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sur 589 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La nuit, c'est l'antre de la petite mort, c'est le noir qui angoisse et fait pleurer les enfants, la nuit, je mens, je m'en lave les mains, j'ai dans mes bottes des montagnes de questions. La nuit, certains dorment quand d'autres font l'amour comme tant d'autres ont mal, les yeux ouverts dans le gouffre de la nuit.

Chercher une âme ouverte, une âme, juste une âme pour avoir moins froid, pour éloigner la peur du silence et celle de la solitude. Addie et Louis, deux maisons voisines, des rides qui
tracent les sillons de leurs 70 années, deux coeurs refroidis par le deuil, par la mort du temps qui passe et ne reviendra plus. Venez dormir avec moi murmure Addie à Louis. Juste dormir, pas de sexe, mais vous savoir là à côté de moi dans ce lit trop grand... Une proposition attachante, troublante, pudique à laquelle Louis répond oui, bien sûr.

Pas d'âge pour la tendresse.
Des nuits qui brillent quand elles sont partagées.
Un peu de jour dans la nuit, joue contre joue.
Un peu de rose sur les joues.
Fuir les quand dira t'on.
Juste la nuit qui s'étend à rallonge dans le jour.
Un peu de tendresse pour émoustiller la vieillesse, un peu d'amour, quelques confidences pour apprivoiser deux solitudes.
Puis, ça change tout, un peu de tendresse. le ventre devient chaud, la tête bourdonne, le coeur palpite.

Un très beau roman comme je les aime. de petits chapitres, des phrases courtes. Une ligne droite sans accroc vers nos âmes la nuit.

🎶 La nuit se traîne
La nuit n'en finit plus
Et j'attends que quelque chose vienne
Mais je ne sais qui je ne sais quoi
J'ai envie d'aimer, j'ai envie de vivre... 🎶
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Avec ce livre, j'ai tout de suite été touché par la grâce.
Addie et louis sont deux vieilles personnes bientôt arrivées au bout du long chemin de leur vie. Ils habitent dans deux maisons voisines, et se côtoient sans réellement se connaître.
C'est Addie qui fera le premier pas en proposant à Louis de venir dormir dans son lit. Simplement dormir. Simplement sentir une présence, un corps, une respiration à ses côtés. Et puis parler, et repousser dans les recoins de la chambre cette solitude qui, au coeur de la nuit, devient vite insupportable.
Ils se raconteront leur vie, la vraie, quand le masque est tombé. Ils se chuchoteront leurs rêves enfuis, leurs moments de grands bonheurs, leurs trahisons, et leurs douleurs secrètes. Ils riront de cette longue routine, paisible et courtoise, qui leur a pourtant permis de tenir tout ce temps. Ils parleront de ces enfants, loin de chez eux, mais tellement présents dans leur coeur, pour qui ils ont tout donné sans que cela soit pour autant suffisant. Dans le silence de la nuit, ils sentiront autour d'eux la présence obsédante de leurs conjoints disparus.
Puis vient le moment où ces rencontres nocturnes leur donnent le feu sacré. Addie et Louis se rendent compte presque par hasard, malgré le qu'en-dira-t-on, malgré le jugement des enfants, qu'ils ne sont pas complètement desséchés dans leurs corps et leurs esprits.
Quelle belle histoire empreinte de douceur, de dignité et d'espérance. Un récit relaté avec des mots d'une désarmante simplicité.
Un livre rare.



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Que font nos âmes la nuit ? Que font nos âmes pour traverser le fleuve inquiétant de la nuit, pour passer de la rive du soir à la rive de l'aube ? Au mieux, sont-elles emportées par le clapotis des rêves, bercées par la cascade de l'amour, parfois entaillées par les roches noires des cauchemars, noyées par les larmes des regrets, en tourbillon dans les souvenirs s'élèvant tels des cailloux à fleurs d'eau, trempées par la sueur de l'insomnie, glacées par les fantômes, gelées par la mort, tapie, qui rôde.

Que font nos âmes la nuit lorsque nous sommes confrontés à la solitude, celle du petit enfant dans une famille en crise ou celle de la personne âgée devenue veuve ? Ces âmes-là ont-elles dans leurs bottes des montagnes de questions où surgissent encore leur égo…mentent-elles effrontément ? S'en lavent-elles les mains ?

Le remède pour la vaillante Addie, veuve de 75 ans, est d'oser aller voir son voisin, Louis, également septuagénaire et veuf, pour lui faire une proposition. Elle lui demande de venir chez elle de temps en temps pour dormir avec elle. Pas une question de sexe, le rassure-t-elle, pas une question d'amour non plus, mais histoire d'avoir quelqu'un à ses côtés pour passer ce cap si difficile de la nuit, de partager une complicité, une forme d'intimité et de tendresse faite de discussions, de présence, de silence complice, de mains qui se serrent. Une façon d'apaiser leurs âmes respectives. Une façon d'allumer une veilleuse, pour cette traversée. de retrouver ce moment important, le rituel du coucher, comme pour les enfants, qui, de même, ont besoin qu'on leur raconte une histoire. Se moquant des ragots, des rumeurs, habituelles dans cette petite ville de banlieue où tout le monde se connait, dans cette Amérique puritaine, Louis tous les soirs va retrouver Andie, son pyjama et sa brosse à dent dans un sac.

De ce petit rituel sage, empreint de discussions, de découvertes, de gestes tendres qu'ils vont peu à peu réapprendre, retrouver, de respirations rassurantes, va émerger une forme d'amour, un amour serein, simple, basé sur la volonté de faire un petit bout de chemin ensemble. Un amour qui dépose un peu de rose aux joues et qui redonne goût à la vie. Un amour qui repousse la mort, qui éloigne l'assèchement des corps et des esprits, qui donne de nouveau des changements et des émotions fortes. Un amour qui permet d'aller à deux en pleine nature et de gouter ensemble quelques bonheurs simples : « Louis retira sa chemise, son pantalon et son caleçon puis alla les déposer sur l'herbe. Revenant dans l'eau, il s'inonda le corps et s'assit dans le ruisseau. Bon, si tu veux jouer à ça. Addie ôta sa robe par le haut, retira ses sous-vêtements et s'accroupit dans l'eau fraîche à côté de lui. Et puis je m'en fiche si quelqu'un nous voit, décréta-t-elle. Ils demeurèrent face à face avant de s'allonger dans l'eau, tous deux très pâles à l'exception de leurs visages, leurs mains et leurs bras. le ventre un peu trop plein, ils étaient rassasiés, comblés. Ils sentaient le courant qui faisait glisser de petits doigts de sable sous leurs corps. »


Un très beau roman, rare, où Kent Haruf met à l'honneur, avec pudeur et délicatesse, l'amour des personnes du troisième âge. J'ai été happée par la grâce et la lumière de ce récit. Par sa bonté. Lu d'une traite. Je finis avec quelques larmes aux yeux.


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Dévoré d'une traite, ce court roman de moins de 200 pages et une vraie pépite. Il nous entraine dans une petite ville du Colorado, où Adie et Louis vivent tout deux seuls après la mort de leur mari / femme depuis plusieurs années. La solitude leur pèse beaucoup et Adie propose alors à Louis de venir passer la nuit avec elle. Il n'est pas question de sexe, juste d'avoir une présence, un peu de réconfort et surtout quelqu'un à qui parler. Petit à petit, ils s'apprivoisent et vivent une très jolie histoire, jusqu'à ce que leurs enfants interviennent et les pousse à rompre.

C'est magnifiquement bien écrit, avec beaucoup de pudeur et de poésie. Adie et Louis sont vraiment très attachants et on regrette juste que le roman soit si court car il est difficile de leur dire au revoir. J'ai adoré leur histoire que j'ai trouvée très belle. Je suis malgré tout choquée que leurs enfants soient si durs, si choqués des ragots, mais c'est peut-être différents aux Etats-Unis où les mentalités sont sans doute plus puritaines que chez nous.

C'était ma première rencontre avec l'auteur et je suis curieuse de découvrir un peu plus son univers car il a conquis mon coeur de lectrice avec ce roman. Je me demande aussi ce que peut donner ce roman sur grand écran puisqu'il a fait l'objet d'une adaptation avec les grands Robert Redford et Jane Fonda. Malgré tout, je reste sur mes gardes et je me demande comment toute la pudeur du récit a bien pu être retransmise au cinéma. Mais par curiosité, je pense visionner le film dans les semaines à venir.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Lorsque la solitude devient lourde et le besoin de parler impérieux, Addie, 75 ans se rend chez son voisin Louis et lui demande de partager ses nuits, simplement pour être ensemble et égrener le fil des souvenirs, des bonheurs et des chagrins en partageant quelques heures de sérénité.
Même si cette démarche pour le moins inattendu déstabilise un instant le vieil homme, c'est très rapidement qu'il accepte.
Et peu à peu l'habitude s'installe, malgré les commérages des voisins, une sorte de bonheur paisible jusqu'à ce que les enfants s'en mêlent.

C'est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité que Kent Haruf dépeint la renaissance de deux personnes qui au soir de leur existence pensent qu'elles sont passées à côté de beaucoup de choses.
Pour Addie l'envie de profiter de ses dernières années est tellement forte qu'elle décide de faire fi du qu'en-dira-t-on et de vivre chaque nouvelle expérience avec l'intensité des premières fois.
Les discussions et les confidences de la nuit deviennent des instants volés, des pépites de joie dans une existence jusque-là sans surprise.
Ce roman empreint de délicatesse montre qu'à tout âge, on peut choisir sa vie. Kent Haruf nous entraîne dans une belle histoire d'amour, nourrie d'une réflexion sur la liberté, magnifiée par la présence d'un enfant, le petit fils d'Addie qui fait preuve par sa malice et sa naïveté d'une émouvante complicité.
L'écriture simple, élégante, sans fioriture apporte un charme supplémentaire à cette parenthèse joyeuse et triste, comme la vie.
Un coup de coeur.
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Un être humain a généralement deux grandes craintes : la mort et la solitude. Pas la solitude du penseur romantique sur la montagne contemplant la mer de nuage, non ; la vilaine solitude de celui ou celle qui, jour après jour traverse la foule au regard étranger, rentre dans son petit logement vide, où il trompe son ennui en attendant que la nuit tombe… Or de nos jours, le fait est qu'au moment d'approcher de la première on se trouve souvent confronté à la seconde.

Qu'y-a-t-il de plus difficile dans la solitude ? Manger seul, se promener seul, rester devant la télévision seul ? Dormir seul, d'après les personnages de ce livre. Il faut dire que tous deux sont veufs. Tous deux ont habité à quelques dizaines de mètres l'un de l'autre pendant des années, se connaissant comme on connait un voisin. Ont connu le mari de l'une, l'épouse de l'un. Ne savent pas tant de chose de l'autre, mais savent que c'est une bonne personne. Pourquoi ne viendrais-tu pas le soir, propose-t-elle un jour. On boirait un verre. On discuterait. Et puis on s'allongerait cote à cote, et on s'endormirait sans sentir le lit remplit d'absence à ses côtés…

En douceur, une relation se tisse. Chacun découvre l'autre. Quand aux ragots, le plus simple est d'assumer, voir d'aller au devant, même si tout reste platonique. Un jour, elle reçoit un coup de fil de son fils. Ses affaires vont mal, et sa femme l'a quitté. Pourrait-elle prendre son petit-fils le temps d'un été ?

Le style se démarque par sa grande sobriété, sa simplicité et son élégance – exactement ce qui semble avoir disparu de la littérature française ces derniers temps. Croyez-le ou non, mais ça fait un bien fou. Surtout quand quelqu'un vous a concocté la bonne playlist pour aller avec !
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Pas besoin de faire long après tellement de critiques plus éloquentes les unes que les autres.

Juste dire combien ce livre respire, transpire et diffuse l'amour, la force d'une intimité partagée, l'espoir du renouveau et du jour qui se lève... bref l'humanité.

Juste dire que des mots simples mais affinés, assemblés en courts chapitres, le tout tenant en quelques pages, suffisent bien plus que nombre de pavés à faire un livre inoubliable... bref de la littérature.

Juste dire que ce livre m'a ému, et c'est assez rare...
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Je commence l'année avec un livre récemment reçu et qui figurait dans la partie supérieure de ma PAL.

Beau texte émouvant et magnifique histoire douce-amère montrant à quel point vivre dans l'échange est épanouissant et, malheureusement, combien vivre selon ses désirs profonds sans atteinte à autrui est quelquefois difficile, voire impossible, dans une société où s'affranchir de ‘'la norme''(*) est stigmatisé impitoyablement… une histoire d'actualité car à notre époque la vieillesse n'est plus synonyme de relégation. Jusqu'au bout, on voudrait croire que c'est possible, mais…

Je n'avais jamais lu de livre de cet auteur… ‘'Nos âmes la nuit'' est son dernier roman, paru après sa mort ; mais je vais en lire d'autres car j'ai apprécié la finesse et la sensibilité de son écriture ainsi que l'habileté et la délicatesse avec laquelle il relate cette histoire qui aurait pu verser dans le scabreux.

"Kent Haruf aborde l'amour avec une grâce miraculeuse. Son style sobre, sa façon de saisir en quelques détails visuels l'essentiel donnent à son livre une force paisible" (Le Figaro dans son article ''Nos âmes la nuit de Kent Haruf : le visiteur du soir'').


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(*) ‘'la norme'' dans notre société est ce que font ou estiment pouvoir faire les citoyens-moutons de Panurge intoxiqués par certains réseaux sociaux et les discours démagogiques… on parle beaucoup de ‘'tolérance'' mais l'intolérance s'étend à tous les niveaux.
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Quand vieillesse rime avec tendresse.

Un roman plein de pudeur, de bonté et d'amour.

La rencontre de deux solitudes qui vivront quelques doux moments ensemble, faisant fi du « qu'en dira-t-on », contrant la médisance et la méchanceté des ragots.

Dans une petite ville du Colorado, Addie, veuve depuis des décennies, fait une proposition étrange à son voisin Louis, veuf lui aussi.
Une belle histoire qui commence pour ces deux seniors à la recherche de réconfort, d'apaisement et de compagnie. de tendres confidences échangées durant la nuit.

Deux âmes seules qui se trouvent et se retrouvent, la nuit…dormir ensemble pour oublier sa solitude.

Même si la jeunesse s'en est allée, avec sa fougue et son allégresse, le besoin de tendresse n'est pas éteint et les sentiments qui illuminent, apaisent les âmes et réchauffent les coeurs, font du bien.

Une belle découverte que ce court roman empreint d'émotions et de lumière.

J'avais la gorge nouée en terminant ma lecture, touchée par la délicatesse qui s'en dégage, les moments de plénitude, de tristesse et d'humour. Une histoire pleine de sensibilité.

« Les années passent, qu'il est loin l'âge tendre, nul ne peut nous entendre ».
« Je voudrais de la lumière…dans mon jardin d'hiver… »

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Dans une langue dépouillée, sans fioritures, mais poignante, Kent Harouf va droit au coeur des choses, capturant d'une manière très juste ce qui nous fait sentir le plus humain au fond de nous-mêmes.
Nos âmes la nuit, est publié à titre posthume et écrit quelques mois seulement avant la mort de l'auteur, d'un cancer du poumon à l'âge de 71 ans.

Dans d'autres mains, ce récit aurait pu être larmoyant : une veuve septuagénaire, Addie, tend la main à son voisin veuf, Louis, avec une demande simple : s'allonger ensemble dans le lit et parler dans le noir pour conjurer la solitude. Dans des chapitres courts et simples, l'auteur raconte comment ce couple inhabituel apprend à se connaître et à s'aimer. Comment ils se racontent l'un à l'autre et comment cela les rapproche. Comment ils se présentent ouvertement aux citoyens de la petite ville et se placent au-dessus des ragots. Combien ils sont courageux et montrent que l'on peut, en tant que personne âgée, s'ouvrir à un nouvel amour et construire une nouvelle vie commune. Peu à peu, leurs vies se mettent à nu - leurs rêves et leurs déceptions, leurs espoirs et leurs compromis, et tout ce qui compose la tapisserie d'une vie. Lorsque le jeune petit-fils d'Addie, vient séjourner temporairement chez elle, leur relation s'approfondit et est mise à l'épreuve. Tout pourrait continuer à se dérouler à merveille s'il n'y avait pas en plus, la désapprobation de leurs propres enfants.

Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue ; elle se déroule de façon si naturelle et si belle que chaque lecteur doit la découvrir par lui-même.

Une très belle découverte qui m'a donné envie de lire d'autres écrits de cet auteur !
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