En 1984 paraît
le silence de la forêt, premier roman d'
Etienne Goyémidé, un Centrafricain. Cet ouvrage, récit d'un séjour à la limite de la Centrafrique et du Congo, est, nous dit l'éditeur qui le présente en dernière page,
« L'histoire d'une quête : celle d'un homme qui décide brusquement de tout abandonner, argent, métier et prérogatives sociales, pour repartir à zéro et découvrir le sens profond de son existence » [1].
Mais au-delà du personnage central, ce qui frappe, dans le roman, c'est la masse de renseignements qu'il donne sur les Pygmées Babingas - au milieu desquels le héros est parti vivre. .......
L'histoire personnelle du héros illustre le dernier stade de cette rencontre : en l'épousant, Kaliwossé avait changé de monde, et leurs enfants sont des métis, mi-noirs mi-pygmées. le roman retrace ainsi, au fil des pages et au travers des personnages, l'histoire des relations entre villageois noirs et Pygmées.
Toute une tradition romanesque, en Afrique et ailleurs, s'est toujours attachée, en s'appuyant sur une observation minutieuse, à donner une image fidèle et complète du réel, une image exacte de la vie. le roman de Goyémidé se rattache, nul doute, à cette tradition de réalisme et se rapproche par là des récits scientifiques qui l'ont précédé, apparaissant comme un ouvrage habile de vulgarisation destiné à un public qui n'aura jamais accès aux documents d'ethnologie.
Mais il est plus que cela : évocation du passé et critique du présent, peinture de la ville et de ses hommes « caméléons » (p. 52) et du village avec ses « coqs aux voix enrouées » (p. 46), son instituteur et ses commères, analyse de caractères, son-et-lumière dans la forêt, adhésion à la réalité et appel à l'imagination, tantôt mordant et tantôt pathétique,
le silence de la forêt est aussi une oeuvre d'art.
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