Le club des incorrigibles optimistes fait partie des rares livres que j'ai aimé, sans le savoir avant d'avoir tourné la dernière page à regret. Il fait partie de ces livres dont j'attendais beaucoup - un titre magnifique a malheureusement toutes les chances de venir fleurir ma catégorie "Grandes Espérances" - et qui, par leur style ou leur histoire, m'ont un moment donné fait douter de mon choix.
Dans ce Paris de la fin des années 1950, Michel Marini a 12 ans et deux passions dévorantes : le babyfoot, qu'il pratique avec son ami Nicolas au Balto, un café de Denfert Rochereau, et la lecture, qui manque de le tuer régulièrement, lorsqu'il traverse les rues du Quartier Latin, le nez plongé dans un livre.
Banale, sa vie aurait pu l'être ; la grande Histoire, qui se mêle allègrement à la sienne, vient pourtant en décider autrement. Outre
Sartre et
Kessel, qu'il fréquente comme deux vieux amis, c'est à travers ce "Club des incorrigibles optimistes" que Michel apprend à grandir et à faire face, pêle-mêle, aux trahisons, défections amicales, déceptions amoureuses et autres problèmes familiaux.
Avec ce livre, le lecteur est plongé dans la guerre d'Algérie, fait face au débat sans fins sur les vertus et les méfaits du colonialisme, en apprend davantage sur la situation des pieds-noirs et surtout, surtout, se heurte à cet Est qui, durant la guerre froide, est venu se trouver un petit coin de libertés à l'Ouest.
La nécessité de survivre, la joie de pouvoir s'exprimer librement, la méfiance qui subsiste pourtant, mais surtout, la déprime dans lequel cet exil forcé a plongé les membres de ce Club particulier, teintent de mélancolie ce livre qui, pourtant, en couverture, nous annonce de l'optimisme.
Et c'est sans doute cette mélancolie déprimante qui m'a fait parfois reposé mon livre pour faire une pause, car la violence, si elle n'est présente qu'en filigrane, n'en est pas pour autant complètement mise de côté ici. Reste que les personnages qui nous accompagnent pendant cette promenade de 700 pages sont attachants, chacun à leur manière, et en particulier Michel, dont le point de vue, retranscrit à la première personne, fait écho à de nombreux tourments universels et intemporels de l'adolescence.
L'écriture fluide aide à une lecture rapide, bien que ces milliards de phrases courtes puissent, à mon sens, desservir le propos lorsque le livre est aussi long, et donc, partiellement descriptif.
Un livre à lire, donc, pour en apprendre davantage sur ces victimes d'une guerre qui, si elle s'est avérée "silencieuse", n'en était pas moins aussi violente que bien d'autres.
(9/52, Challenge Variétés 2015 - dans la catégorie "Un livre choisi pour sa couverture")