AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 29 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un titre à la « one again ».
C'est la saison du melon, mais ODP31 n'est pas un charlatan et il ne va pas vous faire croire qu'il est capable de lire en version originale un vieux roman noir qui date de 1946 pour mieux percevoir le style unique de l'auteur sans le filtre de la traduction… Pas le genre de la house.
"Le Charlatan", heureux hasard ou fourberie de moi-même qui ne savait pas comment commencer ce billet, c'est justement le vieux titre de la parution made in France de ce roman dans la Collection Série Noire.
En fait, cette nouvelle parution et traduction fait suite à la sortie en début d'année du film très réussi de Guillermo del Toro tiré du roman de William Lindsay Gresham. Comme le film était sorti avec le titre en V.O et que l'éditeur a utilisé l'affiche en couverture, il était difficile de reprendre la traduction de l'époque, qui n'en était d'ailleurs pas une car la traduction littérale serait plutôt « Ruelle du cauchemar ».
Bon, et si on parlait du bouquin ? On est quand même là pour ça. Eh bien, ce roman méritait amplement cette nouvelle édition car c'est un vrai bijou, un classique du genre, peu importe le titre.
Dans les années 40, un jeune homme est repéré par une voyante et son mari, mentaliste sur scène et alcoolique le reste du temps. Messmer du goulot. Il va être embauché au sein d'une troupe itinérante composée de forains et de freaks. Pas de soeurs siamoises ou de femme à barbe mais les prodiges humains ne manquent pas. Ne cherchez pas de Monsieur Loyal dans cette troupe qui fuit les autorités.
Le jeune homme, Stan Carlisle, va apprendre l'art de la manipulation et prendre la suite du mari dans un numéro de télépathie dont il maîtrise le langage codé. Son appât du gain et ses rêves de célébrité vont le conduire à monter différentes escroqueries et à élaborer un business juteux de séances de spiritisme chez des notables aussi riches que naïfs prêts à tout pour papoter avec leurs défunts d'un testament caché, d'un amour perdu, ou d'un numéro de compte en Suisse. Faites tourner les tables et les serviettes. Il est de mèche (folle) avec une psychologue retorse à souhait et il est accompagné d'une jeune épouse délaissée.
Le bonhomme n'est pas sympathique mais j'ai adoré cette histoire qui mêle ambition et manipulation et qui délaisse la magie pour détailler les coulisses de ces numéros aussi fascinants que truqués La psychologie torturée des personnages est aussi complexe que détaillée sans tomber dans la caricature ou dans le manichéisme.
Ce roman est l'oeuvre majeure de William Lindsay Gresham (1909-1962). Ce n'est pas un boniment !
Commenter  J’apprécie          803
Nightmare Alley est un mauvais rêve né d'une anecdote entendue lors de la guerre d'Espagne.
Dans les archives de la Brigade Lincoln, on apprend que William Lindsay Gresham arriva en Espagne en novembre 1937. Incorporé comme artilleur puis attaché au 129th BDE, il quitta le pays en 1938. C'est en attendant son évacuation que Gresham apprit d'un infirmier nommé Joseph Daniel Halliday, ancien employé dans les fêtes foraines itinérantes, la triste histoire d'un ivrogne qui gagnait sa pitance en décapitant des serpents et des poules avec des dents.

C'est ainsi que naquit l'inclassable et mystérieux Nightmare Alley, jadis édité chez Série noire sous le titre le Charlatan (voir le billet de Koalas).
Inutile de dévoiler l'intrigue, contentons nous de dire qu'il s'agit de l'histoire d'un jeune homme qui avant-guerre s'enfuit de chez lui en grimpant dans le premier wagon, vivota dans les foires au milieu des freaks et des bonimenteurs à la petite semaine, joua les spirites pour pigeonner les riches, mais ne vit pas dans les cartes qu'il aurait dû éviter de croiser le chemin d'une psychiatre machiavélique au nom annonciateur (Lilith).

Cartes divinatoires, psychanalyse et misère sont les maitres-mots de ce roman, dans lequel William Lindsay Gresham fait correspondre à chaque chapitre un arcane majeur du tarot, du Fou au Pendu. Soyons attentif aux cartes, l'auteur, comme Alejandro Jodorowsky et William Bayer, était féru d'art divinatoire. Gresham, Freak des lettres américaines, mort seul et dans la misère, nous tend le miroir inversé du rêve américain. Il y a du Jim Thompson, dans Nightmare Alley, celui d'A deux pas du ciel et de Vaurien, avec cette jeunesse qui taille la route pour ne pas mourir d'ennui ou de faim, et une bonne dose de mystère, assez pour que le lecteur se perde dans les mensonges, prédictions, visions, et autres manipulations.
Mais que me disent les cartes? Qu'en plus de l'adaptation du roman avec Tyrone Power en 1947, je vois, je vois, que Guillermo del Toro vient d'en réaliser une dans la grande tradition du Film Noir, prochainement sur les écrans. Merci Koalas pour la trouvaille. Cette réédition est préfacée par Nick Tosches.
Commenter  J’apprécie          622
Dans un premier temps, je me suis demandé si je n'allais pas abandonner la lecture. Les deux cents premières pages ont été laborieuses. Au vu des commentaires majoritairement dithyrambiques des babelliotes, j'ai dû m'accrocher pour continuer et enfin y découvrir la quintessence de ce roman noir américain. « Nightmare Alley est addictif et effrayant. J'ai lu quelques informations sur l'auteur, sa vie a été douloureuse et tourmentée. Encore un écrivain qui se suicide ! L'écriture dévore, insatiable.
Stan Carlisle est le double fictif de William Lindsay Gresham. Nous le rencontrons dans une tournée foraine dans la première moitié du vingtième siècle. Il est employé au Dix-en-un comme Zeena, Pete, Molly et les autres. Stan se morfond. La sexualité le tiraille et cela depuis l'enfance. Sa mère s'est carapatée avec son prof de musique ; son père, il le méprise. Stan se libère du carcan familial et part sur les routes américaines, saltimbanque. C'est Zeena qui le déniaise. Il en profite pour zigouiller son concurrent. Un accident avec une bouteille d'alcool méthylique ? Grâce à la découverte d'un jeu de tarot divinatoire, Stan abandonne la galerie des monstres avec la douce et innocente Molly afin d'abuser de plus gros pigeons. Sur son chemin, il rencontre plus fourbe que lui, Lilith, une psy manipulatrice. Ils ont oublié ce qu'ils aimaient. Ont-ils aimé vraiment ?
C'est Jean Grenier, philosophe et écrivain français qui a dit : « Ecrire, c'est mettre en ordre ses obsessions ». J'ai le sentiment que William Lindsay Gresham a essayé d'expulser tous ses démons sans y parvenir. Triste fin. Mais roman virtuose. Imaginer un tel scénario est exaltant comme une sensation physique. La narration avec des verbes d'action nourrie l'intrigue et les émotions contribuent à l'essor du style.
Commenter  J’apprécie          71
Qu'il est jubilatoire de se dire en refermant ce livre que l'univers singulier des sideshows, tels qu'ils existaient au début du siècle dernier, n'a pas fini de faire couler de l'encre - la plus noire qui soit ici.

Un petit conseil avant toute chose : si vous n'appréciez guère les romans de Jim Thompson, David Goodis ou Harry Crews, mieux vaut passer votre chemin ! Car cette réédition de Nightmare Alley (parue initialement sous le titre navrant du Charlatan) nous offre un monument de lecture vintage et hard-boiled, marqué implacablement du sceau du destin.

Il est question ici de suivre l'ascension fulgurante du jeune forain Stan le Magnifique, la nouvelle recrue prometteuse de la Galerie des Monstres d'Ackerman et Zorbaugh appelée quelques années plus tard à devenir le Révérend Carlisle, le pasteur spiritualiste que toute la bonne société américaine de l'époque s'arrache. Sauf que le bonhomme est un escroc sans scrupules, un mystificateur, un manipulateur qui aime l'argent et le pouvoir par dessus tout, et qui a oublié le principal en cours de route : qu'il est impossible de savoir à titre personnel ce que le futur nous réserve quand on ne dispose pas d'un réel don de voyance !

Avec cette 1ère oeuvre traduite en France, Gresham et Stan - son double littéraire - marquent à jamais l'histoire du roman noir de leurs langues acérées, et de leurs démons et autres geeks intérieurs qu'ils tentent de noyer dans l'alcool.
Commenter  J’apprécie          60
Ne vous y trompez pas, Nightmare Alley, n'est pas un texte tout nouveau. Il est sorti en France en 1948 sous le titre le Charlatan. C'est le premier de son auteur William Lindsay Gresham, mort en 1967 en laissant quelques titres inconnus. C'est le seul à être traduit.

Et tout a bien commencé car l'auteur nous plonge au coeur des forains, à l'époque des freaks, des femmes à barbe et autres joyeusetés. On y voit leur lien où la promiscuité et les galères créent des liens uniques parmi des gens très divers. On voit leur magouilles, leurs difficultés. On y voit le personnage principal, Stan qui sera le fil conducteur.

Là, Nightmare Alley, m'a un peu perdu car il me manquait de quoi mieux cerner le personnage principal. Ambitieux, c'est certain mais veut-il de argent, du pouvoir ? Veut-il se venger de quelques injustices sociales ? Ce n'est pas bien clair. Pour autant, son talent à lire les gens lui permet d'approcher de près, son objectif au risque de perdre son humanité. À ce stade de la lecture, j'avais perdu l'intérêt premier. William Lindsay Gresham déjoue au fur et à mesure les hypothèses que je ne peux m'empêcher d'échafauder sur l'avenir des personnages. Il n'était pas impossible que Nightmare Alley soit un roman à clefs. L'auteur m'a donc baladé et j'étais content de voir venir les dernières pages et terminer ce roman que je n'avais pas compris. Il a fallu attendre le dernier mot, celui avant le point final, pour me montrer que j'ai diablement vie été mené en bateau. Ce dernier mot a rattrapé mon avis déclinant pour ce roman et sauve cette lecture qui sera plus marquante que je ne le croyais. J'ai envie de dire, bravo Monsieur William Lindsay Gresham.
Lien : http://livrepoche.fr/nightma..
Commenter  J’apprécie          30
Roman hard boiled des années 30/40, du plus bel effet, né sous une auréole culte, roman d'une destinée tragique, né dans la douleur, d'un auteur proche de la psychanalyse et de la taromancie.
Un roman noir malaisant pour notre plus grand plaisir de lecture, ou Stan, doué d'un don Spirit, jouera les faussaires du paranormales, pour escroquer à tours de bras de riches donateurs !
Roman aux grosses ficelles, à l'argot de la misère, au charme désuet, à la foire aux geeks et aux freaks cheminant, aux culs terreux bouffis de bondieuseries, ou, Lilith, la psychologue froide et calculatrice.. Que pourrais-je écrire de plus sans en n'en dévoiler davantage, au risque de vous gâcher ce plaisir sombre, de vous aventurer dans l'allée des cauchemars ?
Commenter  J’apprécie          20
Plongeons dans les années 30 dans le milieu forain, la confrontation entre décantes et bourgeoisie, spiritisme & farce & attrapes.
Un roman dense qui laisse perplexe dans un premier temps avec cet enchaînement de paragraphes, presque non reliés les uns aux autres. Les protagonistes se mettent en place, le chapiteau est levé, l'intrigue est lancée. L'histoire avance entre coups bas, retournements de situation et pluie d'argent. La description des sentiments, la juxtaposition des pièges sont brillamment retranscrites. Cette dualité opposée entre pauvres & riches, entre filous & naïfs, tout est bien rendu. Mais le charme n'opère pas tout le temps. le récit est trop long, et malgré quelques jolis rebondissements, la surprise n'est pas au rendez-vous. le roman (re)paraît grâce à Guillermo del Toro (dont le film est sorti en janvier 2022), mais entre temps, de nombreux récits ont épuisé ce filon. Spiritisme, conquête du milieu bourgeois, appât de l'argent, trucs & astuces dans un cirque… tout est déjà vu. le roman offre de belles séquences, mais à la fin, on s'épuise à continuer la lecture d'un drame qui ne retient malheureusement plus trop l'attention.
Commenter  J’apprécie          10

Ce roman de William Lindsay Gresham est paru aux Etats-Unis en 1946, mais cela ne nuit absolument pas à la lecture en 2021. L'auteur n'a publié que 2 ouvrages, a eu de nombreux problèmes existentiels et a tenté plusieurs solutions pour s'en sortir, marxisme, christianisme, psychanalyse, tarot, AA pour finalement se suicider en 1962. Toutes ses expériences lui ont été utiles pour écrire cette histoire forte d'un gamin qui a mal démarré dans la vie, qui disposait du talent et de l'intelligence pour arriver au sommet de son art, mais qui avait trop d'ambitions et pas assez d'honnêteté pour que sa vie se termine bien.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (109) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3191 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}