Une fois encore, me voilà conquise par la littérature russe. Je n'avais de
Gogol que
le Nez, mais je me suis trouvée éblouie par les Ames Mortes, histoire de Tchitchikov, un magouilleur parcourant la Russie tsariste pour racheter aux propriétaires terriens les noms des paysans décédés depuis le dernier recensement. Cette histoire au thème farfelu pour la lectrice ignorante de la société russe que j'étais avait déjà tout pour attirer mon attention, et, au travers de ce roman, j'ai (re)découvert avec plaisir (et quel plaisir !) l'humour en littérature.
On ne le dit pas assez, on ne le met pas assez en avant : les classiques de la littérature peuvent être drôles. Clownesques, même. Les personnages baragouinent le français par snobisme au milieu de la haute société, grimacent devant leur miroir lorsqu'ils sont seuls, tombent tête la première de leur cariole par temps boueux. Les personnages tous plus minables les uns que les autres se confrontent, le radin et le prodigue, la vieillarde rachitique et l'ogre musculeux. Mais, Les Ames Mortes, ce n'est pas qu'un fantastique bestiaire.
Le talent de
Gogol, c'est de savoir dépeindre les gestes du quotidien dans leur précise nullité : l'utilisation d'un cure-dents, la difficulté de retirer ses bottes de cuir, la niaiserie des mots tendres entre amoureux… en bref, on passe son temps à rire des personnages de cette drôle de société gesticulante. D'ailleurs, les personnages apparaissent très vite comme les pantins du narrateur, qui interrompt la fiction pour s'excuser auprès du lecteur de lui présenter de si vulgaires figures, et n'hésite pas à discuter de choses et d'autres avec le lecteur de manière complètement artificielle, à ma grande joie.
Je n'ose en dire davantage, car il vous faut vous laisser le plaisir de la découverte. Je compte bien continuer à lire du
Gogol, et je vous invite à en faire autant !
Lien :
https://www.instagram.com/p/..