Voici typiquement le genre de livres devant lesquels je ne me serais probablement pas arrêtée de moi-même, la couverture et le titre ne m'inspirant pas du tout. Il fait partie de ceux qui tournent parmi la famille et les amis, et de la famille et des amis de la famille et des amis (chez nous, les livres voyagent, beaucoup, parfois sans qu'on sache de qui ils viennent). Ça doit bien faire trois mois que "
Le vent de la fortune" est arrivé jusqu'à moi, sans que je me décide à l'ouvrir. Je profite d'être en avance sur mes emprunts à la bibliothèque (un miracle !) pour arrêter de le monopoliser et pour qu'il puisse continuer son voyage.
Il n'est pas bon de ne se fier qu'aux apparences, car je l'ai bien plus apprécié que ce que je m'y attendais.
Les événements se déroule essentiellement entre le début des années 1960 et le milieu des années 1980, à New York et un peu à Providence. Nous y suivons deux femmes et un homme : Deedee, Lana et Slash. Deedee est la fille de Russel et Joyce, un agent de change à la fortune conséquente et sa femme légitime, qui ne connaîtra que le luxe et aura tout sans qu'elle ait besoin de se remuer les fesses. Lana est la fille de Russel et Mildred, la maîtresse de ce dernier ; laissée pour compte dès sa naissance par son père biologique, Lana devra se battre contre un beau-père violent et alcoolique et contre la pauvreté pour atteindre ses objectifs. Slash, abandonné par sa mère quand il était minot et de père inconnu, s'est juré qu'un jour il serait immensément riche. Parti de presque rien, il réussit à se faire engager chez Lancome & Dalhen, une société d'investissements dont la réputation n'est plus à faire. Utilisant des méthodes peu orthodoxes, il est à la fois admiré et mal vu. Il réussira pourtant à monter les échelons, million de dollars par million de dollars, et même à épouser la fille de son patron, une certaine Deedee, en se mettant à dos toute la famille de cette dernière... Lana, pendant ce temps-là, goûte à l'indépendance et commence à se faire un nom dans le milieu de la cosmétique...
Je m'étais imaginé une romance avec tous les clichés attendus. J'ai eu droit à tout autre chose, à une fresque familiale plus précisément. Si par moments, je me suis un peu cru dans "Les feux de l'amour" ou "Dallas", j'ai eu tôt fait de l'oublier, car c'est finalement bien plus que ça. On se retrouve plongés dans le milieu de la finance où les positions sociales dépendent des cotations boursières, au moment de la libération de la femme et de la révolution sexuelle, alors que la jeunesse ose davantage s'exprimer et se rebeller pendant qu'elle écoute désormais les Beattles et prend la pilule. le contexte politique, économique, sociétal et culturel de cette Amérique rebelle est rondement bien implanté et a autant son importance que l'histoire elle-même.
Les personnages sont certes un peu stéréotypés mais n'en sont pas moins intéressants pour autant. Je n'ai pas détesté Slash comme prévu, alors que trop ambitieux et opportuniste. Et même si j'ai eu vite fait de choisir mon camp entre la femme indépendante et moderne qu'est Lana et celle qui se laisse entretenir qu'est Deedee, je n'ai pas non plus détesté cette dernière. Chacun des personnages apporte juste ce qu'il faut de piquant à l'histoire pour nous garder attentif jusqu'au bout.
La plume de l'autrice, bien qu'un peu répétitive, est dynamique et se laisse lire sans problème. L'intrigue est appétente, les personnages sont plutôt bien construits même s'ils n'ont rien de surprenants, le dénouement n'est pas mirobolant mais plutôt jouissif à certains égards, et le contexte de l'époque est subtilement intriqué dans l'histoire. L'ensemble est toujours bien décrit, l'autrice prend le temps d'analyser les situations et événements, les personnages et ressentis, ou encore le luxe des lieux, décors, tenues et accessoires, sans jamais être rébarbative, donnant du corps à une intrigue qui aurait pu paraître plus banale autrement.
Je ne pense pas que je garderai longtemps ce roman en mémoire mais il aura au moins eu le mérite de m'octroyer un moment de lecture plaisant, alors même que les sujets évoqués ne sont pas ceux que j'affectionne le plus en temps normal (monde de la finance, jeu boursier, héritage et grosses fortunes).