AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 115 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un roman policier qui sort largement de son cadre. Outre les qualités de suspense inhérentes au genre, ce roman offre une bonne dose d'humour, une pincée d'ésotérisme et de curiosité (due essentiellement à son attachante héroïne, détective privée), mais c'est aussi un brûlot dénonçant le laxisme des autorités américaines devant le sinistre provoqué par l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005.

C'est un roman qui se lit avec plaisir et intérêt. Plaisir dû essentiellement à la découverte de la plus grande détective du monde, Claire DeWitt auto-consacrée par elle-même (et un peu par ses pairs). C'est un personnage au charisme certain qui ne renonce à rien pour parvenir à ses fins, et surtout pas à un petit joint accompagné d'une bière ou autre alcool euphorisant pour lire dans la mousse ou les vapeurs de beuh des indices pouvant servir sa cause, et celle de ses clients. Ce petit cocktail aide aussi à révéler la personnalité de Claire, son parcours, ses amours, ses mentors, ses ennuis, ses emmerdes.

Roman qui se lit aussi avec beaucoup d'intérêt car les conditions de vie, après le passage de Katrina, sont ahurissantes de... rien. Rien en fait n'a été fait pour secourir au moment du drame les habitants, et rien n'a été entrepris pour reconstruire cette partie du pays un an et demi après. Cette partie là du pays est invisible aux yeux des capitalistes américains. On se souvient d'ailleurs avec quelle célérité le président Bush s'est rendu sur place pour constater les dégâts et le nombre de morts engloutis par cette tragédie.
Les personnages du roman, et plus particulièrement les adolescents sont mis en lumière ici. On découvre avec beaucoup d'émotion leur quotidien, leur manque de repères, les chocs post-traumatiques dont ils souffrent presque tous. Entre drogue, alcool et armes à feu, ils se sont construits un univers digne de Dallas, impitoyable. Mais l'auteur essaie toujours de trouver des circonstances atténuantes à leurs actes, et la lectrice que je suis a largement accepté ce postulat.
Cependant, comme elle le déclare plusieurs fois, le « happy-end » n'existe pas !

Un an et demi après le passage de Katrina, la Nouvelle-Orléans soigne toujours ses plaies béantes. Et Léon, héritier du substitut du procureur Vic Willing, n'en finit pas de se poser des questions sur la disparition au même moment de son oncle. Pour trouver enfin des réponses, il engage la plus grande détective au monde, Claire DeWitt...

Un roman envoûtant où le carnaval, le vaudou, le rêve s'emparent parfois de l'histoire pour estomper l'image de destruction des vies et de la ville. Un roman caustique pour dénoncer le manque de reconnaissance des populations détruites par l'ouragan. Un roman plein d'humour face aux réactions de son héroïne, personnage loufoque et un peu cinglée. Bref de bons ingrédients pour une lecture addictive.
Commenter  J’apprécie          464
Un an et demie après l'ouragan Katrina, la Nouvelle-Orléans n'en finit pas de panser ses plaies. Porté disparu lors de l'inondation et déclaré mort, le procureur Vic Willing a légué tous ses biens à son neveu Léon qui aimerait connaître les circonstances de cette disparition. Il fait appel à celle qui s'est autoproclamée meilleure détective du monde, l'étrange Claire DeWitt. Originaire de Brooklyn et exilée à San Francisco, Claire a vécu un temps à la Nouvelle-Orléans, jusqu'à la mort de Constance, son amie et mentor. Dix ans après, elle revient dans une ville dévastée où les séquelles de la tempêtes sont encore très présentes dans les rues et dans l'âme des habitants. Bien décidée à faire toute la lumière sur la mort du procureur, la jeune femme, adepte de Jacques Silette, le célèbre détective français, promène ses démons dans une ville où la violence est devenue la norme.

35 ans au compteur, mais elle en avoue 42 pour paraître plus crédible, Claire DeWitt est l'un des deux atouts majeurs de ce polar noir. Légèrement barrée, mais très confiante en ses capacités, elle est toujours prête pour une biture ou un pétard, même trempé dans l'acide. Son livre de chevet est Détection, l'ouvrage majeur de Silette, un détective français dont Constance, celle qui l'a formée, a été très proche. Cet ouvrage mystérieux détient la clé de tous les mystères, pour peu qu'on puisse en comprendre tous les secrets. Silette est apparu très tôt dans sa vie, quand elle vivait encore à Brooklyn et explorait l'hôtel particulier de ses parents, partiellement désaffecté, avec ses deux meilleures amies, Tracy et Kelly. La disparition de Tracy, un jour de 1987, reste d'ailleurs sa plus grande blessure. Une enquête jamais résolue que Kelly, continue de mener seule, battant froid à Claire depuis qu'elle a abandonné les recherches. Bref, avec ses failles, ses délires, son non-conformisme et ses méthodes très personnelles, Claire DeWitt est un personnage à découvrir et dont la suite des aventures promet d'être haute en couleurs.
Deuxième atout : la Nouvelle-Orléans, touchée mais pas coulée par Katrina, la ville se relève d'un long cauchemar dont les traces restent vivaces. Mystérieuse, secrète, la belle de Louisiane expose ses blessures à la vue de tous ceux qui l'ont regardée se noyer. Drogue, meurtres, vols, agressions en tout genre sont le lot des gangs de jeunes qui traînent leur mal-être dans des quartiers en ruines, livrés à eux-mêmes, sans repères. Corruption, racisme, taux d'homicides le plus élevé du pays, tel est le visage de la Nouvelle-Orléans qui n'a pourtant pas renoncé à sa sève, le carnaval, le vaudou, le mystère. Une ambiance mêlant noirceur et espoir que rend très bien Sara Gran dans ses descriptions d'une ville qui ressemble à une zone de guerre mais que les survivants continuent d'aimer.
L'atmosphère de la Nouvelle-Orléans, une détective atypique, une intrigue qui tient la route, de bons ingrédients pour un polar qui vaut plus pour son ambiance que pour son suspens mais mérite vraiment que l'on s'y arrête. Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          430
Un polar atypique, un cadre envoûtant et un personnage attachant amené à devenir récurrent : trois ingrédients d'une recette qui fonctionne !

2007, la Nouvelle-Orléans se remet difficilement du passage de Katrina. Passé le choc, l'émotion planétaire, les (quelques) secours de première urgence, la ville et ses habitants sont livrés à eux-mêmes et tentent de réapprendre à vivre dans une ville où le chacun pour soi est devenu la règle. Dans la ville des morts, il y a également la Communauté des disparus, tous ceux dont on ne sait pas s'ils se sont noyés, s'ils ont fui dans un état voisin ou s'ils sont toujours vivants, terrés quelque part ou subsistant sous une nouvelle identité parmi les hordes de clochards ou les gangs qui occupent désormais les rues.

C'est le cas de Vic Willing, auparavant substitut du procureur et notable de la Nouvelle Orléans, que nul n'a revu depuis l'ouragan. Son neveu charge Claire DeWitt, détective privée atypique de le retrouver. de retour dans une ville où son destin s'est noué dans une vie antérieure, Claire va mettre en pratique les enseignements de Constance qui fut autrefois son mentor, mais aussi ceux de Jacques Silette - le "pape" français des détectives dont la "bible", Détection, ne la quitte pas - pour résoudre à sa manière une énigme que tous veulent conserver enfouie.

L'énigme en elle-même ne mériterait pas ces 370 pages si elle ne se doublait d'une véritable plongée dans l'ambiance de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, à la manière parfois d'un reportage télévisé, plutôt descriptif, mais bien plus souvent comme une tentative - réussie - de nous faire capter cette ambiance si particulière d'une ville cosmopolite qui revient à la vie. Certes, la ville est devenue une zone de non droit où, sous l'effet de l'alcool et des drogues, tout est permis puisque la police ne sait plus où donner de la tête. Les armes font la loi : celles des guns glissés sous les ceintures des caïds de quartiers, comme celle des fusils posés à côté des portes des habitants terrés chez eux.
Mais dans cette atmosphère de chaos, de nombreuses lueurs d'espoir apparaissent. Celles d'une ville qui a l'entraide dans son ADN comme en témoignent les initiatives spontanées de sauvetages et d'accueil lors des inondations. Celle d'une ville qui se reconstruit individuellement, maison après maison, tout doucement, dans la terreur mais avec le souhait de ne pas la laisser aux mains des grands opérateurs immobiliers, rapaces modernes déjà aux aguets. Celle d'une ville enfin dont les traditions de métissages s'illustrent parfaitement dans les groupes de carnaval, véritables familles rassemblées et unies par le sens de la fête et des traditions, qui renaissent chaque année et qu'aucun ouragan au monde ne peut anéantir.

Et enfin, il y a Claire DeWitt. Autoproclamée Meilleure détective du monde, Sara Gran la rend attachante dès les premières pages et s'attache ensuite à poser les différentes pièces du puzzle de son histoire, dont elle ne distille que quelques clés : Claire est appelée à devenir l'héroïne récurrente des prochains opus de Sara Gran, il faut donc garder de la matière pour les prochains tomes. Sans en savoir beaucoup plus, on apprend ainsi des bribes de sa jeunesse : sa relation fusionnelle avec ses "soeurs" Kelly et Tracy aujourd'hui disparue ; Constance qui la prit sous son aile ; mais aussi ses tourments, ses démons, ses influences ésotériques... Bref, amateurs de privés à la Marlowe, passez votre chemin. Vous ne retrouverez aucun des attributs chers à Chandler chez Claire. Et c'est tant mieux !

La suite n'est pas encore parue en France. Dommage...
Commenter  J’apprécie          120
La Nouvelle Orléans. Après Kathrina. La "meilleure détective du monde", Claire DeWitt, revient là où elle a vécu et doit résoudre le mystère de la disparition d'un procureur. Elle va devoir se faire au monde de cette ville sinistrée, dévastée, pour démêler le vrai du faux.

C'est pas mal, un peu de mystique, du rationnel aussi. Un peu compliqué à lire, à comprendre. Si ça ne tenait qu'à moi, je dirais que Claire n'est pas nécessairement la meilleure mais il faudrait que je lise d'autres livres du même auteur pour affiner et préciser mon jugement.

A la réflexion, c'est tout de même un peu laborieux à lire. C'est pas mal, ça manque peut-être un peu de passion.
Commenter  J’apprécie          110
Autoproclamée meilleure détective du monde, Claire DeWitt est de retour à la Nouvelle-Orléans quelques années après l'avoir quittée. Vic Willing, procureur local a disparu un peu plus d'un an plutôt, dans les jours qui ont suivi le passage de l'ouragan Katrina, et son neveu et héritier voudrait que Claire fasse la lumière sur cette disparition même si tout semble indiquer que Willing est mort.
Claire DeWitt va donc exercer ses incomparables talents, y compris, à partir d'un moment contre l'avis de son client, peu convaincu par ses méthodes. Car Claire suit les préceptes de Jacques Silette, talentueux détective français auteur d'un livre, Détection, dans lequel elle puise son inspiration. Or Silette, anticonformiste génial, à moins écrit un manuel de détective qu'un recueil d'aphorismes obscurs interprétables de mille et une façons et Claire, instable, prompte à essayer les drogues qui lui passent sous la main et sûre de sa supériorité intellectuelle tend à voir tous les éléments sous la lumière de Détection, c'est-à-dire d'une façon toute personnelle, incluant délires hallucinogènes, interprétation de ses rêves ou poursuite de pistes relevant moins de l'enquête que du hasard.
Ces éléments font de la ville des morts un drôle de roman, parfois déstabilisant, toujours étonnant et, par ailleurs, permettent à Sara Gran de s'affranchir assez souvent de cohérence ou, à tout le moins, d'explications. Ainsi Claire DeWitt peut-elle sans problème entrer dans différents logiciels de la police ou de l'État sans donner d'autre justification que le simple fait qu'elle est la meilleure détective du monde. Si cela peut s'avérer un peu déconcertant de prime abord, le roman de Sara Gran n'en demeure pas moins prenant grâce à l'atmosphère que met en place l'auteur. Exploitant efficacement l'ambiance particulière de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, jouant à l'équilibriste sur le fil tendu entre le polar et le fantastique, s'amusant avec la figure classique du détective qu'elle malmène autant qu'elle lui rend hommage avec son héroïne, Sara Gran livre un roman unique en son genre dans lequel se mêlent enquête, quête de soi et portrait sans fard d'une ville corrompue jusqu'à la moelle, violente et envoutante. Malmenées mais dures à cuire, charmantes, fragiles mais volontiers méchantes, Claire DeWitt et la Nouvelle-Orléans, sont deux personnages qui se complètent et font de la ville des morts un livre très recommandable.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          90
Un grand merci à Babelio et son Masse Critique (et bien entendu, un grand merci aux éditions du Masque aussi), qui m'a permis, comme à chaque fois, de découvrir un nouvel univers à la fois déroutant et sympathique.
Claire DeWitt est une détective privée, pardon, LA détective privée incontournable pour tout mystère en déroute. Léon la contacte pour qu'elle élucide le mystère qui entoure la disparition de son oncle, procureur à La Nouvelle Orléans, qu'on n'a plus revu depuis la terrible tempête qui a dévasté la ville. Car il est persuadé qu'il ne s'est pas noyé comme d'autres, non, il a disparu pour d'autres raisons et c'est Claire qui est chargée de découvrir pour laquelle.
Alors, équipée de son célèbre Détection du maître incontesté Silette ès privé, la jeune femme, qui prétend à la quarantaine pour mieux gagner en crédibilité, revient dans cette ville qu'elle avait quittée des suites de la mort prématurée de celle qui l'avait formée…

Rien que pour le personnage De Claire, il faut lire ce livre. Pour l'histoire, je ne dis pas. le rythme est un peu lent je trouve, mais finalement, fidèle au genre du privé sur fond de jazz à la Nouvelle Orléans. Pour cette fois, le charme des années 20 a cédé la place à la mélancolie et au tragique qui ont suivi la tempête dévastatrice. L'auteur nous plonge dans ce climat plus actuel et plus dur peut-être, sans pour autant tomber dans la déprime. Je n'ai appris la catastrophe que du fin fond de ma petite France, à l'époque, bien loin de toute cette horreur et j'ai finalement été contente d'en apprendre un peu plus sur l'atmosphère et l'ambiance, sur la réalité pour les habitants, et surtout sur cette ville, tempête mise à part, qui m'a toujours attirée. La vie difficile des jeunes livrés à eux-mêmes et qu'il est impossible de blâmer lorsqu'ils tombent dans la drogue, les miséreux qui traînent leurs guêtres deci delà, le carnaval et son folklore…
Claire est un personnage plus qu'attachant. Elle est complexe, avec sa vie un peu paumée, ses mystères non élucidées qui plombent son quotidien et, parmi le plus douloureux, celui de la perte de son amie jamais retrouvée, son aplomb et sa capacité d'observation inimitable, ses vices alcool et drogues, sa témérité qui frôle plutôt l'inconscience, son franc-parler et son désir de connaître cette terrible vérité, même si cela implique tristesse et désillusion.
Elle est unique, humaine, drôle, intelligente, inconsciente et surtout folle… (j'ai presque envie de dire qu'elle me ressemble mais vous trouveriez que j'exagère !). Bref, elle a tout pour plaire !

À lire, pas pour découvrir un coup de coeur ni une grande découverte, mais pour passer un bon moment au côté d'un privé à la Nouvelle Orléans.
Commenter  J’apprécie          90
Claire DeWitt se dit la meilleure détective privée du monde. Pourquoi pas ?

L'intrigue se déroule à La Nouvelle Orléans, dans les décombres de cette ville ravagée par l'ouragan Katrina. Décombres matériels et humains. La population tente de survivre. L'auteure nous emmène dans un univers assez noir, triste, ravagé. Les personnages tentent, tant bien que mal, se survivre. Et c'est plutôt le côté mal que l'on découvre ici. Drogue, violence, meurtres, vols, tout y est décrit.

Claire, donc, jeune femme de 35 ans, est engagée par Léon pour tenter de découvrir ce qui est arrivé à son oncle, disparu juste après l'ouragan. Et ce que Claire va découvrir n'est pas joli joli.

J'ai aimé le livre, surtout parce qu'il est rythmé. L'écriture est limpide, facile. Evidemment, les thèmes abordés ne sont pas agréables. Toutes ces violences, ces armes à feu, la drogue, ...

Un livre orignal. Notion Bien.

Merci à Babelio - masse critiques et aux éditions le Masque de m'avoir offert ce livre.
Commenter  J’apprécie          60
La Nouvelle Orléans après le passage de l'ouragan Katrina. Une ville en ruine, laissée à l'abandon par Trump, au proie à une violence gratuite ingérable. C'est le décor très présent de cette enquête de Claire de Witt. Claire, c'est aussi Kelly et Tracy, trois amies qui à 14 ans ont partagé la découverte du livre du français Jacques Silette sur le métier de détective. Livre obscur mais qui va les fasciner et sera aussi très présent au long de ce roman. Tracy va disparaître et l'amitié De Claire et Kelly ne va pas y survivre. Claire va essayer de se construire mais avec quelle difficulté, elle va devenir une adulte en manque, exerçant le métier de détective avec de fortes doses de drogues, d'alcool, d'abus en tout genre et être pourtant "la meilleure détective du monde" grâce à un autre de ses spectres : Constance. Mais ne croyez pas que tout cela soit du charabia car il y a une vraie intrigue dans ce polar noir à souhait, c'est la disparition du procureur Vic Vuilling juste après le passage l'ouragan. Tué ou pas ? bon samaritain ou pas ou tout simplement un homme comme les autres avec ses nombreuses failles. J'ai suivi pas à pas Claire au milieu de cette ville dévastée, ses rêves prémonitoires, ses perditions et ses coups de génie. Et c'est un bon policier, parce que pas moral; fort, vrai et on y reçoit quelques claques bien senties qui peuvent réveiller nos consciences bien trop endormies.
Commenter  J’apprécie          30
le deuxième roman en lice pour le Prix du Meilleur Polar des lecteurs de Points a pour cadre la Nouvelle-Orléans, dévastée après l'ouragan Katrina. Presque deux ans ont passé et la ville porte toujours les stigmates de la fureur des éléments. Maisons ébranlées ou réduites à un tas de planches et de gravats, coupures d'électricité, institutions désemparées. La détective, Claire Dewitt, accepte une enquête dans cette ville où elle pensait ne plus jamais remettre les pieds. Elle intervient à la demande du neveu d'un célèbre procureur, Vic Willings. Ce dernier s'est volatilisé pendant les jours qui ont suivi le passage de l'ouragan et son parent et unique héritier aimerait connaître les circonstances de cette mystérieuse disparition.

Sara Gran campe une enquêtrice, dont la "Bible" est le livre Détection de Silette, un détective français. Régulièrement, elle consulte le "maître" et le récit est émaillé de passages du livre, assez abscons, la plupart du temps. Pour retrouver la trace du procureur, Claire Dewitt est à la recherche "d'indices" et ses nombreux rêves, sous substances diverses, la mettent sur la bonne voie. Rajoutez de temps à autres, un tirage de cinq pièces de Yi-jing et vous aurez une petite idée de la manière peu académique qu'à la jeune femme d'envisager son métier, ou plutôt sa vocation.

Disons-le tout net, d'ordinaire, je ne suis pas adepte de ce type de personnage "borderline". J'ai pourtant bien aimé cette Claire, barrée certes mais loin d'être bête. Son enquête l'amène à côtoyer de jeunes adultes, pour certains encore des enfants, qui n'ont comme famille que le gang de leur quartier. Elle a a sans doute plus d'accointances avec cette jeunesse sans repère qu'avec le milieu très chic où évoluait le disparu. Son retour à la Nouvelle-Orléans ravive aussi la douleur de la perte de Constance, la femme qui lui a "enseigné" le boulot de privé, façon Silette. Claire a quitté la ville après l'assassinat de celle-ci et cette enquête l'oblige à se retourner sur son passé, à renouer avec le fantôme de Constance, la femme qui lui a tout appris sur sa ville, ses rites et ses rythmes.

Suivant ses méthodes contraires à "l'orthodoxie", Claire finira pas éclaircir le mystère, aidée par de petits perroquets verts...

Un polar dépaysant
Commenter  J’apprécie          30
Nouveau et intéressant :
Pour :
#1 la naissance d'un personnage récurrent : Claire DeWitt, détective extraordinaire, mélange improbable du fondateur du genre (le Dupin d'Edgar Poe - pour l'analyse et le traitement des données), de Sherlock Holmes (pour la mentalisation sous assistance psychotrope, et l'audace physique quasi inconséquente), et de tous les autres par syncrétisme autour d'une référence virtuelle ( le français Jacques Silette, auteur d'une "bible" du nom de "détection", qui permet à l'auteur de fédérer une sorte de confrérie secrète très 19ème ainsi qu'un corpus mystico-théorique excitant car plutôt parodique). Un deuxième tome est sorti en 2013 - Claire DeWitt and the Bohemian Highway, qui a pour décor San Francisco et qui s'avère aussi palpitant - , et on peut s'attendre à une série conséquente ...
#2 pour N'awlins : si vous avez apprécié la brillante série Treme, si vous écoutez Dr John et Eddie Bo et les Neville Brothers et tant d'autres, si vous lisez James Lee Burke , et surtout le grand James Sallis, vous retrouverez ici l'ambiance apocalyptique de The Big Easy dans le contexte post-Katrina. le mélange est étonnamment réussi de réference historicoparodique sur le genre, d'action pure, et de digression culturelle - à la Sallis. C'est d'une modernité plus fréquente ces derniers temps dans le monde des séries télé ( True Detective, the Wire, ...), monde que Sara Gran a fréquenté de près.
PS : nada sur la traduction, je l'ai lu en VO, mais la prose me semble là aussi une synthèse réussie de style classique ( sans aller jusqu'à Wilkie Collins) et de ce "f... street language" inévitable dans la bouche d"une jeune femme grandie à Brooklyn et dans le métro de New-York ( je parle De Claire).
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (267) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}