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sur 2707 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec des si, on met Paris en bouteille, mais on construit également intelligemment un roman. On se demande toujours quel chemin aurait pris notre vie si on avait pris une autre décision. Ce roman illustre parfaitement ce sentiment, l'auteur revient avec douceur et précision sur ce drame qui a bouleversé sa vie il y a 20 ans. Elle décortique toutes les décisions qui ont été prises à un moment et nous livre un compte à rebours vers une destination tragique qu'on connaît depuis le début. C'est court, dense, intense, c'est vivant. Claude n'est plus là, mais revit à travers ces pages.
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En résumé : Contemporain. Un récit de deuil, de la trajectoire d'un accident qui brisera des vies à jamais.

En détail :

Ce récit est celui de celle qui refuse la dénomination de veuve mais qui vit depuis vingt ans dans l'ombre de l'accident qui lui a ravi son époux. Vingt ans qu'elle poursuit leur rêve commun d'être les heureux propriétaires d'une maison avec jardin alors que Claude est décédé quelques jours avant l'emménagement. Ce deuil a rythmé sa vie et ce roman s'en veut être la conclusion, tel un livre qu'on referme.

La narratrice cherche à comprendre ce qui a poussé son mari à prendre la moto ce matin-là, avec laquelle il aura un accident mortel plus tard dans la journée. le récit est tourné vers toutes les causes qui, mises bout à bout, l'ont mené à cet accident. Elle a réussi à identifier tous les enchaînements qui, tel un effet papillon, ont provoqué le drame. Une véritable torture pour l'héroïne, qui a chaque fois se dit qu'à cet instant précis, elle aurait pu faire un autre choix et faire dériver le cours des choses pour aboutir à une fin différente.

Le récit est donc une succession de faits et de choix, issus d'une enquête consciencieuse qui démontre la douloureuse obsession qu'a été cette dernière journée de son mari pour l'héroïne durant ces vingt ans. Ces recherches d'information sur le dernier repas, la dernière conversation, le dernier détour... Comme une prière adressée à l'univers, une promesse d'être sage, de faire mieux la prochaine fois, en échange de ce tout petit décalage de rien du tout mais qui aurait tout changé, qui aurait épargné cette vie chérie.

La narratrice s'adresse au lecteur comme lors d'une conversation. Elle s'excuse de donner trop de détails, promet que cela aura son importance plus tard. Elle déroule son raisonnement, comme elle le ferait lors de la présentation à ces confrères endeuillés de son rapport final d'étude et d'analyse de son deuil, causes et conséquences, avant de quitter le groupe. Un exposé final avant de tourner la page.

De la même autrice : Nous serons des héros.
Dans le même genre : La maison qui soigne, de Nathalie Heinich.
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Et SI… la fatalité résultait d'un concours de circonstances prédestinées  ?
Il est des fatalités qui nous entraînent malgré nous, Rousseau, Hél. I, 57.

Comme pour s'absoudre d'un sentiment de culpabilité, Brigitte Giraud, confesse sa part de responsabilité indirecte dans l'accident fatal de son compagnon.

La narratrice et son compagnon Claude venaient d'acquérir la maison tant recherchée pour concrétiser leurs projets familiaux. Mais, sur son trajet quotidien, Claude meurt brutalement d'un banal accident de moto dans le centre de Lyon. Une perte du contrôle de quelques secondes a provoqué le dérapage de leur vie.
Pétrifiée de culpabilité, V. Giraud, auteure renommée, a dû analyser ce choc pendant vingt ans avant de pouvoir le coucher sur papier. En disséquant une rétrospective des décisions antérieures au drame, elle en déduit sa part de responsabilité dans le décès de Claude avec sa propre obstination dans le choix déterminé de leur future habitation.
Mon avis
Ce roman autobiographique primé par l'Académie Goncourt témoigne de la brutalité des conséquences en cascade d'une seule décision. Comme pour s'absoudre d'un sentiment de culpabilité, Brigitte Giraud, y confesse sa responsabilité indirecte dans la mort de son compagnon. Elle partage ainsi son humanité poignante. À l'instar des proches de victimes dans cette situation dramatique, elle se repasse sans cesse le film des événements antérieurs. Et les regrets de décisions prises, de hasards malencontreux ou d'appels manqués fusent avec des sous-titres en voix off telles que « j'aurais dû », ou « si… »…
Ici, la vingtaine de chapitres reprend le cheminement jusqu'au jour fatidique. Chacun détaille les moments clés qui ont conduit Claude ce jour-là sur cette route, sur cette moto. D'une écriture fluide avec des mots simples mais explicites, des chapitres courts retranscrivent avec réalisme la violence de la brusquerie dudit accident.

Et alors, de ces coups du destin en général, nombre de questions vont rester sans réponse à tout jamais.
Par exemple, pour Virginie Giraud, pourquoi Claude d'une nature si raisonnable a-t-il pris le risque d'emprunter cette moto, un engin de la mort, renommée pour sa dangerosité folle ?

On comprend les vingt années de distance pour parvenir à coucher ces lignes. On peut lui souhaiter que ses pages fassent office de pansements pour sa douleur morale. le livre se lit vite, mais marque les esprits, car il invite à la réflexion sur la fatalité. Peut-on échapper à son destin ? Et le cours de ces pensées m'a incitée à affiner l'étymologie du mot « accident ».

xiie siècle. Emprunté du latin accidens, participe présent substantivé de accidere, « tomber vers, sur, arriver par hasard ».

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Goncourt 2022. le livre "Vivre vite" de Brigitte Giraud m'a immédiatement fait penser au film "Les choses de la vie". Retrouver l'enchaînement de micro-décisions qu'elles soient personnelles ou d'autres acteurs de l'écosystème (comme cet ingénieur japonnais qui a conçu la funeste moto) peut devenir une obsession pour comprendre et peut-être soulager sa culpabilité après la mort accidentelle d'un être cher. Ce livre, bien supporté par une écriture simple et solide, traite plutôt bien le sujet entre soft thriller et chemin de croix. Un Goncourt plutôt ouvert à tout public.
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Les circonstances qui ont conduit à l'accident...
Ce n'est pas un roman à proprement dit. C'est un cri en forme de "Si".
Chaque " Si" est un aveu d'impuissance. J'ai refusé d'y voir un " truc pratique" de l'auteure. Je l'ai pris en pleine face comme un énorme hurlement.
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Je l'avais sur ma liste depuis longtemps et je savais que j'aimerai ce roman.
C'est chose faite et cette lecture fut un réel plaisir, fidèle à l'idée que j'en avais en tout cas.
Chaque chapitre commence par un "si" pour finalement aboutir à la mort de son mari avec l'accident de moto et l'auteur va ainsi nous raconter tout ce qui s'est passé avant cet accident, voire parfois bien avant et qui ont conduit Claude à ce drame.
J'ai beaucoup aimé les fameux "si" qui nous amène à tellement d'interrogation, à celui du destin aussi.
C'est un roman autobiographique, cela le rend encore plus émouvant.
Clairement ce roman nous fait réfléchir à notre vie mais pas forcément à
notre mort, mais plutôt à nos choix personnels ou professionnels qui peuvent nous amener à changer parfois de "vie".
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En tant que lecteur, on est d'abord attristé d'apprendre le décès de son mari dans des circonstances dignes de l'impensable destin. Ensuite, au travers de la lecture, au fur et à mesure, on est attaqué, happé, pris de doutes, de peurs. Parce que Brigitte Giraud conjure ce tragique événement comme un rapport de causalités, dans une écriture du songe, de l'introspection. Sa lecture se ressent aussi, un peu, comme un thriller de l'ordre du divin, de l'insaisissable. du destin aux croyances quelconques : et si… et si… Comme tout s'imbrique, comme tout s'explique, elle tisse un sentiment de rationalité absurde. On pourrait y croire, parce qu'à sa place, on tenterait de justifier, dans la douleur, pourquoi c'est arrivé, pourquoi ici, pourquoi moi. Parce qu'elle est dans le déni, mais elle est dans le déni parce que ce qui lui est arrivé apparaît comme irréel, impossible, impensable et surtout insupportable.
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J'ai abordé Vivre vite, le prix Goncourt 2022, avec une légère appréhension, de celles que nous avons lorsque la dernière oeuvre d'un auteur nous a réellement transportés parce que nous ne savons pas s'il pourra reproduire la même intensité. J'avais adoré Jour de courage, paru en 2019, roman sur l'adolescence, le nazisme et l'homosexualité.

Première remarque, dans Vivre vite, l'écriture reste belle, imagée, poétique.

En revanche, le fond m'a moins plu.

Le compagnon de l'autrice a eu un accident de moto mortel en début de la quarantaine, alors qu'ils venaient d'acheter une maison à restaurer et que leur fils n'était qu'un enfant. Une vingtaine d'années plus tard, Brigitte Giraud vend cette maison sous la pression des promoteurs et s'interroge dans une liste de « si » en indiquant « je reviens sur la litanie des « si » qui m'a obsédée pendant toutes ces années. Et qui a fait de mon existence une réalité au conditionnel passé ». « Si je n'avais pas voulu vendre l'appartement, si je ne m'étais pas entêtée à visiter cette maison, si mon grand-père ne s'était pas suicidé au moment où nous avions besoin d'argent… ».

Brigitte Giraud fait le travail de deuil. Sa décomposition de chaque cause et conséquence est un processus nécessaire pour les personnes confrontées au décès d'un proche suite à un accident, événement imprévu et soudain. A nouveau, sa pensée est structurée, car elle a bien les qualités d'une autrice aguerrie. Cependant, la réflexion ne va pas, à mon sens, jusqu'au bout. Je m'explique : dans d'autres romans, l'exploration de plusieurs hypothèses permet d'aboutir à différentes suites. Ici, rien de tel, l'autrice additionne les paramètres, envisage de les modifier, mais jamais la conclusion ne change : le compagnon meurt, comme malheureusement dans la vraie vie.

Un peu déçue donc par ce prix Goncourt 2022. Un peu trop réel, pas assez fictionnel ? Mais ceci n'est que mon avis. La lecture est courte et fluide, je vous laisse donc vous faire votre propre opinion.
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Un peu déçue d'abord par les lourdeurs de style et le point de vue trop personnel, le récit fonctionne finalement et nous happe. Un memento mori qu'on referme en ayant envie de serrer très fort dans nos bras ceux qu'on aime et de VIVRE le moins vite possible.
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Lauréat du prix Goncourt 2022, j'ai entamé la lecture de « vivre vite » sans connaître Brigitte Giraud.
L'auteure a perdu son mari dans un accident de la route le 22 juin 1999 sur une moto qui n'était pas la sienne, en effectuant un chemin qu'il n'aurait pas dû faire, après avoir acheté une maison qui était pas en vente…
Brigitte Giraud, dans un roman court et percutant, essaie de comprendre ce qui s'est passé, et surtout ce qui aurait pu permettre d'échapper à cette tragédie.
De la météo au créateur de la moto sur laquelle Claude s'est tué, l'auteure retrace, comme tous ceux qui ont vécu un drame, l'ensemble des circonstances qui ont mené à l'irréparable.
Efficace et sans effet de style pompeux, ce livre m'a permis de passer de très bons moments !
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