Fin de l’enfance
extrait 1
Jouxtant la mer je sais les montagnes qui se joutent
s’ébranlent et qui dansent
Sous mes pieds la caresse de la cendre jouxtant les mon-
tagnes de sang de la mer à la chevelure hirsute sanglante
Et sur mon cœur mort sur le soir perdu sur ma vie qui
s’achève, se met remuer comme l’oiseau-nuit
La touffeur me griffant par saccades dans ma gorge la lave
mugit révolte sur la vie qui m’achève je sens en moi ven-
geance monter naissante grandir, tourner gutturale râler-
mugir…
Fin de l’enfance
extrait 2
Et la mer sans mesure où je baignai mon corps nouveau,
la mer dans son bain mouvant m’éclabousser mer d’écume
noire au goût de sang, la mer seule m’offre ses signes reculant
ses barrières de sel la mer m’appelle
Révolte sans mesure la mer m’approuve m’ouvrant pour
m’appeler vengeance sans mesure
Œuvrer
Par le bec de l’oiseau-nuit ses serres, par l’élan de tire-d’aile,
au nom des frères de sacrifices à venir, au nom de la boue
sur les yeux fermés par le jour abattu, pour la fin du nom qui
fut d’abord mien
Par seul amour restant de la mort je ferai œuvre
Et dans l’achèvement du temps qui se signe
nuit de la nuit véritable
après les derniers mots que je saigne les mots
n’auront plus jamais place
Fin de l’enfance mauve
bleus sombres sur mon âme et neuve violence
il nous fallait un chant à nous
Il fut décidé qu’il nous fallait
un chant à nous
pour retenir le visage tordu des mères
contrer l’abandon des gorges
se désassembler la chair des ongles-griffures
laisser les cheveux grandir sans la mort
un chant pour le coup de pied
des fils oublié pour le cri des filles oublié
pour les bouches vides un chant de vivant qui chante
un chant pour la pousse des seins pour les statues de sexe
et un chant pour la maturité
Il nous fallait un chant à reconnaître
— Et il nous fallait un chant pour chanter