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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le sang noir est un roman sombre et profond et il faut prendre le temps de le lire. 1917 fût une année de mutineries en France, et de Révolution en Russie ; Louis Guilloux y ancre l' histoire de Merlin dit Cripure, inspirée par celle de l'un de ses professeurs de morale. L'auteur s'acharne à dénoncer tout ce qu'il refuse dans la société bourgeoise de l'époque. Critique de l'Armée, de l'éducation et de l'État, tout y passe. C'est un très bon livre qui n'est pas sans rappeler Dostoïevski dans l'exploration en profondeur des motivations humaines.
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Un Céline tendre.

"Le Sang noir" est le portrait d'une petite ville française, capté sur le vif le temps d'une seule journée de 1917. Cripure, professeur de philosophie au lycée, est un personnage à l'allure grotesque et à l'esprit acéré. Affublé d'une peau de bique et de pieds gigantesques qui lui donnent la démarche chaloupée d'un danseur de corde, il est la risée des élèves qui sabotent son vélo, vit avec Maïa, une ancienne prostituée analphabète, mais suscite l'admiration de ses pairs pour quelques ouvrages savants qu'il n'a pourtant jamais publiés.
Eloignée du front, cette petite ville est rattrapée par le tumulte de la guerre et de la révolution russe : tandis que quelques notables, sûrs d'échapper à l'appel sous les drapeaux, peuvent succomber sans risque aux sirènes du patriotisme, d'autres assistent impuissants au départ de leur enfant pour le front.
J'ai songé au "Voyage au bout de la nuit" en lisant ce gros livre de 630 pages. Les deux romans s'inscrivent dans un espace-temps très différent : tandis que la geste de Bardamu se déroule sur trois continents et couvre l'entre-deux-guerres, Cripure ne s'aventure pas au-delà des limites de sa ville. Mais tous les personnages décrits par Guilloux sont un mélange de burlesque et de grâce qui n'est pas étranger à ceux de Céline. le style de Guilloux emprunte beaucoup à l'argot.
Ce roman peut décontenancer par son format et ses digressions. Certains chapitres ne participent pas à la progression de l'intrigue. Mais son style foisonnant et ses dialogues alertes en font un livre agréable à lire.
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Très belle lecture. La langue est admirable, l'ambiance historique riche, mais avant tout ce qui m'a frappé c'est la force des personnages. Surtout, ces parallèles entre Cripure et Socrate que j'ai trouvé si nombreux que je n'ai pas pu arrêter de les voir.
Le sage incompris, Socrate/Cripure, en ménage avec une mégère bourrue, Xanthippe/Maïa, condamné à mort en quelque sorte, dans un contexte de guerre où lui sont reprochés entre autres son anticonformisme et son manque de "foi" par des orateurs/flagorneurs comme Lycon/Nabucet. Derrière le pathétique et parfois le ridicule du personnage, perce le message de la supériorité de l'esprit.
Encore une fois, belle lecture.
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Une ville de province, en Bretagne. Nous sommes en 1917, en pleine Première Guerre mondiale, et les enfants de la ville sont à la guerre. Au lycée, un professeur de philosophie, surnommé Cripure (contraction du fameux Critique de la raison pure de Kant) fait figure d'intellectuel remarquable. Difforme physiquement, il est victime des blagues potaches de ses élèves. Il vit maritalement avec une ancienne prostituée, regrettant un ancien et éternel amour, et travaille à l'oeuvre d'une vie qu'il envisage de publier.
Cripure est aussi concurrencé par Nabucet, homme qui représente à lui seul la culture dans la ville et fondateur de nombreuses associations. Petit bourgeois, il voit en Cripure un rival inaccessible. Leur rivalité ira croissante, jusqu'à la provocation en duel de Nabucet par Cripure, duel qui n'aura pas lieu à cause de la lacheté du premier.
Roman ô combien psychologique, le sang noir mêle le drame et le tragique en entrant au plus près de la conscience d'un intellectuel formidable, admiré mais incompris et moqué. Dans cette France provinciale, on célèbre la guerre et le sacrifice des enfants tandis qu'on se complait dans une médiocrité qui étouffe autant qu'elle désespère. Une grand roman sur la fin du XIXème siècle et sur l'honneur et la dignité d'un homme.
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Déception. Certes pas mal de qualités et une écriture originale, qui amalgame des argots et des phrases intellectuelles. Je trouve les personnages insuffisamment croqués, pas aussi forts qu'un Mangeclous, qu'un Duc d'Auge, qu'un Jean-Sol Partre, qu'un Bardamu pour n'en citer les quelques-uns qui me viennent là.
Certes ces quatre-là sont postérieurs. le Sang noir, c'est 1935. Entre guerres.
Ce qui est étonnant, c'est qu'il ne se passe presque rien, on pourrait résumer l'intrigue en deux-trois lignes. Et que Guilloux brode. C'est réussi. Bien sûr. Oui. Rien à redire. C'est comme je le disais original.
Mais, j'ai l'impression d'avoir déjà lu bien plus drôle, bien plus fouillé psychologiquement, encore mieux écrit ou allant plus loin dans un ou des styles...
Pas un chef-d'oeuvre pour moi. Et comme je ne repère pas non plus un point qui m'a estourbi de plaisir ou impressionné, je mets moins que 4 étoiles.
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Dans une petite ville de province, les personnages haut en couleurs animent la vie locale. S'en détache Cripure, un professeur de philosophie infirme, désabusé, que maintient en vie son projet d'écriture. Trahisons, mesquineries, guerres d'influence, deuils, amours déçues et amitié jalonnent ce récit, relatant la première guerre mondiale, du point de vue de ceux qui ne sont pas dans les tranchées.

Une belle écriture, très sensible, et lucide

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Le sang noir fit la renommée de Guilloux. Ne pas confondre le pain noir et le sang noir, Clancier et Guilloux, le poète et l'écrivain prolétarien. de ce grand roman surgit l'étrange figure du professeur de philosophie, Cripure, ( pour : cripure de la raison tique), ainsi nommé par dérision potache en référence à Emmanuel Kant. Inspiré d'un philosophe ami de l'auteur Georges Palente, affligé d'acromégalie, Cripure évoque, par son caractère ombrageux, les protagonistes de "La Montagne magique" : Cripure contre Nabucet, comme Settembrini contre Naphta, préférant le duel à la dispute ! Singulier professeur, en vérité, dont l'étrangeté ne remet pas en cause son statut de notable local. Comme le livre de Thomas Mann, celui de Guilloux est un monde en miniature. Loin de la ligne de front, les personnages s'agitent dans leur province épargnée comme les ombres des drames qui surviennent ailleurs. Un théâtre que Guilloux se plaira à mettre en scène, plus tard, avec Marcel Maréchal. Il manquait à la littérature de la Grande Guerre, ce roman de l'arrière, qui est aussi la dissection de l'esprit cocardier. On devrait noter les années des rencontres avec les grands auteurs, ceux qui nous accompagnent pour le reste de notre temps. Louis Guilloux en est, assurément !
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Le personnage de Cripure est attachant. Louis Guilloux retrace ici les moeurs de la société française du début du vingtième siècle. La France est meurtrie par la première guerre mondiale. le philosophe Cripure incarne le désespoir et le refus de faire comme tout le monde.

Le début du récit est un peu lent et s'accélère sur la fin. On peut remarquer deux parties dans ce roman. Une qui est plutôt descriptive : présentation des personnages etc. et une deuxième partie où l'action est plus présente.

C'est un roman à lire.
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Louis Guilloux (1899-1980) journaliste, natif de Saint-Brieuc, publie son premier roman en 1927 et en 1935 le sang noir rate de peu le prix Goncourt, raflé par Joseph Peyré avec Sang et Lumière. Ses convictions humanistes le conduiront à devenir secrétaire du 1er Congrès mondial des écrivains antifascistes et responsable du Secours Populaire.
Ce roman – le sang noir - est considéré comme le chef d'oeuvre de Louis Guilloux et s'attire les louanges d' André Gide et Albert Camus. L'action se déroule dans une petite ville de province sur une seule journée, en 1917. Année emblématique puisque la Grande Guerre, comme on l'appelle, tourne à l'hécatombe, voit surgir les mutineries de poilus et les exécutions pour l'exemple, tandis que les Russes font leur révolution.
Le personnage principal, professeur de philosophie, se nomme Merlin mais tout le monde l'appelle Cripure. Ce sobriquet résulte d'un jeu de mot de potache sur l'ouvrage de Kant Critique de la raison pure qui devient « Cripure de la raison tique » d'où le surnom. Cripure a eu son heure de gloire à une époque grâce à un ouvrage savant mais depuis il végète, écrivant sans jamais le finir un bouquin qui devrait être son apothéose. Il vit en ménage, tant bien que mal, avec une souillon Maïa et sombre lentement dans l'alcoolisme entouré de ses chiens. Moqué de tous ou presque en raison de son infirmité, de trop grands pieds, Cripure fuit tous ces cloportes qui dans cette petite ville continuent de jouer leur rôle alors qu'au loin la guerre gronde et que leurs fils en reviennent amochés – pour les chanceux qui reviennent – avant de repartir au front. La description faite par Guilloux de cette humanité est féroce, riches ou pauvres, bourgeois ou ouvriers, tous ou presque traînent leur mesquinerie, leur bassesse, leur lâcheté, leur méchanceté. « J'ai toujours vécu seul, répliqua Cripure, absolument tout seul. Je ne serais pas plus seul chez les Canaques. »
En ce jour fatidique, la coupe va déborder pour Cripure, qui gifle son ennemi de toujours, Nabucet, un fat prétentieux et arriviste. le duel devient inévitable et le sort de Cripure paraît scellé puisque l'offensé a choisi l'épée. Les quelques heures qui vont suivre nous entraînent dans des rebondissements, le duel est annulé mais Cripure ne sera pas sauf pour autant, et des révélations hélas ! tardives, Maïa et Cripure qui vivaient comme chien et chat se cachaient à leur insu des sentiments plus tendres.
Un livre remarquable en tout point, à lire toute affaire cessante. Je me demande encore comment j'ai pu vivre jusqu'à ce jour sans l'avoir encore lu. Inutile de vous dire que je vais approfondir ma connaissance de l'oeuvre de Louis Guilloux.
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Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ce livre. La satyre est pinçante. Les personnages drôles dans leur médiocrité... c'est à mon sens un bon livre. Mais j'ai senti une véritable "lecture en deux temps". Une première partie très axée sur la description et la mise en place des personnages où on se perd un peu. La seconde partie est plus "dans l'action" et la lecture avance plus facilement.
Mais je le répète : dans l'ensemble c'est un livre à recommander.
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