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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il aura fallu le projet d'un séjour à Vachères dans les Alpes de Haute Provence pour que je me décide à lire Giono dont beaucoup de mes proches me disent, depuis bien longtemps, tant de bien.

Ma découverte de cet auteur commence avec "Regain" choisi pour son incipit "Quand le courrier de Banon passe à Vachères, c'est toujours dans les midi" J'entends l'accent chantant, les cigales, le mistral. Je suis en provence. Je suis à Aubignane ce village qui se meurt avec ses trois derniers habitants. Mais c'est bien l'histoire d'un renouveau que nous conte Giono. La magie d'une rencontre va redonner vie et avenir à cette terre solitaire et sauvage.

Regain est un magnifique roman primitif et solaire. Un roman qui place l'harmonie au coeur du récit.
L'harmonie d'une vie humble et respectueuse de la Nature;
L'harmonie du travail manuel qui produit et donne à vivre;
L'harmonie d'un amour simple, respectueux, pudique et charnel.

Regain ce sont aussi aussi deux magnifiques personnages. Panturle homme taiseux, honnête et solide. Et puis Arsule, sensuelle, pleine de ressources, d'idées pour faire du beau avec peu. Ces deux là sont positifs et constructifs et ensemble ils soulèvent les montagnes.

L'écriture de Giono est magnifique.

Poétique, on lit et relit plusieurs fois la même phrase:
"le vent soulève le ciel comme une mer. Il le fait bouilloner et noircir, il le fait écumer comme les montagnes. Il n'y a plus de soleil. Il n'y a plus que ces plaques étales d'azur paisibles; il n'y a plus que la course des nuages. Ils descendent vers le sud."

Animiste avec sa vison d'une Nature personnifiée, agissante:
"Elles sont allées près du ruisseau. Il était tout emmoustachés d'herbes sales et grognon parce que les pluies lui ontdonné pas mal d'eau. Alors il se plaint. Il se plaint de graisse.I l n' est jamais content. L'été il est là à gémir qu'il va mourir, et puis..."

Sensuelle:
"Le vent entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main; il lui coule entre les cuisses; il lui baigne toutes les cuisses; il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins et les hanches mouillées de vent. Elle le sent sur elle, frais, oui, mais tiède aussi et comme plein de fleurs, et tout en chatouilles, comme si on la fouettait avec des poignées de foin; ce qui se fait pour les fenaisons et ça agace les femmes, oh! Oui, et les hommes le savent bien.
Et tout un coup, elle se met à penser aux hommes.C'est le vent qui fait l'homme depuis un moment."

Sûr il y aura rapidement d'autres moments entre Manosque et Banon! Lire à rebours cette trilogie de Pan dont Regain est le troisième volume. Et puis, en fin d'été, je m'installerai pour un temps à Vachères et mettrai, pour de bon, mes pas dans ceux de Giono.
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À Aubignane, un village haut perché sur les hauteurs de Manosque, quelques individus survivent ou subsistent sur les pans d'un coteau où est fiché un clocher. On y vit de peu, de la nature, de chasse, de manière totalement rustique. Des vies fortement marquées par le malheur (Mamèche) ou bien des vies qui s'achèvent comme celle du charron.

Panturle, lui est un grand et gros gaillard de 40 ans environ. Par le plus grand des hasards, alors qu'il est désormais seul, viennent jusqu'à lui un vieil homme et une demoiselle d'à peu près son âge. Duo insolite, car Arsule a été sauvée des griffes d'hommes malveillants pour être exploitée comme un âne contre bon soins. Panturle les aperçoit, surtout la femme qui qui s'est décorsetée. S'étant caché dans sa maison au moment de dépecer un renard, il leur court après dans les bois et manque de se noyer. le duo sauve ce grand gaillard. Quand Panturle se réveille, Arsule est à ses côtés et la mage opère. Elle le suit.

Ils obéissent à leur nature et à la nature. Grâce à Arsule, la maison est retapée, entretenue, les projets viennent...

Décrit à la fois avec pudeur et simplicité, la relation entre ces deux êtres qui se sont reconnus prend un tournant doublement heureux.

Un roman sur une vie très rustique, parfois bestiale, où les instincts n'en demeurent pas moins la vie, l'amour, le travail de la terre. La langue est poétique, matinée de mots locaux, voire anciens.























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N'avais pas lu de livres de Giono de la toute première période (la trilogie de Pan), les plus anciennement lus ayant étés le Grand Troupeau et Jean le Bleu. Pour cette raison j'ai remarqué qu'au début le style y était plus compact et plus "argotique régional" que dans des oeuvres plus lyriques comme Que ma Joie demeure, le Serpent d'étoiles ou le Chant du Monde..
Par la suite j'ai trouvé que le style était en effet bien plus ramassé, plus naïf, avec une économie de mots essentiels comme les personnages vivent - ou survivent - avec une économie de moyens et d'objets essentiels (euphémisme : ils n'ont presque rien de matériel et d'ailleurs quittent presque tous le hameau où il est trop difficile de survivre).
On se retrouve presque dans un monde préhistorique, à un point de départ qui serait celui de l'Adam de la Génèse mais sans une Eve et loin d'un jardin d'Eden offrant ses pommes.. Et là est le problème : le village se vide et le dernier homme du hameau n'a pas d'Eve. Il est plus que pauvre mais tellement riche de la terre où il vit, du ciel immense qui touche presque le haut plateau au hautes herbes et Giono n'avait pas son pareil pour dire le vent.. et la relation charnelle, corporelle, sensuelle de l'Homme avec le monde et le Cosmos.
Giono n'hésite pas à personnifier des éléments naturels (un ruisseau, un chemin, le vent..) à la manière de certains livres pour enfants.
Regain, comme ce simple et évident titre l'indique, est le récit lumineux - et parfois inquiétant - du passage d'un état à un autre, ce qui, finalement, décrit un cycle. Au début est la fin, le déclin et la fuite de la vie, l'approche de la mort puis, après une chute spectaculaire - au sens propre et figuré - va renaître peu à peu la vie, le tout dans des lieux à part la "civilisation", éloignés, marginaux, difficilement accessibles (ils se méritent..), dont les liens avec la civilisation, la société contemporaine, sont nécessaires mais épisodiques et finalement à éviter le plus possible. C'est constant chez Giono, une forme de misanthropie pour le moderne en même temps qu'une philanthropie spontanée pour le genre humain. Quand il écrit Regain, Giono a déjà vu et vécu la guerre de 14 et sait de quoi l'homo sapiens "moderne" est capable..
Un autre grand livre de Giono, essentiel, dans tous les sens du terme.
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Regain consacre en un récit concis et dense la première phase littéraire de l'auteur (celle du va de « Colline » au « Chant du monde »). Giono se présente ici comme une sorte de conteur rustique aux pieds nus, dépeignant charnellement, sensuellement le caractère magique de la nature dans une langue à la fois sophistiquée et populaire, charnue et vigoureuse. Chez lui, la nature n'est pas la « campagne ». On n'est pas dans le « genre pastoral » ; on est loin des promenades de Jean-Jacques. C'est la nature à l'état brut : primitive, sauvage, originelle. Celle qui, à l'aube, consacre chaque jour la naissance du monde. Celle que connaissent les marins ou les montagnards.
Cette évocation grandiose fera le succès de Giono, même si on y associera souvent une « coloration provençale ». Après, comme Giono, voulant vivre de sa plume, ne désirait pas travailler, il fera du Giono pour répondre à la commande (problème de l'écrivain de métier), s'enterrant dans un « genre » qu'au fond de lui il devait lui-même fustiger. Il faudra attendre le magnifique « Hussard sur le toit » pour sortir de cette zone de confort, ce qui fera de ce chef-d'oeuvre un classique de la littérature française moderne.
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Aubignane est « un nid de guêpes » sur les hauteurs près de Manosque et Panturle, le dernier homme au village, est « un bout de bois qui marche ». Tout le travail du romancier consiste à montrer comment la vieille Mamèche, dernière femme d'Aubignane et figure de la Terre et de la Nature, parvient à ramener le printemps et la vie au village.
Giono donne à son lecteur, aliéné par la vie moderne et chamboulé par le changement climatique, une leçon d'observation et de poésie où chacun des éléments, où chacune des saisons, compte pour reconnecter l'homme au monde qui l'entoure.

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Regain de Jean Giono est une ode à la vie tant son écriture est vivifiante, au plus près de dame Nature où se mêlent, telle une valse, l'homme, la terre, l'air, l'eau et les animaux. Dans cet hameau de Provence déserté et battu par les vents, Arsule et Panturle, poussés l'un vers l'autre par le sortilège de la vieille Mamèche, incarnent le dénuement, les plaisirs simples, la force de travail, l'attachement à la terre, jusqu'à devenir par leur beauté intérieure des figures mythologiques à l'image de Pyrrha et Deucalion qui après le déluge vont repeupler la terre sur le mont Parnasse.
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Regain
Jean Giono (1895-1970)
Regain, publié en 1930, est le troisième et dernier volume de la Trilogie de Pan qui comporte aussi Colline et Un de Baumugnes.
Il faut savoir que le regain c'est cette herbe qui repousse après la troisième fauchaison. C'est aussi le renouveau…
Ils sont partis de la villotte d'Aubignane en Haute Provence au fil des ans et Panturle, le solitaire, est le dernier à écouter le vent balayer la lande en tapant la débéloire avant de boire son café en solitaire puis la liqueur d'hysope pour se réchauffer. Gaubert le forgeron et la Mamèche, 80 ans, sont partis eux aussi.
Panturle ne sait pas encore que sa vie va changer et qu'il va rencontrer Arsule, cette jeune paysanne par qui la vie renaître. Promise à Gedemus le rémouleur, elle s'échappe et rejoint Panturle. Panturle dont le nom donné par Giono est issu du dieu Pan, divinité grecque de la nature, des bergers et des troupeaux.
Dans un magnifique style poétique riche de mots régionaux, Giono chante la vie d'une autre époque en exaltant avec un lyrisme sensuel les liens ancestraux qui unissent les paysans à la terre et ses secrets et à la nature. Dans un langue saine et naturelle, dépouillée mais puissante, Giono met en scène, Panturle et Arsule, des être simples, animés de passions silencieuses au coeur de ces plateaux crépitants de soleil et de solitude, et qui refusent de laisser mourir leur village.
« Tout bleu d'iris, terre et ciel avec, à l'ouest, un bouquet de nuages ; le jeune soleil marche, enfoncé dans les herbes jusqu'aux genoux. le vent éparpille de la rosée comme un poulain qui se vautre. Il fait jaillir des vols de moineaux qui nagent un moment entre les vagues du ciel, ivres, étourdis de cris, puis qui s'abattent comme des poignées de pierre.
Une oeuvre incomparable. Un hymne à la terre et à la vie paysanne qu'il est bon de relire en une époque où le rapport entre l'homme et son environnement est l'objet d'une réflexion écologique indispensable.
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