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3,75

sur 1857 notes
Les souffrances du jeune Werther, un roman à lire absolument?
Pas pour ma part.

On m'avait vendu ce livre de Goethe "inspiration du romantisme" "grand classique de l'amour tragique"… il aurait même déclenché à sa sortie une vague de suicides dans la jeunesse allemande.

Certes, j'ai aimé l'histoire (qui m'a captivée et que j'ai terminé en une matinée), les belles descriptions de la nature "état d'âme", et les personnages (bien qu'assez classiques finalement), mais ce n'est pas un livre qui me marquera profondément comme le furent certains autres, pourtant moins réputés.

Je nuancerai simplement mes propos en disant que, tout de même, Goethe a eu un éclair de génie en écrivant cette histoire. L'évolution de Werther est finement menée et les sentiments qu'il ressent sont passionnés et réels. Malgré une certaine déception, il faut reconnaître que ce roman est assez virtuose. Peut-être ne suis-je tout simplement pas réceptive au style romantique trop exalté, voire agaçant par moments.
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Une oeuvre majeure tant par son "apport" à l'histoire de la littérature que par ses qualités intrinsèques.

Ces souffrances, je les avais lues il y a une quinzaine d'années. Je les avais lues sans m'en souvenir. Moins que lues, j'avais dû les survoler. Impossible de m'en rappeler la teneur.

Je m'y suis donc replongé avec quelle délectation. Point de mièvrerie et un roman épistolaire qui semble intemporel. Alors bien sûr la suite de l'histoire de la littérature, de la poésie, du cinéma vont multiplier les personnages romantiques. Mais les souffrances de Werther renvoient aux premiers amours, aux amours adolescents incandescents, tellement forts et complets qu'ils brûlent tout et surtout la perspective. L'amour de Werther pour Charlotte est tout, il s'aime de l'aimer, il s'aime parce qu'elle l'aime. Dans quelle mesure, l'amour que l'on porte à l'autre est-il narcissique?

La conquête, la drague, les prémices sont-elles plus fortes que l'acte d'amour? L'intensité qui précède le premier baiser n'est-elle pas plus puissante que le baiser lui-même.

Tout cela paraît réchauffé, vu et lu mille fois. Et pourtant, je me suis pris, surpris par la réminiscence de ces élans d'ado passionnés. Fredonnant, les amoureux des bancs publics, je m'attristais à la lecture de l'érosion de ces passions et de la germination d'un cynisme croissant avec l'âge.

Les souffrances du jeune Werthe est sans nul doute une oeuvre pionnière de la littérature mais également un roman intemporel, un véritable classique.
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Je n'avais jamais pris le temps de lire ce classique de la littérature et pourtant il marqua en son temps (1774) un tel engouement qu'une génération entière se retrouva prise dans la passion romantique du livre. En effet, nous retrouvons dans ce roman un jeune homme qui aime la vie de tout son coeur. Voilà qu'il rencontre et tombe amoureux d'une femme promise à un autre. C'est rempli de poésie que cet auteur de génie nous dépeint l'amour, ses promesses et ses beautés, son désespoir et sa puissance absolue. Je n'ai pas beaucoup de bagages pour la litterature. J'aime énormément en lire, cependant je n'ai pas fait d'études pour en apprécier chaque tournure de phrase (Il a fallu que je fasse un choix un jour dans ma vie, - d'un côté l'édition et de l'autre la médecine - celui ci m'amena loin de l'étude des livres, pour m'accompagner sur le chemin de mes ancêtres guérisseuses).
Sans aucun doute je vous conseille ce chef d'oeuvre, mais également les analyses qui ont été faites que l'ont peut retrouver facilement.
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J'avais trouvé mièvre ce roman de Goethe à l'adolescence.

Il n'en est plus de même aujourd'hui, non que je sois devenue « fleur bleue », mais au contraire parce que ma lecture n'est plus centrée exclusivement sur l'amour malheureux de Werther.

J'ai été sensible au style libre et spontané, aux phrases non terminées, suggérant la pensée non dite qui affleure. J'ignorais qu'on pût écrire ainsi à la fin du 18ème siècle ( la présente traduction respecte l'écriture de Goethe) ;

J'ai vu le brasier charnel dans lequel se débat le héros : je n'avais perçu à 16 ans qu'une passion cérébrale un peu forcée, ce qu'elle n'est assurément pas ; même si sa naissance contient de l'artifice ( on sent bien Werther disponible, avide de vivre une grande histoire ) ; même s'il y a incontestablement des poses de sa part ( que moque l'auteur au passage : « Que je m'adore depuis qu'elle m'aime ! » ) ;

Il y a cette blessure d'amour-propre permanente du bourgeois en butte à l'arrogance de caste des nobles dont il se sent pourtant l'égal : cuisantes humiliations ;

Il y a ces raisonnements brouillés par la passion dont la plume de l'auteur excelle à restituer le naturel : comme il arrive dans les débats d'idées lorsqu'on mélange une thèse avec la thèse adverse pour justifier à tous prix une opinion (ici Werther défend le suicide comme un acte courageux tout en soutenant qu'étant le résultat d'une maladie de l'âme, on ne saurait en rendre le malade responsable ).

Il y a enfin, au gré des rencontres de Werther, une puissante évocation des mécanismes de projection, au point qu'un être aussi romantique que lui se sent proche du violeur et de l'assassin dont il plaide la cause auprès des autorités.

Finalement, cette histoire n'est pas une histoire à l'eau de rose.


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Je ne savais pas que l'on pouvait décrire l'amour désespéré avec une telle force.

Le jeune Werther m'a paru au début très serein, en harmonie même avec la nature qui l'entoure, appréciant chaque détail de la vie, chaque arbre, chaque rencontre. Un jeune homme plein d'avenir. L'explosion d'émotions fortes et d'emportement qu'il manifeste régulièrement après sa rencontre avec Charlotte, dès lors qu'il se retrouve enchaîné à elle corps et âme, constitue une vraie rupture.

Comme son cheminement a résonné en moi. Moi aussi j'ai sombré dans un coup de foudre désespéré. Moi aussi je me suis incrusté dans la famille de ma belle, quitte à y rencontrer son « amoureux » qui me paraissait ne pas se préoccuper d'elle. Moi aussi j'ai souffert et espéré pourtant.
Moi aussi je suis parti, loin. Et cela m'a été bénéfique. Werther m'a paru sauvé lui aussi. Son travail auprès de l'ambassadeur semblait si efficace, au moins pour oublier Charlotte. Même s'il n'appréciait pas ce fat d'ambassadeur, il a fait de belles rencontres. Mais une autre souffrance l'attendait : le mépris de classe.
Mais je me trompais. Charlotte n'a jamais quitté ses pensées. Werther est revenu espérer et souffrir, entretenir son désespoir, et malheureusement gamberger. Cercle vicieux. Pente fatale.

La joie ou dans l'abattement se semble cependant n'avoir aucun effet sur la qualité de son expression écrite. Serein ou énervé, c'est toujours sublime. La traduction de Pierre Leroux date de 1865. Même revue par Christian Helmreich, elle reste profondément « stylée », poétique. On n'écrit plus ainsi aujourd'hui, et c'est dommage. Au-delà de l'histoire, la langue est merveilleuse.
Je me serais juste passé de la reproduction des chants d'Ossian, supposés traduits par Werther, qui prennent beaucoup de place. Il faut admettre cependant qu'ils sont pour beaucoup dans la scène théâtrale entre Charlotte et Werther, peu avant la fin.

Un grand plaisir de lecture.
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Ce roman épistolaire célèbre m'aura bien déçu. Je suis un lecteur de la Nouvelle Héloïse qui le prime en tout point, et qui a été publié treize ans avant : une meilleure psychologie des personnages, un style plus affirmé, un triangle amoureux plus intelligent, une fin mieux fagotée, une morale plus sérieuse, un pessimisme mieux assumé… La seule chose qui a pu porter atteinte à la renommée de la Nouvelle Héloïse est sa relative longueur. Ce roman reste novateur, mais pour les amateurs de grandes romances contrariées et de triangles amoureux, préférez donc l'original à la copie ! A ceux là, je conseille également La Princesse de Clèves, plus profond et d'un intérêt historique plus poussé, Les Liaisons dangereuses, qui tirent plus habilement parti de la forme épistolaire, ou encore, en plus provoquant, Manon Lescaut, de l'Abbé Prévost.
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2007, souvenez-vous : à l'époque, on ne disait presque plus « tiens, passe-moi ton portable » mais « tiens, passe-moi ton Nokia ». Oui, aux plus jeunes de ceux qui liront cette contribution, cela pourra sembler étrange. (Aznavourophiles de tous âges, fredonnez avec moi : « Je vous parle d'un temps, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… ») En effet, Nokia, en ce temps-là, caracolait en tête des ventes de téléphones mobiles depuis une dizaine d'années ; Nokia était partout, ce qui s'appelle partout, mais, mais, mais…

… en 2007 est sorti l'iphone. Très stoïquement, Nokia a regardé ça de loin, n'y croyant guère : le smartphone, pour cette entreprise, c'était une tocade, un élan passager… Et puis, et puis, quelques années plus tard… Nokia mettait la clef sous la porte ! le smartphone était roi, Samsung assis sur le trône. (Bien fait pour Apple, ils n'avaient qu'à vendre leurs cochonneries un peu moins cher ; ça leur apprendra !)

Eh bien, toutes proportions gardées, la publication des Souffrances du jeune Werther eut à peu près le même effet sur la littérature de son temps que l'introduction de l'iphone dans le paysage de la téléphonie mobile. Par rapport à ce qui s'écrivait au XVIIIe siècle, nul doute que Goethe a lâché une vraie bombe, qui a éclaté en pleine face des lecteurs contemporains.

Pour faire court, il a écrit en 1774, rien moins que… le premier roman du XIXe siècle ! Il a dynamité la syntaxe, bouleversé la narration, mis à la mode le romantisme et donné un grand coup de pied quelque part au roman de son temps. J'imagine que les lecteurs d'alors devaient en perdre leur perruque poudrée tant ça décoiffait.

Alors il est vrai qu'à présent, chers utilisateurs de smartphones, l'usage de cet appareil vous apparaît « normal », exactement comme l'écrit de Goethe peut apparaître « normal », surtout si on le compare avec ce qui s'est écrit par la suite au XIXe siècle. La différence, vous l'aurez compris, c'est que Johann Wolfgang Goethe avait juste entre un quart et un demi siècle d'avance sur son temps, excusez du peu.

Bon, il suffit avec ces préambules : quels sont les faits ? Première innovation intéressante : le roman épistolaire incomplet. le roman épistolaire était très à la mode en ce temps-là, mais Goethe a l'idée de supprimer les lettres du correspondant de Werther, si bien qu'on a l'impression que celui-ci s'adresse directement à nous, lecteur.

Ceci lui permet, deuxième innovation, d'adopter une liberté de ton et d'expression inusitée jusqu'alors. Tout ceci donne une impression de " naturel " à cette littérature, car il nous parle, comme en confidence, en exprimant bien toute sa subjectivité, tout ce qui lui plaît ou lui déplaît dans ce qu'il voit et ce qui l'entoure. Il donne son avis, émet des jugements. Certains sont assez convenus, d'autres franchement iconoclastes (en tout cas pour l'époque).

Autre thème, qui peut paraître ordinaire de nos jours mais qui ne l'était certainement pas au XVIIIe siècle : le mariage d'inclination. Et, qui plus est, la passion amoureuse « à la vie, à la mort ». Sans oublier, n'est-ce pas, sans quoi ça ne serait pas du vrai romantisme, l'évocation du thème champêtre, des éléments, comme le vent, la neige, les arbres, les pierres, et, mieux encore, la mousse incrustée sur les pierres, surtout si elles sont tombales, vous voyez, ce genre de choses.

Les grandes randonnées, sur les monts sur les veaux, enfin les vaux je voulais écrire, les nuits tombantes, les folles averses, les états d'âmes, mais aussi, les pensées adultères, voire, les envies de meurtre ! Ah, ah ! Intéressant, n'est-ce pas ? L'auteur s'en donne même à coeur joie pour égratigner, à chaque fois qu'il le peut, la bonne vieille religion chrétine, euh…, chrétienne, je voulais écrire. Eh oui ! Il y m'est tout cela, dans sa mixture, le grand J. W. G. (non, détrompez-vous, ça n'est pas l'acronyme allemand pour I. V. G., d'ailleurs il n'y a encore rien à interrompre car, à ma connaissance, il n'y a point encore eu consommation de l'acte d'amour entre les deux sucreries en question, le Werther original et sa Charlotte).

Alors, ça pourrait paraître un brin cul-cul, dit comme ça, mais en réalité non : Goethe sait très bien mener son récit, avec tout ce qu'il faut pour que cela passe très bien, même de nos jours, après bientôt deux cent cinquante ans de publication. Mon seul bémol sera pour le finale, moment où une espèce de narrateur extérieur vient nous alourdir la mayonnaise et nous assommer au passage des traductions des poèmes d'Ossian faites par Werther. Bon là, je dois reconnaître, j'ai bâillé à faire pâlir un hippopotame, si bien que mon impression terminale s'en trouve un peu amoindrie.

Pour le reste, au moins pour le rôle majeur que joua cette oeuvre dans l'histoire de la littérature et des idées, et même si ça n'était que la seule raison, je vous invite à la découvrir, si tel n'est pas le cas. Je vous invite également à prendre vos distances avec tout ce qui est exprimé ici, car, bien entendu, cet aliment fade, cette pâte molle, ne sont que les souffrances d'une vieille libertaire, des souffrances qu'un jeûne fait taire, c'est-à-dire, convenons-en, bien peu de chose.
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Très belles pages sur la souffrance d'aimer quelqu'un qui n'est pas insensible à ce sentiment, mais ne peut y répondre parce que déjà engagé, tout cela enrobé d'un lyrisme rendant grâce aux beautés de la nature. C'est très bien écrit mais forcément un peu décalé à l'heure de tinder et adopteunmec... Ames sensibles, attention, cela finit mal!
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Cela fait longtemps que je veux lire « les souffrances du jeune Werther » et par la même occasion découvrir Goethe. Mais ce roman me faisait peur, je craignais une lecture difficile. La critique d'Oliv m'a rassurée sur ce point et m'a pleinement convaincue de m'atteler à cette lecture. J'ai bien fait de dépasser ces craintes.

Oliv avait totalement raison, « les souffrances du jeune Werther » s'avère un roman facile à lire et très accessible malgré son statut de classique du 18ème siècle. Je ne vais pas proposer ici un avis objectif sur le fond ni la forme du roman. Oliv le fait très bien dans son excellent billet que je vous invite à aller lire pour vous faire un véritable avis. Je vais me contenter ici de dire pourquoi j'ai été tant émue par ce récit.
Je parle d'émotion mais en réalité, cela va au-delà de l'émotion, j'ai été bouleversée. Et en fait, ce n'est pas tant par le récit de cet amour non partagé que j'ai été touchée mais par le personnage de Werther. J'ai ressenti une telle connivence avec lui… Pas vraiment pour l'histoire d'amour malheureux en elle-même, même si je la comprends et si j'en ai déjà ressenti les affres. C'est vraiment la personnalité de Werther qui m'a remuée le coeur. Je suis très proche de lui. Cette proximité d'âme ne pourra, selon moi, être vraiment ressentie que par les gens non normés. Seuls ceux qui ont en eux cette extrême sensibilité pourront comprendre pleinement ce que ressent Werther. Cette sensibilité qui fait ressentir si intensément les belles choses comme les mauvaises. Cette sensibilité qui mettent les larmes aux yeux lorsqu'on contemple la beauté de la mer, la grâce d'une mésange ou la fragilité d'une fleur sous le vent. Cette sensibilité qui donne envie parfois de crier au monde combien je l'aime. Cette sensibilité qui fait que son coeur se déchire face à ce qui, pour les gens normés, ne seraient qu'une petite contrariété. Cette sensibilité qui fait d'une peine de coeur banale une tragédie digne des romances les plus émouvantes. Si vous êtes le genre de personnes, et je dis cela sans jugement, tant mieux pour vous, qui parvient ne pas prendre à coeur, de façon exacerbée, les soucis quotidiens, vous ne pouvez pas pleinement comprendre Werther. Si vous êtes le genre de personnes qui ne pleure pas en revoyant la mer 15 ans après l'avoir vue la dernière fois, vous ne pouvez pas comprendre Werther. Si vous êtes le genre de personnes qui ne meurt pas chaque fois que l'être aimé semble être distant, vous ne pouvez pas comprendre Werther.
Je comprends pleinement Werther, car je suis comme lui. Comme Werther, chaque sentiment, chaque émotion, je les vis avec une force et une intensité qui me ravissent parfois et me brisent souvent. Ces sentiments emplissent entièrement mon coeur et mon âme et les submergent.

J'ai bien conscience que ce billet ne contient aucune idée, n'est en rien pertinent ni enrichissant. J'étais incapable de proposer une chronique argumentée ou réfléchie, je ne pouvais que laisser mes sentiments s'exprimer. Werther a rejoint Mme Bovary et Merricat (de « Nous avons toujours vécu au château » de Jackson) dans mon petit sanctuaire personnel qui réunit les personnages en qui je me reconnais, mes frères et soeurs d'âme.
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Je pose un pied dans les "Classiques" et j'ai voulu découvrir cette oeuvre de Goethe. Mais quelle plume !
"Nous nous plaignons souvent, dis-je, que nous avons si peu de beaux jours et tant de mauvais. Si notre coeur était toujours ouvert au bien que Dieu nous envoie chaque jour, nous aurions alors assez de force pour supporter le mal quand il se présente."
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