Plus tard ces mêmes images en noir et blanc projetteront aux yeux des incrédules les portes des wagons plombés, le brouillard des gares dont on ne revient pas.
Chaque début d'année je me fixais le même objectif : attirer l'attention de mes maîtres, devenir leur préféré, monter sur l'une des trois marches du podium. De cette seule compétition je pouvais prétendre être le vainqueur. Là était mon domaine, à mon frère j'avais abandonné le reste du monde : lui seule pouvait le conquérir.
Notre nom lui aussi portrait sa cicatrice
" Je venais de délivrer mon père de son secret."
Fils unique, j'ai longtemps eu un frère. Il fallait me croire sur parole quand je servais cette fable à mes relations de vacances, à mes amis de passage. J'avais un frère. Plus beau, plus fort. Un frère aîné, glorieux, invisible.
Aussi longtemps que possible, j'avais retardé le moment de savoir : je m'écorchais aux barbelés d'un enclos de silence.
Aussi longtemps que possible, j'avais retardé le moment de savoir : je m'écorchais aux barbelés d'un enclos de silence.
Malgré le mal que j'ai eu à rentrer dedans au début, j'ai adoré quand le secret commence a se dévoiler. C'est la première que j'ai eu envie de pleurer en lisant un livre.
Joseph garde l'oreille collée au poste, lit tous les journaux. Les brimades qu'ils a subies en Roumanie l'ont poussé à l'exil et plus que d'autres il est attentif à la vague brune qui s'étend au-delà des frontières.
Fils unique, Philippe a toujours été persuadé qu'il avait un frère. Il vit une vie tranquille et simple, élevé par des parents, Maxime et Tania, fous amoureux l'un de l'autre. Le garçon imagine la rencontre évidente de ces deux grands sportifs sur un stade ou au bord d'une piscine, lui l'enfant chétif et malingre qui s'invente un frère fort et merveilleux.
Il grandit dans la France de l'après-guerre dans une famille trop lisse pour ne receler aucun secret. L'histoire de ses parents est trop forte, le fantôme du frère trop présent.
Car Philippe en effet, a bien eu un frère, Simon dont il n'aurait jamais connu l'existence, si Louise une vieille voisine ne lui avait raconté sa véritable histoire l'année de ses quinze ans. Une histoire déjà lourde en elle-même, mais rendue plus dramatique encore parce qu'elle se passe sous l'occupation et que sa propre naissance est due à la mort d'une bonne partie de sa famille, dont son frère.
Car à l'origine Maxime et Tania étaient beau-frère et belle-sœur. Hannah la première femme de Maxime était la sœur de Robert, époux de Tania. Maxime et Hannah avaient un fils Simon.
Maxime avait eu le coup de foudre pour Tania, sa belle-sœur le jour de son propre mariage.
Ils avaient tenté de s'oublier jusqu'à ce que la guerre ne les rattrape
Alexia.