LE SILENCE
Mais il suffit peut-être
Ô Terre
De gratter légèrement ta surface
Avec des doigts d'innocence
Avec des doigts de soleil
Avec des doigts d'amour
Alors toutes les musiques
Ont surgit d'un coup
Alors tous les squelettes aimés
Tous ceux qui nous ont délivrés
Leurs violons tous accordés
Ont d'abord chanté
Sans plaintes sans pleurs
Les aurores de nacre
Les midis de miel
Les soirs de délices
Les nuits de feux tendres
Ils ont chanté encore
Le mur obscur de la mer
Le relief du vent
Le pur dur du diamant
Le souffle frais des montagnes
La fluidité de la pierre du roc
Ils ont ensuite chanté
Tout ce qui peut se dire
Du mort au vivant
Tissant la soie
De l'extraordinaire échelle
Alors le silence s'est fait
Ils n'avaient tû que le dernier sacrifice.
LE SILENCE
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Bras, barques de désirs sur la mer
Tendus vers des rivages
Pour la dernière fois promis
Méfiants navigateurs repoussant
Avec chaque vague
L'éclat du songe
Ô plages crépusculaires
Quel est ce muet besoin
De chaque fois nier
Parmi le labyrinthe des archipels
La douceur de l'oubli.
Je vaincrai demain
La nuit et la pluie
Car la mort
N'est qu'une toute petite chose glacée
Qui n'a aucune sorte d'importance
Je lui tiendrai demain
Mais demain seulement
Demain
Mes mains pleines
D'une extraordinaire douceur.
LE SILENCE
Extrait 1
Mouvements d'inflexibles secrets
Rythmes trop triomphateurs
O feux de phares nudités d'or
Parmi les malédictions
Parmi la sécheresse des siècles
O glaces de pôles plats
Et ce tenace acheminement
D'un sillage de lune pâle
Aux vertiges du souvenir
…
LE SILENCE
Extrait 2
Nymphes de gel
Beau danger superbe
Devant ce front lisse
Rire de révolte
Puits de sel frais
O beaux doigts cerclés de rubis
O vendeurs nourris de nuit
Quelles belles ailes
À vos talons de plomb
…
L'Étoile pourpre, Alain Grandbois
lu par l'auteur.