Puisque je n’ai plus aujourd'hui le loisir ni les moyens de retourner en Orient, je veux au moins m’en consoler en retraçant ici les douces émotions du plus beau des voyages fait en bonne et aimable compagnie du grand artiste et de son excellent neveu. J’ose espérer, lecteur, que, grâce à l’illustre patronage d’Horace Vernet, vous aurez la patience ou la curiosité de me lire. Le désir que j’ai d’être sincère et vrai, suffira pour m’excuser à vos yeux si je ne suis ni savant ni écrivain habile, mais simplement un humble artiste parti joyeux, armé de ses crayons et d’un daguerréotype, avec le désir de meubler sa mémoire et d’enrichir son imagination par des spectacles nouveaux.
On sent déjà la chaleur du Levant par les nombreux insectes qui nous importunent; néanmoins, en dépit de leurs bourdonnements, de la dureté des lits, et sous nos moustiquaires de mousseline qu’agite la brise de nos croisées entrebâillées, nous goûtons les douceurs d’un sommeil émaillé de rêves où le passé renaît et l’avenir s’ébauche.