Lire les bouquins que
John Harvey consacre à l'Inspecteur principal Resnck et à son univers, c'est un peu comme retrouver une famille. C'est un peu (beaucoup) ce que je recherchais et trouvais lorsque j'étais enfant et que je collectionnais les albums de Tintin, et c'est ce que j'ai continué à faire avec, par exemple, le commissaire Wallander de l'excellent
Henning Mankell et d'autres naturellement.
Ce quatrième opus traite d'un sujet délicat, la pédophilie, que l'auteur contextualise au milieu de tous les maux contemporains que traversent nos sociétés : l'incivilité, la violence, la drogue, l'alcool, le chômage, la famille, la perte des repères etc
Dans ce maillage sociologique et sociétal Harvey réussit à aborder le thème cité précédemment avec tact, délicatesse et une bonne dose de talent.
En effet si la tension, le suspense et l'horreur liés à l'enlèvement, à l'abus et à la mort d'enfant(s) ont ce quelque chose d'oppressant, c'est sans aucun exhibitionnisme, plutôt avec une sorte de réalisme sans complaisance, mais empreint de retenue, voire de pudeur au sens le plus noble de ce mot.
Techniquement, la structure narrative qui, comme le ferait un cinéaste, suit les personnages sur deux trois pages au maximum, avant de passer à une autre séquence, est d'une réelle efficacité.
Le style est sobre et de bon niveau.
Les personnages sont vrais, forts et crédibles, les dialogues de bonne facture.
Si les caractéristiques qui font la renommée du flic
Resnick sont toujours là… ses quatre chats aux noms de musiciens de jazz célèbres, son célibat, les rapports avec son ex femme, ses deux passions que sont la bouffe et l'embonpoint qui l'accompagne, le jazz…( à noter que dans cet opus, il nous donne plus qu'un aperçu de ses connaissances musicales, à savoir une vraie petite leçon de "pro" ), ses racines et attaches polonaises, son côté négligé (toujours mal fagoté, les habits froissés, une tache de mayonnaise qui traine sur une cravate qui n'en est pas ou plus vraiment une), Harvey, peut-être à cause du sujet traité, laisse toute sa place à l'enquête et s'attarde moins que d'habitude sur les détails que je viens d'évoquer.
L'histoire tient toutes ses promesses, pour notre plus grand plaisir.
A noter que la "famille" va perdre, comme dans - Les morts de la St Jean - de Mankell, un(e) de ses membres, ce que, personnellement, j'avais hélas pressenti depuis quasiment le premier opus de la série.
Du très bon
John Harvey donc, que je recommande.