Petite anecdote personnelle. En novembre 2015, j'ai visité le Salon du livre de Montréal et je me suis arrêtée au kiosque des éditions La Peuplade que je venais de découvrir avec deux titres que j'avais adorés. L'éditeur m'a alors présenté
Christian Guay-Poliquin, que je ne connaissais absolument pas. Seul à sa table, il attendait patiemment de potentiels lecteurs. Par politesse plus qu'autre chose, j'ai acheté son roman
le fil des kilomètres, paru deux ans plus tôt sans faire de bruit, et il me l'a dédicacé. Cherchant quelque chose à lui dire, j'ai mentionné que ça ne devait pas être facile d'écrire quelque chose d'original et de personnel dans l'exemplaire d'une inconnue parmi d'autres. Il m'a répondu de façon amusante : « Vous savez, ça n'arrive pas si souvent que ça ». On connait la suite. Son deuxième roman,
le poids de la neige, publié l'année suivante a remporté un grand succès critique et populaire. Il a été traduit en plus de quinze langues et il est récipiendaire de nombreux prix, au Québec comme à l'étranger. En 2016, j'ai lu ces deux premiers romans. J'ai bien aimé le premier et j'ai beaucoup aimé le deuxième, dans lequel l'auteur acquérait à mon sens une certaine maturité dans son style.
Ce long préambule pour dire que l'auteur m'est très sympathique et que je ne remets pas en cause son succès. J'avais très envie d'aimer son troisième opus, mais mon avis est hélas beaucoup plus tiède que ceux des autres lecteurs, en grande majorité enthousiastes. J'ai trouvé la lecture de ce roman agréable, mais elle ne m'a ni transportée ni touchée. Je ne me suis pas attachée aux personnages et je n'ai pas ressenti de tension dramatique, à part peut-être dans le comportement parfois inquiétant du personnage d'Olio. Objectivement, je ne pense pas que
Les ombres filantes soit moins bon que
le poids de la neige. Je crois plutôt que mes attentes et mes envies littéraires ont changé depuis cinq ans et que les thèmes de la survie en forêt et des relations filiales ne font pas partie de mes préférés. J'ai aussi eu du mal avec la narration au présent (qui ne m'avait pourtant pas gênée dans
le poids de la neige) qui tombe trop souvent à plat avec des descriptions factuelles des actions posées (une impression de « je fais ceci, je fais cela… »). Les clins d'oeil à d'autres oeuvres littéraires, notamment
Dans la forêt de
Jean Hegland et
Il pleuvait des oiseaux de
Jocelyne Saucier, sont nombreux et joliment amenés, mais une de mes lectures récentes, le chant de monde de
Giono qui raconte également un périple en forêt aux accents mythologiques, a fait beaucoup d'ombre aux ombres filantes de Guay-Poliquin (désolée pour le jeu de mots). Finalement, j'en ressors avec le sentiment d'un roman trop sage.