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Dans un Japon récent, la rencontre d'un vieux peintre jardinier et d'un jeune homme fuyant son passé. L'art sera le ciment qui unira ces deux âmes perdues. L'auteur doté d'une écriture "poétique", nous parle de la transmission d'un héritage ancestral. Malgré l'adversité, les colères de la nature, s'il ne doit survivre qu'une chose, se sera l'Art. Car lorsque l'on pense au Japon, l'on voit des jardins aux essences diverses et l'on entend les fameux "Haikus"...et aucun raz de marée,aucun tremblement de terre aussi terrible soit-il ne fera disparaître cet héritage.
Le sujet ne m'était pas familier, mais je me suis laisser bercer par les mots du narrateur. J'étais comme dans un songe, comme souvent avec les auteurs japonais. Hubert Haddad n'est pas japonais ?
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Ce roman est si remarquablement écrit que le lecteur désire sans cesse ralentir sa lecture afin d'en savourer chaque passage et que l'amateur de jardin conservera en mémoire cette trame faite de beauté, de fragilité et d'éternité....
Un bijou littéraire, un travail d'orfèvre où la délicatesse le dispute au sublime et à une musicalité vibrante.....
À la pension de Dame Hirson, ancienne prostituée, "aux formes pleines", dans une région reculée du Japon, loin de Kobe,vit maître Osaki, jardinier le jour et peintre d'éventail la nuit:
"Peindre un éventail, n'était - ce pas ramener sagement l'art à du vent?"
C'est cet endroit que choisit Matabei Reien, après un choc affectif, il a renversé une jeune fille,pour échapper à son quotidien.
Là, il est initié à l'art du jardin et à la peinture sur éventail par Maître Osaki, virtuose d'un jardin mythique.
"Comme les éventails d'Osaki, tous ses souvenirs attendaient l'instant d'être dépliés en un seul geste, dans le jardin des retrouvailles."

C'est un roman d'initiation, un texte foisonnant et lumineux, restituant les histoires mêlées du jardin de deux peintres et de celui qui témoigne:
"Chaque éventail ouvert était tout à la fois une page du secret et un coup de vent dans les bonheurs du jardin...."
Les chapitres sont courts et ciselés, l'écriture est aérienne, délicate, mélancolique,contemplative.....dans la première partie, une forme de raffinement et de grâce....
L'auteur tente de percer le mystère de la beauté, celle du paysage mise en abîme dans les éventails, au moyen d'une virtuose écriture du regard....
Sur la soie et le papier de fins tracés délicats prennent forme en lesquels se prolongent les instants minuscules du jardin...
Quelle merveilleuse découverte que ce récit poétique et enchanteur que cette transmission d'un art qui est aussi une voie spirituelle....
Mais les trésors de la nature sont éphémères: Nature, Saisons,Couleurs, ces trésors immuables patiemment cultivés et domptés avec art et minutie....
Jusqu'au Moment où Tout bascule....
Je n'en dirai pas plus....
Mais ce n'est que mon avis...
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Etrange, merveilleux et surprenant petit livre, par le format, mais si riche.

Etrange, parce que sa composition en chapitres de trois à cinq pages, m'a évoqué les haïkus. Il est composé comme une succession d'haikus. Sensation confirmée par le fait, que cette briéveté allie l'évanescence de la description de la nature et des saisons, des personnages qui semblent vivre dans un monde de douceur et d'équilibre et de sagesse...d'où cette sensation de merveilleux, de délicatesse et de raffinement. Comment ne pas avoir envie ... d'entrer dans l'image.
Difficile, à la lecture de la premère partie de ne pas se croire dans un Japon intemporel ; par de petites touches, comme le peintre d'éventail, l'auteur resitue son récit dans notre temps.

Et puis, vers le milieu du récit, avec l'arrivée d'une jeune fille, la passion s'invite, s'installe, s'immisce comme les premières convulsions annonciatrices d'un mal aussi ravageur que la peste.

Surprenant, quand ce monde bascule dans l'horreur ! Surprenant comme l'auteur nous ramène à ce 11 mars et comme il nous immerge dans un univers à la fois apocalyptique et si humain et si digne, où la nature se rééquilibre dans sa beauté ! Et puis, en deux ou trois phrases, tout se dénoue, comme un obi glissant à terre.
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Je découvre Hubert Haddad avec cet émouvant roman à la prose foisonnante et évocatrice. Ce récit, que l'on pourrait qualifier de roman-poème, m'a fait penser par moments aux pérégrinations contemplatives de Sôseki, aux stupeurs ensorcelantes de Kawabata, ou à la sensualité fangeuse de Mishima. Qu'un étranger, même passionné de culture nippone comme l'auteur, puisse capturer avec une telle précision la substantifique moelle de la culture et de l'esthétique japonaises est tout à fait remarquable. La précision de la langue, son extase sensuelle dans la description d'une nature qui passe du sanctuaire au saccage, emmène le lecteur dans des paysages sublimés pour mieux le projeter ensuite dans le fracas d'une douloureuse prise de conscience.

Pour fuir un traumatisme personnel, Matabei décide de s'abstraire du monde en venant se perdre dans une pension de famille tenue par l'élégante Dame Hison. Son histoire nous est racontée par un jeune homme issu de l'immigration taïwanaise, et qui se présente comme son disciple. Dans cet endroit reculé de la contrée d'Atôra, entre océan Pacifique et montagnes boisées, Matabei découvre les pensionnaires réguliers tels que monsieur Ho le négociant en thé, Aé-cha l'éternelle vieille fille coréenne amatrice de poupées, ou ce couple d'amants à la passion manifeste mais discrète. Aux abords de l'auberge se trouve un somptueux jardin gorgé d'essences et d'élégance, savamment entretenu par un vieil homme ayant atteint un rare degré d'invisibilité. Matabei ne tardera pas à découvrir que derrière l'humble jardinier se cache un maître dans l'art du haïku et de la peinture sur éventail, auprès duquel il débutera un long apprentissage de la vie et de la transmission.

Les thèmes de ce roman sont habilement entrelacés, depuis l'observation contemplative d'une nature prodigieuse jusqu'aux ravages telluriques et anthropiques, en passant par le déracinement et la perpétuation des traditions. L'oeuvre se déploie comme un diptyque entre harmonie et chaos, recherchant le fragile équilibre qui peut exister entre les deux, interrogeant le rôle qu'une simple vie d'homme peut jouer dans ce théâtre.
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Je me suis engagée dans le jardin du Peintre d'éventail avec la conviction d'y trouver tranquillité, sérénité et poésie. de fait, j'ai pénétré un microcosme un peu hors du temps, un havre de paix abritant successivement Osaki Tamako, Matabeï et enfin Xu Hi-Han tous les trois peintre d'éventail de maître en disciple! Pourtant la magie n'a pas opérée et je l'avoue, je me suis surprise plus d'une fois à m'échapper de cet univers et me faire violence pour y revenir. L'écriture d'Hubert Haddad d'une évidente maîtrise a presqu'été contre productive peut-être justement parce que "trop parfaite", trop intellectuelle. J'ai presque honte de l'admettre mais un regain d'intérêt est né à la deuxième partie du roman lorsque survient le terrible tsunami du 11 mars, comme une réplique à la passion amoureuse de Matabeï tous les deux destructeurs de cet univers d'harmonie et de beauté. Tout vole en éclat dans des visions cauchemardesques et paradoxalement c'est comme si la "vraie vie" n'arrivait qu'à ce moment du récit...Mes propos sont choquants, je le conçois!
Bien qu'Hubert Haddad ait utilisé souvent un vocabulaire nippon, qu'il ait fait référence aux coutumes, légendes japonaises avec une connaissance indéniable de cette culture, je n'ai pas retrouvé l'âme des romans japonais...
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Que dire, que dire, d'un livre largement encensé et qui m'a laissée pour le moins perplexe...

L'auteur s'attaque à l'univers du Japon et ce n'est pas si mal réussi, mais qu'est-ce que c'est verbeux, là où ses personnages prônent retour à la nature, simplification et recherche de l'essentiel. On en est loin.

Le premier tiers m'a intéressée, les deux autres m'ont tour à tour lassée et ennuyée. J'étais intriguée de connaître la fin. Moui moui. Pas trop mal donc, pas raté, mais .... pas du tout une réussite, ni un ovni à mes yeux.
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Suite au tremblement de terre de Kobé et à un accident de la circulation dans lequel Osué, une jeune femme, trouva la mort en se jetant sous les roues de son véhicule, Matabei décide de se retirer du monde au fin fond de la contrée d'Atora au nord-est de l'île de Honshu. Il s'installe dans une pension de famille tenue par dame Hison, une ancienne prostituée qui le prend sous son aile et en fait son amant. En plus des principaux pensionnaires du lieu, il rencontre Osaki, un vieux jardinier qui se révèle être un formidable peintre d'éventail dont il devient le disciple dévoué. Quand le vieil homme meurt, Matabei prend sa succession au jardin et à la peinture avec le jeune Hi-Han comme nouveau disciple. La rencontre avec la belle Enjo va bouleverser la donne...
« Le peintre d'éventail » est un très beau roman qui rend bien l'atmosphère zen de ce petit coin perdu de Japon éternel. L'histoire de Matabei, à la fois touchante, émouvante et emblématique finit par basculer dans le drame quand les forces de la nature vont se déchaîner lors du fameux tsunami. Toute la fin du livre prend alors une dimension et une puissance tout autre. On passe du conte philosophique à la tragédie pour finir sur une fin désenchantée et un ultime rebondissement qu'on ne dévoilera pas pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur. Nul doute qu'Haddad soit un très bon écrivain et un merveilleux conteur. J'avais beaucoup apprécié « Opium Poppy » sur les tribulations d'un enfant afghan. L'auteur sait parfaitement restituer les ambiances de contrées aussi différentes à chaque livre. Il use et abuse un peu de descriptions très méticuleuses de décors et de paysages ce qui peut rendre la lecture un peu lente et laborieuse dans les débuts. Mais peu à peu, on se laisse prendre par une sorte de musicalité particulière, on est fasciné par les personnages hors du commun et charmé par cette histoire sombre et belle à la fois.
4/5
(Livre critiqué pour le Prix Océans France O)
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Ce livre offre deux visages à son lecteur et il déstabilise, mais, au fond, il a une approche très zen (pour le rien qui s'y trouve caché). J'y vois aussi le côté absurde des choses, qui y est assez bien relié, à mon sens. Mais tout dépend de la façon de penser les choses.

D'autre part, comme on peut souvent le constater dans la littérature japonaise classique qui est l'école d' Hubert Haddad, ce roman fournit quantité de symboles et de représentations de l'âme humaine, ici au travers de l'éventail et du jardin. Il est plein de poésie, le style est limpide, mais il ne se lit pas de manière fluide. J'ai aimé cette lecture riche et belle.

L'histoire. Matabei est hanté par la mort d'une jeune fille lors d'un accident automobile dont il est le responsable. Tourmenté, il doit se reposer de son traumatisme. Il se réfugie dans la pension de Dame Hison, située dans un endroit apaisant sur une île. Il y rencontre deux artistes peintres d'éventail : un Maître mourant et le jardinier du lieu, à qui le premier a transmis son art.

Le jardinier et Matabei se mettent à admirer et louer la splendeur de la nature, consacrée dans ce qu'elle a de plus poétique."Luxe, calme et volupté".... Les oiseaux chantent. On devine la beauté des éventails qu'il faut ouvrir pour comprendre à quoi correspond tout leur relief.

Les autres pensionnaires ont des tourments qui restent vagues. L'action se passe dans le jardin, et les échanges se font au cours du repas, mais l'atmosphère n'est jamais vraiment détendue. Peut-être peut-on imaginer le couple d'amant qui séjourne là-bas plus heureux que les autres, ... on ne sait pas. En réalité, je me suis un peu désintéressée de tous les personnages secondaires de la pension, car ils ne sont restés que des touches de couleurs.

Et puis soudain, arrive un grand boum surprenant,et toute "l'harmonie" se détruit peu à peu. Tout se met à changer.
C'est un livre d'une extrême finesse. Il faut le lire et peut-être en tirer des enseignements.
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Aux confins de la région d'Atora, en bas de la première montagne, Dame Hison, ancienne courtisane qu'aucun homme, jamais, n'appela par son prénom, tient un gîte, refuge pour randonneurs, pèlerins, amants, solitudes, "havre d'oubli plus que de sérénité", où Matabei Reien se retire en état de choc et se console de son désespoir dans le jardin attenant.

Un jardin qui "ressemblerait à la nature entière" et dont le jardinier, le vieil Osaki Tanako, cédé à Dame Hison en même temps que les murs, est poète et peintre d'éventails.

Les deux hommes se lient. "L'observant du bout extrême de sa vie", Osaki transmet alors à Matabei sa vision et son art. le jardin. Les éventails.

- "Quand je n'y serai plus, il restera les éventails.
- Et le jardin, ajouta Matabei.
- Et le vent, oui, dit Osaki".

A la mort d'Osaki, Matabei, toujours plus en retrait du monde, se consacrera à l'entretien du jardin et, en écho, à l'étude des lavis et des poésies de son maître. Du gâte-sauce de Dame Hison, le jeune Hi-han, il fera à son tour un disciple.

Mais tout, en cette vie, est impermanent et aussi fragile qu'une fleur.

L'amour, le désir, la jalousie.
La sagesse peut-être.
Les éventails hélas.
Même les jardins.

Quand il ne demeure rien de ce qui a été, que reste-t-il à sauver ?

Ce ouvrage est un baume et une merveille d'écriture. Une poésie ininterrompue de 188 pages.
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"Le peintre d'éventail" est un roman d'initiation qui fleure bon le Japon, à tel point que la ligne d'écriture finit par se confondre avec ce pays.
Construit avec des chapitres ciselés, la première partie s'attache à suivre le parcours de Matabei, de son arrivée dans la pension de Dame Hison à son initiation et à sa découverte de l'art de peindre les éventails : "Peindre un éventail, n'était-ce pas ramener sagement l'art à du vent ?", de son apprentissage discret auprès de maître Osaki qui lui permettra de se pardonner ce passé qu'il fuyait : "Matabei savait maintenant que les vrais maîtres vivent et meurent ignorés et qu'on ne pouvait espérer plus belle équité en ce monde.".
Cette première partie est essentiellement contemplative mais très belle, elle regorge de détails sur la Nature et l'Etre humain, à travers les personnages qui peuplent la pension de Dame Hison et viennent y trouver refuge, un havre de paix ou une cachette pour des amours sans doute interdits.
Mais il y a également beaucoup de poésie dans ce récit à travers les quelques haïkus qui ponctuent le récit ainsi que par l'Art déployé à travers les éventails ou encore le jardin, à l'image que chacun peut se faire du jardin à la japonaise.
La deuxième partie, quant à elle, est un déchaînement de la Nature, une rupture de l'équilibre et de cette impression de Paradis qui se dégageait de la première.
Le lecteur est projeté au coeur d'événements qui ne sont pas sans rappeler ceux vécus récemment par ce pays.
Mais ce récit laisse planer le doute sur son intemporalité, tout comme le lecteur s'interroge par moment si le pays dont il est question n'est pas imaginaire, et c'est justement ce qui en fait sa force et sa beauté.
D'autant plus que ce n'est pas Matabei qui se raconte directement, mais c'est par la voix de Xu Hi-Han, ancien marmiton de la pension de Dame Hison devenu depuis un savant lettré, que ce formidable personnage est présenté au lecteur : "Matabei n'avait rien d'un homme ordinaire, de ceux qui vous jugent et se regorgent; il donnait l'impression de se défendre d'une profonde distraction, comme un funambule en plein vertige à qui on demanderait l'heure exacte.".
Au final, il reste que loin d'être le jardin du Zen, la pension de Dame Hison et son jardin ont plutôt été le cadre de déchirements et de passions, un tsunami d'émotions humaines lui-même balayé par la force destructrice et ravageuse de la Nature.
Ainsi va la Vie.

"Le peintre d'éventail" de Hubert Haddad est une puissante évocation du Japon qui subjugue par sa beauté sublime et sa maîtrise, une lecture et un auteur qui ne peuvent laisser indifférents ainsi qu'une vision exaltante du Japon.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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