Ce troisième opus des aventures de Ben Ross et
Elisabeth Martin, devenue madame Ross, débute dans une ambiance très british, avec le célèbre brouillard londonien à couper au couteau, et un mystérieux « spectre du fleuve » qui terrifie les prostituées, donnant à cette entame un petit côté « Jack l'Éventreur » avant l'heure.
C'est pourtant une femme n'appartenant pas à cette population qui est retrouvée étranglée dans un parc, celle-ci étant l'épouse du riche propriétaire d'une galerie d'art.
Comme dans les précédents romans, la narration est double, alternant celle de Ben et celle de Lizzie. L'inspecteur est tout naturellement chargé de l'enquête concernant l'homicide de la dame de la haute, alors que son épouse, toujours flanquée de l'incontournable Bessie, apporte son aide en explorant des pistes parallèles à celles officielles, s'intéressant tout particulièrement à un pasteur prêchant la tempérance dans ses réunions.
J'ai de nouveau apprécié cette plongée dans l'ambiance victorienne particulièrement bien décrite par
Ann Granger, cette société aux inégalités bien marquées et entretenues. L'inspecteur est amené au cours de ses investigations à se rendre - en faisant attention à ses notes de frais - dans les banlieues chics où les nantis entretiennent une armée de serviteurs, mais également dans les bars fréquentés par les belles de nuit et leurs souteneurs. Il fait même connaissance avec un jeune garçon dont l'activité est de balayer les rues devant les personnes qui désirent traverser sans se salir. Lizzie, quant à elle, prouve à nouveau son esprit de liberté et d'indépendance.
Allié à une intrigue policière qui, sans être transcendante reste suffisamment aboutie, ce Londres de 1867 procure un agréable et dépaysant moment de lecture.