AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 1867 notes
Les souffrances du jeune Werther/ Johann Wolfgang von Goethe
Publié en 1774 anonymement et remanié en 1787, die Leiden des jungen Werthers est un roman épistolaire, le premier de Goethe. Il lui apporta rapidement notoriété considérable dans toute l'Europe. le fait de mettre en scène le suicide de son héros séduisit immédiatement une certaine jeunesse et fit des émules parmi les candidats au suicide qui costumés à la Werther d'un frac bleu et d'une culotte jaune se précipitèrent dans l'autre monde avec un exemplaire du livre dans leur poche. Il y a une part autobiographique dans ce récit, car les amours de Goethe avec Charlotte Buff déjà promise ont largement inspiré l'auteur.
L'oeuvre est divisée en deux livrets.
Dans le premier, Werther installé à Wetzlar fait la rencontre d'une jeune femme, Charlotte, fiancée à Albert, et en tombe éperdument amoureux.
Dans le second livre, Werther qui a décidé de s'éloigner fait la rencontre d'une autre femme mais il ne peut oublier Charlotte qui entre temps a épousé Albert.
La suite, on la connaît et ni la lecture de la poésie d'Homère ni celle d'Ossian ne pourront consoler Werther de cet amour impossible.
Dans ce roman, on évolue dans une société courtoise et de bonnes manières et comme l'ont dit certains critiques, cette courtoisie passe au laminoir moeurs et sentiments.
Werther est un être entier, incapable de trancher ou de partager, comme frappé d'une inertie violente.
Un certain romantisme baigne toute l'histoire mais un romantisme maîtrisé car Goethe a plutôt la fibre sèche. Il reste un classique du Sturm und Drang.
Goethe crée dans ce roman le prototype du héros romantique dominé par une passion fatale et il émeut toute l'Allemagne et l'Europe entière qui sera alors atteinte par le Mal du Siècle qui les conduit au suicide.
Werther écrit à son ami Wilhelm : « Je me trouve bien ici. La solitude de ces célestes campagnes est un baume pour mon coeur, dont les frissons s'apaisent à la douce chaleur de cette saison où tout renaît. »
Plus loin parlant de Lotte : « Lorsqu'en parlant elle pose sa main sur la mienne, que dans la conversation elle se rapproche de moi, que son souffle céleste peut atteindre mes lèvres, alors je crois que je vais m'anéantir comme si j'étais frappé de la foudre. »
Le livre II se termine sur cette réflexion : « Qu'est-ce que l'homme, ce demi-dieu si vanté ? Les forces ne lui manquent-elles pas précisément à l'heure où elles lui seraient le plus nécessaires ? Et lorsqu'il prend l'essor dans la joie, ou qu'il s'enfonce dans la tristesse, n'est-il pas alors même retenu, et toujours ramené à la morne et froide conscience de sa petitesse, alors qu'il espérait se perdre dans l'infini ?
Un grand classique qu'il faut avoir lu, car il ouvre la voie au Romantisme.
Commenter  J’apprécie          30
⭐️⭐️⭐️⭐️/5

- LA PLUME -

Honnêtement, après avoir lu Faust, j'ai commencé Les souffrances du jeune Werther avec un peu de réticence. Mais dieu que la prose de Goethe est belle dans cette oeuvre ! J'ai été transporté dans la verve de l'auteur, ses mots d'amour, ses descriptions, tout était beau ! Il a réussi à me prendre au coeur, un amour obsessionnel (et pourtant, dieu sait que je suis compliqué à contenter sur ce terrain-là !)

- L'HISTOIRE -

Werther, jeune homme souhaitant vivre de beaux paysages, d'art et de tranquillité, s'installe dans une petite bourgade tranquille. Il exprime à son ami Wilhelm, toute la beauté du monde, de ce qui l'entoure. C'est un jeune homme optimiste ! Mais un jour, il rencontre Charlotte et c'est l'amour fou, un amour qui le consume, qui est plus grand que l'univers ! Elle est la bonté, la beauté et l'esprit même. Néanmoins, cette jeune femme et promise. Cependant, ce n'est pas pour arrêter notre cher Werther qui se liera d'amitié avec Albert, le promis, et entretiendra une amitié toute particulière avec le couple, et surtout avec Charlotte. Mais cette séparation, cet amour impossible le rendra de plus en plus pessimiste. On assistera à la chute de son moral, qui est caractérisé par des problèmes dans le village, par une nature et une météo dépérissant (la bonne vieille méthode romantique). Il ne verra plus les beautés du monde, car tout son univers ne réside que dans un être inaccessible.
Une histoire tragique, triste et qui prend au coeur, notamment quand on s'attache à Werther ! Son amour est particulièrement puissant, vire à l'addiction, à l'obsession. C'est même malsain, mais la plume et la pitié que l'on s'éprend envers Werther nous adoucit les mauvais côtés de son amour pour Charlotte et nous aveugle, avec lui.

- LE PROTAGONISTE -

Werther, c'était un homme qui pourtant voyait et vivaient les choses entièrement. Il respirait la nature, et l'air, voyaient toute sa beauté dans les moindres recoins. C'est un homme qui est particulièrement sensible à toute chose et à toute cause, on le découvre ainsi dans la première partie du récit. C'est un homme bon, résolu, travailleur, calme. Mais qui se laissera envahir par la passion et qui n'en réchappera pas. J'ai beaucoup aimé ce protagoniste, que j'ai trouvé attachant bien que trop obsessionnel.

- CONCLUSION -

J'ai dévoré ce livre, qui m'a complètement happée par son écriture poétique, son personnage déchirant et un amour mortel.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai du faire un effort pour aller jusqu'au bout de ma lecture: j'avoue que je me suis quelque peu ennuyée. Je n'ai pas été sensible aux "jérémiades", avec ses longues tirades, que le jeune Werther déclame avec lyrisme.
Il s'ébahit de tout et je n'ai pas adhéré.
Il faut dire que ces jeunes romantiques aiment se complaire dans une certaine souffrance du coeur et de l'âme et souvent, l'inaction l'entretenait. Ils vivaient avec cette passion douloureuse...surtout de l'esprit.
Cependant, je reconnais la richesse de cette écriture, au subjonctif, avec de fines descriptions...parfois assez naïves de part le sujet.
Mais je ne regrette pas cette lecture qu'il faut connaître et qui est "d'un autre temps".
Commenter  J’apprécie          40
L'autre jour, ce bon vieux Goethe est venu me présenter un roman intitulé "Les souffrances du jeune Werther" et qui, semble-t-il, lui a apporté un certain succès bien qu'on ne l'ait jamais vu passer dans les sections "Livres du moment" ou "La presse en parle" de Babelio. Il m'a dit :
"Je vais te parler d'un gars dont la tranquillité d'âme est bouleversée du jour au lendemain par sa rencontre fortuite avec une dénommée Charlotte, dont les beaux yeux noirs (et aussi le reste) le charment d'emblée. Une forte affinité se créé rapidement entre eux deux, qui apprécient de passer pas mal de temps ensemble. Problème : Charlotte étant déjà engagée auprès d'un autre homme, elle se satisfait volontiers d'une relation d'amitié avec son nouvel admirateur, qui évidemment en aurait voulu davantage. Et l'infortuné a toutes les peines du monde à renoncer à cet amour sans espoir, plongeant ainsi dans les affres de..."
Troublé, je l'ai interrompu : "OK mon cher Johann Wolfgang, assez parlé de mes déboires personnels (d'ailleurs, comment est-il au courant de tous ces détails ?). Et sinon, il raconte quoi ton bouquin ?"...

Bon, en vérité, je n'ai pas reçu la visite du fantôme d'un auteur allemand mort depuis deux siècles. de façon plus banale, je me suis décidé à lire son plus célèbre roman durant l'été dernier, alors que j'étais précisément en train de foncer dans le piège où est tombé le malheureux Werther : comme un avertissement dont, bien sûr, il n'a été tenu aucun compte.

[Interlude scientifique : Il semblerait que les progrès dans l'imagerie cérébrale aient permis de découvrir que le sentiment amoureux a un effet direct sur le cortex préfrontal, c'est-à-dire la zone du raisonnement, du discernement, etc. et qu'il en désactive certaines fonctions essentielles. L'amour serait donc littéralement une maladie mentale.]

Un peu plus de six mois après cette lecture initiale, ayant, à la différence du héros de Goethe, enfin trouvé la force de m'échapper de l'enclos de la Friendzone pour retourner galoper dans les vastes steppes de la Solitude, j'ai eu envie de revenir aux "Souffrances du jeune Werther", en guise de débriefing pourrait-on dire. Cette fois j'ai voulu tenter la version audio, une première en ce qui me concerne et une expérience qui fut très intéressante (ah, entendre le nom de Charlotte murmuré au fond de mon lit... mais je m'égare). La traduction utilisée pour cet audio était la même que celle du livre lu en août dernier, pourtant ma perception en a été très différente : j'ai moins eu l'impression d'une relecture que d'un nouveau texte. Sans doute est-ce dû au changement de support, mais aussi au fait que l'expérience était passée par là.

Au fond, le roman de Goethe est un peu le manuel de tout ce qu'il faut éviter quand on est intéressé par quelqu'un (déjà, le simple fait de tomber amoureux revient à hypothéquer ses chances). Ce qui est terrible avec Werther, c'est qu'il a une conscience aiguë de sa situation, il analyse très bien ce qui lui arrive et sait comment il devrait agir pour sortir de son impasse sentimentale... mais il est incapable de le faire : "Je ris de mon propre coeur... et je fais toutes ses volontés". Difficile de ne pas ressentir une forte empathie ! On voudrait pouvoir lui donner une tape fraternelle sur l'épaule, lui payer une pinte à la taverne de Walheim et aller le brancher avec Mlle de B. à Weimar pour l'aider à oublier la belle et inaccessible Charlotte... sauf que dès l'instant où ses yeux se sont posés sur celle-ci, son destin était scellé : "Je ne vois à tant de souffrance d'autre terme que le tombeau".

Sur la forme, l'écriture de Goethe doit correspondre à tout ce qu'il ne faut pas faire pour être lu en 2023 : certains la décriront comme poussiéreuse, surannée, peut-être même trop emphatique ou empesée. Mais pour ces choses-là comme pour tant d'autres, je dois être plus en phase avec les siècles passés qu'avec notre sinistre vingt-et-unième, donc ça me va très bien.

De ma première lecture, j'avais surtout retenu l'histoire d'amour tragique. En fin de compte, celle-ci est loin d'occuper toutes les pages du roman, bien que l'ombre de Charlotte plane sur chacune de mes... je veux dire, des pensées de Werther. Cette seconde lecture m'a rappelé que le mouvement romantique ne se limite pas à l'exploration du sentiment amoureux : il s'agit aussi d'exalter les splendeurs de la nature, de faire une critique des moeurs de la haute société et des conventions sociales rigides, d'initier une réflexion philosophique sur la vie et la mort... En somme, une lecture bien plus riche que le récit d'une simple affaire de coeur, si tant est que cela puisse être simple.

À tous mes frères en Friendzone (et soeurs : une rumeur prétend que le phénomène concerne parfois les femmes), histoire de vous sentir moins seuls dans votre infortune, lisez "Les souffrances du jeune Werther", et enchaînez avec "Cyrano de Bergerac" pour faire bonne mesure, le héros de Rostand restant le champion inégalé en la matière. Puis allez vous changer les idées, c'est important. Là par exemple je vais trouver du réconfort dans le sucre en préparant mon dessert préféré : une charlotte. Oui, je crois que je suis entièrement guéri. Merci Goethe !
Commenter  J’apprécie          2110
Un livre magnifique qui nous plonge dans la plus intime pensée du jeune Werther. Les descriptions, de nature, de sentiments, de paysages, de pièces, de personnes sons toutes aussi splendides les unes que les autres. L'écriture est, malgré son romantisme exacerbé, facile à lire. Les pages se tournent aisément et Goethe embarque le lecteur dans les sentiments les plus puissants qu'un homme semble pouvoir les ressentir : l'amour et le désespoir dans le cas de Werther.
Commenter  J’apprécie          60
Dans le premier livre :

Werther est un jeune homme qui décide de vivre à W pour tenter de s'établir et d'y faire carrière. Il marche dans la nature, observe le voisinage et il noue des relations avec des personnes dont un bailli. La femme de ce dernier est morte et il élève seul ses 9 enfants en compagnie de sa fille aînée, Charlotte. Werther rencontre Charlotte est il ressent immédiatement une puissante attirance pour elle. Cependant, cette dernière est fiancée à Albert. Werther est amené à le voir et il lui trouve de belles qualités. Amoureux fou de Charlotte, il décide de quitter W et d'aller vivre en ville.

Dans le second livre :

Werther délaisse sa lecture d'Homère pour celle d'Ossian. Il tente de nouer une relation avec une jeune femme. Lors d'un événement social auquel il participe et auquel prend part aussi la jeune femme, il est amené à comprendre qu'il ne fait pas partie de la société aristocratique et il vit très mal cette humiliation. Il quitte la ville et retourne à W plus amoureux que jamais de Charlotte qui est alors mariée à Albert. En lui faisant un soir la lecture, il réalise à quel point son amour pour Charlotte s'avère impossible. Il met fin à ses jours.

Mes impressions

J'ai dévoré ce classique allemand… Je dois avouer que j'adore la littérature épistolaire qui permet à mon humble avis de connaître plus en profondeur les personnages. Je comprends aussi l'engouement pour ce livre. Werther est un jeune homme tourmentée, éveillé, possédant une lucidité désarmante.

«La vie humaine est un songe : d'autres l'ont dit avant moi, mais cette idée me suit partout. Quand je considère les bornes étroites dans lesquelles sont circonscrites les facultés de l'homme, son activité et son intelligence ; quand je vois que nous épuisons toutes nos forces à satisfaire des besoins, et que ces besoins ne tendent qu'à prolonger notre misérable existence ; que notre tranquillité sur bien des questions n'est qu'une résignation fondée sur des revers, semblable à celle de prisonniers qui auraient couvert de peintures variées et de riantes perspectives les murs de leur cachot ; tout cela, mon ami, me rend muet. Je rentre en moi-même, et j'y trouve un monde, mais plutôt en pressentiments et en sombres désirs qu'en réalité et en action ; et alors tout vacille devant moi, et je souris, et je m'enfonce plus avant dans l'univers en rêvant toujours. Que chez les enfants tout soit irréflexion, c'est ce que tous les pédagogues ne cessent de répéter ; mais que les hommes faits soient de grands enfants qui se traînent en chancelant sur ce globe, sans savoir non plus d'où ils viennent et où ils vont ; qu'ils n'aient point de but plus certain dans leurs actions, et qu'on les gouverne de même avec du biscuit, des gâteaux et des verges, c'est ce que personne ne voudra croire ; et, à mon avis, il n'est point de vérité plus palpable.» (p. 49-50)

Je trouve cette citation tellement juste, tellement moderne, que je me retrouve dans cette dernière (satisfaction des besoins, prison de l'être humain, rêve versus action). Werther jette un regard sur la société qui l'entoure et sur la vie. Grâce à ses confidences, Werther partage sa vision et il s'avère facile de s'identifier à lui.

Mais encore, comme le mentionne le titre, Werther souffre. Ses souffrances sont liées aux sentiments qu'il ressent pour Charlotte et à l'impossibilité de concrétiser l'amour qui le consume. le feu de la passion brûle sa chair, imbibe ses pensées, anime son âme. Sa perception de la vie est filtrée par ses sentiments et ses souffrances. Comme il le mentionne à Charlotte car c'est elle qui remet les armes de son mari (qui serviront à son suicide) à son domestique :

«Et toi, esprit du ciel, tu favorises ma résolution, et toi, Charlotte, tu me présentes cette arme, toi des mains de qui je désirais recevoir la mort. Ah! et je la reçois en effet de toi! […]M'aurais-tu fermé ton coeur, à cause de ce moment même qui m'a uni à toi pour l'éternité? Charlotte, des siècles de siècles n'effaceront pas cette impression, et, je le sens, tu ne saurais haïr celui qui brûle ainsi pour toi». (p. 184)

Je ressens à quel point les pulsions de vie versus les pulsions de mort sont étroitement liées (le feu = l'amour, l'arme = la mort).

Werther ne peut concrétiser son amour dans la vie. La seule option qu'il a et sur laquelle il peut jeter son dévolu : l'éternité. Comme il le soulève à Charlotte :

« Charlotte, dis-je en lui tendant la main et en sentant mes larmes couler. Nous nous reverrons! En cette vie ou en l'autre nous nous reverrons!» (p. 106)

Les Souffrances du jeune Werther est un grand livre mettant en scène un homme tourmenté et habité d'une sensibilité artistique hors du commun. Son amour pour Charlotte est immense, tragique, unique. Si vous n'avez jamais lu ce classique, je vous le recommande fortement. Vous allez naviguer dans les méandres d'une âme tourmentée et exaltée. J'espère que vous aimerez autant que moi cette histoire qui a traversé le temps car c'est surtout une magnifique confession amoureuse.
https://madamelit.ca/2022/11/28/madame-lit-les-souffrances-du-jeune-werther-de-goethe/
Lien : https://madamelit.ca/2022/11..
Commenter  J’apprécie          50
Parfois il est bon de tout oublier.
Effacer de notre mémoire tout élément parasite extérieur. Se concentrer sur le texte, rien que le texte.
Je mets un point d'honneur à ne jamais me laisser spoiler par une quatrième de couverture vantant un peu trop les mérites d'une histoire. Un bon roman n'a pas besoin de publicité. de même, les préfaces ne doivent être considérées que comme des explications de texte et, de ce fait, lues après le roman.
Dans l'occurrence qui nous occupe, comme dans généralement le cas de tout auteur mort et enterré ayant un tant soit peu de renommé, on se doit d'écarter les pages « dossier » qui constituent souvent plus que l'oeuvre elle-même, sacrifier consciencieusement les diverses préfaces et ne se laisser distraire par les notes de bas de pages que lorsqu'elles se contentent de préciser un terme, une situation et non fournir un commentaire de texte appuyé. Plus difficile, il est également recommandé d'oublier les vagues souvenirs de lycée que le temps, grand mérite lui fasse, s'est bien souvent chargé de diluer en fines molécules s'évaporant au travers d'une mémoire poreuse.
Bien. Nous pouvons commencer. Goethe a cette réputation de n'être pas tout à fait ce que j'appellerais un rigolo de la première heure, désopilant au fil des pages et à se tordre entre les lignes. Il faut de tout pour faire un monde. Même la gaieté peut être ennuyeuse.
Bref, en ouvrant un tel bouquin on sait d'emblée que ça finira mal. Pendaison, duel qui tourne mal, coup de feu fatal, noyade, que sais-je? Déchéance physique et décrépitude de l'âme.
Pourtant ça commençait bien. le jeune Werther découvre la vie simple et rustique d'un séjour à la montagne. On est fin XVIIIème et le romantisme bat son plein outre Rhin. Werther se réjouit de promenades dans les parcs et de quête de nature, il se régale d'un contact direct avec les éléments, le vent giflant son visage, le soleil réchauffant sa peau, il exulte. le paradis terrestre enfin retrouvé. Les références religieuses ne manquent pas tout au long du roman qui est construit comme une succession de lettres à un ami très cher. Une sorte de journal. Mais l'exergue ne nous trompe pas : cette correspondance nous est livrée par un tiers, à la façon d'un enquêteur qui nous dévoilerait des pièces à conviction. Lorsque le courrier stoppera, cette voix reviendra prendre le relais afin d'en combler les carences.
Werther a tôt fait de rencontrer une jeune paysanne qui le charme par sa simplicité mais c'est une certaine Charlotte qui le trouble, l'émeut et bientôt le bouleverse et l'entraine malgré elle dans la spirale infernale de l'amour non partagé. Aurait-il dû jeter son dévolu sur la paysanne? le combat entre culture et nature, cher aux romantiques, se déploie dans les ressentiments de Werther contre l'âme humaine, trafiquée, qui corrompt du coup l'environnement. Au fil des lettres, le paysage devient plus sombre. du jardin de l'Eden, on passe progressivement aux bas-fonds de l'enfer. Tout ceci se déroule dans la tête du pauvre Werther, dont l'innocente Charlotte a le malheur de le prendre pour ami. Amour et amitié ne font jamais bon ménage, du moins lorsque l'un pense et agit amoureusement et l'autre amicalement. Relation bancale. D'autant que la pure Charlotte est promise à un homme responsable. Werther fait office de jeune garçon, trop idéaliste, qui ne connait pas la vie, n'a aucune expérience et ne se maitrise pas. Globalement, Werther additionne son amour non partagé et son refus du monde tel qu'il est.
Des générations de profs de littérature ont disséqué l'oeuvre de Goethe, lui ôtant finalement tout son suc.
J'avoue ne pas avoir été emballé par cette histoire trop souvent lue, et quelquefois même vécue.
En fait, les Souffrances du jeune Werther pâtissent d'avoir été lues trop tard, venant après toutes les imitations, toutes les répliques, les copies, parfois les plagiats qui ont émaillé les années, les siècles. En découvrant ce roman aujourd'hui, j'ai mis la charrue avant les boeufs. Enfin, l'inverse, vous m'avez compris.
Reste tout de même les réflexions sur la société exposées par le jeune Werther, qui sont parfois en contradiction et préfigurent les classiques du XX° (l'attrape coeur, ne tirez pas sur l'oiseau moqueur). Un texte fondateur donc. Une histoire ordinaire devenue un classique.
Commenter  J’apprécie          10
A l'adolescence, j'ai beaucoup entendu parler de ce roman qui serait responsable d'une vague de suicides dans l'Europe pré-romantique. Bien des années après, j'ai lu ce roman : en effet les sentiments du personnage principal y sont exacerbés et une large partie du roman est consacré à son coeur. J'ai toutefois bien plus étais frappé par la critique en coin de la société d'ancien régime, assez audacieuse pour l'époque.

Commenter  J’apprécie          30
Il y a près le la petite ville De W., un vallon que Wether aime beaucoup. Il y aime tout: les insectes qui y grouillent avec joie, les oiseaux qui chantonnent des mélodies gracieuses, le feuillage reluisant de soleil, les arbres centenaires. Tout est ici le reflet même de la beauté de Dieu. C'est là aussi que vit Charlotte. Lorsque Werther en parle à Wilhelm dans les lettres qu'il lui adresse, les mots lui manquent pour la bien décrire. le mieux est peut-être de l'imaginer quand elle distribue le pain bis comme dessert à ses jeunes frères et soeurs et que sa gentillesse se reflète dans l'amour que lui porte sa famille. Elle a un sourire si doux, des gestes si légers... Pourtant une cousine lui avait bien dit, au jeune Werther, de se méfier, de ne pas tomber amoureux de Charlotte, que Charlotte était l'épouse d'Albert. Albert par ailleurs est un homme bien aimable et, dans ses lettres à Wilhelm, Werther n'en parle qu'en termes élogieux: un homme serein, au sens aigu du devoir, des responsabilités... En un mot le contraire de Werther dont l'enthousiasme déchaîné le fait défendre l'acte criminel d'un larron coupable d'un meutre passionnel. Oui, car Werther brûle de passions, il ne peut souffrir une existence régie par la routine, l'arbitraire de conventions formelles. Werther brûle d'amour pour Charlotte et cet amour, le lecteur le comprendra bien vite, ne peut que mener à une tragédie...

Ce roman épistolaire eut un succès immédiat et international. Il propulsa le jeune Goethe au firmament de la littérature mondiale. À mon avis cela est tout à fait mérité: le roman de 1774 n'a pas pris une seule ride!
Commenter  J’apprécie          80
Je l'ai relu après cinq ans, et c'était comme découvrir une oeuvre. On découvre un personnage hyper sensible, excessif, sanctifiant toute la nature qui l'entoure, invoquant l'infini, dieu pour faire l'éloge de cette vallée si chère à son âme, tel un jardin d'Eden qui ne cesserait de ravir Werther en lui prodiguant tout le bonheur que peut souhaiter un homme.
Tout n'est que transfiguration, poésie, esthétisation qui finira par se confronter au sort funeste qui viendra balayer comme d'un revers de la main la joie du héro, alors tomber sur le mauvais fruit, disons plutôt le fruit défendu sur lequel il exercera une cristallisation destructrice. Tout ne devient que souffrance, les journées ne brillent plus, la nature n'évoque plus aucune sérénité, après s'être ouvert entièrement aux charme de l'univers, son être si sensible et vulnérable l'est aussi aux venins de l'amertume qui vient corrompre tout sur son passage.
Niait et exubérant dans son amour, le refus de Charlotte promise à un Albert ami, puis rival, creusera en lui une profonde plaie, et les souffrances et sa mélancolie le mènerons jusqu'au suicide.

Très difficile de pouvoir vivre avec Werther tant d'émotions si démonstratives, doté d'une vision idéaliste et démesurée sur tout ce qui l'entours, sans doute un personne un peu trop vivant, d'une âme trop vive, pour être saisit comme il se doit par le communs des mortels !
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (6597) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11178 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}