AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,36

sur 46 notes
5
13 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai tout de suite été séduite par ce petit livre au format carré avec son titre si poétique, l'infinie douceur de la couverture tirée d'une photographie en noir et blanc d'une ourse polaire endormie. J'ai eu envie de partir à la rencontre d'un peuple qui m'a toujours fascinée par sa mythologie, ses croyances et ses rituels chamaniques.

L'ourse qui danse, c'est tout d'abord un hommage à Davie Atchealak, un des plus grands artistes inuit du XXème siècle. Si l'autrice témoigne d'une identité culturelle sacrifiée, en choisissant pour titre le nom d'une de ses sculptures, elle illumine ce récit d'un des animaux les plus emblématiques et symboliques du milieu polaire, l'ours blanc. Elle en fait même le personnage central.

*
Imaginez une immensité immaculée et sans frontière jusqu'à ce que les hommes blancs arrivent avec leurs rêves de richesse et de grandeur, leur dogmatisme religieux, méprisant toute vie humaine, piétinant le mode de vie et la culture des communautés autochtones.

L'homme qui se présente à nous est un Inuit d'une quarantaine d'années. Enfant, comme beaucoup d'autres, il a été enlevé de force à sa famille par les services sociaux pour être placé dans un pensionnat, scolarisé, évangélisé et assimilé à la population blanche.
Mais, même coupé de ses racines, il ne s'est pas intégré complètement : il est un homme scindé en deux, un homme de nulle part, un étranger.

Pour renouer avec ses origines, retrouver son identité culturelle et se reconnecter avec le monde des esprits, il entreprend de marcher sur les pas de ses ancêtres en partant sur la banquise avec pour seuls compagnons de voyage, un équipage de chiens de traîneau.

« C'est au cours de ce voyage que j'ai rencontré ma destinée. Destruction. Renaissance. »

Très vite, les gestes oubliées reviennent, et avec eux, les souvenirs. C'est un récit riche d'Histoire et de liens très forts avec la nature et les animaux.
Les Inuits croient aux esprits qui habitent tout être, qu'il soit animal ou végétal. Et si la chasse, la pêche font partie de leur mode de vie et sont indispensables à leur survie, ils ont développé une relation intime et respectueuse avec la nature et la vie animale.

« Les animaux que nous mangeons et dont nous nous habillons, que nous exploitons, que nous spolions, sont nos semblables. Nous savons que nous tuons nos frères et soeurs ; et que nous survivons grâce à leur sacrifice. »

J'ai aimé suivre cet homme fragilisé qui redécouvre son monde et ses lois, qui retrouve son passé. Il est comme un enfant qui fait ses premiers pas seul, se libérant d'un carcan social, culturel, politique et économique imposé.
Mais ce qui rend ce roman émouvant, c'est la sincérité de cette quête qui prend toute sa mesure avec sa rencontre avec l'ourse : quête de soi, quête de sens, quête spirituelle, elle sculpte ce long monologue intérieur en digressions et circonvolutions pour nous ouvrir les yeux sur un monde qui vole en éclats.

« Dans la féminité de l'ourse, l'homme et l'enfant en moi se réconciliaient. »

*
J'ai aimé ce roman qui nous entrouvre la porte d'un univers onirique, mystérieux et envoûtant. Simonetta Greggio dessine des paysages d'une beauté sauvage, réussissant magistralement à nous plonger corps et âme dans cet environnement hostile.

« L'aurore boréale, l'arsanek, virevoltait comme une femme aimée qui danse dans ses voiles. Ou comme ces milliers d'oiseaux qui se déploient dans les airs à l'automne, formant les dessins les plus séduisants, les plus changeants et les plus fous. »

En effet, l'autrice a une écriture poétique et profondément bouleversante pour capturer la beauté sauvage de ce monde en souffrance, l'essence de cette ourse majestueuse et puissante, souveraine de la banquise, contrainte à fouiller les poubelles.

*
Entre rêve et réalité, « L'ourse qui danse » est un roman riche en symbolisme et en émotions. Cela aurait pu être un récit âpre, plein de rancoeur et de colère, je l'ai trouvé plutôt sincère, davantage tourné vers le futur que vers le passé, avec de forts messages sur les réalités du changement climatique et la nécessité de modifier nos modes de vie et de consommation.
Coiffée de sa longue traîne de dentelle blanche, on pourrait penser que la banquise est préservée des nuisances de l'homme. Mais il n'en est rien, les Inuits sont aux premières loges pour constater les transformations de leur environnement naturel causé par le réchauffement climatique.

*
Pour conclure, « L'ourse qui danse » est un conte engagé totalement ancré dans les problématiques sociales et environnementales que vivent les Inuits aujourd'hui. Mais c'est aussi un récit tout en nuances, immersif, sombre et délicat, brutal mais beau, captivant et terriblement émouvant, âpre mais poétique. La plume de l'autrice est magnifique et émouvante, envoûtante, mais jamais larmoyante. Autant de qualificatifs pour dépeindre mes émotions à la fin de ma lecture car je dois vous avouer que mes yeux se sont parfois embués de larmes, en particulier à la lecture des dernières lignes qui laissent des pensées tristes et amères.
Pourtant, j'ai envie de garder en mémoire la magie de cette rencontre entre cet homme et cette ourse au regard si noir et pénétrant.
Commenter  J’apprécie          4957
Encore un titre qui, sans la participation de ma médiathèque à l'élection du prix Passeurs de Mots 2023, n'aurait sûrement pas attiré mon attention. Ce très court roman tout en étant un superbe conte initiatique, est un vibrant appel pour le respect de notre planète et de tous ceux qui la peuplent.

le narrateur, un Inuit, a été arraché à sa banquise au décès de ses parents. Élevé dans la civilisation occidentale, il est devenu professeur mais ses racines le poussent à revenir à ses origines pour y retrouver ses deux soeurs dont il a été séparé. Comme pour un rite d'initiation, il décide de partir à la chasse traditionnelle que pratiquait jadis son père. Mais une ourse va se dresser sur son chemin.

Si le texte est très court, à peine 80 pages, le message est clair. Que l'on soit puissant ou humble, humain ou animal, notre fin sera inéluctable et elle arrivera plus vite que prévue si nous ne changeons pas notre comportement. le territoire des Inuits a été réduit à peau de chagrin, suite à l'exploitation du sous-sol, au réchauffement climatique et à des décisions gouvernementales arbitraires de pays voisins. La population est en souffrance devant la disparition de leurs traditions et les grands animaux sauvages tels que l'ours meurent, leur habitat naturel ne cessant de diminuer. Peut-être que lorsque un reportage télévisé attire notre attention sur ce phénomène, nous nous disons que c'est bien loin, mais n'oublions pas que si eux sont en première ligne, notre tour viendra... Pour sublimer ce message très sombre, il faut toute la poésie de l'auteure pour entraîner le lecteur dans un monde onirique où l'homme danse avec une ourse.

Personnellement, j'ai fini cette lecture les larmes aux yeux. 18/20 pour ce texte trop court, inspiré à Simonetta Greggio par la statuette en stéatite d'un artiste Inuit, Davie Atchealak, représentant un ours qui danse.
C'est vers ce titre que s'orientera mon vote numéro 1, en 2, je choisis "Sauvagines" de Laurine Roux et enfin en 3 "La Géante" de Laurence Vilaine.
Commenter  J’apprécie          250
🐻‍❄️Chronique🐻‍❄️

L'ourse qui danse
Simonetta Greggio


J'intercède. J'intercède pour l'ourse qui danse. Je lui cède la joie, la beauté, les confins. J'intercède pour la nature, l'ourse, la vie. J'interagis avec leurs légendes, leurs survies, leurs droits. J'intercède pour cette ourse polaire, et j'ai l'espoir que cette prière venue du fond des âges du futur ou passés, viendra vous toucher aujourd'hui. Il y a urgence. Il y aura urgence. Il y avait urgence. Il y avait urgence même, mais l'homme blanc, dévoreur de territoires, a volé ceux des Inuits. Il y avait urgence, mais du fin fond du froid, personne n'a vu le carnage. L'effet miroir est trop aveuglant. Mais maintenant, il y a urgence. Il y aura urgence. Urgence climatique. Urgence de réparation. Urgence de préservation. La banquise se meurt, et son système écolo-politiquo-sociologique est à l'agonie. La biodiversité est en voie de disparition. Et les ursus maritimus se raréfient dans le paysage. La mort arrive. Les virus aussi. La perte du tout est imminente.
Si le savoir ancestral se perd, la langue aussi. Pourtant, leurs mots sont si beaux, si poétiques. A force d'arrachements, le peuple inuit perd son lien avec les esprits, la nature, la vie. Alors qu'il aurait tant à nous apprendre. Mais encore faut-il regarder dans le miroir…Encore faut-il le courage de comprendre que les tuer, eux, c'est nous tuer, nous. Un reflet que nous ne sommes pas prêts à réfléchir.
Et pourtant, grâce à cette histoire de renaissance, Simonetta Greggio, renoue un lien. le lien ténu entre homme-nature, le lien entre homme-fauve, le lien homme et grands espaces. Une invitation au chamanisme, mais pas seulement: une redécouverte avec le Vivant. Une quête initiatique qui fleure bon l'aurore boréale et la tanière de l'ourse. En effet, l'Inuit, scindé en deux par l'Histoire, en rencontrant l'ourse, va réapprendre la nécessité de l'humilité, de la réconciliation, de la bienveillance. Il va ré-mesurer l'état de vulnérabilité, de maîtrise, de l'implacable. Et trouver la voie d'un porte-parole de sa communauté de par le monde…
Entre le conte et le récit engagé, le sauvage délivre ses problématiques et c'est bouleversant. le cri est puissant. le requiem harmonieux et déchirant. L'ourse et l'Inuit ont une peine que j'ai décidé de serrer dans mon coeur. Comme la terre, moi aussi, j'ai pleuré tout ce que j'avais. Noire est la nuit qu'il m'est restée. Mais les étoiles de la Grande et Petite Ourse continuent de briller, dans mon ciel. Et j'intercède pour elles. Elles, qui dansent dans mes yeux, pour ne plus jamais s'en revenir, éteintes. Je veux les voir libres, entre nos deux mondes…Et si je vous dis, que j'ai lu et adoré L'ourse qui danse, est-ce que vous intercéderez aussi en sa faveur?
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          200
L'ourse qui danse, c'est un court roman qui a en commun le sujet avec de pierre et d'os de Bérangère Cournut.

Un roman ici qui ancre l'histoire du peuple Inuit dans notre époque tout en laissant la place au romanesque, à l'initiation, au retour aux sources pour le personnage principal. Un destin qui s'accomplit, une révélation à soi-même.
Mythologie, amour, accomplissements sont les ingrédients de ce joli clin d'oeil à l'Arctique. Très belle lecture !
Commenter  J’apprécie          170

Le Musée des Confluences de Lyon est riche d'une immense collection d'objets retraçant l'Histoire de l'Humanité, les Histoires de l'Humanité. Ce musée a proposé à des auteurs de choisir un objet et d'en faire un récit, ou un roman. Partant de la statuette d'un ours dansant de l'artiste Inuit Davie Atchealak, dans l'univers de l'histoire des territoires du grand Nord, Simonetta Greggio nous emmène vivre le monde ancien des Inuits.

À travers un récit presque onirique dit par un Homme, un Inuit, qui décide de revenir dans son monde primitif, avant que son peuple soit morcelé par le Danemark, le Groenland, le Canada. Les croyances, traditions, dialectes, costumes, coutumes étaient les mêmes. Mais dès que L'Homme Blanc est arrivé, il a imposé ses propres croyances, interdit les traditions millénaires, le langage commun à tous les inuits, a morcelé les paysages et les territoires, séparé les familles, et introduit cette notion de profit propre aux grandes puissances modernes. Élevé dans un monde "moderne", en Occident, cet homme revient pour s'imprégner de sa propre culture presque détruite, reconnaître son âme et ses traditions, et explique en un monologue envoûtant ce que c'est que d'être Inuit.
Il retourne vers sa tradition de trappeur, de chasseur, et poursuit l'Ourse Blanche, l'esprit de la chasse intemporelle, animal-totem.

Un court roman initiatique, dans la vague du livre de Bérangère Cournut, "De pierre et d'Os" et aussi du livre de Nastassja Martin "Croire aux Fauves" (ed Verticales), pour qu'on connaisse la terrible lutte des derniers Inuits contre les États rivaux qui exploitent les dernières richesses de ce peuple.

Inoubliable.
Lien : https://melieetleslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          80
80 pages seulement et pourtant l'intensité d'un "pavé". Vous l'aurez compris, j'ai adoré. Je me suis complètement laissée immergée dans l'histoire de ce peuple inuit.
Ce récit fait donc partie de la collection "Récits d'objets", il est édité par les éditions Cambourakis pour le musée des Confluences de Lyon. le principe : inviter un écrivain à faire d'un objet du musée le coeur d'une fiction.
Tout part donc de la sculpture "Ours dansant II" de l'artiste inuit Davie Atchealak.
Ce livre est profondément marquant, en peu de pages, vous allez vraiment vivre une aventure extraordinaire. le récit est raconté par un homme inuit qui bien qu'ayant été "intégré" à la société occidentale cherche encore sa place... Professeur en ville ou chasseur parmi les siens ?
Il est dit dans les contes inuit que c'est seulement après la rencontre avec l'ours qu'un petit garçon passe du stade de l'enfant à celui d'homme. C'est donc dans une sorte de quête initiatique dans une nature sauvage que va nous plonger ce récit, au coeur des croyances et des coutumes d'un peuple malmené. Et c'est beau, très beau.
Jamais jusqu'à aujourd'hui je ne m'étais réellement préoccupée du peuple inuit et de leur histoire mais maintenant j'ai envie d'en savoir plus! Ma libraire m'a de ce fait conseillé un autre livre "De pierre et d'os" pour aller un peu plus loin.
Commenter  J’apprécie          65
Comme beaucoup d'amérindiens, cet inuit a été éloigné des siens pour être "occidentalisé" dans un pensionnat où on fait tout pour faire disparaître la langue et les traditions autochotones. Partiellement intégré, il est devenu prof mais il éprouve le besoin de retourner au pays natal où vivent ses deux soeurs; il rtrouve la chasse rituelle mais maladroit, en visant l'Ourse, il tue son petit.La mère cherche à tuer le tueur: grigges, crocs contre coups de couteau.
L'Ourse perd le combat mais entraîne le blessé dans sa grotte. Elle va le soigner! Une union sacrée entre l'homme et l'animal.
Des années ont passé, l'inuit a retrouvé ses soeurs et celle qu'il aimait; il est devenu le porte-parole de sa communauté. Faire reconnaître leur existence face aux prédateurs blancs.
Il se marie et adopte l'enfant né du viol de sa compagne. Un jour poussée par la faim l'ourse réapparaît. Tendres retrouvailles interrompues brusquement!
"La terre toute entière a pleuré
une lecture agréable et très émouvante.
Commenter  J’apprécie          50
"Je partais chasser comme on s'abreuve à l'eau des rêves.
Cette eau-là ne gèle jamais. Elle coule, limpide et pure, tout au fond de nous."


Je viens de lire cette pépite d'environ 80 pages qui vous immergera sans détours dans la culture inuite.
C'est un conte initiatique, philosophique et écologique.

L'histoire d'un retour à la nature, un retour aux sources de sa culture pour un homme élevé à l'occidentale,  qui a fait des études mais qui ressent au fond de lui un déchirement, une douleur impossible à apaiser et qui, pour sa propre survie morale va partir seul pour une chasse ancestrale. Il en reviendra profondément changé par une rencontre avec une ourse et déterminé à se battre pour la reconnaissance des droits des Inuits.
Ces peuples humiliés, bafoués, spoliés, déportés par les hommes blancs et leur appétit de pouvoir et de richesse sans limites...

Il y a urgence pour la terre Arctique et donc pour la planète à agir, nous sommes à moins de deux minutes de minuit sur l'horloge de l'Apocalypse...

Ce texte court est bouleversant, révoltant et pourtant d'une beauté et d'une poésie rare ! En peu de mots l'autrice a su saisir l'âme de ce peuple, la force de leurs traditions et la magie de leurs légendes...

Ce livre s'inscrit dans la collection "Récits d'objets" du Musée des confluences. Simonetta Greggio a choisi d'écrire sur une statuette inuite d'un ours dansant.
Commenter  J’apprécie          50
Ce genre de livre
à peine commencé, déjà fini.

Une merveille.
La puissance du peuple Inuit.
La magie de leur croyance.
La violence de leur histoire.
La clairvoyance de leur combat.
Commenter  J’apprécie          30
C'est un livre très poétique, écrit comme un conte initiatique ou philosophique.
Mais tout est ancré dans une réalité documentée qui nous entraîne très facilement dans la connaissance de la culture inuit du nord du Canada.
Le récit évoque pour commencer la difficulté des personnes d'origine inuit à choisir entre leur culture et la modernité.
Puis l'aventure commence.
La relation à la nature, aux animaux. au froid,à la solitude, à l'isolement, à la vie, à la mort du point de vue de la culture inuit est étonnante et fascinante. La logique de notre monde ne s'applique pas dans celui-là.
Malgré la violence de certains passages, le narrateur nous emmène dans la communion avec son univers.
On en ressort étonnement ému et proche de l'ourse et du narrateur.
Extrêmement bien réussi.
J'ai lu que c'était une commande du musée des confluences de Lyon à l'auteure : bravo Mme Greggio.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (143) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
832 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}