Les amants de Londres, tome 3 : La dette

Mais quand il l'entraîna vers le lit, elle commença à douter d'en être capable. Ses jambes tremblaient tant qu'elle n'aurait pas pu grimper dessus s'il ne l'avait soulevée pour l'asseoir au bord. Comme elle esquissait un geste pour reculer vers le milieu du lit, il la retint.
- Restez ici. Allongez-vous simplement.
- Mais.
- Ce sont vos conditions. Je n'irai pas dans le lit avec vous.
- Oh... Comme vous voudrez.
Il savait comment procéder pour que cela reste impersonnel, bien sûr. Il avait de l'expérience et connaissait sans doute toutes sortes de choses dont elle-même ignorait l'existence.
Les jambes pendantes, elle se laissa aller en arrière et ferma les yeux avec force. Elle ne voulait rien d'autre que la semence de cet homme - Walfort le lui demandait -, c'était une transaction, ce que son mari considérait comme un simple geste mécanique. Voilà : elle se contenterait d'accomplir les gestes.
Ses doigts se crispèrent sur la courtepointe quand elle sentit sa chemise de nuit glisser sur ses mollets, puis sur ses genoux, et elle lutta pour ne pas serrer ses jambes l'une contre l'autre en sentant l'air froid sur ses cuisses.
Elle entendit un léger craquement, comme celui que produit quelqu'un qui s'agenouille. Elle sentit les doigts d'Ainsley effleurer l'intérieur de ses cuisses.
Sa respiration se fit laborieuse. Mais elle le ferait ! Pour Walfort. Parce qu'il voulait cet enfant. Elle se mordit la lèvre inférieure tout en se préparant mentalement à accueillir Ainsley. Elle perçut comme un léger souffle sur sa toison, puis une caresse. Elle se rassit brusquement.
- Que faites-vous ?
Dans la pénombre, elle distinguait à peine les contours de sa silhouette. Il était agenouillé entre ses jambes.
- Je vous prépare, répondit-il avec calme.
- Non. Ceci... c'est trop intime !
C'était quelque chose que Walfort n'avait jamais fait.
- Vous n'êtes pas prête. Ça ferait mal et vous risqueriez même de saigner. Si j'ai bien compris, vous voulez aussi peu d'intimité entre nous que possible. Cela hâtera les choses. Faites-moi confiance, Jayne.
C'était à elle qu'elle n'était pas sûre de faire confiance. Elle hocha la tête sans savoir s'il distinguait ses gestes, s'allongea de nouveau et enfonça sa tête dans la courtepointe.
- Faites vite, lui ordonna-t-elle en refermant les yeux.

Elle ne voulait pas se retourner. Mais il lui avait tant donné qu'elle lui devait au moins un dernier regard. Elle pivota. L'émotion nue qu'elle vit dans ses yeux lui tordit le cœur.
— Tu m'as demandé un jour si je serais prêt à changer de place avec Walfort.
— Et tu m'as répondu que non.
— J'ai appris depuis que je me trompais. Je préférerais être infirme et avoir ton amour ne serait-ce que quelques instants, plutôt que de vivre en pleine santé, mais sans toi.

Elle ne pouvait pas prononcer les mots qu'il mourait d'envie d'entendre, elle le savait. Elle en serait anéantie, et lui aussi, sans doute. Mieux valait faire comme s'ils n'existaient pas.
Tout en secouant la tête, elle ouvrit la porte. Quand le valet de pied l'eut aidée à descendre, elle se précipita vers sa voiture sans un regard en arrière.


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- Jayne, épouse-moi! Maintenant. Je vais envoyer quelqu'un chercher le pasteur.
- Je ne peux pas. Pas comme ça.
Le temps d'un battement de cœur, il scruta son visage, et elle sentit que quelque chose changeait entre eux. Avec regret, elle prit conscience qu'elle avait réussi ce qu'elle désirait si fort auparavant : lui infliger une souffrance au-delà de tout ce qu'on pouvait imaginer. Mais qu'elle douloureuse victoire!