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Georges Blumberg (Traducteur)
EAN : 9782130553182
176 pages
Presses Universitaires de France (02/10/2005)
4.07/5   41 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:

« La tendance moderne vers le socialisme signifie une rupture brutale non seulement avec le passé récent mais encore avec toute l’évolution de la civilisation occidentale […]. Ce qu’on abandonne peu à peu, ce n’est pas simplement le libéralisme du XIXe et du XVIIIe siècle, mais encore l’individualisme fondamental que nous avons hérité d’Érasme et de Montaigne, de Cicéron et de Tacite, de Périclès et de Thucydide. »

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
" Il vaut mieux tenir des conditions favorables au progrès plutôt que de faire "un plan de progrès". "

Livre d'économie, ou Livre politique comme il nous en avait averti dans le prologue, est un livre d'une grande finesse et d'une grande clarté que je n'ai rarement lu ailleurs. Presque visionnaire, (je rappelle que La route de la servitude a été écrite en 1943 dans un contexte de guerre mondiale) il expose sa thèse selon laquelle les décisions économiques prises trente, voire quarante ans avant auraient conduit à la Seconde Guerre mondiale.
Il développe également deux concepts économiques majeurs : le libéralisme et le planisme, l'économie de libre marché et marché contrôlé/organisé.

Livre encore très actuel, il s'applique parfaitement à notre société moderne ainsi qu'à tous ses enjeux.

Hayek est un des rares auteurs qui mène une réflexion riche et argumentée du début à la fin que s'en est impressionnant.

La route de la servitude est un livre que je recommande absolument, il offre une compréhension du monde, de l'économie et de la politique qui est d'une grande rareté.

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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Dans la société de concurrence le pauvre a beaucoup moins de possibilités que le riche, c'est entendu. Il n'en est pas moins vrai que dans cette société le pauvre est quand même plus libre qu'une personne disposant d'un plus grand bien-être matériel dans un autre genre de société. Sous le régime de la concurrence, l'homme qui part de zéro a beaucoup moins de chance d'acquérir une grande richesse que l'homme doté d'un héritage important, mais il peut y parvenir. Et c'est seulement dans la société de concurrence que ce résultat dépend uniquement de lui et non pas des faveurs des puissants. Nous avons oublié ce que signifie le manque de liberté. C'est pour cela que nous ne tenons pas compte d'un fait élémentaire : un ouvrier non spécialisé a en Angleterre plus de possibilités d'organiser sa vie à son goût que, par exemple, un petit patron en Allemagne ou qu'un ingénieur bien payé en Russie. Qu'il s'agisse de changer de travail ou de résidence, de passer ses loisirs selon ses idées ou d'émettre ses opinions personnelles, notre ouvrier ne rencontre pas d'obstacles absolus, n'encourt pas de risques pour sa sécurité physique et pour sa liberté. Il paie plus ou moins cher pour satisfaire ses penchants, mais n'est pas astreint, par l'ordre d'un supérieur, à s'employer à une certaine tâche et à vivre dans un endroit défini.
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C'est Mœller van den Bruck qui proclama la guerre mondiale entre libéralisme et socialisme: «Nous avons perdu la guerre contre l'Occident, le socialisme l'a perdue contre le libéralisme .» Comme pour Spengler, le libéralisme devient pour lui aussi l'ennemi par excellence. Mœller van den Bruck se réjouit du fait

« qu'il n'y a pas de libéraux dans l'Allemagne d'aujourd’hui ; il y a de jeunes révolutionnaires, il y a de jeunes conservateurs. Mais qui veut être libéral?...Le libéralisme représente une philosophie dont la jeunesse allemande se détourne maintenant avec nausée, avec colère, avec mépris, parce que rien n'est Plus éloigné de sa philosophie à elle, rien ne lui répugne avantage que cette conception de la vie. La jeunesse allemande d’aujourd’hui reconnaît dans le libéral-son ennemi par excellence. »

Le Troisième Empire de Mœller van den Bruck était destiné à donner aux Allemands un socialisme adapté à leur nature et non corrompu par les idées libérales de l'Occident. Ce qui ne manqua pas de se produire.

Ces auteurs ne représentent nullement des phénomènes isolés. Pas plus tard qu'en 1922 un observateur impartial a pu parler « d'un phénomène curieux, surprenant au premier abord », qu'il avait constaté en Allemagne :

« En vertu de ces idées, la lutte contre le système capitaliste n'est rien d'autre que la continuation de la guerre contre l'entente avec les armes de l'esprit et de l'organisation économique. C'est un processus qui mène au socialisme pratique, au retour de l'Allemagne à ses traditions les meilleures et les plus nobles. »(1)

La lutte contre le libéralisme sous toutes ses formes, le libéralisme qui avait conduit l'Allemagne à sa défaite, fut l'idée commune qui réunit les socialistes et les conservateurs. Ce fut d'abord le Mouvement de la Jeunesse Allemande, d'inspiration et de tendance presque entièrement socialiste, qui s'empara avec avidité de ces idées et accepta la fusion du socialisme et du nationalisme. A partir de 1920 jusqu’à l'avènement d'Hitler, un groupe de jeunes gens réunis autour du journal Die Tat dirigé par Ferdinand Fried, représenta cette tendance de la façon la plus menaçante. Le livre de Fried, Ende des Kapitalism'us, est peut-être l'expression la plus caractéristique de ce groupe des Edelnazis, nazis d'élite comme on les appelait en Allemagne. Cet ouvrage est assez inquiétant à cause de sa ressemblance avec une quantité de livres qui paraissent actuellement en Angleterre, et où nous pouvons observer le même rassemblement des socialistes de gauche et de droite, le même mépris pour tout ce qui est libéral dans l'acception ancienne du terme. Le titre de « socialisme conservateur » (ou, dans d'autres milieux, celui de « socialisme religieux») servit à de nombreux auteurs pour faire le lit du « national-socialisme ».

(1) K. Pribram, « Deutscher Nationalismus und Deutscher Sozialismus. Dans l'A1'chill 1141' Sozialwissenschaft und Sozialpolitique, vol. 49, 1922, p. 298-299. L'auteur évoque encore d'autres témoignages, ainsi le philosophe Max Scheler prêchant « la mission socialiste de l'Allemagne dans le monde » et le marxiste K. Korsch qui parle de l'esprit de la nouvelle Volksgemeinschalt. (pp. 130-131)
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Il existe une explication superficielle et erronée du national-socialisme qui le représente comme une simple réaction fomentée par tous ceux dont le progrès du socialisme menaçait les prérogatives et les privilèges. Cette opinion a naturellement été adoptée par tous ceux qui, tout en ayant contribué au mouvement d'idées qui a mené au national-socialisme, se sont arrêtés en chemin, ce qui les a mis en conflit avec les nazis et les a obligés à quitter leur pays. Ils représentent, par leur nombre, la seule opposition notable qu'aient rencontrée les .nazis. Mais cela signifie simplement que, au sens le plus large du terme, tous les Allemands sont devenus socialistes et que le vieux libéralisme a été chassé par le socialisme. Nous espérons montrer que le conflit qui met aux prises en Allemagne la « droite » nationale-socialiste et la « gauche » est ce genre de conflit qui s'élèvera toujours entre factions socialistes rivales. Si cette explication est exacte, elle signifie toutefois que bon nombre de ces réfugiés, en s'accrochant à leurs croyances, contribuent de la meilleure foi du mondé à faire suivre à leur pays d'adoption le chemin de l'Allemagne.

Je sais que bon nombre de mes amis anglais ont parfois été choqués par les opinions semi-fascistes qu'ils ont eu l'occasion d'entendre exprimer par des réfugiés allemands dont les convictions authentiquement socialistes ne sauraient être mises en doute. Les Anglais attribuent les idées des réfugiés en question au fait qu'ils sont Allemands. Mais la véritable explication est qu'il s'agit de socialistes qui sont allés sensiblement plus loin que ceux d'Angleterre. Certes, il est vrai que les socialistes allemands ont trouvé dans leur pays un grand appui dans certains éléments de la tradition prussienne; et cette parenté entre prussianisme et socialisme dont on se glorifiait en Allemagne des deux côtés de la barricade vient à l'appui de notre thèse essentielle(1). Mais ce serait une erreur de croire que c’est l'élément spécifiquement allemand, plutôt que l'élément socialiste, qui a produit le totalitarisme. Ce que l'Allemagne avait en commun avec l'Italie et la Russie, c'était la prédominance des idées socialistes et non pas le prussianisme. C'est dans les masses, et non dans les classes élevées dans la tradition prussienne, que le national-socialisme a surgi.

(1) Il est indéniable qu'il existe une certaine parenté entre le socialisme et la structure de l'État prussien qui, plus que tout autre, a été délibérément organisé en partant du sommet. Bien avant que surgisse l'idée de faire fonctionner l'État comme une vaste usine qui devait inspirer le socialisme du XIX· siècle, le poète prussien Novalis avait déploré « qu'aucun autre État n'ait davantage été administré comme une usine que la Prusse depuis la mort de Frédéric·Guillaume ». (pp. 13-14)
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Depuis quelques années, les gens les plus inattendus se sont mis à exprimer de nouveau les vieilles appréhensions sur les conséquences imprévues du socialisme. Les uns après les autres, des observateurs qui s'attendaient à tout le contraire, ont été frappés de l'extraordinaire ressemblance qui existe à beaucoup d'égards entre la vie en régime « fasciste » et « communiste ». Cependant que les « progressistes », en Angleterre et ailleurs, continuaient à s'abuser en considérant communisme « fascisme comme des pôles opposés », de plus en plus de gens se demandaient si ces nouvelles tyrannies n'étaient pas l'aboutissement des mêmes tendances. Les communistes eux-mêmes ont dû être ébranlés par des témoignages comme celui de M. Max Eastman, le vieil ami de Lénine, qui a été obligé de reconnaître que « au lieu d'être meilleur, le stalinisme est pire que le fascisme, plus cruel, barbare, injuste, immoral, anti-démocratique ; aucun espoir ni scrupule ne le rachète »…« il est proprement un superfascisme » ; et lorsque nous voyons le même auteur reconnaître que « le stalinisme est le socialisme, en ce sens qu'il constitue un accompagnement inévitable encore qu'inattendu de la nationalisation et de la collectivisation sur lesquels on comptait pour édifier une société sans classes », cette conclusion est très significative.

Le cas de M. Eastman est peut-être le plus remarquable, mais il n'est aucunement le premier ni le seul observateur sympathisant de l'expérience russe à formuler de telles conclusions. Plusieurs années auparavant M. W. H. Chamberlin qui, au cours de douze années passées en Russie comme correspondant de presse américain, vit son idéal mis en pièces, avait résumé les conclusions de ses observations en Russie, en Allemagne et en Italie en déclarant que « le socialisme est certainement, tout au moins à son début, la route qui mène non à la liberté, mais à la dictature et aux contre-dictatures, à la guerre civile la plus féroce. Un socialisme accompli et maintenu par des moyens démocratiques paraît définitivement appartenir au monde des utopies ». De même, un journaliste britannique, M. F. A. Voigt, après plusieurs années d'observations en Europe, conclut que « le marxisme a mené au fascisme et au national-socialisme, parce que, dans l'essentiel, il est le fascisme et le national-socialisme ». (pp. 26-27)
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L’État possède donc un domaine d’activité vaste et incontestable : créer les conditions dans lesquelles la concurrence sera la plus efficace possible, la remplacer là où elle ne peut être efficace, fournir les services qui, comme l’a dit Adam Smith, « tout en présentant les plus grands avantages pour une collectivité importante, sont toutefois d’une nature telle que le profit ne saurait en rembourser le coût à aucun individu ou petit groupe d’individus ». Il n’y a pas de système rationnellement soutenable dans lequel l’État ne ferait rien.
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