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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
“La vie est un chemin de rosée dont la mémoire se perd, comme un rêve de jardin. Mais le jardin renaîtra, un matin de printemps, c'est bien la seule chose qui importe. Il s'épanouira dans une palpitation insensée d'éventails.”

Au Japon, dans la contrée isolée d'Atôra - district de Futuba - entre montagne et Pacifique, le professeur Xu Hi-Han, disciple de Matabei Reinen, nous raconte la vie de son maître, le peintre d'éventail, dont “l'histoire fut comme le vent, à peu près aussi incompréhensible aux autres qu'à (lui)-même.”

C'est une histoire tissée de hasards qui se déroule principalement au sein de la pension de famille de dame Hison, une ancienne courtisane, “un lieu d'oubli plus que de sérénité, un lieu pour disparaître aux autres ou à soi” où il trouva un jour refuge après le décès pour lui traumatisant d'une jeune fille inconnue et qu'il a vue mourir. Une histoire qui ressemble à un conte où des personnages solitaires et singuliers traversent comme dans un songe les haïkus, les délicats agencements des jardins et le souffle des éventails...

"Le peintre d'éventail" est un récit initiatique plein de profondeur et de finesse où la poésie se nourrit de contemplation, de spiritualité et de philosophie. J'en ai aimé la belle écriture, le soin apporté à la description de la nature et des paysages, le rythme pensif et lent et le regard porté sur l'art. Et je me suis attachée à ce beau portrait de peintre “qui n'aura vécu que d'espérance jusqu'à l'heure du chaos”, que le hasard des rencontres, des circonstances et de la tragédie finale révèle peu à peu à lui-même et qui s'efface sans bruit car “les vrais maîtres vivent et meurent ignorés et (on ne peut) espérer plus belle équité en ce monde”.

Une belle méditation, que j'ai beaucoup aimée, sur l'impermanence des choses et sur ce qui, malgré tout, demeure.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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C'est pour fuir les démons qui le hantent et que la vie trépidante du Japon moderne n'a pas la moindre chance d'apaiser que Matabei se réfugie chez Dame Hison, qui règne sur une petite communauté bigarrée, loin des tumultes de la ville sur l'île d'Honshu. La petite pension cache un trésor inestimable : crée et entretenu par Osaki Tanako, un jardin merveilleux réjouit le regard. Dompter la nature et la sublimer en l'immortalisant sur de fins éventails : Matabei est séduit et devient le disciple de l'artiste.

Mais le feu couve sous les cendres et l'harmonie est un équilibre fragile que les passions humaines sont promptes à disloquer. Sans compter qu'un drame autrement plus destructeur viendra douloureusement accréditer la thèse de l'impermanence...
Dans un Japon contemporain, clairement bien connu et compris, le drame collectif vient balayer la vanité des conflits triviaux, animés par des passions dérisoires.

Toute la magie de ce roman est portée par la finesse de l'écriture, aussi précise et artistique que les créations d'Osaki. La poésie et la magie qui se dégagent du teste fait accéder le lecteur à l'émerveillement que produit la contemplation de l'oeuvre picturale du maître des éventails.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Nous connaissons le mont Fuji, peint par Hokusai ou Hiroshige, nous ne connaissons pas le mont Jimura. C'est pourtant le sujet d'un des trois éventails gardés, ou refaits par Matabei : l'un reproduit des oies cendrées volant dans la brume, le deuxième un pont suspendu au-dessus d'une rivière tumultueuse. Et le troisième la nature autour de la montagne.
Nous avons là, en résumé, trois thèmes centraux du roman :
- la cendre, celle des oies, « bientôt en cendres », celle des milliers d'esclaves coréens partis en fumée, celles du vieux peintre mort d'épuisement, les morts qui attendront de devenir cendres après le cataclysme, alors que l'incinérateur est en panne. Plus que tout, les cendres qui seront notre lot commun.
- les eaux dévastatrices, suite à un tremblement de terre qui touche l'ile de Honshu, l'ile principale du Japon.
- la peinture d'éventails, sur des papiers fragiles, symboles même de la permanence des couleurs et des formes, jointe à l'impermanence, « un éventail assombri s'agitait de temps à autre comme l'aile d'un papillon ».
Matabei fuit, après avoir été témoin de l'accident mortel d'une jeune fille percutée par une voiture. Il cherche sa voie et reprends des forces en jardinant avec le peintre d'éventails.
Jardin et peinture sont liés, car le jardin donne un spectacle à la fois immuable et toujours changeant selon les saisons, et il s'agit de s'adapter au changement de la nature. La peinture par lavis de ce jardin peut être recommencée indéfiniment et constitue une trace tangible figée.
Changement perpétuel et reproduction inchangée, voilà un premier paradoxe.
Poésie et cataclysme, deuxième paradoxe.
Les pierres, les massifs, les arbustes, doivent être regardés pendant des heures pour livrer leur secret, « l'ultime nudité du fond ». Et cependant, paradoxe, un aveugle voit encore mieux, s'extasie sur la beauté des éventails, comme si voir n'était pas si nécessaire.

Hubert Haddad, par un seul mot, reprend lui aussi son ouvrage : Matabei fuit, parce que c'est lui l'assassin involontaire.
Les rivières suite au séisme, sont sans doute soulevées par un tsunami, ou comme conséquence de l'accident nucléaire de Fukushima, de 2011, or le peintre d'éventail a été écrit en 2013. L'auteur glisse plusieurs fois le mot « irradiation ».

Serait-ce le secret de ce livre ? apparemment une réflexion sur les jardins et la peinture de ces jardins, il introduit par petites touches des amours décrites dans le détail, des catastrophes, de la jalousie, de la culpabilité, des morts, jusqu'à la destruction du jardin et du lieu de vie.
Les peintures, cependant, reproduisent ce jardin détruit « en une somme magique d'inachèvements. ».

Il attendait, ce livre, et la chronique il y a peu de Sandrine @hundredDreams me l'a fait ressusciter, comme le jardin sur les éventails.
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Hubert Haddad est un auteur que je rencontre pour la première fois. Il fait partie de ces auteurs que je souhaitais lire depuis longtemps. Mon choix s'est porté sur « le peintre d'Eventail » en raison de mon attachement à l'art et la nature. J'avais envie de me promener dans ce jardin d'Eden encadré d'un côté, par les montagnes et de l'autre, par le bleu de l'océan.
Le végétal, le minéral et l'animal avec pour écrin, le Pacifique.

*
Témoin de la mort d'une passante dont le dernier regard rivé sur le sien le tourmente et l'obsède, Matabei choisit de se retirer au nord-est de l'île de Honshu. Il loue une chambre dans une paisible pension de famille tenue par une ancienne geisha, Dame Hison.
Attenant à l'auberge, se trouve un jardin magnifiquement entretenu par un vieil homme, maître Osaki. Matabei se lie au vieux jardinier, découvrant en lui un extraordinaire talent pour la peinture d'éventail et l'écriture de haïkus. Matabei deviendra bientôt l'élève du vieillard, apprenant l'art du jardin, l'écriture de haïkus qui retranscrit les émotions que lui suggère la nature, la technique du lavis sur des éventails de papier et de soie.
Hubert Haddad effleure avec beauté cette technique picturale, ma curiosité pour la peinture aurait mérité d'entrer de manière un peu plus approfondie dans les détails de cet art traditionnel.

« Depuis sa chambre, Matabei considérait avec une profonde émotion les gestes du peintre. Une sérénité d'un autre siècle émanait de ce globe de clarté au sein duquel un éventail assombri s'agitait de temps à autre comme l'aile d'un papillon de nuit. »

*
L'âme du poète et le regard sensible de maître Osaki fusionnent délicatement pour les transposer à l'esthétique du jardin. Ainsi, l'artiste reproduit l'art des lavis au jardin, jouant sur les perspectives, les couleurs, les formes pour guider l'oeil des promeneurs. Chaque massif, chaque plante sont pensés pour former un ensemble équilibré et harmonieux.

« Il travaillait au jardin en artiste, attentif à la métamorphose des saisons. »

C'est avec plaisir que l'on découvre ce jardin perdu entre océan et montagnes, entre forêts de bambous et lac : par petites touches impressionnistes, Hubert Haddad restitue avec poésie, la douceur et l'harmonie du lieu, les jeux de lumière et de couleurs sur les massifs floraux, les chants d'oiseaux, le clapotis de l'eau du bassin dans lequel nagent des carpes koï.

« On y échappait à la loi commune pour l'amour ou par la désespérance ; c'était un havre d'oubli plus que de sérénité, un lieu pour disparaître aux autres ou à soi. »

Hubert Haddad, par la force de son écriture, provoque de douces émotions, appelle à la contemplation et aux rêveries.

*
« le peintre d'Eventail » est avant tout un roman d'atmosphère dans lequel viennent enchâsser de magnifiques haïkus.

« Bec et plumes
l'encre est à peine sèche
qu'il s'envole déjà »

Hubert Haddad décrit, à la façon d'un poète. Son écriture, particulièrement belle, sensible, mélodieuse, recherchée et métaphorique, se pare d'images dans un kaléidoscope de couleurs, de sonorités, de parfums et d'émotions, pour tisser, en toile de fond, ce merveilleux jardin. C'est une estampe japonaise qui fait naître des sensations et des impressions.

« Créer des paysages, … c'est assimiler la loi d'asymétrie et le juste équilibre comme un art de vivre. Les chemins de rosée, les sentiers sous les arbres et les passes de gué avec tous ces riens échelonnés, cette pierre, l'eau vive d'une rigole, cette branche basse, voilà le parcours intérieur. »

La vie s'écoule doucement dans ce cadre hors du temps, rythmée par le calme et l'harmonie du jardin, le chant des oiseaux, les confidences discrètes des deux hommes, les résidents de la pension, dessinant lentement le carrousel de la vie avec ses bonheurs et ses maux, ses passions et ses drames intimes.
Le passage du temps entremêle subtilement passé et présent.

Le lecteur trouve une forme d'apaisement dans ce décor silencieux empli d'éclats de lumière et d'ombres, de sensualité et de déchirements, de pudeur et d'impudeur.

« Trempée de rosée
dans les parfums de cent fleurs –
tu t'éveilleras »

Mais pour ma part, tout en étant admirative de la prose de l'auteur, l'histoire, trop contemplative, parsemée de longueurs, a eu aussi pour effet de me détacher insensiblement de ce jardin et de ses habitants.
Mon esprit s'est mis à vagabonder, à flâner, à voyager entre douceur et douleur, tendresse et tristesse, jusqu'à ce qu'un drame inattendu me sorte de mes rêves et me ramène à la brutale réalité. Dans les tourbillons enchevêtrés de l'horreur, les évènements passés et présents prennent une direction imprévisible.

Hubert Haddad évite subtilement l'écueil du sentimentalisme. Au contraire, j'ai vraiment aimé cette rupture soudaine et violente avec l'atmosphère de cette première partie. L'ambiance cataclysmique est magnifiquement rendue, c'est douloureux, tragique, émouvant, poignant. C'est très étrange de dire cela, j'ai trouvé de la beauté dans le cheminement de Matabei.

« le chant éperdu des oiseaux de la forêt laissait croire à l'innocence du jour. Il avait rêvé de son vieux maître aux cendres délavées qui lui parlait du jardin des nuages et des fleurs de la mémoire. »

Une fois le livre refermé, mon impression sur le début de l'histoire s'est modifiée. En effet, à la lumière de l'ensemble du récit, je ressens autant un équilibre qu'une continuité entre ces deux moments bien distincts. C'est comme une boucle, un prolongement, un héritage qui se transmet et se perpétue entre maître et élève.

« On peut exprimer sa pensée avec des couleurs, des mots, mais aussi avec ce que tu vois : les plantes, l'eau et les pierres. Là, il faut compter avec l'adversité, le vent et la pluie, les saisons. le jardin vit de ta vie, c'est la différence… »

*
Tout au long du récit, se déploient des beaux thèmes autour de la transmission, de l'art qui fusionne avec l'intime et redonne du sens à la vie, de la mémoire et des souvenirs, du traumatisme et des regrets, de la nature qui s'invite dans les drames de la vie.

« Chant des mille automnes
le monde est une blessure
qu'un seul matin soigne »

*
Pour conclure, « le peintre d'Eventail » n'est pas le coup de coeur que j'attendais, mais c'est un joli roman initiatique parsemé de haïkus, émaillé de magnifiques passages descriptifs, avec pour toile de fond la nature, îlot de verdure où les hommes s'isolent, se reconstruisent, se rencontrent, se déchirent, s'aiment, s'éloignent, pleurent.
Un roman sensible et maîtrisé où le temps donne matière à des réflexions philosophiques.
Un roman sur la résilience que je recommande pour tous les amoureux de romans d'atmosphère, de beaux textes qui cisèlent la vie, la mort, le destin de chacun.

« La vie est un chemin de rosée dont la mémoire se perd, comme un rêve de jardin. Mais le jardin renaîtra, un matin de printemps, c'est bien la seule chose qui importe. Il s'épanouira dans une palpitation insensée d'éventails. »
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« La vie est un chemin de rosée dont la mémoire se perd. »

Qui se souviendra de nous lorsque nous nous serons éteints, si nous ne laissons derrière nous aucune famille, aucun ami, aucun héritage, aucune trace ?
Préserver la mémoire et l'oeuvre de son maître, tel a été le souci de Matabei après l'événement.
Lui-même hanté par ses souvenirs, Matabei se réfugie à la pension de dame Hison, asile de tous ceux qui cherchent à fuir le monde, à s'isoler et mener une vie discrète et libre.
Le cadre est enchanteur. le jardin, soigneusement entretenu par le maître puis par Matabei, offre un petit aperçu terrestre du Paradis.
Mais cette vie édenienne prendra fin, tout comme dans l'histoire biblique, dès lors que le péché aura été commis. Plus qu'à une chute, c'est à l'apocalypse que Matabei soit survivre.

Hubert Haddad parvient talentueusement à immerger son lecteur dans l'atmosphère douce du Japon. A l'instar des pensionnaires de dame Hison, le lecteur se sent hors du temps et se laisse bercer par la plume délicate et poétique de l'auteur. de nombreuses descriptions sont tout autant d'hommages à la nature luxuriante et pleine de vie de ce coin de l'archipel nippon. Les lecteurs de Pays de neige de Kawabata ressentiront comme un air familier à la fois par l'intrigue liant les personnages et par cette préséance accordée à l'environnement. Cette lecture onirique peut toutefois gêner par la surabondance de ces descriptions qui provoque à terme un effet répétitif et lassant.

Heureusement, la dure réalité se rappelle inopinément aux personnages et au lecteur. La lecture s'accélère, la rupture avec ce qui précède est évidente et radicale. La nature luxuriante cède sa place à un paysage de mort et de désolation. Après l'insouciance et la douceur de vivre, c'est l'errance et la tentative de retrouver ce qu'on a perdu. Mais il est plutôt temps de laisser les fantômes s'éloigner et de songer à la trace que l'on veut laisser de notre passage sur Terre. Matabei tente d'exorciser ses vieux démons en restaurant les éventails abîmés de son maître afin de transmettre ce patrimoine et d'encrer dans le papier de riz ses liens intimes et solides entre maître et élève, liens de substitution aux liens parentaux brisés ou perdus.

Le peintre d'éventail est un roman contemplatif d'une grande beauté. On y retrouve des traits communs à d'autres oeuvres d'Hubert Haddad : la solitude, la perte de ses parents, la trahison, la nature, les conséquences désastreuses des actions humaines. Après la guerre dans Opium Poppy, c'est la dangerosité de la science qu'Hubert Haddad pointe du doigt en insérant le fictionnel dans la réalité par l'évocation du drame de Fukushima.
Le drame est matériel, environnemental, humain mais aussi sentimental, les personnages subissent le choc et le lecteur n'est pas épargné. En tout cas, ma sensibilité a fait qu'un détail inattendu de l'intrigue entre les personnages m'a à ce point surprise et attristée que j'en ai versé une larme.
L'Homme est dangereux pour la nature, la nature est dangereuse pour l'Homme. Face à sa puissance, nous ne sommes que grains de poussière aussitôt balayés d'un coup d'éventail.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Un petit livre mais qui se doit d'être dégusté lentement avec délicatesse et quand rassasié des mots, le souffle devient court, fermer les yeux, prendre une grande respiration et se fondre dans la beauté presque onirique de ces paysages, de ce jardin d'harmonie. Ouvrir son coeur aux états d'âme des personnages, aux blessures profondes et sincères, causes de leur fuite, de leur retrait loin des fureurs du monde, mais aussi responsables d'avoir ciselé en eux l'attrait subtil et équilibré du beau et la possibilité de la passion.
L'illusion pourtant que la nature est faite pour l'appréciation des hommes, que celui-ci puisse en un jardin éphémère imiter la grandeur et la beauté de sa conception va éclater au grand jour. 16 ans après le séisme de Kobe, la terre tremble à nouveau et en ce 11 mars c'est un tsunami qui va tout ravager, rappelant que la nature et ses forces sont indépendantes et non assujetties à l'homme. Reste à l'homme le devoir de vénérer cette nature et de transmettre la mémoire, à travers l'art, des émotions qu'une telle beauté suscite.
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Hubert Haddad nous conte l'histoire de Matabei à travers le récit de Hi Han (tiens les mêmes initiales HH ). En effet, le jeune Hi Han va rencontrer Matabei dans une pension tenue par une ancienne Geisha « Dame Hison », sur une île Japonaise. Cet endroit loin de tout est un havre de paix. S'y abrite également, le vieux Maître Osaki, peintre d'éventail au milieu du jardin bucolique attenant à la maison.Matabei sera son élève et se plaira à poursuivre l'oeuvre de son initiateur pour la transmettre à son tour à Hi Han, le narrateur. La magie de cette quiétude où règnent harmonie, amour, contemplation va subitement être menée au déséquilibre. le facteur humain en sera la cause avant que la nature ne prenne les choses en main.
Cette lecture nous mène tout en légèreté dans un monde d'aquarelles, de tons fragiles, de volupté et de rêverie.
Un véritable voyage en apesanteur.
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Dans un Japon contemporain où le drame est tout proche, Hubert Haddad nous un petit bijou de finesse, de poésie à travers ce peintre d'éventail
Subtilité de l'artiste , écriture par petites touches comme le pinceau súr la toile vierge, mais aussi réflexion sur la fragilté temporelle de l' art et la vie humaine
Et malgré tout , un optimisme éternel car la beauté et la création artistique perdureront au delà des soubresauts tragiques de l'Histoire
Belle leçon de poésie ,belle immersion dans un Japon raffiné et éternel
Un beau livre
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Petit concentré de poésie et d'esthétisme contemplatif, le Peintre d'éventail est un véritable hymne à la nature et à l'art pictural japonais.
Entre le tremblement de terre de Kobe et le tsunami de Fukushima, Matabei se retire dans une auberge du nord du pays, où il est initié à l'art du jardin et de la peinture sur éventail par un vieux jardinier virtuose dans un jardin de légende, attenant à l'auberge. A son tour, Matabei initiera ensuite Hi-Han aux subtiles correspondances entre l'art et la nature, les saisons, les couleurs, l'immuable beauté d'un jardin patiemment dompté... jusqu'a ce que ce double trésor, le jardin et les éventails peints soit ravagé par la nature sauvage, mais patiemment ressuscités par la mémoire de Matabei.
Une immersion totale dans un Japon hallucinant de vérité sous la plume sublîme d'Hubert Haddad qui sait se faire aussi japonais qu'afghan (Opium Poppy) ou palestinien (Palestine).
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Ce roman est si remarquablement écrit que le lecteur désire sans cesse ralentir sa lecture afin d'en savourer chaque passage et que l'amateur de jardin conservera en mémoire cette trame faite de beauté, de fragilité et d'éternité....
Un bijou littéraire, un travail d'orfèvre où la délicatesse le dispute au sublime et à une musicalité vibrante.....
À la pension de Dame Hirson, ancienne prostituée, "aux formes pleines", dans une région reculée du Japon, loin de Kobe,vit maître Osaki, jardinier le jour et peintre d'éventail la nuit:
"Peindre un éventail, n'était - ce pas ramener sagement l'art à du vent?"
C'est cet endroit que choisit Matabei Reien, après un choc affectif, il a renversé une jeune fille,pour échapper à son quotidien.
Là, il est initié à l'art du jardin et à la peinture sur éventail par Maître Osaki, virtuose d'un jardin mythique.
"Comme les éventails d'Osaki, tous ses souvenirs attendaient l'instant d'être dépliés en un seul geste, dans le jardin des retrouvailles."

C'est un roman d'initiation, un texte foisonnant et lumineux, restituant les histoires mêlées du jardin de deux peintres et de celui qui témoigne:
"Chaque éventail ouvert était tout à la fois une page du secret et un coup de vent dans les bonheurs du jardin...."
Les chapitres sont courts et ciselés, l'écriture est aérienne, délicate, mélancolique,contemplative.....dans la première partie, une forme de raffinement et de grâce....
L'auteur tente de percer le mystère de la beauté, celle du paysage mise en abîme dans les éventails, au moyen d'une virtuose écriture du regard....
Sur la soie et le papier de fins tracés délicats prennent forme en lesquels se prolongent les instants minuscules du jardin...
Quelle merveilleuse découverte que ce récit poétique et enchanteur que cette transmission d'un art qui est aussi une voie spirituelle....
Mais les trésors de la nature sont éphémères: Nature, Saisons,Couleurs, ces trésors immuables patiemment cultivés et domptés avec art et minutie....
Jusqu'au Moment où Tout bascule....
Je n'en dirai pas plus....
Mais ce n'est que mon avis...
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