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sur 1850 notes
Goethe, précurseur du romantisme, ne m'avait pas touchée à l'époque (au temps du lycée) comme un Stendhal ou un Flaubert, malgré une langue belle et un romantisme exalté.
Heureusement que le roman était très court, car je m'étais agacée à la longue de cette profusion de sentiments, de ces débordements lyriques ainsi que des atternoiements larmoyants qui regorgent dans cette oeuvre. (niveau 2nde)
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Succès immense dès sa parution en 1774, le court roman de Goethe est à la fois une oeuvre traditionnelle et moderne. Traditionnelle pour sa forme épistolaire (très courant au XVIIe siècle), permettant de voir la subjectivité des souffrances du personnage et le portrait de ses émotions et de son âme. L'écriture est donc comme immédiate et spontanée, mettant en valeur les incertitudes, l'amour contrarié, les mouvements intérieurs et les contradictions de Werther. Grâce à ce genre, l'auteur retranscrit de façon jusqu'au-boutiste les passions intenses de son sujet, car les lettres sont d'un chaos enflammé, elles sont sans limites et d'une violence absolue. Mais plus le récit avance, plus les lettres se font silencieuses jusqu'à faire disparaître le personnage (dans ce cas, la narration devient interprétative et différée, « l'éditeur » des lettres comble le vide laissé par Werther) dans une mort brutale et tragique. Sa parole n'est plus présente alors qu'elle dirigeait le lecteur dans son histoire. La forme moderne du roman vient du suicide de son personnage qui fit scandale à l'époque, car c'était un acte considéré comme anti-moral et religieux et allant à l'encontre des règles sociales.

Le roman de Goethe est aussi profondément romantique, par sa manière de faire un éloge rousseauiste à une nature paradisiaque que Werther met sans cesse en avant. Un retour aux premiers âges de l'humanité et à une nature primitive, pure et édénique dans laquelle la société n'était pas encore dans l'ombre des complexités, de la dépravation et du malheur. C'est un reflet à la fois biblique et homérique, une façon pour Werther de s'extraire de la société aristocratique dans laquelle il baigne, préférant la simplicité du bonheur d'une nature idyllique et cosmique. La naissance de ses sentiments pour Charlotte est celui d'un éveil printanier poussant le jeune homme vers le monde. En parlant de printemps, Goethe dépeint l'évolution des sentiments de son protagoniste en fonction du cycle des saisons, mais aussi, il transforme l'écriture de son personnage. Au printemps, elle prend une dimension lumineuse et sereine. En été, l'écriture est plus fougueuse et ardente, comme si sa passion brûlait de manière illuminée. En automne, le style devient plus morose à mesure qu'il entrevoit l'impossibilité de son amour tandis qu'en hiver, le style est sombre et très tourmenté. À l'instar d'une Nature créatrice et destructrice, les sentiments de Werther se métamorphosent. Toute la construction du livre se fait dans une dichotomie entre la première et la seconde partie : inspiration homérique puis ossianique, stabilité et instabilité, nomadisme et sédentarisme, apaisement et intranquillité, promenades ensoleillées et errances nocturnes…

Goethe en tire donc une oeuvre élégiaque dont Charlotte et ses yeux noirs (dans lesquels se perd Werther comme dans une grotte) représentent une figure de l'impossibilité et de l'insaisissable. Elle devient le vide immense et manquant à la vie du protagoniste, renforçant l'impression de solitude. Cette impression naît aussi des lettres qui sont pour un personnage se trouvant en dehors de l'action et le lecteur ne voit jamais ainsi les réponses adressées à Werther. Il développe dans ses lettres, cette recherche de la solitude et s'isole progressivement en prétextant toujours un nouveau moyen de départ nécessaire afin de se retrouver avec lui-même. Il rentre toujours en lui-même pour trouver un monde. Comme dans le développe la philosophie des Lumières, Werther est un être autonome, un individu avec son espace privé et son intériorité, s'opposant aux cloisons limitées de la société. le personnage ne veut jamais être limité à quelque chose, mais doit subir ces limites inévitables et douloureuses pour l'individu.

Les limites, il les ressent dans un aspect humiliant où l'aristocratie discerne avec mépris la bourgeoisie (milieu d'où il vient). Il fait face constamment à des obstacles, fortifiant son inadéquation à la société dans laquelle il vit. Il est autant blessé dans son amour-propre que blessé amoureusement. Werther se sent comme un enfant innocent dans un monde hiérarchiquement cruel. Tout cela décuple son désir inassouvi et donc la souffrance à laquelle il se confronte dans une grande violence psychologique et physique. le roman est donc d'une grande sensibilité où le coeur prend une place prépondérante et accentue la subjectivité perméable de la narration. Cela aboutit à un trop-plein émotionnel qui provient d'un regard se faisant exclusivement à travers les mouvements de l'âme de Werther. de là, découlent toutes les incertitudes, les hésitations et les non-dits du personnage qu'il ressent constamment en société et avec Charlotte, ce qui rend indicible et changeante sa perception de la réalité, dû également à son imagination renversante. Cette imagination, il a doit à son goût prononcé pour la lecture et c'est à partir de ses lectures et de ses références qu'il devient finalement l'écrivain de sa propre existence, valorisant la modernité de ce magnifique roman intemporel.
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Tous les amoureux de cette période si particulière du 19e siècle, De Musset, Sand, Gautier, Nerval et les autres, ne pourront qu'apprécier cette lecture. Si parfois les descriptions traînent en longueur - défaut usuel dans ce type d'ouvrage-, si parfois les élans de Werther paraissent exagérés, car si éloignés de nos propres habitudes, l'histoire nous porte et nous entraîne jusqu'au bout. On a envie de savoir ce qui arrivera à Werther, envie de comprendre le mécanisme qui l'entraîne. Certains éléments (notamment sur les relations homme/femme et la violence aux femmes) peuvent choquer un lecteur contemporain : attention donc, bien se rappeler en lisant qu'il s'agit d'un livre du 19e, où malheureusement les moeurs différaient grandement des nôtres.
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- LES SOUFFRANCES DU JEUNE WERTHER-

J'ai découvert ce livre à l'université quand ma professeur expliqua l'influence d'un livre dans le monde, une fois ce livre publiait, une vague de suicide s'est produite dans le jeunesse européen aux XVIII siècle. C'est pour ça que maintenant en psychologie on peut appeler cela l'effet Werther, et L'effet Werther correspond au risque de « contagion » suicidaire après la médiatisation d'un cas de suicide ou de conduites suicidaires.

Alors par curiosité j'ai lu, ce livre doit être fait prêt du mouvement du romantisme car le personnage est un personnage typique de ce mouvement artistique. Cela arrive qu'on trouve des suicide dans ce mouvement du romantisme ou du réalisme ( qui est plus lointaine je l'accorde) on a Louise de Chaulieu, Emma Bovary ou encore Therèse de Raquin.

En plus cela est lié à un suicide d'amour, ce qui est assez commun en littérature. Mais je pense ce qui a fait un boum, c'est que ce devait être le premier livre à être écrit dessus.

Ce livre est constitué de deux partie mais aussi on pourrait appeler en quelque sorte un livre épistolaire car nous avons tout les écrit du jeune Werther quand il envoie une lettre à son ami ou encore à la femme qui l'aime, ou de ces écrit personnelle comme dans un cahier avec des dates.
C'était un livre intéressant à découvrir sachant l'ampleur qu'il a fait !

Carlaines
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C'est avec ce roman que Goethe est devenu un des écrivains les plus populaires de son époque non seulement en Allemagne mais dans l'Europe toute entière. L'histoire de Werther et de l'amour impossible qu'il éprouve dans son âme et dans sa chair à l'égard de Lotte (le diminutif de Charlotte dans en Allemand) est présenté à la manière d'une suite de lettres que Werther envoie à son ami Wilhem. le lecteur est le témoin de la lente descente aux enfers de Werther. Dévoré par la passion amoureuse et la culpabilité (car Lotte est promise puis marié à un homme que Werther estime et respecte), Werther passe par les états émotionnels les plus extrêmes sans que jamais l'espoir de pouvoir aimer Lotte en se libérant du corset des conventions sociales ne soit possible. Werther est un être à la sensibilité exacerbé (aujourd'hui on parlerait d'un être hypersensible) qui voit le Monde, la Nature, la Vie et l'Amour comme un témoignage que l'absolu existe et que l'Homme doit tendre vers cet absolu.
Werther aime donc passionnément sans aucune demi-mesure en y ajoutant une exigence morale sans concession. Les tourments de Werther lui rendent la vie impossible et aveuglent son jugement. L'objet de son désir et de son amour est totalement idéalisé et le lecteur est bien en peine de trouver quelques paroles désobligeantes que ce soit à l'égard de Lotte. Werther la voit comme la femme parfaite pour sa beauté (Goethe insiste sur son regard) mais aussi la qualité de son âme faite d'une grande bonté et d'une non moins grande sensibilité. Werther ne reproche rien à Lotte et s'accuse de tous les maux en retour. Cette histoire d'amour impossible se termine par le suicide de Werther (un scandale à l'époque).
Pourtant il semble que Lotte, cet être bon et raisonnable, ait des sentiments amoureux pour Werther mais que par conformisme et aussi par peur, elle lui cache quasiment jusqu'au dernier jour.
Goethe est ainsi l'auteur d'un livre subversif pour l'époque puisqu'il remet en question les pesanteurs et le carcan moral qui pèse sur la société de son temps. La pureté des sentiments de Werther et son refus de céder aux sirènes de la résignation et au conformisme nous rendent ce personnage profondément humain. La vie humaine n'est donc qu'une suite de défaites interrompue parfois par des périodes de paix relative où l'être humain peut effleurer fugacement l'absolu.
Dans une citation célèbre Goethe nous dit qu'il aime celui qui rêve l'impossible. Ce roman est l'histoire d'un jeune homme qui préfèrent mourir plutôt que renoncer à l'impossible.
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Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître ! On a peine à croire que Werther précède les Liaisons dangereusesDe Laclos tant celui-ci est un représentant parfait du XVIIIe siècle quand celui-là annonce le romantisme qui n'adviendra en France qu'au XIXe siècle.
Et c'est romantique en diable : par la passion amoureuse contrariée, par l'expression de la douleur, par la nature, omniprésente dans le récit. le roman se présente pourtant, comme beaucoup au siècle des Lumières, comme un roman épistolier dont on n'aurait les lettres que d'un seul des correspondants. La fin est même confiée à un "éditeur".
La langue est celle du XVIIIe siècle, simple et coulante. Mais que de fougue, que d'emportements, que de transports sont rendus dans cette belle langue ! C'est un roman quasi sans intrigue, tout est tenu par la passion de Werther. du moment qu'il la rencontre, toute la réalité pour Werther passe par Charlotte, son appréciation de la nature comme ses rapports avec les autres êtres.
Je me suis étonnée d'avoir autant apprécié ce roman si exalté, d'avoir été portée jusqu'au bout par les épanchements désordonnés de Werther. C'est plutôt inhabituel pour moi. Je rends hommage au talent de J.W. Goethe.

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A vous faire chavirer. Immersif et tragique. Un peu trop insistant sur le sujet. Peu être redondant lorsqu'il évoque ces sentiments.
Même en le lisant en diagonale on s'enrichit de sa prose et l'on applaudit les procédés littéraire. Très beau, à lire lorsqu' on a pas de problème mentaux par contre car très suicidogène (effet Werther)
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Que dire de plus sur cette romance, prélude au Sturm und Drang qui fit frissonner d'amour et de désespoir toute la jeunesse du XVIIIe siècle ?

Werther est un jeune homme tout transporté, qui tombe éperdument amoureux de Charlotte. Fort de ce sentiment amoureux, le voilà qui s'immisce dans son intimité, rencontre ses frères et soeurs, et même son époux. Aujourd'hui, Werther serait sans aucun doute un sacré harceleur, malgré les efforts qu'il déploie pour se convaincre de la rationalité de ses actes et son argumentation permanente qui transparaît dans ses lettres...Dans lesquelles il ne cache rien de ses flammes et de ses transports, de ses orages, des rougissements, des troubles, des regards, des frôlements, tout cela est diablement sensuel !

Je dois avouer que j'ai ouvert ce bouquin pleine d'a priori, mais que ma lecture s'est avérée ô combien divertissante malgré le côté désuet et totalement absurde de cet amour si fort...On notera aussi la transgression totale de l'auteur sur le tabou qu'était le suicide à l'époque. Bref, une lecture très chouette, et bien loin de la littérature allemande à laquelle j'étais habituée !
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Au delà de l'impact extraordinaire que l'oeuvre a pu avoir sur la jeune génération de l'époque ( et les suivantes ), « Les souffrances du jeune Werther », roman épistolaire à une seule voix ou presque, renvoie aussi aux propre vécu de Goethe ( on sait par exemple que Goethe était un très bon peintre, détail qui a son importance dans le livre ), à son lien intime avec la nature et surtout à ses désordres thymiques ( dépression / exaltation ) omniprésents dans les souffrances du héros . Sa générosité, son amour des enfants, sa faculté d'être en phase avec tout ce qui l'entoure sont des éléments assez évocateurs du tempérament de Goethe . L'amour malheureux et obsessionnel qu'il éprouve pour Charlotte, s'il représente le Sturm und Drang, traduit aussi les bouleversements du coeur et de l'âme qui n'étaient peut être pas étrangers à Goethe
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Goethe place l'exposition dans un cadre tranquille afin de démontrer la capacité de Werther à se calmer et à s'observer ainsi que les autres sans jugement sévère, capacités que Werther perdra lorsqu'il commencera à osciller entre la manie et la dépression. L'amour non partagé de Werther pour Charlotte est le moteur du récit global du livre. Ses actions dictent sa santé mentale. le bal est l'incident déclencheur du livre, et c'est une frénésie d'activité en comparaison avec les précédentes activités solitaires de Werther dans la nature au cours de l'exposition. L'orage de fin de soirée constitue un premier point culminant qui symbolise à la fois l'euphorie que Werther ressent en présence de Charlotte et illustre que, comme l'éclair, ces sentiments exacerbés sont à la fois électrisants et dangereux.

C'est donc l'histoire d'un jeune homme sensible et artistique qui démontre les effets fatals d'une prédilection pour les absolus, qu'ils soient ceux de l'amour, de l'art, de la société ou de la pensée. Comme il est incapable de concilier ses fantasmes et ses idées intérieures et poétiques avec les exigences du monde quotidien, Werther s'engage sur une voie dangereuse
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