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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
N° 1507- Octobre 2020.

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi – Maurozio de Giovanni – Rivages/noir
Traduit de l'italien par Odile Michaut

Je remercie Babelio et les éditions Rivages de m'avoir permis de découvrir ce roman.
Naples dans les années 30. le commissaire Ricciardi, policier atypique, n'est pas bien dans sa peau et ce n'est pas seulement à cause de la présence des fascistes au pouvoir, il est seul et désemparé, dévasté par l'impossible deuil de Rosa, sa tante, sa mère de substitution. Pour lui, comme pour tous ceux qui l'ont connue, son fantôme plane encore sur leur quotidien. Il pourrait saisir l'occasion donnée par l'énigmatique et troublante comtesse de Roccaspina qui prétend qu'elle est l'auteure de l'assassinat de Piro Ludovico, avocat mais aussi prêteur de fonds, et pour qui son comte de mari, accroc au jeu et débiteur de Piro, est en prison alors que, selon elle, il n'y est pour rien même s'il a cependant avoué spontanément sa culpabilité dans ce meurtre. Il s'agit donc d'une affaire classée que cette femme voudrait bien voir rouvrir. Animé par un sens aigu de la justice autant que par sa volonté de sortir de la la période délétère qu'il traverse à titre personnel, il va accepter, même si cette affaire n'est pas de son ressort et que dans cette époque politiquement troublée, il joue sa carrière. C'est aussi un paradoxe puisque que les aristocrates aspirent à pactiser avec le pouvoir fasciste et que rouvrir ainsi cette enquête revient aussi à bousculer un fragile ordre établi. C'est pour lui d'autant plus compliqué pour le commissaire que, fort bizarrement et sans explication aucune, le comte veut être condamné et dans ce but est prêt à tout, jusqu'à refuser d'être défendu. Dans cette opération il sera secondé par le fidèle brigadier Maione qui va se révéler, comme toujours, un précieux collaborateur. En toute complémentarité et surtout en toute complicité, malgré les doutes et les intuitions de chacun d'eux, les deux hommes devront faire preuve de doigté, d'imagination et même d'hypocrisie pour jeter un regard neuf sur une instruction un peu trop vite bouclée, qui a tout moment menace de se retourner contre eux. Cette affaire serait trop simple si elle ne s'inscrivait dans un contexte politique tourmenté où la police est surveillée par les fascistes et dans une atmosphère personnelle et intime qui ne l'est pas moins, le tout bien rendu par l'architecture même de ce roman.
Non seulement j'ai apprécié le suspens qui baigne tout ce roman jusqu'à la fin mais j'ai aimé également le style fluide et agréable de l'auteur. Il est émaillé de moments poétiques dans la transparence de septembre et les senteurs de la cuisine napolitaine, qui tranchent agréablement sur l'ordinaire des polars de ce genre. J'ai découvert aussi avec plaisir le personnage de Ricciardi, avec ses fragilités et ses fêlures, à la fois idéaliste et torturé par la vie et par la perte de Rosa, obsédé par l'obligation de faire son devoir et de faire triompher la vérité, dût-il pour cela sacrifier son propre bonheur. C'est un solitaire, prisonnier de lui-même qui se réfugie volontairement dans l'isolement, qui refuse la présence d'une femme auprès de lui parce qu'il pense être celui qui porte malheur, qui n'a pas sa place dans cette vie, qu'il est la flamme qui va tuer le fragile phalène-compagne qui s'en approche, comme dans les paroles de cette chanson-allégorie qui revient comme un leitmotiv. Il est déchiré entre l'amour de deux femmes, l'une qui le fuit parce qu'il l'a déçue et l'autre, amoureuse de lui, qui le désire mais qui est promise à un autre. Cet amour impossible conduit à un refus de sa part et pourrait semer la mort autour d'eux. C'est à la fois un châtiment qu'il s'impose à lui-même et qu'il impose à sa partenaire comme un paradoxe définitif, une manière aussi, pour lui qui se fuit en permanence, de rester en vie, même si cette vie est une impasse, une chose de plus en plus insupportable. Pourtant en matière de femme, il n'est pas au bout de ses surprises !
Ce n'est pas seulement un« giallo » comme disent nos amis italiens, c'est aussi une réflexion sur les effets de l'amour sur les êtres que le destin sépare, entre fantasmes, passions, refoulements, haines renoncements, désespoirs, promesses, trahisons et remords.
En tout cas ce fut vraiment une belle rencontre !
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Naples, l'amour. L'amour, Naples. Comme dans tous ses romans, Maurizio de Giovanni nous immerge dans sa ville et dans des amours tragiques.

Le commissaire Ricciardi, le brigadier Maione, Enrica, Livia...Tous ces personnages nous les connaissons avec leurs sentiments, leurs désirs, leur profonde humanité.

C'est un enquête informelle qui doit prouver l'innocence d'un aristocrate qui a le vice du jeu et qui s'accuse du meurtre d'un usurier. Et, comme très souvent, il y a l'amour, l'amour destructeur...

Et tous les personnages de ce livre, comme dans toute l'oeuvre de de Giovanni, sont pleins d'humanité. le commissaire Ricciardi et son créateur ont une profonde empathie pour les personnages que nous croisons au fil des enquêtes.
Les faiblesses, les qualités de chacun ne donnent lieu à aucun jugement.

Ricciardi vit quotidiennement avec la mort : il a le redoutable "don" d'entendre les dernières paroles des mourants dans tous les lieux où des morts violentes ont eu lieu. Cette faculté lui gâche l'existence.
Dans cet opus sa tante Rosa, qui l'a élevé, est décédée. Cette perte irréparable s'ajoute à sa triste existence solitaire, à son impossibilité d'aimer.

Et puis, personnage principal de son oeuvre : Naples. Naples, pleine de vie. Dans ses livres nous sentons le souffle de cette ville, nous entendons ses cris, son soleil nous caresse...

Selon le commissaire Ricciardi, les meurtres ont deux causes : la faim et l'amour.

Dans ce livre, c'est l'amour, l'amour impossible, l'amour sans concession qui peut mener au sacrifice...

Chacun des livres de Maurizio de Giovanni déborde d'émotion, et, je ne le dirai jamais assez, d'humanité.

Maurizio de Giovanni a un énorme talent qui, de roman en roman, nous enchante.

Babelio a grandement raison de faire connaître cet auteur italien au public français.

Bravo à Maurizio de Giovanni et merci à Babelio.
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« Anime di vetro» (âmes de verre) , le titre italien rend plus exactement compte de l'ambiance de ce livre. Il y est question de la fragilité humaine ,de la violence des sentiments. A Naples , la ville des passions exacerbées , de l'extrême contraste entre riches et pauvres , les âmes fragiles se brûlent au feu de la passion. Pour Ricciardi , écrasé par sa malédiction , écartelé entre les amours ,l'enquête est un divertissement pour oublier ses tourments personnels mais sera aussi le révélateur de ses propres choix. de Giovanni entrelace savamment chanson populaire, grande histoire des années 30 et thème policier . Remarquable.
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Ricciardi est dans une bien mauvaise passe. Aucune affaire à se mettre sous la dent et sa chère Rosa est partie pour un long voyage. Il se retrouve seul et sans affaire intéressante pour s'occuper.
Son fidèle compagnon d'enquête, le brigadier Maione, s'inquiète pour le commissaire et essaie tant mieux que mal de le maintenir à la vie et en activité. L'esprit du commissaire va très vite être accaparé par une seule enquête lorsque l'énigmatique Comtesse de Roccaspina se présente à son bureau en lui demandant de rouvrir une enquête sur son mari. Ce dernier s'est en effet accusé du meurtre d'un riche avocat et l'enquête a donc vite été classée. Celle-ci n'est même pas allée plus loin que les premières constatations compte-tenu des aveux du mari de Bianca. Pourtant cette dernière ne croit pas en la culpabilité de son mari. Elle sait qu'il était dans sa chambre au moment du meurtre. Même s'ils font chambre à part, elle a la certitude qu'il n'a pas bougé et qu'il est innocent de ce qu'on l'accuse même s'il s'est lui-même mis à disposition de la police. Faute de mieux Ricciardi va se plonger corps et âme dans cette affaire. Au début pour s'occuper l'esprit et le corps, mais aussi pour résoudre vraiment cette enquête plus sournoise qu'il n'y paraît. Deux enquêtes même. Qui a pu vouloir tuer l'avocat Piro ? Pourquoi Romualdo di Roccaspina s'est-il volontairement accusé du meurtre ? Protège-t-il quelqu'un ou est-il vraiment coupable ? Quels sont ses intérêts dans cette affaire et pourquoi s'empresser de se dénoncer ? Cela fait beaucoup de questions pour un seul enquêteur ; mais secondé par son fidèle brigadier, Ricciardi découvrira toutes les réponses à cette affaire plus complexe que prévu. Entre une vie personnelle et sentimentale au bord du gouffre et des prétendantes aux aguets, Ricciardi à fort à faire pour trouver un équilibre.
L'auteur jongle habilement entre vie personnelle et affaire en cours pour rendre Ricciardi plus humain. Et ça marche. Cela donne une histoire réellement plaisante à lire et une intrigue bien menée. Nous sommes en 1930, mais l'écriture est fraîche et actuelle. Ricciardi est l'Hercule Poirot de Naples et son instinct d'enquêteur le mène aux faits, seulement au faits. On attend le dénouement avec impatience et celui-ci ne manque pas d'originalité. Une histoire réussie. A découvrir absolument !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Maurizio de Giovanni, une valeur archi-sûre et toujours le plaisir de retrouver le commissaire napolitain Ricciardi.

Plus que jamais hanté par ses démons (il entend les dernières pensées des victimes de mort violente), il est sur une bien étrange affaire. La comtesse de Roccaspina l'implore d'enquêter discrètement sur un cas déjà clos : son mari est emprisonné après avoir assassiné son meurtrier, mais son épouse est persuadée de son innocence.

En parallèle de ses investigations menées en sous-main, Ricciardi traverse une mauvaise passe, déchiré entre les deux femmes de sa vie, dont l'une s'apprête à exercer une triste vengeance après s'être vue repoussée, sur fond de montée en puissance des services secrets fascistes.

Un plaisir toujours intact, hâte de me plonger dans le dernier !
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Mais qu'il est difficile d'aimer et de repousser à la fois… Comme je l'attends avec impatience, ce rendez-vous annuel avec Ricciadi, Enrica, Maione, le docteur Moro et les autres dans la Naples des années 30, dans laquelle sévissent les polices secrètes du fascisme. La fidèle Rosa est morte et Ricciardi est totalement déboussolé. Il a en quelque sorte perdu son port d'attache.
Alors qu'il tente de se persuader qu'il n'est pas possible d'envisager d'offrir le bonheur à quelqu'un, qu'il ne pourra jamais vivre normalement, qu'il n'a pas le droit de laisser parler son coeur, il accepte d'enquêter officiellement sur la mort d'un triste individu, tué par le comte Romualdo Palmieri di Roccaspina. C'est là que fait son entrée Bianca, comtesse de Roccaspina.
Ricciardi semble traverser la période la plus difficile de sa vie : Rosa n'est plus là, Enrica s'éloigne, et Livia lui complique sérieusement la vie. (Rien qu'à lire cette phrase vous comprendrez qu'il faut impérativement lire la série dans l'ordre)
Ode à la ville de Naples au mois de septembre, ce livre est comme les précédents un livre qui parle de désespérance, de lueur d'espoir, d'amours impossibles. Alors oui, il y a l'enquête, mais c'est principalement un livre sur les rapports humains, sur la passion, l'amour fou.
Et toujours cette écriture magnifique, cette poésie en prose… dans un monde où s'approcher trop prêt de la flamme fait qu'on se brûle les ailes…
En bruit de fond, une musique, une chanson, mais surtout une histoire portée par des notes et des émotions et en toile de fond la mer couleur azur…
Les âmes de verre, si fragiles, vont-elles survivre à cette enquête ? Leur éclat continuer a-t-il à scintiller de mille feux ? Ou alors finiront elles brisent en mille éclats de verre ?
Et une fois de plus un coup de coeur …
Je suis décidemment amoureuse des auteurs de gialli italiens qui nous offrent des personnages d'enquêteurs humains, confrontés à leurs failles et qui se fondent dans les régions qu'ils incarnent (Maurizio de Giovanni, Valerio Varesi, Antonio Manzini, Ilaria Tuti, et d'autres aussi comme Marco Vichi, Luca D'Andrea que je découvre…)
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