Si les premiers poèmes de Grandbois ont été publiés d'abord à Hankéou, en Chine, aux antipodes de son milieu d'origine, les nouvelles paraissent sous le signe du retour au pays, qui a été vécu comme une déroute plutôt qu'à la façon paisible d'une rentrée au bercail. La catastrophe à laquelle le titre fait allusion n'est pas seulement celle de la Deuxième Guerre mondiale dont parle l'avant-propos, mais une crise personnelle de l'auteur : faillite d'une vie de liberté marquée par l'insouciance matérielle, étape franchie de la jeunesse qui paraît désormais d'autant plus fabuleuse qu'elle est irrémédiablement finie.
- L'amour, eh, eh !... C'est difficile à dire, à exprimer. C'est une chose pas ordinaire, et en même temps, ça arrive à tout le monde et... et je crois que personne n'a les mêmes idées là-dessus. L'amour, c'est comme le reste, la mer, le ciel... Tenez, il y a plus de trente ans que je pêche ici, en face, devant les îles, tous les matins que le bon Dieu fait. Mais jamais, pas une seule fois, ma pêche n'a été la même, ni la tenue de la mer, ni la couleur du matin...
L'Étoile pourpre, Alain Grandbois
lu par l'auteur.