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3,89

sur 184 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La passion, voilà le mot de ce livre, celle que l'on dit destructrice, irraisonnée, indomptable.

Une femme veille son second mari dans ses derniers instants. La fatigue lui fait baisser les barrières qu'elle a édifiées face à son passé, et les souvenirs reviennent, affluent...
Un mariage très jeune, avec un homme peu sérieux , peu aimant, la vie de couple au bon vouloir de l'époux volage et brutal. La rencontre d'un autre homme, la découverte de sentiments plus doux mais également plus exaltants, impétueux. Et l'envie de ne vivre que pour cet homme, celui qui prend soin d'elle, le seul pour qui elle existe réellement. Un complot pour faire disparaître le mari violent et peu aimant...

Que reste-t-il de cette femme délaissée, adulée et écoutée pour ce que son projet a de réalisable. Et qui est réellement celui qui la quitte , en quittant la vie, alors qu'elle le veille, celui avec lequel elle a vécu le plus d'années ?

Anne Hébert a un style qui lui est propre : davantage que l'histoire elle-même, la façon de raconter les faits, la narration rapide, incisive, scandée vous serre le coeur et vous remplit d'effroi devant les conséquences des gestes des personnages et la détermination du jeune amant.

Anne Hébert me captive par son style, son écriture, la poésie et malgré tout la force qu'elle contient.
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Je replonge dans mes notes de lectures et d'études de ce roman québécois publié en 1971, Kamouraska d'Anne Hébert. Je l'ai découvert il y a quelques années et relu récemment.

C'est l'histoire d'une passion amoureuse dans tous ses excès. Madame Rolland se tient au chevet de son époux, en train de mourir. Pendant cette veille, elle repense à sa jeunesse tumultueuse, à son premier mariage avec Antoine de Tassy et à ses amours adultères avec le docteur Nelson… Cela se passe quelque part à l'est du Québec, sur la rive sud du Saint-Laurent.
La base de l'intrigue romanesque est issue d'un fait divers réel : en 1839, Achille Taché, le seigneur de Kamouraska, est assassiné par le Docteur George Holmes. On suspecta l'épouse, Éléonore d'Estimauville, de complicité ; si l'auteure a changé les noms, elle a gardé l'époque, les initiales des prénoms et le lieu emblématique à l'étrange sonorité.

Il s'agit ici de l'éternel triangle amoureux et de toutes une série de triptyques associés…
En parallèle du triangle typique du couple et de l'amant (Antoine/ Elisabeth/ George), il y a un triangle diabolique d'empoisonneurs (Elisabeth/ George/ Aurélie) ; cette dernière est un personnage trouble, qui rêve de prendre la place d'Élisabeth et de lui ressembler.
Les trois tantes sont des personnages secondaires très intéressantes, telles trois vieilles fées… Elisabeth et Antoine ont trois enfants… Il y a trois servantes…
On peut également relever trois couleurs dominantes dans le récit : le blanc de la neige et du givre, le noir porté par le docteur Nelson, toujours décrit comme un être sombre et diabolique, la couleur de ses yeux ou encore la robe de son cheval, le noir du deuil et le rouge très féminin des travaux d'aiguilles ou des vêtements.
J'ai été frappée par la naissance de l'amour entre Elisabeth et Georges sur fonds de rivalité masculine : le mari et l'amant se connaissaient depuis l'école et étaient déjà rivaux, adversaires aux échecs. Pour George, posséder Elisabeth n'est pas très diffèrent de battre Antoine sur un échiquier.

J'avoue avoir un peu buté sur le schéma narratif de ce livre, particulièrement complexe, car les points de vue intérieurs et omniscients se mêlent dans une alternance de première et de troisième personnes dont il faut s'approprier le rythme et le sens. Il n'y a pas de mise en page particulière ou de guillemets pour signaler qui s'exprime et à quel titre.
Puis, cela devient plus fluide quand Elisabeth assume de plus en plus la narration, à mesure qu'elle se replonge dans les souvenirs et qu'elle se laisse emporter par eux. Les deux facettes de son personnage sont même bien différenciées : Mme Rolland désigne l'épouse respectable tandis que le prénom seul indique les souvenirs passionnés. Il ne faut jamais perdre de vue que tout est raconté de son point de vue, à travers sa focalisation, son imaginaire, ses ressentis. Elisabeth vit par la pensée ce que vit son amant : le voyage dans la neige vers l'anse de Kamouraska, le meurtre…
Le présent et le passé se mélangent également dans une temporalité alternée avec souvent des effets d'annonces.
Il m'a fallu plusieurs lectures pour tout comprendre.

Naturellement, j'ai apprécié le dépaysement, la langue et les accents québécois de certains dialogues, trop peu à mon goût d'ailleurs car Anne Hébert a écrit pour un lectorat francophone et a choisi un langage assez neutre, dans un souci de compromis linguistique peut-être. Par contre, la présence de l'anglais est importante dans ce roman, tant dans le langage amoureux que dans le jargon juridique…
Et puis il y a toute une intertextualité en filigrane autour de la Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne, de Macbeth de Shakespeare, d'Anna Karénine de Tolstoï ou encore de la Princesse de Clèves de Mme de la Fayette… le thème de l'adultère, le côté théâtral de certains passages et les références aux tâches de sang, la succession de scènes du bal qui résument la jeunesse d'Elisabeth sont autant de références à des grandes oeuvres littéraires.

Kamouraska n'est pas un roman facile, loin de là.
Il faut s'accrocher pour en venir à bout, ne jamais perdre de vue qu'il donne à lire une parole féminine complexe et déconcertante, qu'il nous plonge dans la conscience d'une femme en proie à la passion au sens tragique du terme.

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Alors que son second mari est sur son lit de mort, Elisabeth d'Aulnières se remémore son passé avec angoisse : son enfance avec une mère veuve très tôt, son adolescence auprès de ses tantes, son premier mariage avec un homme brutal et la mort violente de celui-ci. le style de narration est particulier, on passe du témoignage direct à des passages à la troisième personne, avec davantage de recul, et on passe du présent au passé de manière parfois déconcertante. Mais au final, on est fermement attaché à ce récit (basé sur des faits réels) qu'on suit sans trop de difficulté, et avec un résultat plutôt plaisant malgré une atmosphère assez lourde. En bref, une lecture pas si facile, mais qui en vaut la peine.
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Une écriture en plein songe, un rythme particulier pour une histoire d'amour qui transcende les générations.

Une héroïne délaissée par sa mère, élevée par ses trois tantes qui ne cessent jamais de la voir comme une « petite ». Une femme maltraitée par son mari et qui cherche à le tuer par tous les moyens.

Un médecin amoureux au-delà du raisonnable dans une société corseté.

Si l'histoire d'amour ne m'a pas passionnée, j'ai aimé le rythme si particulier des phrases d'une héroïne qui se raconte entre veille et sommeil.

L'image que je retiendrai :

Celle du magnifique traineau du médecin qui part en plein hiver à Kamouraska.
Lien : http://alexmotamots.wordpres..
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Un roman d'amour, de neige et de fureur ». C'est exactement ce que nous fais traverser Anne Hébert, en nous plongeant dans la vieille ville de Québec, au XIXe siècle. Elle nous retrace ici l'histoire d'une femme qui accompagne son mari dans les derniers moments de sa vie. le temps d'une nuit funèbre, elle ressasse ses joies et son amertume dans une narration aux accents oniriques... et cauchemardesques où, derrière l'histoire intime, il y a aussi celle d'un peuple et celle de ses femmes.
Maylis
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Les récits tortueux de l'auteure ne sont pas toujours faciles à suivre. Ce roman, paru en 1971, est hanté par l'hiver : giboulées, tempêtes et bourrasques balaient l'histoire d'un amour adultère. Élisabeth d'Aulnières a épousé un homme violent dont elle se lasse. Elle devient amoureuse d'un médecin américain avec elle vivra une passion dramatique. Un des chefs-d'oeuvres de la littérature québécoise.
Lien : https://andreracicot.ca/lect..
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Dans la ville de Québec, madame Élizabeth Rolland, née d'Aulnières, est une femme respectée et mère de nombreux enfants. Pendant qu'elle veille son mari qui se meurt, elle revit en souvenirs l'histoire tourmentée de sa jeunesse.

Elle se souvient comment, au cours d'une chasse, elle a rencontré le seigneur Antoine Tassy, qui fut séduit par elle et qui la demanda en mariage une journée après leur rencontre.

Elle se souvient de son long voyage vers la lointaine seigneurie de Kamouraska.

Son premier enfant y naît, un fils, mais les beuveries et les brutalités de son mari infidèle abîment son amour pour lui. Elle se réfugie chez sa mère et ses tantes où elle retrouve sa chambre d'enfant. Son mari la rejoint et veut la contraindre à revenir. Ses assauts et son harcèlement affectif la rendent malade.

Elle se rappelle comment c'est lui-même qui lui présente son ami George Nelson, un médecin américain exilé à Sorel.

Naît alors progressivement entre eux une passion amoureuse qu'ils sont contraints de vivre en secret.

Madame Rolland se rappelle comment devenue enceinte d'un autre enfant, qui est celui de son amant, elle fait croire à son mari qu'il est de lui et qu'il pourrait susciter une réunion de la famille.

Entre temps, les deux amants se sont convaincus qu'ils doivent tuer ce mari pour devenir libres. C'est la jeune servante Aurélie qu'ils réussissent à faire se rendre jusqu'à Kamouraska pour ce dessein dans lequel elle échoue.

À l'hiver 1839, c'est Georges Nelson qui se rend lui-même en traîneau sur le long trajet gelé et tue Antoine Tassy avant de s'enfuir à l'étranger.

Madame Rolland se souvient de sa longue attente du retour de Nelson qui lui apprendra son veuvage et espère-t-elle une issue à sa passion pour lui.

Elle ne le reverra jamais, mais elle se souvient comment elle a été emprisonnée parce que soupçonnée d'avoir participé au meurtre.

Arrêté à son tour à Burlington, Nelson ne sera pas extradé. Elle ne sera jamais accusée.

Elle est seule à savoir que c'est pour échapper au scandale qu'elle a vécu toute sa vie un mariage de raison, avec ce second mari maintenant mourant.
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Ce que j'ai aimé :
Une oeuvre qui peut être qualifiée de contemporaine et subsiste hors de son époque.
Rigueur et complexité de l'écriture avec des vas et viens dans le présent et le passé le rêve et la réalité
Ce qui m'a dérangé
La violence et les traits de folie dans les personnages d'Élisabeth, Antoine, George et Aurélie.
Conclusion
Roman très tourmenté qui reflète l'âme de son auteur :
Vie, mort, amour, maladie, révolte, injustice, douceur, violence. Écriture puissante et complexe.
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Basé sur un fait réel , qui je pense se serait passé à Sorel, au Québec. Amour impossible, remords, haine, crime. Très bien écrit et très prenant.
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On sent le souffle impétueux de la tempête, la poudrerie dans ce récit d'adultère.
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