Dans les années 1930 Shanghai est le Paris de l'Orient, une ville cosmopolite où les riches du monde, mais aussi des aventuriers, des écrivains et des artistes, se retrouvent dans les palaces et les boîtes de nuit de luxe. C'est aussi un lieu de refuge pour ceux qui n'ont plus de pays : Russes blancs puis Juifs allemands à partir de 1935. Ces derniers n'y viennent pas pour faire la fête et dépendent de la charité.
En 1935 Mickey Hahn (1905-1997), journaliste américaine, femme libre, débarque à Shanghai où elle va séjourner huit ans. Mickey Hahn a la plume facile : elle écrit et brode sur tout ce qui lui arrive -et il lui en arrive des choses. Courriers à sa famille, articles de journal, livres -52 durant toute sa vie-
Taras Grescoe s'est appuyé sur ce riche matériau, complété par d'autres sources et des voyages sur place. Deux autres personnages ont droit à une place de choix dans cet ouvrage : l'homme d'affaires Victor Sassoon (1881-1961), propriétaire du Cathay Hotel et d'autres bâtiments prestigieux sur le Bund, boulevard de la concession internationale qui longe la rivière Huangpu, et Zau Sinmay (1906-1968), un poète chinois dont Mickey Hahn va devenir la maîtresse.
L'auteur ne s'est cependant pas contenté de nous raconter les soirées de la jet set locale, ce qui m'aurait vite lassée. Il analyse la situation coloniale qui a rendu possible cette vie de plaisirs : les guerres de l'opium au milieu du 19° siècle ont permis aux Occidentaux (Britanniques, Français et Américains) de s'installer dans deux concessions étrangères à Shanghai où ils ont tous les droits. Pendant qu'ils se gobergent le petit peuple chinois vit misérablement : en 1935 le conseil municipal ramasse 5950 cadavres dans les rues de la concession internationale. La domination occidentale est également responsable d'une corruption systémique.
A travers le cas de Shanghai
Taras Grescoe présente aussi les grands traits de l'histoire de la Chine au milieu du 20° siècle. Il est question de la période nationaliste sous
Sun Yat-sen et Tchang Kaï-chek, de la conquête japonaise à partir de 1931. En 1938 la bataille de Shanghai dure treize semaines. le centre ville est victime de bombardements meurtriers à deux reprises. le 14 août (samedi noir) par des pilotes chinois qui ont mal visé des navires japonais et le 28 août (samedi sanglant) par le Japon. Ces événements marquent le début de la fin du gai Shanghai. L'occupation japonaise entraîne pour les Occidentaux des internements massifs à partir de 1943.
Mickey Hahn quitte Shanghai en 1943, Victor Sassoon en 1948, peu avant l'arrivée au pouvoir des communistes. Seul reste sur place Zau Sinmay dont la fin de vie est difficile : il est emprisonné un temps pour avoir fréquenté des Occidentaux et en ressort affaibli.
J'ai trouvé cette lecture intéressante. de Shanghai j'avais comme images le quartier des affaires de Pudong avec ses gratte-ciel modernes. Je découvre qu'une partie des bâtiments construits dans les concessions étrangères existent toujours.
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