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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ah ! ces arabes ! cataloguent-ils. Ce livre intime et fort, court et joliment écrit, qui alterne et vient nous dépeindre du quotidien, pas toujours facile, que nous ne pouvons pas comprendre, nous, blanc-becs. Ces actes et ces paroles des autres, pourtant jamais "obligés", pas toujours sciemment, qui pourtant forgent, à force, un caractère, qui limitent, qui emprisonnent. Des anecdotes sans patos ni récrimination, simplement ; quelques colères quand même. Et, en même temps, du quotidien qui est si peu différent du mien, de chacun de nous. Différence qui n'existe pourtant pas vraiment : comme cette "dernière vaisselle" à faire avant de partir en vacance. Pareil. Et tant d'autres. Et surtout, cette mère et ce père qui s'aiment follement, de presque rien, leur fille étant le témoin tendre de leur relation pleine. Chacun protégeant l'autre. Voilà comment nous existons.
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Après cette lecture, j'ai eu très envie de parler de ce livre. de le partager. Mais les mots ne venaient pas. Ou pas comme je le désirais...

C'est un récit nécessaire.
Celui d'une enfant issue de l'immigration. Victime d'un racisme endémique. D'une violence de peau, d'une violence de sexe.
Elle vient, par son témoignage, non pas pointer du doigt bêtement, accusatrice, les faiblesses d'un pays colonisateur qui se noit dans sa peur et sa culpabilité. Bien mieux. Elle panse les plaies. Très délicatement.

Tout le long du livre, elle nous interpelle, comme un cri de détresse. "Regardez-le, écoutez moi"... Prenez-lui la main, elle a tant à vous dire. Sur sa famille, un peu. Sur la France, beaucoup. Sur vous et moi, follement.

La peur de l'autre, de sa différence.
La peur de nos parents de manquer de moyens pour nous offrir toutes nos chances.
La peur d'être assimilé, amalgamé à ces violences de quartier, comme s'il fallait courber la tête et se taire parce que la peau n'est pas blanche. Les yeux pas bleus. Que papa et maman ont un accent.
La vérité française, je le crois, est celle de la peur.

Elle met également en exergue un sujet qui me tient particulièrement à coeur. Celui de l'Education Nationale. de l'école. du système de l'enseignement dans notre beau pays laïque. Publique ou privée.
Des lacunes, des carences de ce système, archaïque, de moins en moins adapté au monde actuel, et à nos enfants confrontés à ce monde-là.
Bien sûr, la valeur en reste essentielle. Primordiale.
Kaoutar Harchi l'exprime d'ailleurs très bien, sa chance de se trouver, de s'épanouir, passe par les études.

C'est aussi un grand et déchirant cri d'amour à son père et à sa mère.

Je vais terminer, malgré tout ce qu'il reste à dire, par une dédicace un peu particulière. A la professeure de Kaoutar Harchi, friande de dédicace.
Lisez Comme nous existons, pour connaître votre histoire.
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Harchi Kaoutar (1987-) - "Comme nous existons : récit" – Actes Sud / Babel, 2021 (ISBN 978-2-330-18186-4)

Un livre pour le moins paradoxal, avec un côté fort médiocre et décevant, et un autre fort positif.
Commençons par le côté décevant.
L'auteur décrit son propre parcours : fille d'immigrés pauvres d'origine marocaine habitant à Strasbourg dans le quartier de l'Elsau (que je connais personnellement), elle a bénéficié pleinement de ce qui fut "l'ascenseur social républicain" incarné en France par le système scolaire. Ses parents acceptant de lourds sacrifices, elle put fréquenter un collège coté, catholique, dit "privé" (en fait, sous contrat d'association avec l'Etat, ce qui relativise beaucoup ce statut privé). Si je comprends bien les diverses allusions, il s'agirait du collège et lycée Saint-Étienne d'obédience papiste – rival à Strasbourg du "Gymnase Jean Sturm" d'obédience parpaillote et du lycée Fustel de Coulanges de l'Education Nationale, sans oublier l'Ecole Akiba de création plus récente (le Lycée des Pontonniers de la tant égalitariste Education Nationale étant carrément une chasse soigneusement gardée).
Bien évidemment, ce parcours hors norme ne s'est pas fait sans quelques grincements, la population scolaire de ce collège-lycée se composant surtout d'enfants des catégories CSP++. Reste néanmoins que cet établissement taxé d'élitisme pratique des tarifs différenciés qui ont précisément permis aux parents, bien que pauvres, d'y inscrire leur enfant. D'autres institutions – comme la bibliothèque municipale de la rue Kuhn, elle aussi ouverte à toutes et tous – ont facilité cet accès à un parcours scolaire de très bon niveau, parcours qui permet aujourd'hui à Kaoutar Harchi de disposer d'un capital culturel et intellectuel de haut niveau.

Elle n'évoque aucunement cet aspect dont l'examen serait pourtant stimulant, et préfère ne retenir (dixit la quatrième de couverture) qu'une posture "intersectionnelle" dénonçant "les rapports de pouvoir de classe, de genre et de race". C'est là une omission étonnante de la part d'une personne aussi brillante, présentée comme "chercheuse en sociologie" : à ce titre, elle devrait en effet mettre en oeuvre des perspectives autres que purement individuelles si ce n'est nombrilistes.

Autre lacune étonnante : elle n'évoque jamais le statut particulier que la population alsacienne entretenait encore dans les années ici évoquées avec la "France de l'intérieur" – encore fortement marquée dans les générations antérieures, l'identité alsacienne a aujourd'hui été balayée par la standardisation bobo-parisienne massive – mais celle de ses parents fut encore en contact direct avec cette mise au pas culturelle (marquée par la destruction systématiquement menée des dialectes germaniques alémanique et francique), dont on pouvait attendre d'une si prestigieuse sociologue qu'elle tire des parallèles stimulants.

Dans la posture a-historique typique de la sociologie, elle ne dispose pas non plus du recul historique qui lui permettrait de suivre depuis l'après Seconde Guerre Mondiale les déracinements sociaux et géographiques tectoniques qui firent de l'écrasante majorité de la population française "gauloise de souche" ou d'origine européenne (italiens, polonais, portugais etc) une population connaissant un déracinement parallèle voire semblable à celui subit par les immigrés maghrébins.
Pour ne prendre que la population d'origine "gauloise", ces années se caractérisent par exemple par la disparition de la plus grande partie du monde rural agricole, de celui de la boutique, du petit commerce et des marchés, de l'artisanat etc... Sans oublier que l'ascenseur social qui fonctionne alors à plein régime porte de fortes atteintes aux liens familiaux, dont un reclassement sociologique drastique (la plupart des enfants connaissent un parcours professionnel hors du secteur de leurs parents).
Les destructions massives – sciemment organisées par l'élite parisienne tertiaire parasitaire (pléonasme) –, de l'industrie lourde (textile du Nord, sidérurgie Lorraine etc) contribuent elles aussi à des changements sociologiques majeurs, menant entre autre à l'hyper urbanisation crétinisante dont la région parisienne fournit aujourd'hui un exemple consternant. En dépassant la posture nombriliste victimaire, il y a vraiment de quoi dégager au moins des analogies frappantes. Mais bon, la sociologie à la mode Paris III Sorbonne Nouvelle (catastrophe universitaire) ne permet probablement pas d'élargir autant ses horizons.

Comme de nombreux auteurs traitant de l'immigration, elle n'évoque pas non plus cette question cruciale concernant les pays d'origine : pourquoi les dirigeants de ces pays organisent-ils massivement l'émigration de leur jeunesse, privant leur pays d'éléments aussi brillants, qui contribueraient efficacement à leur développement ?

Quant aux quelques paragraphes consacrés à ces bien braves garçons "issus de l'immigration", délinquants sempiternellement innocents, ayons la bonté de les oublier : on ne compte plus le nombre d'assassinats de gamins de plus en plus jeunes coincés dans le trafic de drogue, dont les médias et les démagogues se servent pour faire oublier que l'écrasante majorité des gamins d'origine maghrébine finissent peu ou prou par trouver une place dans notre société, ne serait-ce que dans l'armée, la police ou la gendarmerie (oh!)...

Oublions donc ces lacunes, car ce témoignage s'avère précieux pour au moins deux excellentes raisons.
Je retiens tout d'abord cet excellentissime mise en oeuvre (au sens le plus vrai) de la langue française : Kaoutar Harchi l'utilise avec une virtuosité dont bien peu de locuteurs "gaulois de souche" sont aujourd'hui capables. La lecture de ce texte est un véritable plaisir littéraire. Ce même auteur a écrit sur ce sujet un livre intitulé "Je n'ai qu'une langue, ce n'est pas la mienne : des écrivains à l'épreuve" que je n'ai pas encore lu mais déjà acquis et figurant en bonne place dans ma "pile à lire prochainement". Autant que je sache, cet essai traite précisément de ces auteurs originaires des anciennes colonies et écrivant en langue française, une catégorie d'auteurs à laquelle je porte une grande attention (cf recensions des textes publiés par Boualem Sansal, Alice Zeniter, Djamel Cherigui, Rachid Santaki, Bibi Naceri, Alain Mabanckou, Azouz Begag, Karim Miské, et tant d'autres).

Pour conclure, je retiens le plus bel aspect de ce texte, à savoir ces lignes lumineuses évoquant ses parents, son père Mohamed et surtout sa mère Hania. Avec son immense talent d'écriture, en se laissant guider par son amour filial, Kaoutar Harchi pourrait sans aucune doute nous créditer d'un texte aussi fondamental que l'est celui de Cavanna évoquant "Les Ritals"...
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Comme nous existons est le récit autobiographique d'une jeune femme de parents immigrés qui ne veulent pas qu'elle fréquente les jeunes de son quartier. Ils l'inscrivent donc dans les écoles, collèges et lycées loin de chez elle mais avec des enfants "fréquentables". Et elle va y connaître le racisme. Nous allons la suivre jusqu'à l'université.
Bien que l'écriture soit très belle, je n'ai pas plus accroché que ça à ce petit roman. Je l'ai lu sans m'attacher aux personnages... Je suis peut-être passée à côté.
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Comme nous existons est un récit de vie, celui de l'autrice enfant d'immigré et transfuge de classe.

Ce récit autobiographique m'a plus ou moins laissé de marbre. J'ai trouvé le propos assez froid plus factuel qu'émotionnel ou tout simplement « vivant ». Ce manque d'émotions, de relief m'a empêché d'accrocher.

Du coup je ne sais pas trop quoi en penser, il est certainement utile et nécessaire mais je ne suis pas convaincue par ma lecture  !
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Comme nous existons est un roman autobiographique qui raconte l'enfance, l'éducation et l'éveil politique de l'autrice.
L'autrice est fille d'immigrés, de milieu socio-économique modeste. Et le roman tourne plus ou moins autour de ces thématiques. L'islam, les cheveux bouclés, le plafond de verre, etc.
C'était un bon roman, aux thématiques intéressantes, mais je n'ai pas réussi à m'attacher au personnage principal. Bien que n'étant pas de ce milieu je n'ai rien appris ou découvert. Je n'ai pas été surprise non plus.

C'était bien malgré tout et si le sujet vous intéresse je ne peux que vous le recommander !
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J'avoue que j'ai acheté ce livre pour sa couverture et ce tableau Nu debout qui est mon préféré de De Staël !
Je l'ai acheté à Mulhouse pendant les fêtes de fin d'année et j'ai été amusé de constater que le récit se passait à Strasbourg. Je trouve le texte assez bien écrit mais je ne partage pas les idées sur le fond qui est une critique sévère à mon sens de l'éducation française. En revanche j'aime beaucoup l'écriture et le souvenir de l'auteur sur son enfance et ses parents, de belles images.
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