vie. le premier se concentre sur le lien entre deux soeurs et les conséquences de leur enfance tumultueuse, mettant en question l'efficacité à long terme des carapaces, ces protections émotionnelles érigées pour se protéger. le second, qui s'ouvre avec le séisme de Messine en 1908, suit les destins entrelacés de Barbara et Nicola, et dresse le portrait d'une Italie partagée entre deux époques en soulignant la résilience de ses habitants.
À lire – Lisa Ginzburg, Sous ma carapace, trad. de l'italien par Carole Walter, Verdier, 2023 – Nadia Terranova, Tremble la nuit, trad. de l'italien par Romane Lafore, Table Ronde, 2023.
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