La vengeance, le sexe, l'argent …. Les mobiles les plus fréquents du crime.
L'histoire que nous raconte John Grisham les entremêle et nous fait mariner pendant 495 pages avant de nous dévoiler le noeud de l'intrigue. Il nous donne à réfléchir aussi sur le niveau maximal de souffrance, physique comme morale, auquel un être humain puisse résister avant de craquer, la plus cruelle n'étant pas celle à laquelle on pense a priori …
Ce secret que Pete Banning, planteur de coton du Mississipi et héros de guerre revenu tout couturé de l'enfer des camps de la mort de Bataan – là, on retrouve l'univers du « Pont de la rivière Kwaï" - ne se décide pas à livrer, jusqu'à son dernier jour. La raison pour laquelle il est venu, un matin, abattre dans son bureau le pasteur méthodiste de la petite cité sudiste de Clanton, de trois balles de Colt .45.
Son procès sera retentissant, la sentence prévisible, ses propriétés saisies par la justice en réparation du préjudice causé à la veuve du pasteur, laissant toute sa famille plongée dans la douleur et totalement dépouillée d'une plantation transmise de père en fils depuis plusieurs générations.
Le drame se déroule entre 1946 et 1950 à Clanton, petite ville située entre Memphis et La Nouvelle Orléans, où la ségrégation raciale est omniprésente, totalement acceptée par les Noirs comme par les Blancs. Une ville fictive imaginée en référence à Clinton (à l'ouest de Jackson) et Canton (Madison County). On croirait ici se retrouver dans « Autant en emporte le vent » ou "ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", les grosses mammas comprises.
Le livre comporte trois parties. La première est un classique polar judiciaire, à la manière des livres de Michael Connelly, en moins bien. Trente pour cent de l'ouvrage est consacré à la description minutieuse des combats et de la défaite des troupes américaines aux Philippines, avec un portrait très négatif du général McArthur. On imagine que Grisham dispose d'un atelier d'écriture très documenté pour nous raconter avec luxe de détails combien le héros, Pete Banning, a été courageux, résiliant et chanceux aussi … Son retour à la vie normale, après la guerre, est une autre paire de manches. Car interviennent alors les ravages du sexe et de la jalousie …
La sentence est le second roman de John Grisham que je lis. J'avais déjà été déçue du précédent, je ne pense pas en acheter un troisième. Je sais que dans ma bibliothèque de la campagne, figurent plusieurs de ses livres déposés par mes filles. Je ne refuserai pas de jeter un coup d'oeil sur ceux de son début de carrière.
Mais là, franchement, malgré la qualité de la narration, le style fluide et l'ambiance très Deep South de cette époque où la consommation d'alcool est encore très réglementée et où tout le monde boit à toute occasion, je ne ressens pas tout l'enthousiasme de lecture que j'en attendais. Un avantage, je vais creuser un peu plus loin avec William Faulkner, qui fait une apparition fugace dans le roman …
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