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Sur un petit air mélancolique, le retour brillant du commissaire Ricciardi. Toujours égaré dans ses amours empêchées par les morts qu'il ne cesse de voir, toujours empêtré dans le fascisme qui s'étend dans cette Naples si vivante, cette dernière livraison de Maurizio de Giovanni captive le lecteur. Des phalènes pour le commissaire Ricciardi creuse la perfection de son sillon : un polar poétique, politique, sensible à tout ce qui ne veut pas passer.
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Chi va piano va sano, chi va sano va lontano…
Maurizio de Giovanni nous livre la huitième aventure du singulier commissaire Ricciardi, plus mélancolique que jamais. Sa fidèle gouvernante, qui veillait sur lui depuis l'enfance n'est plus, ce coeur simple s'en est allé, comme s'en est allée sa bien-aimée Enrica. Mais le crime lui continue dans les rues napolitaines, et cette nouvelle enquête qui le mène vers les hautes sphères aura de grandes répercussions sur sa vie.

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi marque un tournant tant politique que personnel dans l'existence des personnages. L'Allemagne nazie tisse sa toile dans une Italie où les fascistes surveillent de plus en plus les institutions comme les individus. Quant aux protagonistes, les jeux sont faits.
Pianississimo donc pour ces nuances polardeuses, et Bravissimo à Maurizio de Giovanni qui reste l'un des maitres du roman d'atmosphère. Ma seule remarque désobligeante (et c'est mon coeur de bas-bleu qui s'exprime) sera :Que se passe-t-il donc avec Enrica???
Je remercie Babelio est les Editions Rivages pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
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N° 1507- Octobre 2020.

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi – Maurozio de Giovanni – Rivages/noir
Traduit de l'italien par Odile Michaut

Je remercie Babelio et les éditions Rivages de m'avoir permis de découvrir ce roman.
Naples dans les années 30. le commissaire Ricciardi, policier atypique, n'est pas bien dans sa peau et ce n'est pas seulement à cause de la présence des fascistes au pouvoir, il est seul et désemparé, dévasté par l'impossible deuil de Rosa, sa tante, sa mère de substitution. Pour lui, comme pour tous ceux qui l'ont connue, son fantôme plane encore sur leur quotidien. Il pourrait saisir l'occasion donnée par l'énigmatique et troublante comtesse de Roccaspina qui prétend qu'elle est l'auteure de l'assassinat de Piro Ludovico, avocat mais aussi prêteur de fonds, et pour qui son comte de mari, accroc au jeu et débiteur de Piro, est en prison alors que, selon elle, il n'y est pour rien même s'il a cependant avoué spontanément sa culpabilité dans ce meurtre. Il s'agit donc d'une affaire classée que cette femme voudrait bien voir rouvrir. Animé par un sens aigu de la justice autant que par sa volonté de sortir de la la période délétère qu'il traverse à titre personnel, il va accepter, même si cette affaire n'est pas de son ressort et que dans cette époque politiquement troublée, il joue sa carrière. C'est aussi un paradoxe puisque que les aristocrates aspirent à pactiser avec le pouvoir fasciste et que rouvrir ainsi cette enquête revient aussi à bousculer un fragile ordre établi. C'est pour lui d'autant plus compliqué pour le commissaire que, fort bizarrement et sans explication aucune, le comte veut être condamné et dans ce but est prêt à tout, jusqu'à refuser d'être défendu. Dans cette opération il sera secondé par le fidèle brigadier Maione qui va se révéler, comme toujours, un précieux collaborateur. En toute complémentarité et surtout en toute complicité, malgré les doutes et les intuitions de chacun d'eux, les deux hommes devront faire preuve de doigté, d'imagination et même d'hypocrisie pour jeter un regard neuf sur une instruction un peu trop vite bouclée, qui a tout moment menace de se retourner contre eux. Cette affaire serait trop simple si elle ne s'inscrivait dans un contexte politique tourmenté où la police est surveillée par les fascistes et dans une atmosphère personnelle et intime qui ne l'est pas moins, le tout bien rendu par l'architecture même de ce roman.
Non seulement j'ai apprécié le suspens qui baigne tout ce roman jusqu'à la fin mais j'ai aimé également le style fluide et agréable de l'auteur. Il est émaillé de moments poétiques dans la transparence de septembre et les senteurs de la cuisine napolitaine, qui tranchent agréablement sur l'ordinaire des polars de ce genre. J'ai découvert aussi avec plaisir le personnage de Ricciardi, avec ses fragilités et ses fêlures, à la fois idéaliste et torturé par la vie et par la perte de Rosa, obsédé par l'obligation de faire son devoir et de faire triompher la vérité, dût-il pour cela sacrifier son propre bonheur. C'est un solitaire, prisonnier de lui-même qui se réfugie volontairement dans l'isolement, qui refuse la présence d'une femme auprès de lui parce qu'il pense être celui qui porte malheur, qui n'a pas sa place dans cette vie, qu'il est la flamme qui va tuer le fragile phalène-compagne qui s'en approche, comme dans les paroles de cette chanson-allégorie qui revient comme un leitmotiv. Il est déchiré entre l'amour de deux femmes, l'une qui le fuit parce qu'il l'a déçue et l'autre, amoureuse de lui, qui le désire mais qui est promise à un autre. Cet amour impossible conduit à un refus de sa part et pourrait semer la mort autour d'eux. C'est à la fois un châtiment qu'il s'impose à lui-même et qu'il impose à sa partenaire comme un paradoxe définitif, une manière aussi, pour lui qui se fuit en permanence, de rester en vie, même si cette vie est une impasse, une chose de plus en plus insupportable. Pourtant en matière de femme, il n'est pas au bout de ses surprises !
Ce n'est pas seulement un« giallo » comme disent nos amis italiens, c'est aussi une réflexion sur les effets de l'amour sur les êtres que le destin sépare, entre fantasmes, passions, refoulements, haines renoncements, désespoirs, promesses, trahisons et remords.
En tout cas ce fut vraiment une belle rencontre !
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